Prudéncia Canyelles Ginestá
1884-1936
Prudéncia était née le 5 août 1884 à Sant Celoni (Barcelone), baptisée le 10 août suivant.
Elle se maria en 1927. On disait d’elle qu’elle avait un caractère explosif, doublé d’un naturel extrêmement charitable.
Elle appartint aux Conférences Saint-Vincent-de-Paul, ainsi qu’à la Confraternité des Dames Visiteuses, qui allaient passer un peu de leur temps avec les malades chez eux. Prudéncia n’hésitait pas à demander l’aumône pour eux.
Avec sa sœur aînée María, elle allait faire du catéchisme dans des quartiers déravorisés de Barcelone.
Elle eut un premier projet de mariage avec un jeune homme qui dut renoncer à cette union, pour s’occuper de ses deux jeunes sœurs malades mentales. Prudéncia alors épousa Ezequiel Aguadé Soler, un malade tuberculeux, qu’elle épousa pour s’en occuper, plus que pour fonder avec lui un foyer chrétien, et qu’elle amena à une foi profonde, alors qu’il n’était pas particulièrement porté à la religion. C’est dans ces circonstances qu’elle put se lier davantage aux Religieux du Coll, qui portèrent l’Eucharistie et le Sacrement des Malades à son époux avant sa mort.
Après la mort de son mari, Prudéncia continua ses activités avec grande intensité.
Elle entendit dire que les Religieux du Coll s’étaient réfugiés dans une boutique près du Sanctuaire, et voulut leur offrir plutôt son propre domicile, la Tour Alzina, où ils s’établirent avec reconnaissance au soir du 21 juillet 1936.
On pourrait prétendre que cette proposition de Prudéncia était une sainte imprudence, mais il faut admettre que c’était d’abord un acte de courage héroïque, qui pouvait et devait lui coûter la vie.
Le 23 à midi, les miliciens enregistrèrent une tour voisine, cherchant les Religieux, puis ils se présentèrent à la Tour Alzina. A ce moment-là, se trouvait avec Prudéncia une amie, Teresa, qui voulut ouvrir quand ils frappèrent, mais Prudéncia voulut ouvrir elle-même la porte. Interrogée, elle reconnut qu’elle hébergeait les trois Religieux.
Après avoir abattu trois Religieux (voir la notice de Simó Reynés), ils emmenèrent le frère Pau au quartier de la Milice.
Les miliciens laissèrent là les deux femmes, en les menaçant méchamment si elles s’avisaient d’aller raconter quelque chose. Elles remontèrent à l’étage et mirent du temps à reprendre leurs esprits après ce carnage. Vers le soir, elles redescendirent et virent le pauvre frère Francesc qui vivait encore ; elles lui demandèrent s’il souffrait beaucoup, mais n’eurent pas le temps d’entendre sa réponse : les miliciens revenaient.
Ils arrêtèrent Prudéncia pour l’interroger. L’entendant dire que le frère Francesc vivait encore, ils lui tirèrent à nouveau à bout portant dans la tête. Puis, pointant le révolver sur la poitrine, ils obligèrent Teresa à leur faire visiter toute la maison en détail, et ils détruisirent tous les objets religieux qu’ils trouvèrent.
Quand arriva l’ambulance qui devait relever les Religieux abattus, ils partirent vite avec Prudéncia, laissant là Teresa, qu’ils épargnèrent pour la raison qu’étant une ouvrière, elle était liée aux syndicats. C’est grâce à elle qu’on connut tous ces détails.
Quant à Prudéncia, elle fut détenue jusqu’au soir, et emmenée avec quatre autres religieuses et le frère Pau Noguera au fameux tournant de Rabassada sur la route du Tibidabo, et là ils les fusillèrent tous, Prudéncia et le frère Pau d’un côté, les quatre autres Religieuses de l’autre.
Le corps de Prudéncia, enseveli dans une fosse commune, n’a pas pu être identifié plus tard.
Ce martyre eu lieu au soir du 23 juillet 1936.
Prudéncia fut béatifiée en 2007, en même temps que les Religieux du Coll et les Religieuses, avec lesquels elle fut martyrisée.