Robert Southwell
1561-1595
Né à Horsham St. Faith (Norfolk, Angleterre) fin 1561, Robert était le dernier des huit enfants d’un père catholique qui s’était adapté à la nouvelle religion d’état.
Son grand-père, Richard, vécut à la cour de Henry VIII ; c’est lui qui fit arrêter le poète Henry Howards. La Providence fit que les petits-fils de ces deux ennemis, Robert Southwell et Philip Howards, furent deux compagnons fidèles et témoins de la Foi catholique jusqu’à la mort.
Par sa mère, Robert pourrait descendre aussi du poète Percy Bysshe Shelley.
A quinze ans, il partit à Douai, au collège anglais, et se sentit attiré par les missions orientales comme par l’idéal des Chartreux.
Il passa au Collège de Clermont à Paris. Sous la conduite d’un saint prêtre (Thomas Darbyshire) et d’un bon camarade (Jan Deckers), il se proposa d’entrer chez les Jésuites (1578). Déçu de ne pas être admis, il décida à dix-sept ans, de partir à Rome pour solliciter son admission auprès du Supérieur général lui-même.
Arrivé à Rome, il fut admis (1578) au noviciat de Saint-André du Quirinal, étudia au Collège Romain et fit les premiers vœux en 1580.
Pendant ses études, il fut aussi tuteur au Collège anglais de Rome, récemment ouvert par les Jésuites.
Il acheva son noviciat à Tournai, revint à Rome, et fut ordonné prêtre en 1584.
Finalement, sur son insistance, il rentra en Angleterre dans la clandestinité, bien conscient du danger auquel il s’exposait, car une loi punissait de mort tout prêtre rentrant sur le territoire pendant plus de quarante jours.
Il débarqua donc à Folkestone en juillet 1586, accompagné de Henry Garnet. Ce dernier venait remplacer le supérieur local, William Weston, récemment arrêté.
Robert logea chez Lord Vaux de Harrowden, et prit le nom de Cotton (c’était le nom de l’aumônier d’Henri IV, roi de France). A Londres même, Robert exercera un apostolat fécond : il parcourut les rues de Londres, pénétra dans les prisons, se cachant sous un déguisement et passant sans cesse d’une maison à l’autre.
Il devint chapelain de la Comtesse d’Arundel, épouse de Philipp Howards, emprisonné à la Tour de Londres (v. 19 octobre). Il lui écrivit des élégies et des méditations sur la mort et sur l’amour de Dieu. Ses poèmes furent diffusés sous le manteau. Les imprimeurs les reproduisirent : ils auront une grosse influence sur la littérature anglaise, sur Shakespeare en particulier, et la St. Peter’s Complaint, de cent trente-deux strophes de six vers, a été imitée dans les célèbres Larmes de Saint Pierre, de Luigi Tansillo, admirablement mises en musique par Roland de Lassus.
Pendant six années, le père Robert accomplit avec zèle son devoir pastoral ; sa personnalité ne pouvait plus passer inaperçue et il devint une légende vivante. On le recherchait activement.
C’est en juin 1592 qu’il fut arrêté à Uxendon Hall (Harrow), par la trahison de la fille du propriétaire de la maison où il se trouvait alors. Le chasseur de prêtres Topcliffe exultait en informant la reine de sa prise. Il soumit Southwell à d’atroces cruautés, qui n’affaiblirent pas le courage du prêtre. Treize fois, et sur ordre de la Reine, il fut soumis à interrogatoire sous torture par des membres du Conseil et passa le reste du temps dans un cachot rempli de vermine. Il fut tellement torturé que son père intervint auprès de la reine, demandant que son fils fût immédiatement jugé (et éventuellement condamné et exécuté) ou que ses conditions de vie fussent améliorées.
Jamais il ne livra les noms de ses «complices». Transféré à Newgate, il admettra être prêtre, n’avoir jamais songé à organiser un complot ni à y participer, et être revenu dans son pays pour administrer les sacrements de la religion catholique.
Après trois années, il fut jugé au tribunal, condamné pour haute trahison à être pendu, éviscéré et écartelé.
Au pied du gibet, il fit le signe de la croix, récita un passage de l’épître de saint Paul aux Romains, confirma être prêtre et jésuite, et pria pour la Reine et son pays.
Au moment où l’on retira la charrette qui le portait, il répéta le verset du psaume 30 : In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum (Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit). Il avait à peine plus de trente-trois ans : c’était le 21 février 1595.
Quand sa tête fut brandie, personne n’osa crier «Traître», comme cela se faisait d’habitude.
Robert Southwell fait partie des quarante Martyrs anglais et gallois béatifiés en 1929 et canonisés en 1970.
Le miracle retenu pour la canonisation, advint par l’intercession de Cuthbert Mayne et de ses Compagnons en 1962 : un malade fut guéri instantanément et de façon stable d’un sarcome à l’épaule.