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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 23:00

05 AVRIL

 

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S Zénon, martyr par la poix, le feu et le glaive. 

IV.

Ste Ireni, martyre à Thessalonique, sœur des stes Agapi et Chionia (cf. 1er avril).

Ste Pherbutha, sœur de l’évêque Siméon Bar Sabas à Séleucie, martyre.

V.

Un Lecteur de nom inconnu à Regia, martyrisé d’une flèche dans la gorge le jour de Pâques au moment où il chantait Alleluia.

VI.

S Tigernac, évêque à Clogher, aveugle à la fin de ses jours. 

VII.

S Claudien, moine persan, martyr.

IX.

Ste Théodora, veuve, moniale avec sa fille à Thessalonique ; son tombeau sécrète une huile miraculeuse.

XI.

S Géraud, guéri miraculeusement par l’intercession de s. Adalhard, puis abbé à Laon, enfin à la Grande-Sauve.

S Albert, évêque à Montecorvino ; ses jeûnes et ses larmes lui firent perdre la vue.

XIII.

Ste Julienne de Cornillon, flamande, prieure des Augustines du Mont Cornillon ; elle fut à l'origine de la Fête-Dieu, mais traitée de fausse visionnaire, et chassée de son couvent.

XV.

S Vicente Ferrer, dominicain espagnol qui sema l’Europe de miracles ; il se trompa un temps à propos du pape légitime lors du schisme d’occident ; mort à Vannes, il en est le patron.

XVI.

Ste Catarina Tomàs, chanoinesse augustine à Palma de Maiorque ; se trouvant trop choyée, elle feignit longtemps d’être insensée : on ne l’en estima que plus. 

XVIII.

Ste Anna (Maria Crescentia) Höß, tertiaire franciscaine à Kaufbeuren, mystique ; c’est un luthérien qui lui offrit sa dot pour entrer au monastère ; canonisée en 2001.

XIX.    

Bse Josefina Saturnina Rodríguez de Zavalía (Catalina de Marie), argentine, fondatrice des Sœurs Esclaves du Sacré-Cœur de Jésus, béatifiée en 2017.

XX.

B Mariano de la Mata Aparicio (1905-1983), prêtre augustin espagnol, actif au Brésil, mort de cancer, béatifié en 2006 ; il avait une passion pour les plantes et les fleurs.

 

Ireni de Thessalonique

† 304

 

Les trois sœurs Agapi, Chionia et Ireni vivaient à Thessalonique, chez leurs parents, qui n’étaient pas chrétiens.

Leurs noms étaient tout symboliques : Amour, Pureté et Paix.

L’édit de Dioclétien ayant en 303 interdit de conserver les Livres saints, les trois sœurs cachèrent ceux qu’elles avaient, sans en parler à personne.

L’année suivante cependant, on découvrit la cachette et les Livres ; elles furent dénoncées et présentées au gouverneur.

En même temps qu’elles, étaient aussi présentés Cassia, Philippa et Eutychia, ainsi qu’un nommé Agathon.

Fermement, elles refusèrent de manger de la viande offerte aux dieux païens, et furent condamnées à être brûlées vives.

Agapi et Chionia moururent le 1er avril 304.

Dans un premier temps, Ireni fut entièrement dévêtue et exposée dans un lupanar ; Dieu fit que personne n’osa l’approcher ; le 5, à nouveau convoquée, elle persista dans la fermeté de sa Foi et fut condamnée alors au même sort que ses sœurs.

Les Actes de ces trois Martyres ne parlent pas du sort des autres Compagnons.

Sainte Ireni de Thessalonique est commémorée le 5 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Pherbutha de Séleucie

† 342

 

Durant la persécution de Sapor II en Perse, fut martyrisé l’évêque Siméon Bar Sabas (v. 17 avril). C’est de sa sœur qu’il s’agit ici. Elle s’appelait aussi Tarbula, et était vierge. On ne connaît pas le nom de son autre sœur, qui était veuve.

Or il advint que la reine tomba malade.

Les deux saintes femmes furent accusées auprès de la reine, par des Juifs, d’avoir voulu l’empoisonner. On les arrêta donc toutes deux, avec une servante de Pherbutha et on les présenta au palais royal.

L’intendant qui l’interrogea, remarqua la beauté extraordinaire de cette femme, et lui envoya ensuite dire que, si elle voulait bien être son épouse, il obtiendrait sa grâce certainement. Mais Pherbutha refusa dignement cette avance, préférant de beaucoup rester unie au Christ et rejoindre bientôt son frère Siméon dans la béatitude céleste.

La sentence tomba : la reine ne pouvait être guérie que si elle passait entre les corps des accusées, coupés en deux. Le récit continue :

On mena donc ces saintes femmes devant la porte de la ville : chacune fut attachée à deux pieux, à l’un par le cou, à l’autre par les pieds ; et, les ayant ainsi étendues, on les coupa par le milieu avec des scies ; puis, ayant planté en terre trois grandes pièces de bois de chaque côté de la rue, on y pendit les moitiés de leurs corps. On apporta la reine dans cette rue, et on la fit passer au milieu de cette boucherie, suivie d’une multitude innombrable de peuple (342).

Pherbuta et sa servante ne furent pas des cas isolés. Les récits parlent d’une multitude innombrable de prêtres, diacres, moines et vierges ; on retint les noms de vingt-trois évêques, parmi lesquels Acepsimas et son prêtre Jacques, Dausas et Milles, Mareabdes avec deux-cent cinquante clercs ; le prêtre Aïthalas, les diacres Azadan et Abdjésu.

Aïthalas fut plusieurs fois étendu et frappé, au point qu’on lui disloqua les jointures des bras, que ses mains demeurèrent comme mortes et qu’on devait lui donner la nourriture dans la bouche. 

Le même jour que Pherbuta, au Martyrologe, est mentionné un nombre de cent-dix-neuf Martyrs, hommes et femmes. 

Le lendemain de ce jour, l’ancien Martyrologe mentionnait une sainte femme nommé Yazdandocht (c-à-d. fille de Dieu), qui assista en prison un groupe de cent vingt Martyrs, prêtres, diacres, clercs et vierges. Ces Héros furent tenus en prison pendant les six longs mois de l’hiver ; la veille de leur supplice, Yazdandocht vint en prison, leur lava les pieds, leur remit à chacun un bel habit blanc et leur servit un festin. Puis elle les salua, se recommandant à leurs prières auprès de Dieu. Les Athlètes du Christ allèrent offrir joyeusement leur cou au bourreau.

Le règne de Sapor II ayant été fort long (310-380), et atroce vis-à-vis du christianisme, parce que le roi assimilait la religion chrétienne aux Romains qu’il combattait, les écrivains en vinrent à estimer à seize mille les victimes de cette longue persécution, renonçant même à en conserver tous les  noms.

Sainte Pherbutha de Séleucie est commémorée avec sa servante le 5 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Lecteur en Maurétanie

† 430

 

Le roi arien Genséric (427-477) persécuta âprement les Chrétiens en Afrique.

L’historien Victor de Vite raconte : 

Dans une localité nommée Regia, les Chrétiens s’étaient enfermés pour célébrer la fête de Pâques sans être inquiétés. Les ariens en eurent connaissance et, sous la conduite d’un de leurs prêtres, vinrent se grouper autour de l’église. N’y pouvant pénétrer, ils lancèrent des flèches par les fenêtres.

C’est alors qu’une flèche atteignit à la gorge le Lecteur, qui était justement en train de proclamer  : Alleluia ! 

Les assaillants finirent par pénétrer dans l’église et achevèrent ceux qui n’avaient pas encore été atteints de leurs flèches.

La date de cet événement pourrait se situer très approximativement vers 430 (on sait que s.Augustin mourut durant le siège d’Hippone en 431). 

Ce saint Lecteur, ainsi que tous ces Fidèles, sont globalement commémorés le 5 avril dans le Martyrologe Romain.

Géraud de la Grande Sauve

1025-1095

 

Geraldus naquit vers 1025 à Corbie (act. dans la Somme) de pieux parents qui le consacrèrent tout jeune dans l’abbaye de cette ville.

Il y resta, et devint cellerier. Mais une maladie lui rendit impossible toute occupation sérieuse. Foulques, son confrère de noviciat devenu abbé, l’emmena à Rome, espérant obtenir au moins quelque amélioration de sa santé auprès du tombeau des Apôtres ; ils furent à Rome, au Mont-Cassin, au Mont-Gargan, sans résultat. Reçus tous deux par le pape, ils reçurent de lui l’ordination sacerdotale et rentrèrent à Corbie.

Devenu sacristain, Géraud s’acquitta très bien de sa tâche, surtout pour la reconstruction de l’église, ravagée par un incendie. Puis il lui vint une idée lumineuse : il invoqua le saint abbé Adélard (v. 2 janvier), qu’on venait de canoniser, et promettant qu’en cas de guérison, il s’engageait à en propager le culte. 

La guérison arriva en effet ; reconnaissant et fidèle à son vœu, Géraud composa des antiennes et des répons pour compléter l’office du saint Abbé. Ce dernier, en outre, apparut par deux fois à Géraud pour l’encourager, le consoler, le conseiller.

Vers 1073, Géraud obtint la permission d’aller en pèlerinage aux Lieux Saints. A peine rentré à Corbie, on l’appela à être l’abbé du monastère de Laon. Ayant vainement tenté pendant cinq années d’y rétablir la Règle authentique, il décida de se retirer dans la solitude.

C’est alors qu’il fut sollicité par plusieurs Religieux pour fonder une nouvelle abbaye. Après avoir vénéré les reliques de saint Denis (v. 9 octobre), celles de saint Martin de Tours (v. 11 novembre), ils furent reçus par le comte de Poitou, qui leur concéda la forêt de Grande-Sauve, entre la Garonne et la Dordogne.

Lors du nécessaire défrichage, la tradition rapporte que Géraud abattit un bon nombre de chênes uniquement en les touchant avec une pièce de fer pointue : l’objet fut conservé comme le couteau de saint Géraud.

La sainteté des moines et de leur abbé contagia la population : les mœurs s’adoucirent, on vint prier et se confesser. Géraud donnait volontiers pour pénitence de jeûner le vendredi et faire abstinence le samedi.

En 1080, au concile de Bordeaux, l’abbaye fut exemptée de toute autorité laïque. Heureux de tous ces saints résultats, Géraud voulut abdiquer et se retirer : le légat papal lui enjoignit de rester à sa place !

Si de nombreux disciples se présentèrent, il y eut aussi de pénibles brimades, mais leurs auteurs se rendirent compte bien vite qu’elles se retournaient contre eux-mêmes.

Parmi ses occupations, Géraud rédigea un Martyrologe contenant des noms de Saints qu’on aurait oubliés sans son travail.

Sentant sa mort approcher, Géraud donna à tous les moines sa bénédiction, échangea avec chacun le baiser de paix, et pria toute cette sainte assistance de se retirer pour laisser place aux Anges et aux Saints qui allaient prendre son âme et la porter en Paradis, et mourut le 5 avril 1095.

Si le culte envers Géraud se développa presque aussitôt, la canonisation officielle se fit en 1197.

Sous la Révolution, on eut le temps de cacher les reliques de Géraud, qu’on ne retrouva qu’en 1830.

Saint Géraud de la Grande-Sauve est commémoré le 5 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Julienne du Mont Cornillon

1192-1258

 

Julienne naquit en 1192 à Retinne (Liège, ), d’Henri et Frescinde, riches agriculteurs qui moururent quand elle eut cinq ans.

Avec sa sœur Agnès, son aînée d’un an, elles furent placées chez les Religieuses augustiniennes du Mont-Cornillon qui, en-dehors de l’office au chœur, s’occupaient de lépreux et d’autres malades.

Les deux petites filles furent confiées à une certaine sœur Sapience, qui les aida dans leur chemin spirituel, et devint plus tard la supérieure du couvent.

On n’entend plus parler d’Agnès. Julienne, de son côté, fit de grands progrès dans la sainteté : elle sut bientôt le psautier par-cœur, aimait la solitude, l’austérité, parfois exagérée, qui lui valut quelques douces remontrances et quelques conseils de prudence.

En 1207, elle reçut l’habit de la congrégation.

Un de ses travaux fut l’étude assidue du latin pour lire dans le texte les Pères de l’Eglise ; elle lisait ainsi saint Augustin, saint Bernard ; nos bacheliers pourront légitimement être jaloux de cette jeune novice !

En 1208 (elle avait seize ans), elle reçut une première vision où elle aperçut le globe de la lune partiellement obscurci par une tache noire. Ses consœurs lui suggérèrent de ne pas s’en occuper ; mais le bruit s’en répandit et les gens de Liège commencèrent à parler de Julienne. La jeune novice, qui n’appréciait pas beaucoup ce remue-ménage, implora dans la prière d’être instruite sur la signification de cette vision et il lui fut enfin révélé en 1210 qu’il manquait une fête au calendrier :

L’Eglise militante est figurée par le globe de la lune ; la tache qui en voile une partie signifie qu’il manque une fête dont Dieu veut l’institution ; c’est la fête du très auguste et très saint sacrement de l’autel. Le Jeudi saint, à la vérité, est désigné à cet effet, mais les diverses autres cérémonies de ce jour en empêchent la solennité ; il faut en établir une autre qui sera chômée et observée dans toute la chrétienté. Et cela pour trois raisons : 

  1. pour que la foi aux mystères de la religion qui diminue et diminuera encore si l’on n’y porte remède soit raffermie et confirmée en son entier.
  2. pour que les hommes qui aiment et cherchent la vérité en soient pleinement instruits, et puisent dans cette source de vie des forces pour avancer dans le chemin de la vertu.
  3. pour que les irrévérences et impiétés journalières qui se commettent contre la majesté de ce sacrement soient réparées et expiées par une adoration profonde et sincère.

C’est ainsi que Julienne fut chargée de demander à l’Eglise l’institution de la fête de l’Eucharistie. Cette mission la combla d’une sainte joie et augmenta encore sa dévotion eucharistique. C’est à cette époque qu’elle rencontra Eve de Liège (v. 14 mars).

En 1222, Julienne succéda comme supérieure à la sœur Sapience. Il y avait déjà douze années  que le Ciel lui avait confié cette mission, mais ne s’en sentant pas digne, elle remettait. Elle pria le Christ de la décharger, mais ce fut peine perdue : il fallait agir ! Julienne parla à Eve, ainsi qu’à une autre religieuse de Huy, Isabelle ; avec celle-ci, Julienne rencontra des personnalités ecclésiastiques, dont l’archidiacre de Liège, Jacques Pantaléon, futur pape Urbain IV ; Julienne fit des pélerinages à Cologne, Tongres, Maastricht.

Ce n’est qu’en 1246 que la Fête-Dieu sera instituée dans le diocèse de Liège, et en 1264 pour l’Eglise universelle, lorsque providentiellement Jacques Pantaléon devint pape. Mais dans l’intervalle, il y eut de vives oppositions, y compris dans le clergé, à l’institution de cette nouvelle fête : il y a souvent de ces «retards» à accomplir la volonté de Dieu, surtout dans le clergé, jaloux des révélations que reçoivent des femmes. 

Dans le cas de Julienne, ce fut d’abord l’aumônier de la congrégation, qui monta tout le monde contre elle, l’obligeant à sortir de son monastère avec quelques compagnes et à se réfugier ailleurs ; l’aumônier en eut pour ses frais, car ce mouvement ne fit qu’augmenter la réputation de Julienne. Quand l’évêque institua la fête en 1246, un vent de rébellion secoua à nouveau le diocèse, et Julienne se retira à Robermont puis à Namur, puis encore à Salsines, et encore à Fosses.

Julienne tomba malade au début de 1258 ; son état empira durant le carême ; le jour de Pâques (24 mars cette année-là), elle reçut le Viatique et, le soir, l’Onction des Malades ; le mercredi après l’octave de Pâques, nouvelle aggravation, mais Julienne assura qu’elle n’allait pas encore mourir ; le jeudi, elle se fit réciter l’office près d’elle ; le vendredi 5 elle reçut encore une fois l’Eucharistie et s’endormit dans le Seigneur : c’était le 5 avril 1258.

Le miracle qui décida le pape à instituer la fête pour l’Eglise universelle, fut le miracle de Bolsena (près Orvieto, Ombrie, Italie C) en 1263, où un prêtre qui doutait de la transsubstantiation, vit l’Hostie consacrée suinter du Sang qui imbibait le corporal. Ce corporal est toujours visible dans la cathédrale d’Orvieto, où il est exposé en permanence. 

Julienne n’a été officiellement ni canonisée ni béatifiée : la dévotion populaire s’en est chargée ! Le Martyrologe la mentionne au 5 avril comme Bienheureuse.

 

 

Vicente Ferrer

1350-1419

 

Vicente vit le jour à Valencia (Espagne) le 23 janvier 1350, de Guillermo Ferrer (et non Ferrier) et Constancia Miguel, qui eurent trois garçons (dont Bonifacio) et trois filles.

La vie de ce Religieux n’est qu’une suite de miracles.

Il était au berceau quand il demanda à sa mère de le porter en procession dans les rues de Valencia, pour faire cesser la sécheresse.

Petit, il s’adonnait déjà à toutes les pratiques habituelles des Saints. Or, voici un épisode authentique : des camarades voulurent se moquer de lui, l’un d’eux feignant d’être mort ; ils lui demandèrent de le ressusciter ; Vicente leur fit remarquer que le garçon était mort effectivement, puni pour sa vilaine moquerie, mais il le ressuscita sur l’heure.

Comme son père Guillermo en avait eu l’annonce en songe, Vicente entra chez les Dominicains de Valencia en 1367. Sa mère cependant chercha à le retenir dans le monde, mais une mystérieuse apparition la convainquit d’accepter la séparation et la consola.

Après la profession, Vicente fut à Barcelone puis Lleida et revint à Barcelone pour approfondir l’Ecriture. Tout juste diacre, il était déjà chargé de la prédication populaire. Lors d’une grave disette, il annonça un jour l’arrivée de deux navires chargés de grain : tous se moquèrent de lui, le prieur lui interdit de prêcher, mais les navires arrivèrent effectivement.

En 1375, il fut professeur de physique à Barcelone et passa quelques mois d’études à Toulouse, pour rentrer ensuite à Valencia.

Il fut ordonné prêtre en 1378. C’est là qu’une jeune femme chercha à l’induire au mal, mais c’est elle qui dut déposer ses armes.

Il fut nommé prieur du couvent dominicain. C’est à cette période qu’il prit parti de bonne foi pour l’un des antipapes, Benoît XIII (Pedro di Luna). Ce dernier l’appela en Avignon et le nomma grand pénitencier et maître du sacré palais. Puis Vicente lui-même supplia Benoît XIII de renoncer à la papauté ; Benoît XIII refusa ; désormais, Vicente se prononcerait contre Benoît XIII ; le schisme devait se prolonger jusqu’en 1417. Mais Vicente continuait sa prédication.

Voici les localités les plus importantes qu’il parcourut depuis Valencia en 1381 ; il faut noter qu’il est difficile de le suivre, au point qu’on s’est demandé s’il n’était pas favorisé, en plus, du don de la bilocation :

Valladolid (où il convertit un rabbin et beaucoup de Juifs), Avignon, Carpentras (1399), Marseille, la région du Dauphiné et de Savoie (1401-1403), la Lombardie (Alessandria, où il rencontra Bernardino de Sienne, v. 20 mai). la Suisse, Lyon, le sud de l’Espagne (Séville et Cordoue, 1408-1410), Valence (où il fonda une université), Zamora, Salamanque. Il repassa en Italie, d’où il revint en Espagne pour favoriser l’accession au trône de Ferdinand de Castille, Valencia (1412-1413), Barcelone, les Baléares, Tortosa, Morella (où il supplia encore, mais sans résultat, Benoît XIII de déposer la tiare, comme l’avaient fait les deux autres antipapes), Saragosse, la Catalogne, Barcelone, Nice, Perpignan (où il tomba gravement malade, et prédit sa guérison, humainement inexplicable et où il prêcha devant l’obstiné Benoît XIII, toujours fermé à la grâce), le Roussillon, la Catalogne, le Languedoc, Toulouse, Le Puy, Clermont, Moulins, Lyon, Besançon (où il rencontra Colette de Corbie, v. 6 mars), Dijon, Bourges, Tours, l’Anjou, la Bretagne (Nantes et Vannes), la Normandie (Rennes, Dol, Caen, cherchant à convaincre le roi d’Angleterre pour mettre fin à la guerre de Cent ans), et Vannes enfin où il devait mourir.

Voici quelques exemples de ses miracles. Il révéla humblement lui-même que la miséricorde de Dieu avait opéré par sa main plus de trois mille miracles.

Il demanda à une femme pourquoi elle jurait si fort devant la colère de son mari ; elle dit que c’était à cause de sa laideur ; Vicente la rendit sur place plus belle que toutes les femmes du pays.

A une autre, il lui suggéra, à l’heure de l’arrivée de son mari, de garder dans la bouche une gorgée de l’eau du puits du couvent voisin ; c’était en réalité pour l’obliger à se taire. Le mari, de retour, s’apercevant que sa femme ne disait rien, en fut bien content et la paix revint ; Vicente lui expliqua que par son silence, elle évitait ainsi de provoquer son mari par ses répliques incessantes.

A Gênes, on s’aperçut qu’il avait le don des langues, car tous les matelots étrangers le comprenaient. Il expliqua qu’il ne savait en réalité, outre l’espagnol, que le latin et un peu d’hébreu, mais que c’était Dieu qui le rendait intelligible par les étrangers.

Il lisait dans les cœurs ; quand on avait une objection à lui proposer, il y répondait sans qu’on la lui ait exposée.

Vicente Ferrer annonça partout que la fin du monde était proche, tant il voyait d’erreurs et de vices partout où il passait. Le Grand Schisme durait, la société était divisée et corrompue : Vicente y voyait le prélude à un cataclysme final, mais finalement annonça avec joie que la pénitence des foules avait touché la miséricorde de Dieu, tant il est vrai que Personne ne sait l’heure du jugement, pas même le Fils de l’homme (Mc 13:32).

Au début de 1419, Vicente faillit refaire un voyage à Valencia où on l’appelait, mais dut y renoncer à cause de la maladie. Tous cherchaient à le voir encore ; il promit de prendre la ville de Vannes sous sa protection aux pieds de Dieu. 

Il annonça sa mort dix jours auparavant, et mourut effectivement le Mercredi saint 5 avril 1419. Il fut enterré le Vendredi saint et inhumé dans la cathédrale de Vannes ; on put soustraire ses restes à la fureur huguenotte et à celle républicaine.

Près d’un millier de miracles furent reconnus et retenus pour la canonisation de Vicente Ferrer. Celle-ci fut annoncée début juin 1455 et devait avoir lieu formellement le 29 juin, mais le pape mourut dans l’intervalle. La canonisation fut proclamée en octobre 1455.

La fête liturgique de saint Vicente Ferrer est toujours au 5 avril.

 

 

Caterina Tomás i Gallard

1531-1574

 

Suivant les régions, cette Religieuse mystique s’est aussi appelée Catalina Thomás.

Elle naquit le 1er mai 1531 à Valldemossa (Maiorque), sixième des sept enfants ; les frères et sœurs s’appelaient Miquel, Bartomeu, Jaume, Mateu, Anna, Caterina et Margarida.

Tôt orpheline (de son père en 1535, de sa mère en 1541), elle fut recueillie par son oncle, Joan Gallard, pour soigner son épouse infirme, ce qui dura cinq années. En plus, une bonne famille l’aida à faire des études sérieuses. Elle vint à Palma pour apprendre à lire et à écrire.

A quinze ans, elle voulait être religieuse, mais son confesseur, prudent, lui conseilla d’attendre un peu.

En 1553, elle entra chez les Chanoinesses Régulières de Saint-Augustin, un ordre de contemplatives, et y professa en 1555.

Sa vie discrète fut remplie de manifestations célestes : apparitions, visions des anges, de saint Antoine de Padoue (v. 13 juin), de sainte Catherine d’Alexandrie (v. 25 novembre). Elle passait des jours entiers en extase. On la voyait lutter contre le démon. Elle eut aussi le don de prophétie, et annonça sa propre mort.

Outre ces grâces, elle souffrait d’une maladie qu’on croit être la tuberculose.

Elle refusa son élection comme Supérieure du couvent.

Elle mourut le 5 avril 1574 à Palma.

Son corps est resté incorrompu : on peut le voir et le vénérer au couvent des Augustines de Palma.

Caterina fut béatifiée en 1792 et canonisée en 1930.

Palma la fête solennellement le 28 juillet.

 

 

Anna (Maria Crescentia) Höß

1682-1744

 

Cette religieuse était née à Kaufbeuren, dans le diocèse bavarois de Augsburg, le 20 octobre 1682, septième des huit enfants de Matthias Höß et Lucia Hörmann, et donna dès l’enfance des indices de ce que serait un jour sa sainteté. 

Il semble qu’elle ait eu la notion des vérités du salut avant même d’avoir l’usage de la parole. Jeune fille, elle garda l’intégrité de la foi au milieu des dangers où l’exposait la nécessité de vivre parmi les luthériens. Elle s’affermit dans la pratique des vertus chrétiennes et provoqua même l’admiration des non-catholiques. 

Sa demande d’admission chez les Franciscaines du Tiers-Ordre Régulier de Mayerhoff où elle désirait se consacrer à Dieu, fut plusieurs fois repoussée, parce que l’on ne pouvait fournir une dot suffisante. Enfin un personnage de l’endroit, bien que luthérien, plaida en sa faveur et comme il était un insigne bienfaiteur de la maison, la jeune fille fut admise sans dot : elle avait alors vingt et un ans.

Son noviciat achevé, Crescentia fit profession en 1704. Les supérieures furent bien disposées envers elle et lui confièrent maintes responsabilités : portière d’abord, maîtresse des novices en 1726, elle fut enfin élue prieure en 1741, malgré son refus pour un tel poste, qu’elle ne finit par accepter que par la contrainte. Dans toutes ces charges, elle montra la plus grande générosité et le don total d’elle-même.

Elle recommandait aux sœurs d’observer le silence et le recueillement, d’avoir de saintes lectures, l’évangile en premier lieu. L’école de sa vie religieuse était la Crucifixion du Christ. C’est à cette école qu’elle acquit un degré de grande prudence et qu’elle put être une conseillère providentielle pour tous ceux qui venaient chercher auprès d’elle du réconfort, comme on peut aussi s’en rendre compte par son abondante correspondance. 

Durant ses trois années de supériorat, elle fut comme une nouvelle fondatrice de sa communauté de Mayerhoff ; elle justifiait ainsi son choix des novices : “Dieu veut que notre couvent soit riche de vertus, et pas de biens temporels”. Les points principaux sur lesquels elle appuya la renouvellement de la maison furent : une confiance illimitée en la divine Providence, la promptitude dans l’accomplissement des activités de la vie commune, l’amour du silence, la dévotion à Jésus crucifié, à l’Eucharistie et à la Vierge Marie.

La renommée de sa sainteté porta son nom dans toute l’Allemagne, dans la Hongrie et parmi d’autres nations protestantes. Cette sainte religieuse eut de nombreuses extases : l’ardeur de l’amour divin dont son cœur était rempli, bien plus que la maladie, occasionna sa mort qui arriva à Pâques, le 5 avril 1744. Son corps repose toujours dans la chapelle de son monastère, entouré d’une profonde vénération.

Des miracles avaient illustré sa vie ; il y en eut au jour de ses funérailles et, dans la suite, auprès de son tombeau.

Béatifiée en 1900, elle a été canonisée en 2001 et le Martyrologe Romain la commémore le 5 avril. 
 

Josefina Saturnina Rodríguez de Zavalía
1823-1896

Josefina vit le jour le 27 novembre 1823 à Córdoba (Argentine), de bons parents chrétiens, Hilario Rodríguez Orduña et Catalina Montenegro. Elle avait trois sœurs.
En 1826, elle fut orpheline de sa mère, en 1831 de son père. Les quatre sœurs avaient heureusement des tantes, qui s’occupèrent d’elles.
Josefina ne fréquenta pas l’université de la ville, déjà célèbre, car les études étaient traditionnellement «réservées» aux garçons. Elle se forma à la maison.
En 1840, elle découvrit les Exercices spirituels ignaciens, qui suscitèrent en elle le désir de se consacrer. Mais en 1852, son directeur spirituel lui conseilla d’épouser un colonel, Manuel Antonio de Zavalía, lui-même veuf et père de deux enfants. Le couple s’installa à Paraná : leur unique enfant fut une petite fille mort-née.
De retour à Córdoba, Manuel Antonio mourut en 1865 ; veuve à la force de l’âge, Saturnina reprit son projet de former une communauté à l’image des Jésuites, pour les femmes, qui seraient au service des personnes les plus vulnérables de la société, pour leur apporter l’enseignement du Christ, les aider à travailler, vivre avec elles. L’entreprise était audacieuse, nouvelle, et mit du temps à éclore : en 1872, naquit enfin la Congrégation des Sœurs Esclaves du Sacré-Cœur de Jésus, le premier institut féminin de vie apostolique en Argentine.
En 1875, Josefina faisait ses premiers vœux et prenait le nom de Catalina de Marie.
Lors de sa participation aux Exercices spirituels, Josefina avait fait connaissance d’un, alors, séminariste, José Gabriel Brochero (v. 26 janvier). Ce dernier, une fois curé, fit appel à ces Religieuses pour l’aider dans son apostolat ; ce fut une féconde collaboration au service des pauvres, des malades (comme durant l’épidémie de choléra en 1867) et de l’épanouissement de la femme dans toute sa dignité.
Les maisons des Esclaves du Sacré-Cœur de Jésus s’ouvrirent en plusieurs villes d’Argentine. En 1893 s‘ouvrit à Buenos Aires le Collège du Sacré-Cœur. Cette année-là, Catalina fit un pèlerinage à Rome.
Elle mourut à Córdoba le 5 avril 1896.
Aujourd’hui les maisons se sont multipliées en Argentine, bien sûr, mais se sont aussi implantées au Chili, en Espagne, au Bénin.
Le miracle reconnu pour la béatification de Mère Catalina fut la «résurrection» d’une femme victime d’une apparente mort subite : les efforts pour la réanimer se démontraient sans aucun résultat. La fille de cette femme cependant, avec son mari et toute la communauté des Esclaves, priaient intensément et, après vingt-quatre heures de coma, la dame commençait à montrer des signes de vie ; dix jours plus tard, cette dame repartait chez elle, sans aucune séquelle de l’accident, et vit actuellement chez elle sans difficulté.
Mère Catalina fut béatifiée en 2017.
La bienheureuse Josefina Saturnina Rodríguez - Mère Catalina de Marie - sera commémorée le 5 avril dans le Martyrologe Romain.

 

Mariano de la Mata Aparicio

1905-1983

 

Né le 3 décembre 1905 à Puebla de Valdavia (Palencia, Espagne) dans une famille très chrétienne, Mariano et ses trois frères aînés devinrent prêtres dans l’Ordre des Augustins. Leurs parents, Manuel et Martina, eurent huit enfants.

Il prit l’habit en 1921, qu’il reçut du père Anselmo Polanco, futur évêque de Teruel, qui sera béatifié en 1995 (v. 7 février).

Après ses études à Valladolid et Burgos, Mariano fut ordonné prêtre en 1930.

Moins de deux ans après, il fut envoyé en mission au Brésil, où il restera pendant plus d’un demi-siècle.

Il fut d’abord deux ans vicaire à la paroisse de Taquaritinga (São Paolo), puis professeur de sciences naturelles au collège jusqu’en 1949, en même temps que directeur du collège et vice-provincial de son Ordre de 1945 à 1948.

Après, il fut professeur et supérieur au séminaire des Augustiniens à Engenheiro Schmidt (São Paulo).

Le père Mariano ne fit rien d’extraordinaire : il sut montrer la charité dont était rempli son cœur, envers les pauvres et les malades. En plus de ses responsabilités, en effet, il savait donner du temps pour chacun de ses Confrères, pour secourir ceux qui lui tendaient la main, visitant assidûment les malades. Par exemple, pendant un an il alla chaque jour donner des leçons à un étudiant malade, pour lui éviter de perdre son année ; il rendit visite tous les jours pendant deux mois à un autre malade d’hépatite, Horacio Gentile, sans compter la fatigue de la distance et des escaliers.

Il se tenait régulièrement au courant des événements de son Espagne natale, traversée par la douloureuse guerre civile de 1936, qui fit près de dix mille martyrs, dont Mgr Polanco en 1939.

Il avait un grand amour pour la nature, les plantes, les animaux, toutes les belles choses que le Bon Dieu avait créées. Il avait aussi une passion pour la collection de timbres !

Il assista spirituellement les membres de l’Atelier Sainte-Rita, où les ouvrières confectionnaient des habits pour les pauvres. Il fonda un très grand nombre de ces ateliers, donnant ainsi une occupation à des personnes désœuvrées.

Sa vue diminua beaucoup, mais ne l’empêcha pas de continuer toutes ses activités pastorales.

En 1983, il dut être opéré d’une tumeur maligne au pancréas. Le mal ne put être arrêté.

Le père Mariano de la Mata mourut le 5 avril 1983, et fut béatifié en 2006.

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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 23:00

04 AVRIL

 

II.

S Ephrem, évêque à Jérusalem et martyr.

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Ss Victor et Aetius, premiers prédicateurs à Barcelone.

IV.

Ss Agathopodes, diacre, et Theodulos, lecteur, martyrs à Thessalonique.

S Théonas, solitaire en Thébaïde ; pendant trente années, il resta sans parler.

S Ambroise, évêque à Milan ; administrateur laïc, il fut, encore catéchumène, nommé évêque ; il soumit à la pénitence l’empereur Théodose qui avait fait périr par représailles sept mille hommes à Thessalonique ; il convertit et baptisa s. Augustin ; Docteur de l’Eglise, il est fêté le 7 décembre, jour de sa consécration.

V.

S Zosime, moine en Palestine ; c’est lui qui rencontra ste Marie l’Egyptienne (cf. 1 avril).

VI.

S Georges, ermite dans le Péloponèse ; il s’imposa la mortification du silence absolu.

VII.

S Isidoro de Séville, espagnol, frère des saints Leandro, Fulgencio et Florentina, successeur de son frère Leandro comme évêque à Séville, Docteur de l’Eglise, auteur encyclopédique... représenté entouré d'abeilles ou auprès d'une ruche.

IX.

S Platon, très habile dans les affaires, il devint plutôt abbé au monastère des Symboles (Mont Olympe), puis à celui de Saccudion (près de Constantinople).

S Guier, ermite en Cornouaille.

XII.

Bse Alèthe, mère de s. Bernard.

B Pierre II, évêque à Poitiers, où il succéda à son frère Isembert.

XIV.

Bx Nicola de Montecorvino, François de la Terre de Labour et Pietro de Rome, franciscains martyrs au Caire avec un soldat hongrois (Thomas) qui s’était fait musulman et voulait expier son apostasie.

XV.

B Guglielmo Buccheri (Cuffitedda), tertiaire franciscain, ermite, patron de Scicli.

XVI.

S Benoît Massarari le More, d'une famille d'esclaves africains de Sicile, nommé "More" à cause de la couleur de sa peau, franciscain, supérieur bien qu’illettré, revenu à sa cuisine à la fin de son mandat. 

XIX.

B Giuseppe Benedetto Dusmet, abbé bénédictin, évêque à Catane et cardinal, béatifié en 1988.

XX.

S Francisco Marto (1908-1919), un des trois voyants de Fatima, béatifié le 13 mai 2000, canonisé le 13 mai 2017.

B Francisco Solís y Pedraja (1877-1937), prêtre espagnol, martyr près de Jaén, béatifié en 2013.

B Mario Ciceri (1900-1945), prêtre italien, béatifié en 2022 ; sa mort accidentelle lui évita sans doute d’être condamné à mort et fusillé par les nazis pour avoir hébergé des Juifs.

B Ndue Serregi (Karl, 1911-1954), prêtre albanais des Frères Mineurs Conventuels ; il refusa de révéler le secret de confession ; condamné à mort, il mourut en prison ; reconnu martyr, il fut béatifié en 2016.

S Gaetano Catanoso (1879-1963), curé à Reggio Calabria, fondateur des Sœurs de la Sainte Face et propagateur de cette dévotion, béatifié en 1997, canonisé en 2005.

Agathopodes et Theodulos de Thessalonique

† 303

 

Agathopodes et Theodulos étaient respectivement diacre et lecteur de l’Eglise de Thessalonique (Grèce N), le premier très âgé, l’autre très jeune ; c’est pourquoi une icône de ces deux Martyrs représente le premier avec une longue barbe, le second absolument imberbe.

Il est dit que Theodulos vit en rêve un personnage rayonnant de beauté, qui lui remettait une belle bague décorée d’une croix ; dans le rêve, il lui était donné de comprendre que c’était là une annonce de son futur martyre ; mais au réveil, il trouva dans sa main le précieux bijou, dont il se servit pour guérir les malades et ainsi amener les païens à la Foi.

Au début de la persécution de Dioclétien, les deux héros continuèrent leur apostolat et furent arrêtés pour leur foi.

Le gouverneur Faustinus tenta de tromper Agathopodes en lui annonçant faussement que Theodulos avait accepté de sacrifier aux dieux ; le Diacre sourit simplement en disant : C’est faux, sachant bien que jamais Theodulos n’aurait cédé.

Faustinus les fit mettre tous deux en prison, où ils amenèrent tout un groupe à la Foi chrétienne. Le chef de la prison rapporta la chose à Faustinus.

Dans un deuxième interrogatoire, ce dernier leur demanda de remettre leurs Livres saints (la Bible) ; Théodulos répondit courageusement : Fais ce que tu veux de mon corps, mais je ne te donnerai pas les Livres saints.

Faustinus fit voir à Theodulos l’épée qui allait le décapiter ; Theodulos lui montra toute sa joie de mourir pour le Christ. Les deux Athlètes du Christ furent remis en prison.

La nuit suivante, ils rêvèrent tous les deux qu’ils voyageaient sur un bateau agité par une forte tempête, qui cependant parvenait à accoster, et ils en descendaient avec des habits resplendissants. Ils comprirent que leur combat allait prendre fin et qu’ils allaient entrer dans la Vie éternelle.

Quand Faustinus les convoqua à nouveau, ils affirmèrent encore une fois leur fidélité au Christ. Alors Faustinus ordonna de leur lier les mains derrière le dos, de leur attacher de grosses pierres au cou et de les jeter à la mer. 

Les récits affirment que les liens des Martyrs se défirent et que les flots ramenèrent les corps sur le rivage.

Saints Agathopodes et Theodulos de Thessalonique sont commémorés le 4 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Isidorus Hispalensis

560-636

 

Isidorus naquit vers 560 à Cartagena (Espagne), quatrième des cinq enfants de Severianus et Turtura.

Ses aînés, eux aussi canonisés, étaient Leandrus, Fulgentius et Florentina (v. 13 mars, 14 janvier et 28 août).

Son enfance fut marquée, dit-on, par des signes merveilleux : un essaim d’abeilles serait apparu sur sa bouche, comme pour annoncer son génie. Sa sœur l’aurait vu plusieurs fois élevé en l’air et agiter les mains comme pour lutter contre un adversaire.

Les parents moururent tôt. L’enfant fut élevé par Leandrus, qui s’en occupa paternellement. Leandrus sut être sévère aussi, car un jour Isidorus, peu porté à l’étude, s’enfuit quelque temps pour échapper au fouet fraternel.

Plus tard, Isidorus se rattrappa et dépassa même ses maîtres. Il devint une encyclopédie vivante et l’on venait de loin pour avoir recours à ses lumières.

On a avancé qu’il fut moine, mais ni les carmes, ni les bénédictins ni les augustins n’ont pu en apporter de preuves solides. Il reste établi qu’Isidorus utilisa très tôt toute sa science et son talent pour convertir les Wisigoths ariens.

Isidorus reçut le sacerdoce. Il fut unanimement appelé à succéder à son frère Leandrus comme évêque de Séville. 

Comme pasteur, il détruisit les restes de l’arianisme en Espagne, étouffa à la racine l’acéphalisme (qui niait les deux natures dans la personne du Christ), secondé en cela par des miracles retentissant : pluie abondante durant la sécheresse, guérison de malades, résurrection des morts.

Il formula un jour cette célèbre monition : Celui qui fait l'aumône par vaine gloire, transforme une vertu en vice.

Il fit construire une école de théologie à Séville et y enseigna. Il régla la liturgie, instituant le rite espagnol, dit mozarabe (Missel et Bréviaire). Il rédigea une Histoire des Goths.

Très âgé désormais, malade, il sentit arriver la fin de son pèlerinage terrestre. Il se fit transporter dans la basilique Saint-Vincent où, couché sur la cendre, devant l’autel, toujours avec son cilice aux reins, il implora la miséricorde de Dieu ; puis il donna le baiser de paix aux prêtres.

Reporté dans sa cellule, il expira le 4 avril 636.

Peu d’hommes ont laissé un œuvre aussi encyclopédique qu’Isidorus. Il semblait simplement connaître tout ce qui se savait au 7e siècle, tel qu’il ressort de son Livre des origines des choses. On a de lui des traités sur l’Ecriture, sur les personnages bibliques, une Règle des moines.

Les cendres d’Isidorus d’Espagne, ou de Séville, furent longtemps dans la cathédrale de Séville, entre celles de Leandrus et de Florentina, avant d’être transférées à León.

Saint Isidorus fut canonisé au 9e siècle, et déclaré Docteur de l’Eglise au 18e siècle.

Notons enfin que saint Isidore a été choisi en 2002 comme protecteur céleste des chercheurs sur Internet.

 

 

Platon de Constantinople

734-814

 

Platon naquit en 734 à Constantinople, et perdit très vite ses deux parents, emportés par une épidémie de peste, que les contemporains considérèrent comme le châtiment divin à la persécution iconoclaste.

Il avait trois frères et des sœurs.

Un de ses oncles, trésorier impérial, s’occupa de lui. Platon étudiait, commençait à montrer d’excellentes aptitudes dans les affaires, mais surtout était dans son cœur un homme de Dieu. Il se lassa bien vite de la cour et des rencontres mondaines et ne sortit plus que pour aller prier dans les églises.

Il persuada ses trois frères de se consacrer à Dieu et de vivre dans la chasteté. Il affranchit ses esclaves et vendit ses biens, qui étaient immenses ; après avoir ainsi nourri les pauvres et établi ses sœurs, il se dirigea vers la Bithynie, avec un seul domestique.

Là-bas, il remis à ce domestique ses propres vêtements, revêtit un habit noir et alla frapper au monastère des Symboles sur le mont Olympe.

L’higoumène, Théoctiste, le fit passer par diverses épreuves, par exemple celle de l’accuser de fautes qu’il n’avait pas commises et lui imposant de sévères pénitences, que Platon acceptait toujours avec le sourire.

L’occupation favorite de Platon était la copie des livres. Nombreux furent les couvents d’Orient qui bénéficièrent de sa transcription des passages des Pères. De son travail, il recueillait quelques bienfaits qu’il partageait entre les pauvres.

En 770, il fut contraint d’accepter de succéder à Théoctiste. Il n’en devint que plus mortifié, mangeant seulement l’après-midi, et que du pain, des fèves et quelques herbes sans assaisonnement, buvant un jour sur deux.

En 775, il dut traiter quelques affaires à Constantinople ; on le reconnut, on se pressa près de lui et il en profita pour prêcher l’amour de Dieu et pour ranimer la ferveur des fidèles. Il refusa énergiquement l’évêché de Nicomédie, et même les ordres sacrés que lui proposait le nouveau patriarche. Puis il retourna à son monastère.

En 782, il fut appelé à gouverner le monastère de Saccudion, fondé par ses neveux : il leur donna la Règle de saint Basile (v. 2 janvier) et les gouverna pendant douze ans puis remit sa charge à son neveu Théodore.

Vint la pénible circonstance du divorce de l’empereur, qui voulait épouser une parente de Platon. Celui-ci mit toute son énergie pour désapprouver l’empereur qui, en réponse, le fit enfermer. L’abbé supporta avec joie cette peine et tous les autres mauvais traitements, jusqu’à la mort du prince en 797.

Devant le péril sarrasin, le monastère de Saccudion fut évacué. Platon se retira chez son neveu Théodore, auquel il se soumit très humblement en simple religieux, priant et recopiant des manuscrits. Il s’attacha aux pieds une chaîne de fer - qu’il cachait habilement si on venait le trouver.

Un nouvel épisode s’abattit sur Platon, concernant d’une part l’élection du patriarche Nicéphore et d’autre part l’empereur Nicéphore. Le patriarche avait été élu bien qu’il ne fût que laïque, ce qui était contraire aux lois, et Platon blâmat cette élection. Quant à l’empereur, il commit aussi une irrégularité en rétablissant un prêtre qui avait été précédemment écarté par s.Tarasios. La «récompense» ne se fit pas attendre : pendant un an, Platon fut victime des mauvais traitements de soldats, jugé par un conciliabule d’évêques circonvenus par la calomnie, enfin exilé d’île en île pendant quatre ans dans le Bosphore. Tout de même, l’empereur fut touché par la constance de Platon, mais périt avant d’avoir pu le faire délivrer ; son successeur le fit sans attendre.

Platon regagna sa cellule de reclus. Mais il avait vieilli et eut besoin d’être aidé. S’il ne pouvait plus se servir de ses mains, il continuait à prier. La maladie le prit durant le carême de 814. Il fit creuser sa tombe et voulut même s’y coucher.

Il eut la joie d’avoir la visite du patriarche Nicéphore : ils se réconcilièrent. Il pardonna à tous ceux qui l’avaient persécuté. A Théodore, son neveu et abbé, il répéta : Je n’ai plus rien, je t’ai tout donné.

Il murmura encore un cantique pascal et mourut, le 4 avril 814.

Saint Platon est commémoré le 4 avril dans le Martyrologe Romain.

Nicoló Pico de Montecorvino

François de la Terre de Labour

Pietro de Rome

Thomas

† 1358

 

Nicoló naquit à Montecorvino, dans la famille Pico qui, depuis longtemps déjà, était liée à l’Ordre franciscain.

Après sa profession et l’ordination sacerdotale, il fut envoyé en mission en Egypte.

Au moment de la Semaine sainte de 1358, il y reçut un soldat hongrois qui, par opportunisme, s’était fait musulman et par là avait obtenu les grâces du sultan, ainsi que par sa bravoure.

Or, dans ce couvent franciscain, Thomas (c’est le nom du soldat) fut conquis par les paroles chaleureuses et les exhortations du père Nicoló, au point qu’il eut le profond désir d’expier son apostasie.

Nicoló lui proposa de l’accompagner pour aller témoigner le Nom du Christ devant le sultan.

Ils emmenèrent aussi un autre Frère, François de la Terre de Labour, ainsi qu’un tertiaire, Pietro de Rome. Et les voici en marche vers le Caire.

Chemin faisant, des marchands chrétiens leur suggérèrent de ne pas risquer le déclenchement d’une nouvelle persécution, au cas où le sultan se déchaînerait contre eux et, par la suite, contre les Chrétiens.

Mais nos Franciscains étaient trop heureux de rencontrer le sultan ; Thomas en particulier ne demandait qu’à expier sa faute par un acte courageux.

Introduits devant le sultan, Thomas prit la parole en premier et déclara qu’il s’était trompé, qu’il croyait toujours en Jésus-Christ, Dieu et Homme, et se rétractait.

Le sultan accusa les Religieux d’être à la source de cette rétractation, mais Nicoló lui parla du Christ, qui avait redonné la lumière à Thomas. Et d’ajouter que la religion chrétienne était seule dans la Vérité.

François et Pietro confirmèrent leurs paroles.

Le sultan fit alors enfermer les quatre hommes. Deux jours après, il les interrogea de nouveau et, devant leur persévérance à confesser le Christ, les fit mettre à mort, le 4 avril 1358.

On ne sait s’ils furent pendus, décapités ou empalés. On voulut ensuite brûler leurs corps en cachette mais une lumière, brillant au-dessus d’eux, empêcha la réalisation du dessein.

La béatification de ces Héros du Christ appartient aux proclamations «officieuses» de l’Eglise, avant la création de la Congrégation des Rites (1588), l’ancêtre de notre actuelle Congrégation pour les Causes des Saints, créée en 1969. 

 

 

Guglielmo Buccheri

1309-1404

 

Guglielmo naquit en 1309 à Noto (Syracuse, Sicile), de la noble famille Buccheri et fut écuyer du roi de Sicile Federico II, qu’il défendit un jour de l’attaque d’un sanglier lors d’une partie de chasse ; sa générosité lui valut tout de même une blessure à la jambe.

Il eut une vision de sainte Agata, la patronne des Siciliens (v. 6 février) et décida d’embrasser la vie érémitique. Mais il fallait prendre congé du roi ; ce dernier encouragea Guglielmo, lui fit le don d’un cheval ainsi que d’une petite bourse de monnaie.

Peu après, il échangea ses «biens» avec les hordes d’un pauvre, auquel il acheta aussi une cuffitedda, un rouleau d’étoffe dont il se fit son habit. De là lui vint son surnom de Cuffitedda qu’on lui adjoignit souvent (et que d’aucuns ont transformé en Cuffitelli, comme on le lit dans le Martyrologe Romain).

Puis il se retira dans la solitude, non loin de Noto. Là, il reçut la visite de Corrado Confalonieri (v. 19 février).

Pendant près de soixante-dix ans, Guglielmo observa la règle de saint François, dans la prière et la pénitence, recevant à l’occasion quelque personne venue lui demander conseil ou consolation.

Après avoir reçu une vision de la Sainte Vierge, il alla s’établir un peu plus loin, à Scicli, où il mourut à quatre-vingt-quinze ans, le 4 avril 1404, en odeur de sainteté pour une telle vie toute donnée à Dieu et aussi pour des miracles. Ce jour-là, les cloches sonnèrent toutes seules.

Lors de ses funérailles, son corps s’alourdit au point qu’on ne pouvait plus le déplacer ; il redevint léger lors des Litanies des Saints, à l’invocation de saint Matthieu, ce qui fit qu’on l’enterra dans l’église de Saint-Matthieu à Scicli.

Guglielmo Buccheri, ou Cuffitedda, ou de Noto, ou de Scicli, a été béatifié en 1537.

 

Benedetto le More

1524-1589

 

Benedetto naquit en Sicile en 1524. Ses pieux parents, Cristoforo et Diana étaient des esclaves ramenés d’Afrique (peut-être l’Ethiopie) au village de San Fratello (Messine).

Après lui, naquirent Marco, Baldassara et Fradella.

Benedetto est en général appelé le More pour la couleur noire de sa peau. Le patron de Cristoforo et Diana, nommé Manasseri, affranchit leur fils aîné, raison pour laquelle celui-ci est normalement nommé Benedetto Manasseri. Il n’est pas exclu que le même Manasseri n’ait pas aussi affranchi les frère et sœurs de Benedetto. Ajoutons que le Martyrologe nomme ce bienfaiteur italien Massarari.

A dix ans, notre Benedetto se vit confier la garde du troupeau. Ses petits compagnons prirent vite la licence de se moquer de son teint noir, mais le jeune pâtre ne s’en réfugiait que plus volontiers dans la solitude et la prière, ce qui lui valut déjà à cet âge le surnom de Saint.

A dix-huit ans, son travail lui permettait de se suffire et d’aider les pauvres. Il advint qu’en ce temps-là passa par là un certain Girolamo Lanza, un pieux ermite des environs. Entendant les railleries des gamins, il les réprimanda gentiment : Vous vous moquez de ce pauvre Noir, mais bientôt vous entendrez parler de sa renommée.

Peu après (1547), Benedetto rejoignit Girolamo et tous deux menèrent une vie dans le recueillement et la prière ; mais comme Benedetto eut le don des miracles, les gens affluèrent et les deux ermites durent changer jusqu’à quatre fois d’endroit, pour finalement quitter la région de Messine et se fixer non loin de Palerme, sur le Monte Pellegrino. D’autres se joignirent à eux. Quand mourut Girolamo, on choisit Benedetto comme supérieur, mais le pape dissolut cette vie érémitique et les braves ermites, en parfaite obéissance, se séparèrent.

Benedetto frappa à la porte des Frères Mineurs Observants. On le reçut en Frère lai et on l’envoya quatre années à Santa Anna di Giuliana, puis au couvent de Palermo, où il resta jusqu’à la fin de sa vie. Il fut d’abord cuisinier. 

En 1578, le chapitre élut comme Gardien Benedetto lui-même, qui était parfaitement illettré. Canoniquement, ce n’était pas heureux, mais exceptionnellement ce Gardien se révéla excellent supérieur. Il reçut de Dieu des dons extraordinaires de science infuse, de discernement, de pénétration des esprits. Il devançait les novices en leur parlant de leurs tentations pour les aider à les vaincre ; il expliquait des passages de l’Ecriture avec une étonnante facilité ; des théologiens venus de loin restèrent stupéfaits de sa science ; le vice-roi lui demandait conseil avant de prendre une décision importante.

Un jour qu’on manquait de provisions, il remplit d’eau plusieurs tonneaux, passa la nuit en prière, et retrouva le lendemain suffisamment de poissons pour nourrir tout le couvent ; un autre jour où il s’était abîmé en prière et n’avait rien préparé à la cuisine, il annonça tout de même que le repas était prêt : arrivèrent alors deux jeunes gens tout lumineux qui, en une fraction de seconde, mirent tout en place ; une autre fois encore, le Portier avait refusé la distribution de pain aux pauvres, car il ne restait presque rien pour les Religieux : Benedetto le lui reprocha très gentiment, lui ordonnant de distribuer comme d’habitude, et le Portier remarqua qu’il lui restait plus de pains qu’auparavant pour les Religieux ; etc…

Au terme de sa charge, Benedetto redevint cuisinier, pour sa plus grande satisfaction.

En février 1589, il tomba gravement malade, et sentit que sa fin était proche.

Benedetto Manasseri, dit le More, mourut le 4 avril 1589.

Le culte envers un personnage mort en odeur de sainteté, n’est permis qu’après la mort de celui-ci et avec l’autorisation de l’Eglise. Dans le cas de Benedetto, ce culte commença… de son vivant, tant était forte la renommée de ses vertus et de ses miracles. 

Benedetto fut béatifié en 1743 et canonisé en 1807.

Son corps est demeuré incorrompu. Benedetto est vénéré en Sicile, bien sûr, mais son culte s’est largement déployé en Amérique du Sud, au Brésil, en Colombie, au Vénézuéla, et en Afrique au Togo, au Bénin, au Nigéria et en Angola.

 

 

Giuseppe Benedetto Dusmet

1818-1894

 

Né en la fête de l’Assomption, le 15 août 1818 (la fête existait avant la proclamation du dogme), à Palermo, Giuseppe Benedetto était le fils d’un capitaine de vaisseau, Luigi Dusmet, des marquis de Smours, et de Maria Dragonetti.

Dès l’âge de cinq ans il fut confié à l’abbaye bénédictine de San Martino delle Scale à Palermo, où se trouvaient déjà deux oncles maternels.

Il y fit les vœux le jour de ses vingt-deux ans, 15 août 1840.

Son intelligence très vive le fit remarquer : il fut secrétaire personnel de l’abbé, également quand ce dernier fut élu à Caltanissetta ; l’évêque le prit aussi comme confesseur.

En 1850, il fut nommé prieur à Naples, puis en 1852 à Caltanissetta, où il sut résoudre les graves problèmes existants et rétablir l’ordre dans les monastères.

En 1854, l’épidémie de choléra lui donna l’occasion de montrer toute sa charité envers les malades, pauvres et riches.

En 1858 il fut nommé abbé à Catania, où là encore il rétablit la règle dans sa rigueur.

En 1866, le couvent fut fermé, confisqué par le nouvel Etat italien.

En 1867, le pape Pie IX nomma Don Dusmet archevêque de Catane : ce seront des années douloureuses, marquées par l’éruption de l’Etna, des tremblements de terre, des inondations, des épidémies. Au terme de l’épidémie de choléra de 1889, Mgr Dusmet reçut la Médaille d’Or du Mérite pour les services rendus à la cause de la Santé publique.

En 1888, le pape Léon XIII le créa cardinal, le chargeant en plus de restaurer l’abbaye Saint-Anselme sur l’Aventin et de fonder la Confédération Bénédictine.

Le cardinal Dusmet fut honoré de la distinction de Chevalier Grand-Croix de l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Il s’éteignit à cette vie le 4 avril, si pauvre qu’on ne trouva pas même un drap pour couvrir son corps marqué par ses jeûnes sévères.

Mgr Dusmet a été béatifié en 1988.

Francisco Marto

1908-1919

 

Né le 11 juin 1908 à Aljustrel (Fátima, Portugal) de Manuel et Olimpia Marto, Francisco était le grand frère de Jacinta, avec laquelle il reçut les messages de la Vierge Marie.

Il ne fréquenta pour ainsi dire pas l’école, qui n’était pas obligatoire à l’époque. Il gardait les moutons avec sa sœur et sa cousine Lúcia, tout en jouant du fifre, pour lequel il était très doué.

D’après les souvenirs de sa cousine, il était très indépendant, très solitaire, très respectueux des grandes personnes aussi, d’une grande sensibilité.

A partir du moment où il vit la Vierge Marie, il comprit qu’il ne fallait plus offenser Dieu et se retirait dans la solitude, avec son chapelet, pour consoler Jésus des péchés du monde.

A neuf ans, il comprit déjà que de petits sacrifices, acceptés avec amour, pouvaient racheter beaucoup de péchés et il ne se priva pas de s’imposer même de grandes pénitences, peut-être même des jeûnes excessifs pour son âge.

En 1919, il fut atteint par l’épidémie de grippe espagnole qui décima l’Europe entière, ajoutant encore des milliers de victimes à celles de la guerre à peine achevée.

Francisco Marto mourut le 4 avril 1919, à dix ans.

Francisco, ainsi que sa petite sœur Jacinta, ont été béatifiés en 2000, le 13 mai, anniversaire de l’apparition mariale (et de l’attentat au pape Jean-Paul II). 

Ils ont été canonisés le 13 mai 2017.

Le miracle reconnu pour cette célébration a été la guérison totale d’un bébé atteint de diabète 1.

 

 

Francisco Solís Pedrajas

1877-1937

 

Francisco naquit le 9 juillet 1877 à Marmolejo, premier des quatre enfants de Miguel Solís Padilla, un charpentier, et de Antonia Pedrajas Rodríguez.

Ils s’étaient mariés en 1875 et eurent, après Francisco, Manuel, María Rosario et Miguel.

La maman mourut en 1915 (le 22 janvier), le papa en 1921.

Francisco fréquenta le séminaire et fut ordonné prêtre en 1900.

Il fut vicaire à Santiago Apóstol de Valdepeñas (Jaén), puis curé à Baños en la Encina (1906), ensuite à Santisteban del Puerto (1913) et prépara un diplôme de théologie. Puis il fut nommé à Mancha Real, avec le titre d’archiprêtre.

A Mancha Real, il fut curé de 1914 à sa mort, en 1937.

Dans cette paroisse, il se montra réellement préoccupé du bien de tous, des ouvriers et des pauvres, et encouragea un Syndicat Catholique. Quand l’instruction religieuse fut interdite dans les écoles, il sollicita la SADEL (Société Anonyme D’Enseignement Libre) pour ouvrir un collège libre à Mancha Real (1934).

Ce curé se montra en tout un vrai pasteur, pieux, dévot de l’Eucharistie et de la Sainte Vierge, soucieux des âmes, excellent théologien et prédicateur, directeur spirituel avisé. Il vivait très pauvrement ; quand on voulut le retrouver dans la fosse commune, on ne le reconnut que par les initiales brodées sur ses habits : c’étaient en réalité celles d’un cousin, dont il avait reçu les effets déjà usés.

Il fonda dans la paroisse l’Action Catholique et suscita maintes vocations sacerdotales et religieuses, dont un fut martyrisé en 1936.

Peu avant les piteux événements de la guerre civile, le vicaire de la paroisse appela un séminariste, dont les parents habitaient sur la paroisse, à consommer les hosties du Tabernacle, pour qu’elles ne fussent pas profanées ; le jeune homme le fit en présence de ses pieux parents, tout émus. Le vicaire, quant à lui, s’était enfermé chez lui et évitait de sortir. Il fut bientôt arrêté et assassiné.

En juillet 1936, lors de la guerre civile, le curé resta dans son presbytère : ce furent quelques-uns parmi ses propres fidèles qui vinrent l’arrêter pour le mettre dans la prison municipale, où il fut malmené, torturé, interrogé sur l’éventuelle présence d’armes (!) dans son presbytère. De là, il fut conduit à la «prison» de Jaén, cette prison étant la cathédrale, réquisitionnée à cet effet, car la prison municipale était déjà trop pleine. Là aussi fut détenu l’évêque de Jaén.

Ces jours-là, les images saintes, les livres de chant, les archives, les vases sacrés, tout fut retiré de l’église paroissiale, brûlé, détruit, confisqué ; on fit une procession burlesque avec les ornements sacerdotaux, qui furent ensuite brûlés aussi.

Durant les jours où il fut prisonnier dans cette cathédrale, don Francisco y retrouva son évêque, ses confrères, dont certains déjà blessés après tant de mauvais traitements, quelques-uns très âgés aussi, et tant de braves gens arrêtés à cause de leur foi. Arriva le Jeudi Saint, 25 mars, où tout ce peuple saint se trouva réuni pour célébrer la Dernière Cène et adorer devant le Reposoir.

Cette fois-ci, ils étaient tous véritablement autour de l’Agneau, proches de l’immolation, de la Croix, mais aussi de la Résurrection.

Don Francisco fut le prêtre qui célébra pour tous les autres, consacra les Hosties pour donner la Communion à tous les prêtres et fidèles présents.

Au matin du 4 avril, on vint annoncer aux «prisonniers» les noms de ceux qui avaient été «choisis». Ils furent ligotés, on les fit monter dans des camions qui partirent en direction de Grenade, puis se dirigèrent vers Mancha Real, la propre paroisse de Don Francisco.

Avec sa voix d’orateur, le prêtre exhorta ses compagnons à ne pas craindre ceux qui peuvent faire du mal au corps, mais pas à l’âme (cf. Mt 10:28) ; il leur fit répéter les invocations Dieu soit béni, Béni soit son saint Nom… Il sut tellement bien les exhorter qu’ils entonnèrent ensemble des chants ; leurs chants continuèrent pendant les vingt kilomètres qui séparaient Jaén de Mancha Real, et jusqu’au moment suprême. Quand les fusils se pointèrent en face d’eux, ils chantaient encore, jusqu’au moment où ils tombèrent l’un après l’autre.

Juste avant le sacrifice, Don Francisco adressa encore la parole aux bourreaux : Nous, en échange de la vie que vous allez interrompre, nous allons recevoir la vie éternelle. Vous, en revanche, vous allez éprouver les plus profonds remords d’avoir commis ces crimes ; sachez bien que ceux qui vont mourir entre vos mains, n’auront aucune rancœur contre vous ; au contraire, ils vont demander pardon pour vous au Christ Crucifié.

Aucun des soldats ne voulait tuer ce saint prêtre. Il y en eut cependant un qui était davantage déterminé que les autres, et qui l’abattit. Don Francisco était le dernier debout.

Don Francisco Solís y Pedrajas reçut ainsi la palme du martyre le 4 avril 1937, et fut béatifié en 2013.

 

 

Mario Ciceri

1900-1945

 

Mario Ciceri naquit le 8 septembre 1900 a Veduggio (Milan, Italie N), quatrième des six enfants de Luigi et Colomba Vimercati, des agriculteurs. La générosité de ces parents s’exprima encore plus lorsqu’ils assumèrent l’éducation des treize enfants de leur belle-sœur, morte en couches.

En 1908, Mario reçut la Confirmation, en  1910 la Première Communion.

Dès l’âge de huit ans, il manifesta le désir d’être prêtre. La famille en montra une joie profonde, mais le problème était le coût des années d’études. Mario étudia avec tant d’ardeur, qu’il mérita une bourse et put achever toutes ses études sans imposer de sacrifices exagérés à sa famille.

Il fréquenta le collège Gervasoni de Valnegra (Bergame) ; dès 1912, selon la coutume de ce temps, il reçut la soutane et entra au séminaire de Seveso. En 1918, il intégra le collège Rotondi de Gorla Minore, comme préfet des collégiens (toujours pour payer ses études). Il fit ensuite la théologie à Milan.

Ajoutons ici que don Mario était un grand musicien : il jouait de l’orgue, de la guitare, du violon ; il composait.

En 1924, il fut ordonné prêtre.

Son seul et unique poste fut d’être vicaire à Brentana de Sulbiate, où il se dépensa de mille manières auprès des paroissiens, toujours à bicyclette, et ce même durant la guerre et par tous les temps. Mais il ne faisait rien sans la prière et l’adoration ; il restait longtemps en méditation devant le Saint-Sacrement ; ensuite, il savait être présent dans les différentes églises de sa paroisse pour accueillir les fidèles, pour les confessions.

Sa grande préoccupation fut pour les jeunes, pour lesquels il développa les cercles de l’Action Catholique et une chorale ; ce furent aussi les malades, les nécessiteux de tous genres, les soldats, les prisonniers, auxquels il savait rendre visite en toute occasion. Il sera difficile d’énumérer toutes les attentions que sa charité imagina pour venir en aide auprès de tous ses paroissiens.

En outre il cacha des Juifs et des «déserteurs» qui voulaient échapper aux camps de travail nazis ; on sait qu’il fut inscrit sur des listes de prêtres à conduire au peloton, mais sa mort accidentelle intervint plus tôt que prévu.

C’est avec sa bicyclette qu’il fut renversé le 9 février 1945 : gravement blessé, il s’éteignit le 4 avril suivant, mourant en offrant sa vie pour la fin de la guerre, pour le retour des soldats chez eux et pour la conversion des pécheurs.

Les bienfaits de don Mario ne s’arrêtèrent pas à sa mort. En 1975, à Côme, une petite fille souffrait d’une rare anomalie du côlon ; sa tante en parla à la sœur de don Mario, qui lui prêta un foulard du prêtre ; ce foulard fut placé sur le corps de la petite malade, tandis que toute la famille observait une neuvaine de prières ; vite guérie, et de façon inexplicable, la petite fille a grandi et à son tour fut en 2005 la maman d’une petite fille en parfaite santé. C’est le miracle qui fut retenu pour la prochaine béatification de don Mario.

Mario Ciceri sera béatifié en 2021, et inscrit au Martyrologe le 4 avril.

 

 

 

Ndue Serreqi
1911-1954

Ndue Serreqi naquit le 26 février 1911 à Shkodër (Albanie).
Il entra très jeune chez les Frères Mineurs Conventuels et, à sa profession, prit le nom de Karl.
En 1936, après ses études à Brescia (Italie), il fut ordonné prêtre.
Il travailla comme curé en divers villages de montagne.
Le 9 octobre 1946, il fut arrêté par la police secrète communiste : on  voulait lui faire avouer ce qu’il avait entendu en confession de diverses personnes anti-communistes. Mis en prison, torturé, il refusa de révéler le secret de la confession.
Le 18 janvier 1947, il fut condamné à mort, une peine qui fut commuée en prison à vie.
Après sept années de prison et de mauvais traitements, il mourut d’épuisement le 4 avril 1954 à Burrel (Shkodër).
Reconnu martyr, Ndue Serreqi fut béatifié en 2016, et inscrit au Martyrologe le 4 avril.

 

 

Gaetano Catanoso

1879-1963

 

Gaetano Catanoso naquit le 14 février 1879 à Chorio di San Lorenzo, province de Reggio Calabria (Italie), de riches parents propriétaires, chrétiens exemplaires.

Il entra au petit séminaire à dix ans, fut ordonné prêtre en 1902.

D’abord préfet au séminaire, il fut de 1904 à 1921 curé de campagne à Pentidattilo, un village pauvre et isolé.

Il avait une singulière dévotion envers la Sainte Face, et entreprit la publication d’un bulletin qui en portait le nom, puis fonda une Confraternité de la Sainte Face en 1920. Il répétait : La Sainte Face est toute ma vie. C’est ma force. Il unissait cette dévotion à la piété eucharistique.

Transféré en 1921 dans une grande paroisse (Sainte Marie de la Candelaria), où il resta jusqu’en 1940, il montra sans cesse une grande disponibilité, sachant d’adapter, montrant une grande habilité à maintenir la concorde et l’harmonie au milieu des multiples tendances, parfois opposées, qui apparaissent fatalement dans une paroisse. C’est ainsi que se répandit sur lui une réputation de sainteté.

Comme il ne se montrait pas affecté par les événements externes, positifs ou négatifs, Gaetano fit un travail très fructueux au milieu des âmes, cherchant d’abord à intensifier son union avec le Christ et à chercher à faire la volonté de Dieu, pour le bien de ceux qui lui étaient confiés. Il voulait être à leur service, tant à Pentidattilo qu’à Candelaria, et sa “promotion” à cette grande responsabilité ne l’enfla pas le moins du monde.

En tant que curé, il s’efforça de conduire les âmes au Christ par une Eucharistie vivante et la dévotion à Marie. Il ouvrit des œuvres, promut l’instruction catéchétique, fit une réelle croisade contre le blasphème et contre la profanation des jours de fête.

Il pensait que c’était son devoir sacerdotal d’aider les enfants et les jeunes, qui risquaient de tomber dans la corruption, par manque de modèles ; il allait assister les personnes âgées et les prêtres qui étaient dans la solitude. Il se prêta aussi à la restauration d’églises et de tabernacles abandonnés.

En un mot, il voyait la Face du Christ dans tous ceux qui souffraient et disait : Travaillons à défendre et à sauver les orphelins, qui sont abandonnés. Il y a trop de dangers et trop de misère. Avec Jésus, tournons notre regard vers les enfants abandonnés et vers les jeunes ; aujourd’hui, l’humanité est plus malade moralement que jamais.

Gaetano passait souvent des heures, voire des jours entiers devant le Tabernacle de la Présence Réelle, promouvant dans sa paroisse et alentour l’Adoration Eucharistique. Pour la soutenir, il suscita des sortes d’ “escadres” de prêtres disponibles, qui allaient prêcher et confesser dans les paroisses à l’occasion de l’Adoration.

De 1921 à 1950, Gaetano fut confesseur dans divers instituts religieux, ainsi qu’à la prison de Reggio Calabria, mais aussi chapelain à l’hôpital et directeur spirituel au Grand Séminaire.

C’est en 1934 qu’il donna naissance à la Congrégation des Filles de Sainte Véronique, Missionnaires de la Sainte Face, dont la mission devait être la constante prière de réparation, l’humble service dans le culte, dans l’assistance aux enfants, aux jeunes, aux prêtres et aux vieillards. Le premier couvent ouvrit à Riparo (province de Reggio Calabria). Sur sainte Véronique, v. 4 février. 

Gaetano montra un profond esprit de soumission quand l’Archevêque voulut réduire les activités de cette congrégation, dont les Constitutions furent toutefois approuvées au niveau diocésain en 1958.

Au terme de cette vie exemplaire, Gaetano Catanoso mourut le 4 avril 1963, fut béatifié en 1997 et canonisé en 2005.

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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 23:00

03 AVRIL

 

II.

S Sixte Ier, pape (115-125), romain, martyr sous Adrien, son nom est au Canon de la Messe (à moins que ce soit celui de s. Sixte II, plus connu, cf. 7 août) ; il serait à l’origine du chant du Sanctus à la messe.

IV.

S Urbique, évêque à Clermont ; il était marié et sa femme dut le quitter pour qu’il fût sacré ; ils pouvaient se rencontrer rarement pour prier, mais Urbique un jour céda et s’imposa une rude pénitence tout le reste de ses jours. 

S Ulpianus, jeune martyr à Tyr, jeté à la mer, cousu dans un sac avec un aspic et un chien.

S Donat, martyr à Nicomédie.

?

Ss Chrestus et Pappus, martyrs à Tomes, avec probablement les saints Evagrius et Benignus. 

S Agathemère, martyr en Mysie.

V.

S Ioannes Ier, évêque à Naples, décédé le Samedi saint ; s. Paulin lui était apparu le Jeudi Saint pour l’inviter aux noces éternelles. 

IX.

S Niketas, de Césarée de Bithynie, abbé au Mont Olympe, très maltraité par les iconoclastes. 

S Ioseph l’Hymnographe, sicilien, moine basilien à Constantinople, gardien des vases sacrés de l’église Sainte-Sophie.

X.

S Thienton, abbé et martyr avec six moines à Wissembrun, victimes de barbares hongrois. 

XIII.

S Richard, dominicain anglais, évêque à Chichester.

B Gandolfo Sacchi de Binasco, franciscain lombard, contemporain de s. François, ermite en Sicile ; il fit taire les hirondelles qui trissaient trop fort pendant qu’il prêchait.

B Giovanni de Penna, prêtre en Piceno, un des premiers compagnons de s. François. 

Bx Conrad de Saxe et Etienne de Hongrie, franciscains martyrs en Kurdistan.

XVII.

Bx Robert Middleton, jésuite, et Thurstan Hunt, prêtres anglais martyrs, béatifiés en 1987.

XVIII.    

B Pak Chwi-deuk Laurentius, laïc coréen martyr, par pendaison, béatifié en 2014.

XIX.

S Luigi Scrosoppi, prêtre de Udine, fondateur de l'Institut de la Providence, pour la formation humaine et chrétienne des jeunes filles, de la Maison de la Providence pour les anciennes élèves sans travail, de l'Œuvre pour les sourds-muets et de l'Institut des Sœurs de la Providence ; à la suite de la guérison miraculeuse d'un jeune congolais malade du sida, il fut béatifié en 1981 et canonisé en 2001. 

XX.

Bx Ezequiel (*1876) et José Salvador (*1880) Huerta Gutiérrez, deux frères laïcs mexicains martyrs en 1927 et béatifiés en 2005.

B Maria Teresa Casini (du Cœur de Jésus Transpercé, 1864-1937), fondatrice des Oblates du Sacré-Cœur de Jésus, béatifiée en 2015.

B Juan Otazua y Madariaga (de Jésus et Marie, 1895-1937), prêtre trinitaire espagnol, martyr près de Jaén, béatifié en 2007.

B Piotr Edward Dankowski (1908-1942), prêtre polonais mort à Auschwitz, béatifié en 1999.

 

Sixte 1er

115-125

 

Succédant à Alexandre 1er, Sixte 1er fut le septième pape.

On trouve ordinairement l’appellation Sixtus, mais les plus anciens documents mentionnent plutôt Xystus, qui semble effectivement plus euphonique.

Son père, Pastor, était romain.

Les dates de ce pontificat restent un peu controversées ; le pontificat de Xyste Ier dura dix années, de 114-117 à 125-128.

D’après le Liber Pontificalis, c’est ce pape qui aurait institué le chant du Sanctus au cours de la messe.

Il aurait interdit aux laïcs de toucher aux vases sacrés. Cette ordonnance fut renouvelée plus tard encore par les papes saints Soter († 175) et Boniface 1er († 422), signe que bien probablement les vases sacrés n’étaient pas toujours manipulés avec le respect et le soin nécessaires.

On lui devrait aussi l’institution du Carême.

Saint Sixte 1er ordonna quatre évêques, onze prêtres, quatre diacre.

Il mourut un 3 avril, sous Hadrien, peut-être martyr.

Dans la prière du Communicantes du Canon romain, on nomme Sixte après Lin, Clet, Clément : certains avancent qu’il s’agirait plutôt de saint Sixte II, qui fut beaucoup plus célèbre (v. 6 août). Contrairement à ce qui est dit plus haut, le texte latin de cette prière mentionne «Sixti» ; on sait en effet que le texte du Canon romain ne remonterait pas plus haut que le quatrième siècle.

Le successeur de saint Sixte 1er fut saint Télesphore.

 

 

Chrestus et Pappus de Tomes

† 4e siècle

 

Les noms de ces deux Martyrs sont seulement mentionnés, avec quelques Compagnons guère mieux connus, comme Evagrius, Benignus, Arestus.

Ils reçurent la couronne du martyre à Tomes (Scythie, vaste région au nord de l’Iran actuel), probablement au 4e siècle.

Saints Chrestus et Pappus de Tomes sont commémorés le 3 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Ulpianus de Tyr

† 306

 

D’après Eusèbe de Césarée, l’histoire d’Ulpianus se déroula après celle d’Apphianus (v. 2 avril).

Ulpianus était de Tyr (act. Liban S) ; on ne sait de quelle façon il fut arrêté pour sa foi.

Il subit une série de tortures et fut flagellé sans pitié avec ces fouets aux lanière de cuir, fines et tranchantes comme le couteau, et garnies de plombs. Puis on mit dans un sac un chien et un aspic, au milieu desquels on jeta Ulpianus ; le sac une fois cousu, on le jeta en pleine mer.

Ainsi s’acheva le martyre d’Ulpianus, en 306

Saint Ulpianus de Tyr est commémoré le 3 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Ioannes Ier de Naples

† 432

 

Ioannes fut le quatorzième évêque de Naples, entre Ursus Ier et Nostrianus, dont on ignore les dates précises. Mais les circonstances mêmes de sa mort nous aideront à le situer avec plus d’exactitude.

C’était un personnage d’une sainteté accomplie. Le Jeudi saint, 1er avril 432, s.Paulin de Nole (v. 22 juin) lui apparut, l’invitant aux Noces éternelles. C’était lui annoncer sa mort toute prochaine.

L’Evêque passa la journée du Vendredi saint dans une grande prière, et mourut le lendemain, Samedi saint, 3 avril 432, après un épiscopat de vingt-sept ans, qui avait donc commencé en 407.

De conséquence, la nuit de Pâques, tout un peuple accompagnait le cercueil du saint Evêque, dans la joie du Christ ressuscité, et il fut enseveli dans l’oratoire où lui-même avait déposé plus tôt les reliques de s.Janvier (v. 19 septembre).

Saint Ioannes Ier de Naples est commémoré le 3 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Niketas de Medikion

† 824

 

Niketas naquit au 8e siècle à Césarée de Bithynie (Asie Mineure, auj. Turquie NE)) ; sa mère mourut huit jours après l’accouchement.

Son père, Philarete, le consacra à Dieu et le confia aux soins de la grand-mère puis de l’Eglise, avant d’entrer lui-même dans un monastère.

Adolescent, Niketas alla se mettre sous la conduite d’un saint vieillard solitaire, qui l’orienta vers le monastère de Medikion, au mont Olympe, fondé par Nikephoros.

Les progrès spirituels de Niketas furent tels que sept ans plus tard s.Tarasios (v. 18 février) l’ordonna prêtre en 790, et que Nikephoros lui confia la conduite spirituelle des moines, assisté d’un certain Athanasios.

Après la mort et d’Athanasios et de Nikephoros, vers 813, Niketas fut choisi comme higoumène (abbé) ; sa haute sainteté lui valut le don des miracles et l’autorité sur les démons.

Comme tout chrétien fidèle à Dieu, il devait s’attendre à quelque persécution (cf. Mc 10:30) ; celle-ci arriva par l’autorité de l’empereur Léon l’Arménien, qui renouvela l’hérésie des iconoclastes. Impuissant à faire céder Niketas, il le fit enfermer dans un cachot, où les gardiens «complétèrent» le traitement de l’abbé par mille outrages, puis dans un autre édifice fortifié à Massalaia en le privant de toute assistance. 

Momentanément trompé par une fausse promesse de l’empereur, Niketas revint à Constantinople mais, s’apercevant de son erreur, s’empressa d’exposer à l’empereur tout son plus ferme attachement à la tradition de l’Eglise et des Pères. L’empereur confia Niketas d’abord à la garde d’un officier, qui fut trop respectueux envers l’Abbé au goût de l’empereur, puis sur une île fort éloignée, où il l’abandonna pendant cinq années à la garde d’un eunuque implacable.

Le vénérable Confesseur profitait de toutes ces épreuves pour élever toujours plus son âme à Dieu, qui en retour multiplia les miracles par la sainteté de Niketas.

A Noël de 820, l’empereur fut assassiné et Niketas fut libéré. Mais il ne voulut pas reprendre sa place dans le monastère. Il s’isola à quelque distance de Constantinople, se construisit une petite retraite et y vécut dans la pratique d’austérités toujours plus sévères. 

Il s’éteignit le 3 avril 824.

A ses funérailles prirent part une foule considérable, mais surtout les deux archevêques d’Ephèse et de Thessalonique, qui déposèrent son corps à Medikion, auprès de Nikephoros.

Saint Niketas, surnommé le Confesseur, est commémoré le 3 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Ioseph l’Hymnographe

815-885

 

Ce Ioseph naquit à Syracuse (Sicile) vers 815.

Devant le péril des Sarrasins envahisseurs, ses parents l’emmenèrent en Grèce, où ils se trouvèrent vite dans une grande misère.

Ioseph, de son côté, était déjà capté par la vie solitaire : il partit à Thessalonique pour se mettre à l’école d’un saint homme. Il devint moine sous la Règle de saint Basile (v. 2 janvier), reçut l’ordination sacerdotale, et fut remarqué par s.Gregorios le Décapolite (v. 20 novembre), qui l’emmena à Constantinople.

Lors de la querelle iconoclaste, il fut chargé de mission auprès du pape romain, mais son bateau fut pris par des pirates, qui le reléguèrent sur l’île de Crète. 

Il put enfin regagner Constantinople, où il recueillit le dernier soupir de Gregorios Décapolite, puis fut pendant cinq ans au service de l’église Saint-Jean-Chrysostome ; il y fonda un monastère.

De nouveau exilé, à Cherson, par le nouvel empereur iconoclaste, il fut enfin rappelé à Constantinople comme gardien des meubles sacrés de l’église Sainte-Sophie.

Victime de la maladie, il sentit approcher sa mort. Il fit un «état des lieux» qu’il remit au patriarche et se prépara à rencontrer le Seigneur ; ce fut le 3 avril 885.

Le surnom d’Hymnographe donné à Ioseph le distingue d’un autre moine de la même époque, Ioseph Studite, et fait allusion aux hymnes qu’il composa en l’honneur des Saints.

Saint Ioseph Hymnographe est commémoré le 3 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

 

 

Richard de Wyche

1197-1253

 

Richard vit le jour vers 1197 à Burford (Wyche, auj. Droitwich, Worcestershire, Grande Bretagne), deuxième fils de Richard et Alice, une famille complètement ruinée.

Certains disent que les deux garçons furent très tôt orphelins ; Richard en tout cas travailla beaucoup à relever les affaires domestiques et à aider son frère aîné, à son tour ruiné après avoir payé ce qu’on appellerait aujourd’hui les droits de succession. Richard lui fit don de tout son propre héritage.

On proposa à Richard un bon mariage, mais il préférait l’étude et l’Eglise : il se désista en faveur de son frère.

Richard étudia à Oxford, vint à Paris où il passa les meilleures années de sa vie en partageant sa chambre avec deux autres étudiants pauvres, vivant ensemble dans la piété et l’étude. Puis il fut déclaré maître ès arts à Oxford et y enseigna.

Il passa ensuite sept années à Bologne et fit de tels progrès en jurisprudence, que son professeur malade lui confia l’enseignement. Il lui proposa sa fille et son héritage, que Richard déclina humblement.

Revenu à Oxford en 1235, il fut nommé chancelier de l’université, puis s.Edmund Rich (v. 16 novembre) le prit comme chancelier de son diocèse de Canterbury (1237). Fidèle serviteur, il accompagna l’archevêque durant son exil à Pontigny, jusqu’à sa mort (1240).

Richard se retira alors chez les Dominicains d’Orléans, y étudia la théologie et fut ordonné prêtre. Rentré en Angleterre, il administra une petite paroisse (Charing et Deal), mais fut re-nommé chancelier par le nouvel archevêque.

En 1244, malgré l’opposition du roi, Richard fut élu évêque de Chichester et fut approuvé par le pape ; le roi lui confisqua tous ses domaines mais, vaincu, les restitua deux ans après.

Richard se réfugia durant ce temps à Tarring chez un curé, visitant activement son diocèse et cultivant des figuiers. Il était végétarien depuis ses études à Oxford.

Il vécut désormais dans une grande pauvreté, venant en aide à tous les malheureux qu’il rencontrait. ; il fit construire un hôpital. A son frère aîné qui lui suggérait qu’il n’aurait pas assez pour entretenir tant de monde, il répondit qu’il vaut mieux vendre ses chevaux et sa vaisselle d’argent que de laisser les membres de Jésus-Christ dans la misère.

Dieu permit qu’il multipliât un jour le pain qu’il distribuait : d’un pain, il nourrit trois mille personnes, et avec le reste put en nourrir cent autres qui arrivèrent après la distribution.

Extrêmement miséricordieux pour les pécheurs, il fut cependant inflexible envers un clerc tombé dans la fornication, malgré une supplique royale. Il réaffirma l’obligation pour les clercs et les prêtres de vivre dans le célibat et promulga tout un code de mesures visant à encadrer dignement la vie des prêtres et les sacrements.

Il prêcha une croisade dans toute l’Angleterre pour libérer les Lieux Saints en Palestine.

Il protégea particulièrement l’Ordre dominicain.

Son dernier voyage le portait à Douvres ; il sentit la fièvre le gagner et s’arrêta à Maison-Dieu, demandant à son chapelain de tout préparer pour ses funérailles. Sur son lit de mort, il pria la Vierge Marie, invitant tous les prêtres présents à répéter jusqu’à son dernier soupir : 

Marie, Mère de Dieu et de miséricorde, défendez-nous de l’ennemi et recevez-nous à l’heure de la mort.

Richard de Chichester mourut le 3 avril 1253.

Beaucoup de miracles se produisirent à son tombeau, dans la cathédrale de Chichester, jusqu’à ce que les Réformés (Cromwell tout particulièrement) le détruisirent en 1538.

Richard fut canonisé à Viterbe, le 22 janvier 1262.

Saint Richard est le patron céleste du Sussex. Son nom est fréquemment donné en Angleterre, même par les Anglicans.

 

 

Giovanni de Penna

1200-1275

 

On ne connaît pas bien les origines de Giovanni et il semble qu’on l’ait confondu avec un autre Religieux du même nom. 

Il naquit dans le début du 13e siècle à Penna (Marches, Italie CE).

Jeune encore (vers 1216) , il eut une vision (ou un songe) qui lui disait : Giovanni, va à Santo Stefano, où prêche l’un de mes frères… Ceci fait, tu auras un grand voyage à accomplir, et puis tu viendras à moi. La vision ne pouvait pas être saint François, qui mourut en 1226 ; ce fut sans doute l’Enfant-Jésus, qui montrait par là son amour pour ses frères franciscains.

Toute sa vie, Giovanni se demanda quel devait être ce  grand voyage.

Il retrouva d’abord le frère Filippo, auquel il se présenta ; Filippo, lui-même averti, l’invita à le rejoindre au couvent de Recanati, où devait se tenir un chapitre ; il l’aurait présenté et fait recevoir. Giovanni pensait que c’était là le grand voyage et qu’il allait bientôt partir pour le Ciel.

Il fut accepté sans aucune difficulté ; mais le Ciel se faisait attendre ! Au contraire, en 1217, on cherchait des volontaires pour aller en Provence : Giovanni se présenta, pensant que c’était là le vrai grand voyage. Mais en Provence, il resta vingt cinq années, et travaillant à l’apostolat avec ses frères. Toujours pas de Ciel !

Au bout de ces vingt-cinq années, triste, il vint tout en larmes auprès du Crucifix. Jésus lui apparut et lui dit : Demande-moi ce que tu veux. Il fit cette réponse pleine de confiance : Mon Seigneur, je ne sais te demander autre chose que toi-même, car je ne désire rien de plus ; toutefois, je t’adresse cette prière : pardonne-moi tous mes péchés, et accorde-moi la grâce de te revoir encore une fois, quand j’en aurai le plus besoin. Le Christ lui répondit : Ta prière est exaucée.

Tout consolé, Giovanni remplit ensuite avec diligence et prudence les charges qu’on lui confia : rappelé dans sa province vers 1242, il fut gardien de plusieurs couvents, et Dieu le favorisa du don des miracles. C’est alors qu’une autre vision lui fit comprendre quel était son grand voyage :

Un ange lui apparut et lui annonça que son grand voyage touchait à sa fin. Il devait encore se purifier et, pour cela, Dieu lui proposait de choisir entre un jour de purgatoire ou sept jours de souffrances sur terre avant de mourir. Giovanni choisit les sept jours et, aussitôt, sentit fondre sur lui la maladie, atroce, les tentations cruelles, des peines intimes, et ce pendant sept jours, au terme desquels Notre Seigneur lui apparut, lui annonçant que son grand voyage était achevé et qu’il venait l’emmener au Paradis.

C’était le 3 avril, en 1271 ou 1274. L’incertitude ne permet pas de préciser si ce 3 avril était le Vendredi Saint (1271) ou le mardi de Pâques (1274).

Le culte immémorial de Giovanni fut approuvé en 1806.

 

 

Thurston Hunt

1555-1601

 

Thurston (ou Thurstan) appartenait à une famille de Carlton Hall (Leeds). C’était un neveu de Margaret Clitherow (ou Clitheroe). Il était né vers 1555.

Il étudia en vue du sacerdoce aux Collèges anglais de Reims et de Rome, entre 1594 et 1598.

On verra dans la notice de Robert Middleton que Thurston était un des quatre qui tentèrent de le libérer, en vain. Thurston fut à son tour arrêté, après une bonne altercation.

Robert et Thurston furent mis aux fers, jour et nuit. Sur l’ordre de la Commission, ils furent attachés sous le ventre de leur cheval et conduits dans cette position jusqu’à Londres, puis de Londres à Lancaster, où ils furent condamnés à mort pour leur sacerdoce.

Ils furent tous deux exécutés le 3 avril 1601 ; toute la population locale, Protestants et Catholiques, exprima sa désapprobation pour cette exécution. 

Tous deux furent béatifiés en 1987.

Ci-dessous, une chanson qui fut composée en l’honneur de Robert et Thurston : 

 

Hunt’s hawtie corage staut,

With godlie zeale soe true,

Myld Middleton, O what tongue

Can halfe thy vertue showe !

 

 

Robert Middleton

1571-1601

 

Robert naquit en 1571 à York (Yorkshire, Angleterre) dans une famille catholique.

En grandissant, il adhéra à l’Eglise officielle, mais l’abandonna au cours de ses lectures, et aussi fortement impressionné par le martyre de Margaret Clitherow à York en 1586 (il avait quinze ans), laquelle avait été étouffée sous une lourde planche, pour le crime d’avoir caché des prêtres.

A dix-huit ans, Robert partit pour Londres, d’où il rejoignit bientôt le Collège anglais de Reims, puis celui de Séville et enfin arriva à Rome.

Il reçut le sacerdoce en 1598.

Rapidement après son ordination, il regagna l’Angleterre où, pendant deux ans, il exerça le ministère sacerdotal à Lancaster. 

Il exprima alors son désir d’entrer dans la Compagnie de Jésus et en fit la demande au supérieur des Jésuites d’Angleterre, le père Henry Garnet.

Sur ces entrefaites, Robert fut arrêté en 1600, en même temps qu’un autre prêtre, déjà jésuite, Thurstan Hunt, qui avait cherché à le faire libérer.

Tous deux furent emprisonnés au Château de Lancaster : le seul fait d’être prêtres les rendait coupables. Interrogé sur ce qu’il pensait de la Reine Elizabeth, Robert répondit avec assurance qu’il en reconnaissait l’autorité royale sur toutes les choses temporelles, et qu’il priait pour que Dieu en fît un jour une Catholique.

Ce n’était pas de sa part une imprudence ou une sorte de recherche volontaire de la mort, car il savait très bien que sa condamnation et son martyre étaient décidés d’avance.

Tous deux, Robert et Thurstan, furent accusés d’avoir été ordonnés prêtres à l’étranger et d’avoir voulu exercer le sacerdoce en Angleterre. Pour ce crime, ils furent condamnés à mort.

Entre temps, la requête de Robert d’entrer dans la Compagnie de Jésus, avait été acceptée par le Supérieur général de Rome, et le père Garnet l’avait fait transmettre à Robert, mais il ne put jamais savoir si Robert l’avait reçue à temps avant son martyre.

Thurstan fut pendu le premier, Robert le second. Robert, remis sur pied avant d’avoir rendu le dernier soupir, fut décapité.

C’était le 3 avril 1601.

Robert et Thurstan furent béatifiés en 1987.

 

 

Pak Chwi-deuk Laurentius

1766-1799

 

Pak Chwi-deuk Laurentius est un laïc coréen né vers 1766 à Myeoncheon (Chungcheong-do, Corée S).

Il fut pendu à Hongju (Chungcheong-do), le 3 avril 1799 et béatifié en 2014.

 

 

Luigi Scrosoppi

1804-1884

 

Luigi et ses deux frères grandirent dans une famille très chrétienne : leurs parents, Domenico, orfèvre, et Antonia eurent la joie de les voir tous trois prêtres. Luigi naquit à Udine (Italie NE) le 4 août 1804.

Dès 1814, Luigi fut sensible à la misère des orphelins, à la suite de multiples disettes et épidémies qui ravagèrent la région, ce qui lui inspira sa vocation à s’occuper d’eux toute sa vie.

A douze ans, il fut au Petit séminaire, et il fut ordonné prêtre en 1827, à vingt-trois ans.

D’abord il collabora avec son frère Carlo, qui s’occupait déjà des petites orphelines abandonnées, allant quêter partout pour leur venir en aide. 

Ralliant d’autres prêtres à son projet, il fonda la congrégation des Sœurs de la Providence en 1837, sous la protection de saint Gaetano de Thiene (v. 7 août), pour donner à ces malheureux une éducation correcte.

Les Sœurs de la Providence sont actuellement, outre qu’en Italie, également en Roumanie, au Brésil, en Uruguay, en Bolivie, en Inde et en Birmanie, et différentes régions d’Afrique aussi.

Luigi fut très attiré par l’idéal de pauvreté et de fraternité universelle de saint François d’Assise, mais finalement entra dans les rangs de l’Oratoire, fondé le siècle précédent par saint Filippo Neri à Rome (v. 26 mai).

Tout en veillant à ses religieuses, Luigi fonda aussi un institut pour les sourds-muets ; en outre il participait à d’autres œuvres, s’occupant entre autres des séminaristes pauvres.

Atteint d’une vilaine maladie de la peau, il mourut le 3 avril 1884 ; ses dernières paroles furent : Charité, Charité !

Luigi Scrosoppi a été béatifié en 1981 et canonisé en 2001.

Le miracle retenu pour la canonisation concerne un aspirant au sacerdoce d’Afrique du Sud, âgé de vingt-quatre ans. Il était dans la communauté des Oratoriens. Il tomba gravement malade, atteint du sida, et se retrouva vite en phase terminale. Un moment découragé, il se tourna plein de confiance vers Dieu, demandant la grâce d’accepter sa mort prochaine. Après d’intenses prières, en communion avec sa famille et les religieux, ainsi que des enfants dont ils s’occupaient, le séminariste reprit des forces et fut guéri. Il assista personnellement à la canonisation de Luigi Scrosopppi.

Saint Luigi Scrosoppi, mentionné le 3 avril au Martyrologe, a été déclaré protecteur des malades atteints du sida.

Ezequiel Huerta Gutiérrez

1876-1927

Salvador Huerta Gutiérrez

1880-1927

 

Ces frères étaient deux des cinq enfants de Isaac Huerta et Florencia Gutiérrez Oliva. Le papa descendait d’une famille d’Andalousie, émigrée au Mexique ; son épouse était une femme forte, active, qui savait ce qu’elle voulait et qui menait son monde avec une autorité quasi virile. Ils habitaient à Magdalena.

Les cinq enfants étaient José Refugio, Ezequiel, Eduardo, Salvador et María Carmen. José Refugio ainsi qu’Eduardo devinrent prêtres. Nous allons parler des deux futurs Martyrs, Ezequiel et Salvador. 

Les deux garçons firent leurs études à Magdalena, puis au lycée de Guadalajara, où les parents finirent par s’installer eux aussi. 

Ezequiel était né le 7 janvier 1876 et fut confirmé l’année suivante, selon la coutume. Un jour que le papa l’avait pris avec lui pour aller à Guadalajara, une roue de la charrette se cassa. Tout le monde et tout le chargement par-terre : mais Ezequiel sortit de dessous la charrette sans une égratignure, tandis que l’unique compagnon qui avait refusé de prier le chapelet pendant le voyage, était blessé et mort de peur… Depuis, la famille priait toujours le chapelet en se déplaçant.

De plus, Ezequiel avait une magnifique voix de ténor. Il suivit des cours et organisa toute une chorale qui chantait aux fêtes. Un jour, un homme jaloux de lui tenta de le blesser au ventre, mais la blessure ne fut pas profonde. Ezequiel refusa de le dénoncer, parce que c’était un pauvre père de famille.

Salvador, né le 18 mars 1880, fut baptisé le 22 suivant. C’était un garçon sérieux, obéissant et affectueux. La maman lui faisait faire plus de choses qu’aux autres, parce qu’elle voyait qu’elle pouvait en attendre plus de lui. Et lui ne se plaignait jamais.

Il s’orienta plutôt vers la mécanique. Puis il se transféra à Zacatecas comme technicien de bombes dans une mine. Plusieurs fois il échappa à la mort dans divers accidents. Dieu lui réservait une autre sorte de mort…

Ezequiel se maria en 1904 avec María Eugenia García, et ils eurent dix enfants.

Salvador, lui, se maria en 1907 avec Adelina Jiménez, et eurent douze enfants. Il préféra gagner un peu moins, mais rester proche de ses parents pour les aider. C’était le meilleur mécanicien de Guadalajara.

Ces foyers chrétiens vécurent en paix jusqu’en 1926, l’année où la persécution fit fermer les églises.

Ezequiel se fit spontanément le gardien de l’église Saint Filippo Neri ; ses deux aînés entrèrent dans l’Union Populaire. Quand l’un d’eux fut blessé, sa mère voulut aller le trouver pour le soigner ; ne l’ayant pas trouvé, elle se mit à soigner les autres blessés comme s’ils étaient eux ses fils.

Un soir de la fin du mois de mars 1927, la femme d’Ezequiel se rendit à une célébration clandestine, avec ses deux filles María Carmen et Teresa. Juste après la consécration, un jeune vint avertir que la police était dehors : le célébrant consomma l’Eucharistie, et alla se cacher. La maman se saisit du calice, l’emballa dans le châle de la petite Teresa (de neuf ans) en lui disant : Même s’ils te battent, ne le lâche pas. Donne-le seulement à papa. La police arrêta une dizaine de personnes, parmi lesquelles la maman, María Eugenia. Elle fut ensuite relâchée.

L’autre fille, María del Carmen, força le passage par la porte en se pliant sous la jambe du policier qui lui barrait le chemin, et alla prévenir son père. 

Ezequiel vint chercher sa petite Teresa, que personne n’avait vue, avec son Trésor.

Le soir du 1er avril Ezequiel alla veiller auprès du Martyr Anacleto Gonzáles Flores, son ami inoubliable. Le 2 avril au matin, vinrent frapper des policiers. Ils mirent à sac toute la maison, et emmenèrent Ezequiel au commissariat. Les deux époux se regardèrent en pleurant : N’aie pas peur, Ezequiel, lui dit son épouse, si nous ne nous revoyons pas en cette vie, nous nous reverrons au ciel.

Ce même 2 avril, des policiers vinrent chercher Salvador pour réparer une voiture de la police. Salvador prit ses outils et les suivit. Au commissariat, il n’y avait aucune voiture à réparer, mais seulement un interrogatoire et des tortures qui attendaient Salvador : celui-ci ne dit pas un mot.

Ezequiel non plus ne dit mot. Il fut frappé. Le visage en sang, il se mit à chanter le plus fort qu’il put : Vive mon Christ, vive mon Roi ! Il reçut une nouvelle décharge de coups et fut emmené au cachot.

La nuit du 2 au 3 avril, tandis que les deux frères Ezequiel et Salvador grelottaient de fièvre, on vint les chercher. On les fit monter dans une voiture de la police pour les conduire au cimetière.

Ezequiel dit à Salvador : Nous leur pardonnons, n’est-ce pas ? Une décharge l’abattit.

Salvador retira sa casquette en disant : Je me découvre devant toi, mon frère, qui es déjà un martyr. Puis, prenant la bougie du fossoyeur et éclairant sa poitrine, il dit aux soldats : Je vous éclaire ma poitrine pour que vous ne manquiez pas ce cœur, disposé à mourir pour le Christ. Ultime décharge.

Pour les ensevelir, le général réclamait six mille pesos, une somme invraisemblable. Les deux corps furent donc mis dans une même fosse.

La Providence pourvut amplement à l’assistance des nombreux enfants de ces deux Martyrs : les voisins, les Religieux de tous Ordres, leur fournirent des vêtements, des bourses d’étude. Tous obtinrent de très bonnes situations, sans compter les nombreuses vocations sacerdotales et religieuses.

Ezequiel et Salvador Huerta Gutiérrez ont leur dies natalis commun le 3 avril. Ils ont été béatifiés en 2005.

 

Note. On a lu que ce dimanche 3 avril 1927 était le dimanche des Rameaux. Or, après vérifications, les Rameaux de cette année-là étaient le 10 avril, Pâques étant le 17 avril (calendrier grégorien catholique).

Nos Martyrs tombèrent donc le dimanche de la Passion.

 

 

Maria Teresa Casini

1864-1937

 

Elle fut la première fille de Tommaso Casini et Melania Rayner, née le 27 octobre 1864 à Frascati (Rome, Italie C), et fut baptisée deux jours après.

Tommaso était ingénieur et Melania d’origine belge. Tommaso invita à la cérémonie du baptême les pauvres et leur remit une obole à chacun.

Une notice récente affirme que Maria Teresa était la plus jeune fille de ce couple appartenant à la bourgeoisie, et qu’à l’occasion du baptême, son père lui fit distribuer elle-même des aumônes aux pauvres. Ces détails ne semblent pas s’harmoniser avec les paragraphes ci-dessus.

Vers 1874, mourut le papa et Melania s’établit avec Maria Teresa à Grottaferrata, chez les grands-parents. L’année suivante, Maria Teresa fut au collège Santa Rufina de Rome, chez les Dames du Sacré-Cœur.

En 1876, elle reçut la Première communion et promit à Jésus-Christ de lui appartenir pour toujours.

Sa santé la fit revenir à la maison. Elle se confia à l’abbé Arsenio Pellegrini, supérieur de l’abbaye basilienne de Grottaferrata.

A la fin d’une Messe, elle vit le Cœur du Christ blessé par une épine, avec ce message : Cette épine est enfoncée dans mon Cœur par les prêtres qui oublient leur caractère sacerdotal et, par leur infidélité, offensent mon Père céleste.

En 1885, elle entra chez les Clarisses de Rome, reçut l’habit en 1886 et le nom de Maria Serafina du Cœur de Jésus transpercé. Mais sa santé la contraignit à quitter ce monastère en décembre de la même année.

Une fois remise, elle fréquenta la chapelle du Sacré-Cœur de l’église paroissiale, assez délaissée. Elle chercha à la restaurer, puis se rapprocha d’une sainte femme romaine, Maria Rosaria, et de sa petite communauté des Vraies Amantes du Cœur de Jésus. Cette dernière s’en occupa avec amour, durant sa maladie de tuberculose, dont elle mourut en 1887. Ce n’était pas là la vocation de Maria Teresa. L’Abbé de Grottaferrata n’avait peut-être pas été bien inspiré dans sa direction, de même quand il conseillait à Maria Teresa d’aller quêter dans les rues pour avoir des subsides et payer sa pension ou son loyer.

Revenue à Grottaferrata, elle habita avec deux autres compagnes dans une petite maison privée qu’elle fit construire grâce à son héritage. En 1894, elles prirent le nom de Victimes du Sacré-Cœur, avec la clôture stricte. Maria Teresa prit le nom de Maria Teresa du Cœur de Jésus Transpercé et fut la supérieure. Peu à peu, elle renonça à suivre l’Abbé Pellegrini, trop occupé, et choisit comme directeur le père mariste Joseph Gallois.

Un premier décret de louange arriva en 1896. L’évêque de Frascatti leur conseilla de renoncer à la clôture. En 1910, s’ouvrit à Grottaferrata un premier patronage pour jeunes filles, dans le but de les orienter à fonder des foyers fervents, d’où naîtraient des jeunes qui pourraient être prêtres. Ce patronage s’installa à Rome et les Religieuses prirent le nom d’Oblates du Sacré-Cœur de Jésus.

A partir de 1922, les Oblates inaugurèrent aussi des Patronages pour garçons, les Petits Amis de Jésus, pour éduquer de jeunes garçons jusqu’à l’âge de douze ans et, éventuellement, les orienter vers le Petit séminaire. L’évêque de Foggia les encouragea vivement et ouvrit un collège à Orsara dans ce but.

Il y eut une autre fondation, à la suite du premier conflit mondial : des maisons pour prêtres âgés, malades et dans le besoin.

Brusquement, en 1925, Maria Teresa fut obligée de garder le lit à la suite d’une attaque. Elle demeura désormais à Grottaferrata, tout en recevant continuellement des prêtres, des séminaristes, des religieuses, qui lui demandaient des conseils et des paroles de consolation.

Le 18 mars 1937, elle reçut l’Onction des malades et mourut le 3 avril.

Un an plus tard était ordonné le premier prêtre issu de cette formation.

Le miracle retenu pour la béatification eut lieu aux Etats-Unis en 2003. Un petit garçon de onze ans resta sous l’eau de la piscine pendant onze minutes. S’il sortait du coma, il aurait conservé de graves séquelles cérébrales définitives. Or dans cette ville de Campbell (Ohio) résidaient des Oblates. La maman mit sous l’oreiller du petit garçon une image de Maria Teresa et deux jours après, vendredi 27 juin 2003 (fête du Sacré-Cœur), l’enfant commença à se réveiller, puis se reprit convenablement, mangea, et rentra chez lui. La commission examina toutes les circonstances et aboutit à la conclusion certaine qu’il n’y avait pas d’explication scientifique à donner pour cette guérison, visiblement obtenue par intercession de Mère Maria Teresa. Le pape François autorisa la promulgation du miracle, le 22 janvier 2015.

Mère Maria Teresa Casini a été béatifiée à Frascati le 31 octobre 2015.

Les Oblates sont de droit pontifical depuis 1947 et sont présentes en Italie, aux Etats-Unis, au Brésil, au Pérou, en Inde et en Guinée Bissau.

 

 

Juan Otazua Madariaga

1895-1937

 

Né le 8 février 1895 à Rigoitia (Biscaye, Espagne), Juan prit le nom de Juan de Jésus-Marie en entrant dans l’Ordre des Trinitaires.

Pendant quelque temps il fut lié à l’église de Saint-Ignace-de-Loyola à Madrid puis, quand cette église fut incendiée, il fut envoyé au sanctuaire de Notre-Dame de la Cabeza (Jaén). 

En 1936, la communauté fut dispersée et Juan trouva refuge chez le Duc de la Quintanilla.

Peu après il fut incarcéré à Andújar : là, il demanda à être parmi les condamnés à mort, pour les aider à se préparer à mourir.

Un «tribunal» le condamna à vingt années de prison, mais au matin du 3 avril 1937, on préféra s’en débarrasser et il fut fusillé à Manche Real (Jaén).

Il fut béatifié parmi quatre-cent quatre-vingt dix-huit Martyrs espagnols, en 2007.  

 

 

Piotr Edward Dankowski

1908-1942

 

Né le 21 juin 1908 à Jordanów (Malopolskie, Pologne), de parents fermiers (son père était aussi cordonnier), Piotr Edward entra au Grand séminaire de Cracovie en 1926.

Ayant étudié la théologie à l’Université Jagellone, il fut ordonné prêtre en 1931.

Il fut vicaire successivement à Pobiedrze (1931), à Sucha Beskidzka (1932-1935), à Zakopane (1935-1941), où son dévouement pour les pauvres fut remarquable, et remarqué.

Dans cette dernière paroisse, il enseigna aussi la religion à l’école.

Durant la Deuxième guerre mondiale, il aida des fugitifs à échapper aux Nazis.

Arrêté en mai 1941, il fut soumis à des interrogatoires et des tortures au Podhale Palace, puis détenu à la prison de Tarnow, avant d’être envoyé en décembre 1941 au camp d’extermination de Auschwitz. Il y portait le numéro 24529. 

Il fut placé dans un groupe de travail, avant d’être condamné à mort en février 1942. 

Le dimanche des Rameaux, il parla de son prochain chemin de croix. Il mourut le Vendredi Saint 3 avril 1942, en disant à son ami : Adieu, au ciel.

Son corps fut brûlé dans le four crématoire. Piotr avait encore trente-trois ans.

C’est l’un des cent-huit Martyrs polonais béatifiés en 1999.

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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 23:00

02 AVRIL

IV.

S Polycarpe, martyr en Alexandrie.

S Apphianus, martyr à Césarée de Palestine ; quand son corps fut jeté en mer, les vagues le reportèrent à l’entrée de la ville.

Ste Théodora, martyre de dix-huit ans à Césarée de Palestine.

V.

S Urbain, évêque à Langres ; par ses miracles, il protégea la culture : on  l’invoque contre le mauvais temps et on le représente avec une grappe de raisin ; il vaudrait mieux ne pas le confondre avec s. Urbain pape (25 mai), qui a les mêmes “prérogatives”.

S Abundius, évêque à Côme, d’origine grecque.

VI.

S Victor, évêque à Capoue, auteur d’un ouvrage sur la Pâque (approuvé par un concile à Orléans) et d’une “Harmonie évangélique”.

S Nizier, évêque à Lyon, d’une chasteté exemplaire ; jeune, il fut guéri d’une tumeur au visage par l’intercession de s. Martin.

Ste Musa, vierge romaine, à qui la Sainte Vierge annonça la mort un mois auparavant.

VII.

S Eustase, abbé à Luxeuil.

Ss Longis et Agneflète, moine et moniale près du Mans ; Agneflète, qui ne voulait pas se marier, fut protégée par Longis ; les calomnies ne purent rien contre ces vies innocentes. 

VIII.

Ste Floberde, vierge à Amilly-en-Brie.

IX.

S Tite, thaumaturge grec, abbé à Constantinople.

Ste Ebba la Jeune, abbesse et martyre à Coldingham ; pour enlever aux envahisseurs danois toute tentation, elle se coupa au rasoir le nez et la lèvre supérieure ; les autres moniales en firent autant ; horrifiés, les danois mirent le feu au monastère.

XVI.

S Francesco de Paola, calabrais, ermite à 14 ans et thaumaturge, fondateur de l’ordre des Minimes. 

S John Payne, prêtre anglais martyr à Chelmsford.

XVII.

B Diego Luis de San Vitores, jésuite, et S Pedro Calungsod, catéchiste de 17 ans, martyrs sur l’île de Guam, torturés et jetés à la mer, béatifiés le premier en 1985, le second en 2000 ; Pedro est ensuite canonisé en 2012.

XIX.

B Giovanni Croci (Leopoldo de Gaiche), franciscain en Ombrie.

S Đaminh Vũ Đình Tũóc, prêtre dominicain tonquinois, martyr canonisé en 1988 et fêté le 24 novembre.

Bse Elisabetta Vendramini, fondatrice à Padoue des Sœurs élisabettaines du Tiers Ordre de Saint-François, béatifiée en 1990.

S Francisco Coll y Guitart, dominicain espagnol catalan, fondateur des Dominicaines de l’Annonciation ; injustement expulsé du couvent, il continua de prêcher le Nom du Christ dans la province ; béatifié en 1979, canonisé en 2009.

XX.

B Vilmos Apor (1892-1945), évêque à Györ, abattu dans son évêché où il voulut protéger des femmes menacées par les soldats russes ; béatifié en 1997.

B Mykolai Tcharneckyj (1884-1959), rédemptoriste, évêque en Ukraine, martyr, béatifié en 2001.

Bse Laura Alvarado Cardozo (Marie de Saint-Joseph, 1875-1967), vénézuélienne, fondatrice des Sœurs Augustines récolettes du Cœur de Jésus pour l’assistance médicale aux pauvres, béatifiée en 1995.

S Jean-Paul II, pape (1978-2005), d’origine polonaise, ancien évêque à Cracovie ; il subit un grave attentat sur la place Saint-Pierre le 13 mai 1981 ; il eut un des plus longs pontificats de l’histoire ; béatifié en 2011, canonisé en 2014, il est fêté le 22 octobre, jour anniversaire de son intronisation. 

Apphianus de Césarée

† 306

 

Le martyre d’Apphianus est une histoire aussi glorieuse que brève.

Il était né à Gaga (ou Plæontychos, Lycie, auj. Turquie SW), de riches parents. On rencontrera bientôt son frère, Ædesius (v. 9 avril).

Il vint à Berytus (act. Beyrouth, Liban) pour y suivre les leçons de jurisprudence : là il connut le christianisme et se convertit.

C’est s.Pamphilus (v. 16 février) qui le baptisa à Césarée, où il connut aussi Eusèbe, lui aussi élève de Pamphilus.

Quand éclata la persécution, vint un jour où la population était convoquée pour participer à un sacrifice aux dieux païens ; Apphianus s’infiltra, s’approcha, évita les soldats, et arriva jusqu’au préfet qui élevait la coupe du sacrifice : il lui saisit la main et interrompit ainsi la cérémonie.

Les soldats s’en saisirent, le rouèrent de coups et le jetèrent en prison ; conduit ensuite devant le gouverneur, et refusant toujours de sacrifier, il eut les flancs déchirés à plusieurs reprises par les fouets et les ongles de fer, les os et les entrailles mis à nu ; on lui enveloppa les pieds avec une toile imbibée d’huile et d’encens, à quoi on mit le feu ; enfin on le jeta en mer.

Eusèbe, qui fut témoin oculaire, affirme qu’à ce moment-là une grosse secousse ébranla le sol et les flots ramenèrent au rivage le corps du Martyr.

Ainsi s’acheva la courte vie d’Apphianus (306), trois ans avant le martyre de Pamphilus.

Saint Apphianus de Césarée est commémoré le 2 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Theodora de Césarée

289-307

 

Nous sommes encore à Césarée de Palestine.

Theodora était née à Tyr (Liban S), en 289.

Elle se trouva présente à Césarée au moment où se déroulait le procès de Chrétiens.

Poussée fortement par une inspiration subite, elle s’avança vers eux et leur demanda, simplement, de se souvenir d’elle quand ils seraient en présence de Dieu.

C’était comme si elle avait commis on ne sait quel crime ; les soldats l’arrêtèrent et la conduisirent devant le gouverneur.

Ce dernier perdit la tête et le sens de la mesure, ordonnant à ses hommes de déchirer avec les ongles de fer les flancs et la poitrine de cette jeune fille de dix-huit ans.

Theodora restait calme et comme joyeuse d’arriver bientôt devant le Juge suprême.

Le gouverneur ordonna de la jeter, encore vivante, dans la mer.

C’était le jour de Pâques, 2 avril 307.

Sainte Theodora de Césarée est commémorée le 2 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Abundius de Côme

† 468

 

Abundius était né à Thessalonique (Grèce N), d’après la tradition. Si l’on met en doute cette origine, il reste certain que sa connaissance du grec lui permit de rendre de grands services à l’Eglise.

Vers 440, il vint à Côme (Italie N), où l’évêque Amantius l’ordonna prêtre, puis évêque coadjuteur. Effectivement, Abundius succéda à Amantius et fut le quatrième évêque de Côme.

Signalons ici qu’une récente liste épiscopale donne pour les premiers évêques de Côme des dates un peu différentes : Abundius aurait été évêque de Côme de 450 à 489. 

En 450, le pape Léon le Grand (v. 10 novembre) envoya Abundius à la tête d’une délégation à Constantinople, où venait d’être élu patriarche Anatolios. Celui-ci réunit un concile à Chalcédoine (451) où fut approuvée la Lettre dogmatique du pape Léon (ou Tome à Flavien), condamnée la doctrine d’Eutychès, annulée la condamnation des évêques fidèles, récemment déposés injustement (v. ici les épisodes qui ont marqué Flavien de Constantinople, 17 février).

De retour à Rome en juin 451, Abundius fut à nouveau envoyé par le même pape en mission auprès d’Eusebius de Milan : ce dernier réunit un concile pour approuver aussi en Occident la même Lettre dogmatique (451).

Il est dit qu’Abundius aurait ressuscité par ses prières le fils unique d’un riche prince païen, qu’on ne nous nomme pas.

Abundius mourut en 468 (ou peut-être en 489 ?), après un épiscopat de trente-huit ans.

Saint Abundius de Côme est commémoré le 2 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Victor de Capoue

† 554

 

Victor succéda sur le siège épiscopal de Capoue à s.Germanus (v. 30 octobre), à partir du 23 février 541, devenant ainsi le dix-huitième évêque de cette ville.

D’après le vénérable Bede (v. 25 mai) Victor écrivit sur la question de la Pâque. En ces temps-là en effet s’était à nouveau posée la question de la date de Pâques. L’érudition de Victor amena chacun à revoir les calculs et les dates. Ce cycle pascal fut approuvé par un concile d’Orléans.

On lui doit le Codex Fuldensis, un des plus anciens manuscrits de la Vulgate, rédigé sous sa conduite, revu et corrigé par lui-même ; éminent connaisseur de la langue grecque, il traduisit en latin une Harmonie évangélique ou concordance d’Ammonios d’Alexandrie, et inspirée du Diatessaron de Tatien : le résultat en est un unique évangile, d’après les quatre du saint canon scripturaire.

Il fit aussi des commentaires sur les textes bibliques, dont il ne reste que des fragments ; en outre, un commentaire sur l’arche de Noé, où il démontre par d’ingénieux calculs, que les dimensions de l’arche étaient déjà une anticipation des années de la vie du Christ ; enfin, des remarques sur la Résurrection du Seigneur, sa généalogie et l’heure de sa bienheureuse Mort.

Victor mourut le 2 avril 554, après treize années d’épiscopat.

Ses reliques, retrouvées à Montevergine en 1480, furent restituées à Capoue en 1967.

Saint Victor est commémoré le 2 avril dans le Martyrologe Romain, qui en relève l’érudition et la sainteté.

 

 

Nicetius de Lyon

513-573

 

Le latin Nicetus ou Nicetius s’est transformé en français en Nicet ou Nizier.

Nizier, donc, naquit vers 513 à Lyon, troisième fils du sénateur Florentius et de son épouse Artemia. Un oncle de Nizier, Sacerdos, allait devenir évêque de Lyon.

Animés de quelque mystérieux pressentiment (ou avertis par quelque signe d’En-haut), ces pieux parents mirent un soin particulier dans l’éducation de ce garçon. A la mort de Florentius, Nizier faisait déjà partie du clergé lyonnais.

Il fut affligé d’une vilaine tumeur au visage, qui mettait sa santé et sa vie en danger. Artemia invoqua de tout son cœur s.Martin (v. 11 novembre), qui apparut à Nizier et le guérit. Seule resta une cicatrice, preuve du miracle.

En 543, Nizier fut ordonné prêtre. Une de ses attentions fut d’exhorter les jeunes à conserver leur chasteté.

Son oncle Sacerdos (v. 11 septembre), qui était devenu évêque de Lyon en 549, étant tombé malade, proposa au roi Childebert de choisir Nizier comme successeur. Le roi, puis le clergé et le peuple ratifièrent ce choix.

Le nouvel évêque fut un homme de paix. Il s’appliquait à pardonner quand quelque ennemi venait à l’insulter, ce qui effectivement arrivait, malgré la douceur et l’humilité de l’évêque.

Mais il fallait parfois y mettre de l’énergie. L’évêque avait une fois interdit à un diacre d’exercer sa fonction - car il peut arriver, hélas, qu’un diacre se rendre gravement coupable. Mais ce diacre n’en faisait qu’à sa tête ; or, il arriva que Nizier entra à l’office nocturne au moment où ce même diacre était précisément en train de chanter ; l’évêque ne pouvait pas faire autrement que de le faire taire, à quoi le diacre, véritablement possédé du Démon, répondit par d’horribles cris, en plein sanctuaire. Nizier se le fit amener, lui adressa de paternelles remontrances et, devant toute l’assemblée, chassa le démon.

Durant les vingt années de son épiscopat, Nizier participa à plusieurs conciles, dont celui de Lyon en 566, convoqué par le roi Gontran (v. 28 mars) et qui réunissait huit évêques et les délégués de six autres. Dans cette assemblée, il fut décidé de déposer deux évêques indignes, celui d’Embrun et celui de Gap ; en outre, on excommunia ceux qui retiennent injustement dans l’esclavage des personnes libres.

Nizier mourut le 2 avril 573. Un aveugle fut guéri tout près du cercueil de l’évêque. D’autres miracles se produisirent à son tombeau. Il y eut celui-ci : le prêtre du lieu où se trouvait le tombeau de Nizier, quelque peu cupide, osa se plaindre de ce que l’évêque n’avait rien légué pour lui dans son testament ; Nizier lui apparut et lui fit d’abord remarquer qu’il lui avait légué son propre corps, relique insigne, puis toucha la gorge du prêtre, qui enfla terriblement au point qu’il étouffait presque : le prêtre demanda pardon à Nizier et guérit au bout de quarante jours.

Saint Nicetius est commémoré le 2 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Eustase de Luxeuil

560-625

 

Eustasius naquit vers 560 en Bourgogne. Son oncle maternel était évêque de Langres.

Après un très bref essai dans la carrière des armes (le fait est contesté), il entra, encore jeune, à l’abbaye de Luxeuil, fondée et dirigée par s.Colomban (v. 23 novembre).

Quand ce dernier partit à Bobbio, Eustase l’accompagna peut-être, mais se retrouva bientôt abbé à Luxeuil, dès 616.

C’est à ce moment qu’il accomplit un premier miracle, rendant la vue à sainte Fare, qui était aveugle (v. 7 décembre).

Eustase eut une double activité : monastique surtout, mais aussi missionnaire, car il voulait gagner à Dieu les populations avoisinantes encore païennes ; chez les Warasques, il amena à la foi leur chef Iserius, tandis que la belle-sœur de celui-ci fondait le monastère de Cusance ; chez les Boïens, il prêcha la foi chrétienne et laissa après lui des hommes capables de poursuivre son travail.

De l’abbaye de Luxeuil sortirent beaucoup de saints moines qui devinrent qui évêques, qui fondateurs, qui abbés ; on cite Cagnoald (v. 6 septembre), Achaire (v. 27 novembre), Amé (v. 13 septembre), Romaric (v. 8 décembre), Omer (v. 9 septembre ?), Mummolin (v. 16 octobre), Walbert (v. 2 mai)…

Mais tous ne furent pas saints, comme ce malheureux Agrestin, qui pourtant avait résolument distribué ses richesses aux pauvres avant d’embrasser la vie monastique ; le Diable le poussa à sortir du monastère contre la volonté d’Eustase, soi-disant pour partir évangéliser ; il en revint, gagné par l’hérésie ; cité au concile de Mâcon (624), il feignit le repentir et reprit ses erreurs ; Dieu fit qu’il mourut misérablement, frappé à mort par un serviteur.

L’abbaye reprit sa vie régulière, et même eut d’autres abbayes-filles. Eustase eut en vision l’annonce de sa mort prochaine. Il lui fut donné de choisir entre une lente agonie de quarante jours ou des souffrances aiguës de trente jours ; il préféra ces dernières pour se présenter plus vite devant l’Eternité, et mourut à une date qui semble être 625, et un 2 avril.

Le corps de saint Eustase disparut en 1670.

Des nombreux parchemins copiés par les moines de Luxeuil, beaucoup subsistaient encore en 1793, quand la sauvagerie révolutionnaire pilla ces précieux documents et les envoya à l’armée du Rhin pour servir de gargousses.

Saint Eustase est commémoré le 2 avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Francesco de Paola

1416-1508

 

Francesco naquit le 27 mars 1416 à Paola (Calabre, Italie), de Giacomo Martolilla et Vienna de Fuscaldo, des propriétaires terriens.

La naissance tant désirée de Francesco advint sur la prière des parents à François d’Assise, dont il donnèrent le nom à leur premier garçon. Quand naquit l’enfant, on vit apparaître comme des flammes au-dessus de la maison.

Plus tard, naquit aussi une petite Brigida. Les parents vécurent ensuite dans la stricte continence, et le papa, Giacomo, devait finir ses jours dans le propre couvent fondé par son fils.

Autre lien avec saint François d’Assise : l’enfant eut une grosse tumeur à un œil et les parents promirent, s’il guérissait, de l’envoyer une année dans un couvent franciscain. La tumeur laissa tout juste une petite cicatrice, et l’enfant passa effectivement une année chez les Cordeliers, proches de Paola, où il se montra miraculeusement exemplaire : il aida en sacristie, au réfectoire ; il porta un jour du feu dans son pan de vêtement, qui n’en eut aucune marque de brûlé.

En 1430, il fit avec ses parents un pèlerinage à Rome, et à Assise. A Rome, l’adolescent de quatorze ans fit remarquer à un cardinal que Jésus portait des vêtements moins somptueux.

De retour à Paola, il se retira dans une petite grotte de la propriété des parents, pour y vivre dans la solitude et la prière. Des miracles attirèrent des visiteurs et des disciples.

Un des miracles fut que Francesco trempa son petit manteau dans la source proche : tous ceux qui burent de cette source guérirent de la peste qui sévissait alors (1456).

Les disciples se multipliant, Francesco obtint de pouvoir construire un monastère. Une vision (sans doute de saint François d’Assise, encore une fois), lui demanda de détruire les fondations et d’en reconstruire de beaucoup plus grandes, car le monastère devait abriter beaucoup de moines.

Francesco n’arrêtait pas de faire des miracles : multiplication du pain, soulèvement de blocs de marbre, suspension en l’air d’un gros rocher menaçant, résurrection de morts, maternité pour les femmes stériles, guérisons d’enfants, don de prophétie, sans compter les extases, de saint Michel entre autres, qui lui présenta ce qui devait être le blason de son Ordre : le mot Caritas en lettres d’or sur champ d’azur. Francesco se retrouva fondateur et supérieur du nouvel Ordre des Minimes, à dix-neuf ans.

Il passa (au moins) une fois le carême entier sans prendre de nourriture. Le vin lui était inconnu ; il se flagellait, portait un cilice. Lui qui ne changeait pas de vêtement et ne se rasait pas, répandait plutôt un parfum d’ambre ou de musc, d’après les témoins. En revanche, il n’imposait à ses disciples aucune rigueur autre que ce que demandait leur Règle.

Cette Règle fut approuvée dès 1474. L’Ordre s’appela d’abord Congrégation érémitique paolana de saint François d’Assise, puis Ordre des Minimes. 

Il y eut de multiples fondations en Calabre, notamment à Paterno Calabro, où la construction fut accompagnée de tant de miracles, qu’on l’appela le couvent des miracles.

Parmi les prédictions qui s’avérèrent, il y eut la désolante prise de Constantinople par les Musulmans (1453). A la prière de Francesco, la ville d’Otranto repoussa l’attaque des mêmes Musulmans.

En 1481, Louis XI fut informé des miracles de Francesco, et voulut l’avoir près de lui, d’abord pour guérir, mais aussi pour le consulter. En voyage, Francesco s’arrêta à Rome, où le Pape tenta, vainement, de l’ordonner prêtre : humblement, Francesco lui demanda seulement la permission de bénir des cierges et des chapelets.

Louis XI reçut Francesco avec grand empressement à Plessis-les-Tours (Amboise), en 1482. Louis XI mourut en 1483, guéri, mais surtout admirablement préparé à la mort par Francesco. Le fils du roi, Charles VIII, protégea «royalement» Francesco, et c’est ainsi que naquit le couvent des Minimes à Plessis, à Amboise, ainsi qu’à Rome, au Mont Pincio, où ne se trouvent que des Religieux français.

En peu de temps, il y eut des monastères de Minimes dans toute l’Italie, en Espagne et en Allemagne, et jusqu’en Amérique.

En 1487, le roi Ferdinando de Castille faillit renoncer à libérer la ville de Málaga, qui était occupée par les Maures ; Francesco fut divinement informé de cette situation et fit prévenir au roi de persévérer car il allait réussir ; en effet, trois jours après, la ville était enfin reprise à l’Islam.

Un autre «miracle» concerna le nouveau monastère de Minimes à Paris. Deux «docteurs» de la Sorbonne, qui s’étaient opposés à cet établissement, eurent l’occasion d’aller à Plessis, et furent logés chez les Minimes. Francesco alla au devant-d’eux et leur prédit que, bientôt, ce seraient eux-mêmes qui favoriseraient l’ouverture d’un couvent de Minimes à Paris. Edifiés par ce saint homme, ils repartirent en effet convaincus et s’employèrent à faire remettre aux Minimes l’ancien couvent de Grand-Mont, dont les moines s’appelaient les Bons-Hommes, appellatif que reçurent à leur tour les Minimes à Paris.

Francesco avait une dévotion particulière envers la Sainte Trinité, l’Annonciation, la Passion.

En janvier 1507, il comprit que son dernier Voyage approchait, et s’y prépara dans la solitude. Le 28 mars, la fièvre l’attaqua. Le Jeudi saint, devant les frères réunis près de lui, il saisit des charbons ardents dans ses mains et leur déclara : Je vous l’assure, il n’est pas plus difficile à celui qui aime Dieu d’accomplir ce qu’il Lui a promis, qu’à moi de tenir ce feu entre mes mains.

Le lendemain, Vendredi saint, Francesco reçut encore une fois ses frères, désigna celui qui devait lui succéder jusqu’à la prochaine élection, reçut l’ultime Sacrement ; il se fit réciter les Sept psaumes de la pénitence, les litanies des Saints, la Passion selon saint Jean. Après avoir baisé son crucifix, il répéta Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit (Ps 30), pria encore et rendit le dernier soupir, le 2 avril 1507.

Francesco de Paola avait quatre-vingt onze ans.

Il fut béatifié en 1513 et canonisé en 1519. Les miracles ne manquaient pas.

En 1562, des Huguenots brûlèrent le corps du Saint, dont on ne put sauver que quelques ossements, conservés à Notre-Dame-la-Riche (Tours).

 

 

John Payne

1532-1582

 

John était né en 1532 à Peterborough, et devait être déjà «mûr» quand il rejoignit en 1574 le Collège anglais de Douai pour se préparer au sacerdoce.

Il fut ordonné prêtre en 1576.

Avec Cuthbert Mayne, il repassa bientôt en Angleterre. Cuthbert fut martyrisé en 1577 et sera béatifié en même temps que notre John (v. 30 novembre).

John trouva refuge chez une veuve d’Ingatestone (Essex), Madame Petre : c’était la fille de William Browne, ancien maire de Londres. John se faisait passer pour le secrétaire de cette dame.

Parmi ses activités, il put ramener au catholicisme un certain George Godsalve (Godsalf), qui avait été diacre, avant de passer au protestantisme ; ce dernier revint au catholicisme et gagna Douai pour recevoir le sacerdoce.

John fut arrêté une première fois en 1577, et bientôt relâché : il gagna Douai en novembre de cette année-là. On pense qu’il réussit à retourner à Ingatestone avant Noël 1579.

Les deux, John et George Godsalf se retrouvèrent en juillet 1581. Mais la police les arrêta dans le domaine de Madame Petre, sur indications d’un traître connu de l’époque, criminel, assassin, ravisseur et voleur de son état, dénonceur en titre au service de la police.

John et George furent interrogés, et envoyés à la Tour de Londres, le 14 juillet 1581. 

George ne trahit pas, mais passa plusieurs années en prison, avant d’être relâché et banni : il finit ses jours à Paris en 1592.

L’homme qui dénonça John avait travaillé chez Madame Petre, chez laquelle il avait détourné pas mal d’argent. Il y avait aussi séduit une jeune fille et demandé à John de les marier ; sur son refus, il avait décidé de se venger.

John représentait une «prise» bien plus intéressante que George. Il fut torturé le 14 août, puis de nouveau le 31 octobre. Le 20 mars 1581, on le réveilla brusquement, on le tira de sa cellule à moitié-nu, et il fut livré aux officiers qui l’attendaient pour l’emmener à la prison de Chelmsford : on ne lui laissa pas même la possibilité de prendre ses affaires, qui lui furent dérobées par la femme de l’officier.

Le 22 mars, à Chelmsford, John fut accusé de trahison, pour avoir conspiré à l’assassinat de la Reine et de ses ministres, dans le but de la remplacer par la Reine d’Ecosse, Marie. John nia ces accusations stupides, protestant de sa loyauté envers la Reine, contestant la fiabilité des renseignements de son traître, dont on ne se fatigua pas à vérifier les allégations. De toutes façons, le verdict était fait d’avance.

Après donc une année de prison, le 2 avril au matin, John fut amené de la prison à l’endroit de l’exécution. Il commença par se mettre à genoux pour prier, pendant environ une demi-heure, puis il embrassa l’échafaud, fit ouvertement une profession de foi et déclara sa totale innocence.

On avait envoyé de Londres des renforts pour mener assez rondement l’exécution. De nouveau on pria John de regretter sa trahison, il s’y refusa encore une fois. Un Protestant vint alors déclarer que le frère de John, quelques années auparavant, avait admis la trahison de John Payne : John répondit que son frère, tout Protestant sérieux qu’il eût été et demeurât, n’aurait jamais juré une telle chose ; et pour appuyer sa parole, il demanda que l’on convoquât son frère, puisqu’il habitait sur place, mais on ne le trouva pas et il fallait procéder à l’exécution.

On retira donc l’échelle qui retenait John. Le gouvernement avait l’intention d’amener l’exécution à son terme, sans tarder, avec le moins possible de tourments. En effet, la foule sympathisait tellement avec ce prêtre, que beaucoup vinrent s’accrocher aux pieds du pendu pour en accélérer la mort et lui éviter le supplice de l’écartèlement (car d’ordinaire, on ne laissait pas pendus les condamnés jusqu’à leur mort, on les descendait, on les éviscérait encore vivants et ensuite seulement on les écartelait). On s’en prit aussi au bourreau qui, pendant ce temps, se demandait encore s’il allait procéder à l’écartèlement, dans le cas où Payne reviendrait à lui et souffrirait encore.

On a dit que ce martyre eut lieu en 1581, neuf mois après l’arrestation de John. Il se peut bien que l’exécution ait eu lieu plutôt en 1582, donc après vingt-et-un mois de prison.

Béatifié en 1886, canonisé en 1970, John Payne est commémoré le 2 avril.

Le miracle retenu pour la canonisation, advint par l’intercession de Cuthbert Mayne et de ses Compagnons en 1962 : un malade fut guéri instantanément et de façon stable d’un sarcome à l’épaule.

 

 

Diego Luis de San Vitores

1627-1672

 

Espagnol né en 1627, Diego fut très tôt interpellé par cette phrase de l’Evangile : J’ai été envoyé pour évangéliser les pauvres (Lc 4:18) et voulait devenir missionnaire.

Mais il rencontra des résistances, notamment de la part de son père dont il était le préféré. Puis, ses supérieurs, qui appréciaient son talent d’orateur, ne le laissèrent pas partir de sitôt. 

Finalement, en 1668 (à trente-trois ans), il parvint enfin sur son lieu de mission, aux îles Mariannes (qui s’appelaient alors Iles Ladrones, c’est-à-dire Iles des Voleurs), lesquelles n’avaient pas encore été évangélisées. Embrassant un genre de vie très pauvre, comme les gens du lieu, les Chamorros, il prêcha avec zèle, baptisa, construisit églises et collèges. 

Quand la situation devint périlleuse, il ne ralentit pas ses activités missionnaires.

Il fut tué en 1672 avec son catéchiste, Pedro Calungsod (voir par ailleurs).

Diego Luis a été béatifié en 1985 ; il est commémoré au Martyrologe Romain le 2 avril, en même temps que saint Pedro Calungsod.

 

 

Pedro Calungsod

1654-1672

 

 Cet intrépide catéchiste naquit aux Philippines vers 1654, dans la région des Visayas. On ne sait pas grand-chose de son enfance. Il était devenu un des jeunes fidèles catéchistes des Jésuites espagnols aux Philippines, et les accompagna quand ceux-ci voulurent aller en 1668 aux Iles Ladrones, découvertes par Magellan le siècle précédent. Pedro avait à peine quatorze ans.

Sur ces îles vivaient les Chamorros. Les conditions de vie des missionnaires étaient difficiles : les provisions en provenance de la Mission n’arrivaient pas régulièrement ; la jungle était trop épaisse pour s’y déplacer ; les falaises, très raides pour y grimper, et les îles - on ne le sait que trop aujourd’hui - étaient fréquemment traversées par des typhons dévastateurs. Malgré tout cela, les missionnaires s’armèrent de persévérance et la Mission fut récompensée par de nombreuses conversions. C’est pourquoi les missionnaires rebaptisèrent ces îles du nom de “Marianas”, en l’honneur de la Vierge Marie, mais aussi de la reine d’Espagne, María Ana, qui avait pris la Mission sous sa protection.

Malheureusement, un charlatan chinois, nommé Choco, jaloux du prestige acquis par les missionnaires, chercha à reconquérir les Chamorros, les convainquant que l’eau du baptême était empoisonnée ; comme il arrivait que de petits bébés mouraient après leur baptême, certains Chamorros se laissèrent convaincre par ce Choco et apostasièrent.

Cette vilaine campagne de Choco était aussi appuyée par les sorciers Macanjas et par les Urritaos (jeunes hommes prostitués), lesquels soulevèrent bientôt les apostats pour persécuter les missionnaires.

L’assaut le plus mémorable eut lieu le 2 avril 1672, le samedi qui précédait le dimanche de la Passion cette année-là. Il était environ sept heures du matin lorsque Pedro (qui avait donc tout juste dix-sept ans) arrivait au village de Tomhom, sur l’île de Guam, en compagnie du père Diego Lúis de San Vitores. Là, on leur dit qu’une petite fille était née chez Matapang, un chrétien ami des missionnaires, mais qui avait apostasié depuis peu, et qui refusa sèchement qu’on baptizât sa petite fille.

Pour donner à Matapang le temps de se calmer, le père Diego et Pedro rassemblèrent les enfants et quelques adultes du village sur la plage qui était proche et commencèrent de chanter avec eux les vérités de la Foi Catholique. Ils invitèrent Matapang à se joindre à eux, mais l’apostat leur vociféra qu’il était en colère avec Dieu et qu’il était déjà saturé des enseignements chrétiens.

Bien décidé à tuer les missionnaires, Matapang partit et chercha à gagner à sa cause un autre villageois du nom de Hirao, qui n’était pas chrétien. Dans un premier temps, il refusa, convaincu de la bonté des missionnaires envers les indigènes ; mais quand Matapang le traita de poltron, il fut piqué et consentit.

Durant ce temps, le père Diego et Pedro, avec l’accord de la maman, chrétienne elle, baptisèrent la petite fille. Quand Matapang fut informé du baptême, il devint encore plus furieux. Il commença par lancer violemment des pieux acérés contre Pedro. Le jeune homme esquiva avec une remarquable habileté les pieux qui pleuvaient. Les témoins dirent que Pedro avait toutes les chances de fuir, parce qu’il était très agile, mais qu’il ne voulut pas laisser seul le père Diego. Ceux qui connurent Pedro personnellement croyaient qu’il aurait bien pu maîtriser ses violents agresseurs et aurait ainsi libéré le père Diego et lui-même, pourvu qu’il ait eu quelque arme, car il était très valeureux, mais le père Diego n’avait jamais permis à ses compagnons de porter des armes. Finalement, Pedro fut frappé mortellement par un pieu reçu dans la poitrine et tomba à terre. Hirao se porta tout de suite vers lui et l’acheva d’un coup de sabre à la tête. Le père Diego donna à Pedro l’absolution sacramentelle, puis les assassins tuèrent aussi le missionnaire.

Matapang saisit le crucifix du père et le martela avec une pierre, en blasphémant le nom de Dieu. Ensuite, les deux assassins dépouillèrent les corps de Pedro et du père Diego, les traînèrent jusqu’au quai de la plage, lièrent de grosses pierres à leurs pieds, les mirent à la proue d’une pirogue et allèrent les jeter au large. Sachant qu’en bordure des Iles Mariannes, se trouve la fosse des Mariannes qui descend à -11000 mètres, on comprendra qu’on n’ait ainsi jamais pu retrouver quoi que ce soit des restes des martyrs.

Pedro fut béatifié en 2000 et canonisé en 2012 ; le Martyrologe commémore ensemble le père Diego et Pedro au jour du martyre de ce dernier, le 2 avril.

Pedro Calungsod a été proclamé patron de la jeunesse philippine.

Le miracle qui a permis la canonisation de Pedro Calungsod concerne une femme qui a failli mourir par manque d’oxygène, en 2003. La femme était dans le coma à cause d’une encéphalopathie hypoxique-ischémique, maladie mortelle provoquant un manque d’oxygénation du cerveau.

Le docteur, qui savait que sa patiente pouvait mourir à tout instant, a prié Pedro Calungsod de sauver la vie de cette femme. Quatre heures plus tard, la femme a repris conscience.

Giovanni Croci

1732-1815

 

Il vit le jour le 30 octobre 1732 à Gaiche (Tavarnelle di Panicale, Pérouse, Italie C) de Giuseppe et Maria Antonia Giorgi, de bons parents chrétiens et paysans.

Sa première formation lui vint du curé voisin de Greppoleschieto ; il était constamment absorbé dans l’étude, même quand il gardait le troupeau.

Ses parents ne mirent aucun obstacle à sa vocation, au contraire ils s’en réjouirent beaucoup. Giovanni entra en 1751 au noviciat des Frères Mineurs franciscains de Cibottola, avec le nom de Leopoldo.

Après un noviciat exemplaire, il fit ses études à Norcia et fut ordonné prêtre en 1757.

D’abord professeur de philosophie et de théologie pendant trois ans, il eut la charge exclusive de la prédication, car c’était un excellent orateur. C’est ainsi qu’il devint l’apôtre de l’Ombrie.

Il préparait ses missions avec beaucoup de soin et de recueillement ; il partait toujours à pied, par tous les temps. D’après ses notes, on a compté qu’il fit trois-cent trente missions de deux semaines, quarante de carême, sans compter les innombrables neuvaines et autres occasions festives. Il érigea plus de soixante-dix Chemins de Croix.

Il avait toujours en main un cadre de la Sainte Vierge (et c’est ainsi qu’on le représente traditionnellement) et achevait généralement ses missions par une procession où il portait la croix, une couronne d’épines sur la tête et des chaînes au cou ; on l’imitait. Mais surtout, on se réconciliait, on se confessait. La population lui faisait fête, et il partait une heure plus tôt que prévu pour éviter les marques de remerciements.

Outre ses missions, il écrivit énormément et tout n’a pas encore été édité. 

Il fut plusieurs fois élu Gardien ou Provincial, et s’appliqua à redonner à la Règle sa pleine vigueur. En 1788, il transforma le couvent de Monteluco en ermitage, selon l’esprit de saint François, et s’y retira volontiers pour s’y reposer. De 1809 à 1814, l’ermitage dut être fermé à la suite des lois napoléoniennes qui supprimaient les maisons religieuses ; pendant cette période, le Frère Leopoldo, qui refusait énergiquement de prêter le serment à l’Empereur, se réfugia dans une famille noble, puis s’exila à Assise. C’était la période où le pape Pie VII était prisonnier de l’Empereur en France ; quand il revint, Leopoldo alla le rencontrer à Foligno.

A Noël de 1814, il eut une attaque. Il expira là, à Monteluco, le 2 avril 1815. 

Sa sainteté, ses miracles, les grâces obtenues par son intercession, ont abouti à sa béatification, en 1893.

 

 

Đaminh Vũ Đình Tước

1775-1839

 

Đaminh (Dominique) était né vers 1775 à Trung Lao (Nam Định, Vietnam).

Il entra dans l’Ordre dominicain et fut ordonné prêtre. Mgr Delgado (v. 12 juillet) lui confia un secteur dans l’est du Tonkin.

En 1838 se déclencha la persécution et le père Đaminh se cacha. Un de ses hôtes se rendit compte qu’il veillait toute la nuit en prière avant de célébrer la Messe tôt le matin.

Il administrait la mission de Xuog-Dung.

Dénoncé par un païen, il fut arrêté un matin pendant qu’il célébrait la messe, par quelques soldats. Comme Jésus à Gethsémani, il leur demanda : Qui cherchez-vous ? et comme ils lui dirent qu’ils cherchaient un père Đaminh, il leur dit : C’est moi. Ils voulaient le conduire à Cam Ha.

D’abord, on discuta du montant de la compensation pécuniaire pour faire relâcher le père, mais le mandarin militaire s’y opposa. Ensuite, tous les chrétiens du village tentèrent de s’emparer du prêtre par la force, car la garde militaire était vraiment très faible, mais les soldats se défendirent en frappant le prêtre sur place : le père Đaminh fut violemment frappé à la tête par un coup de marteau et s’effrondra dans son sang ; il agonisa et expira en murmurant encore le nom de Jésus.

La messe matinale s’achevait ainsi dans l’immolation totale.

C’était le 2 avril 1839, à Nam Định.

Le père Đaminh Tước a été béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Elisabetta Vendramini

1790-1860

 

Elisabetta naquit le 9 avril 1790 à Bassano del Grappa (Viterbo, Italie C), septième des douze enfants de parents bourgeois.

Petite, elle fut confiée aux Religieuses Augustines de Bassano. Adolescente, elle retourna dans sa famille, où elle vécut de façon plutôt mondaine.

Son mariage avec un jeune homme de Ferrara était prévu pour 1817, mais elle entendit un mystérieux appel qui lui demandait : Veux-tu être sauvée ? Va chez les Capucins.

Elle écouta l’appel, renonça au mariage, et fréquenta ces bons pères pendant sept années. Ce ne fut pas toujours facile. Puis, son frère Luigi, commissaire de police à Padoue, la fit nommer première maîtresse dans un orphelinat de Padoue. 

Elisabetta commençait à y voir plus clair : elle avait déjà eu une intuition à Bassano, pour fonder une branche de Tertiaires Franciscaines, qui s’occuperaient des plus pauvres.

En 1828, avec deux autres amies, elle donna le départ à cette communauté : les Sœurs Tertiaires Elisabettaines (car sainte Elisabeth de Hongrie, sa patronne, avait intensément vécu l’idéal franciscain, v. 17 novembre). 

Les débuts étaient vraiment «pauvres» : le grenier de la fondation reçut humoristiquement de la Fondatrice, le nom de Somptueux Royaume de la Sainte Pauvreté (Splendida Reggia della Santa Povertà).

La pauvreté était vraiment totale, mais aussi les grâces de la Providence, qui exaucèrent régulièrement les prières des braves Religieuses. 

Elles ouvrirent tout de suite une première maison pour les petites filles.

En 1833, les Sœurs étaient déjà quinze, qui élirent Elisabetta comme Supérieure (et la réélurent jusqu’à sa mort).

Elisabetta assuma diverses demandes qui lui furent présentées : à Padoue, les filles pauvres de la Casa Industria et l’éducation des orphelines d’un autre établissement, puis la prise en charge des tout-petits, ainsi que des vieillards d’une maison de Venise.

Cette courageuse Fondatrice mourut à Padoue le 2 avril 1860, un Lundi saint, après avoir invoqué Jésus, Marie, Joseph. Son visage fut alors rayonnant, quelques jours avant son soixante-dixième anniversaire.

Les Sœurs étaient à ce moment-là plus d’une centaine.

Elisabetta Vendramini fut béatifiée en 1990.

 

 

Francisco Coll Guitart

1812-1875

 

Né à Gombrén (Ripoll, Espagne) le 18 mai 1812, Francisco fut le dernier des dix enfants d'un cardeur.

Il entra à dix ans au Petit séminaire de Vic, où il se lia d'amitié avec Antonio Maria Claret (v. 24 octobre).

En 1830 il entra au couvent  de Gerona, un des plus anciens de l'Ordre dominicain. Il fit profession et reçut le diaconat en 1831.

En 1835, les lois espagnoles interdirent les Ordres religieux. Francisco quitta le couvent, mais put cependant être ordonné prêtre en 1836 ; toute sa vie, il resta un dominicain dans l'âme et dans l'esprit. Il prêcha dans tout le nord-est de l'Espagne, pendant quarante années, collaborant avec fruit avec tous les autres prêtres, diocésains et anciens religieux, donnant en 1846 naissance à un groupe, la Fraternité apostolique, pour l'évangélisation.

Le père Francisco fut un apôtre de la re-christianisation, de la catéchèse, de la prédication. Il avait un amour de prédilection pour le chapelet, ce livre qui enseigne ce qu'il y a de plus saint et de plus sacré de notre Religion.

En 1850 il fut nommé directeur du Tiers-Ordre dominicain féminin, ce qui le conduira à fonder en 1856, une branche dominicaine, les Sœurs dominicaines de l'Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, spécialement pour la formation et l'instruction des jeunes filles, toujours considérées inférieures aux garçons, mais aussi pour appuyer la mission sacerdotale des prêtres, enseignant le Nom de Jésus-Christ et conduisant les âmes à la pratique de la Réconciliation et la réception de l'Eucharistie.

Au contact des pauvres et des malades, il se dévoua pour eux spécialement durant l'épidémie de choléra de 1854.

En 1859 il fut frappé de cécité, et ses facultés mentales furent sérieusement atteintes aussi, ce qui l'amena à recevoir une assistance fraternelle de la part de ses Religieuses.

Le 2 avril 1875, il mourut, laissant derrière lui cette nouvelle Congrégation de trois-cents religieuses, qui ont actuellement triplé et se sont répandues sur tous les continents.

Francisco Coll Guitard fut béatifié en 1979 et canonisé en 2009.

Vilmos Apor

1892-1945

 

Né le 29 février 1892 à Segesvár (Hongrie ; Sighişoara, Transylvanie, actuelle Roumanie), Vilmos (Guillaume) était le septième des huit enfants du baron Gabor Apor de Altorja et de la comtesse Fidelia Palffyla, une famille noble hongroise. Des huit enfants, trois moururent en bas âge et un fut mort-né.

Un des grands frères de Vilmos, Gabor, devint ambassadeur de Hongrie auprès du Vatican, jusqu’à sa démission en 1944, par protestation contre l’occupation allemande.

Orphelin de père à six ans, Vilmos reçut son éducation et sa formation à la maison, auprès de sa mère et avec des précepteurs particuliers. Sa mère lui enseigna à toujours prendre le parti de la solution la plus difficile. 

A la maison, dès sa première année de l’école primaire, Vilmos enseigna à lire à sa petite sœur qui, en échange, lui faisait répéter son catéchisme. A Noël, Vilmos demanda à sa mère un calice et un missel.

Il fréquenta la lycée jésuite de Kalksburg (Autriche) puis de Kalsca (Hongrie), avant d’entrer au séminaire de Györ. Il aimait le tennis et la natation, mais surtout ses études. Il apprit à dominer sa nostalgie de la maison.

Il compléta ses études théologiques à l’Université d’Innsbruck, et fut ordonné prêtre en 1915.

Vicaire à Gyula, il se porta aumônier militaire volontaire de la Croix-Rouge austro-hongroise durant la guerre.

Après la guerre, il fut directeur du séminaire de Nagyvarad, puis curé dans sa première paroisse, à Gyula.

Gyula fut envahie par les troupes militaires et le curé montra en cette occasion tout son esprit de charité et sa fermeté devant la Vérité, soutenant les droits de l’Eglise, s’opposant au National-socialisme, aidant les plus démunis où qu’ils se trouvassent. En 1919, il se déplaça jusqu’à Bucarest pour solliciter l’appui de la Reine d’Angleterre en vue de la libération des prisonniers hongrois en Roumanie ; ce fut un succès, qui lui procura aussi une certaine popularité.

Le traité de Versailles réduisit des deux-tiers la superficie de la Hongrie, privant ainsi de nombreuses familles, réduites à l’exil, de leurs moyens de subsistance. L’abbé Apor ouvrit sa porte à tous ceux qui frappaient. On l’appelait le Curé des pauvres.

Le Cardinal Eugenio Pacelli en fit la connaissance lors du Congrès Eucharistique de Budapest en 1938. Devenu le pape Pie XII, il le nomma évêque de Györ en 1941.

La devise épiscopale du nouvel évêque était : La croix fortifie le faible et rend doux le fort  (Crux firmat mitem, mitigat fortem).

En 1944, la Hongrie fut occupée par les troupes nazies, qui mirent en application les lois antisémitiques. Mgr Apor protesta énergiquement contre ces mesures, contre la création d’un ghetto à Györ (en attente de la déportation à Auschwitz), élevant la voix dans les églises pour réclamer la Justice et la Paix, apportant l’aide qu’il pouvait auprès des déportés, protestant contre le port de l’étoile jaune imposée aux Juifs.

Il alla jusqu’à intervenir auprès des autorités de Berlin pour tenter d’obtenir la libération des Juifs.

Fin 1944, ce furent les troupes soviétiques qui prirent la place. La ville de Györ était en leurs mains la Semaine Sainte 1945.

Le 28 mars 1945, Mercredi Saint, des soldats soviétiques vinrent frapper à l’évêché, où l’évêque tenait sous sa protection un grand nombre de femmes des environs, qu’il refusa de livrer aux soldats.

Le lendemain, Jeudi Saint, il célébra pour la dernière fois la liturgie de la Dernière Cène.

Le Vendredi Saint, 30 mars 1945, les soldats revinrent, avec les mêmes exigences. Sur le refus de l’évêque, l’un des soldats lui tira à bout portant. Il fut mortellement blessé, mais les femmes eurent la vie sauve.

Transporté à l’hôpital où on l’opéra, il put encore communier au matin de Pâques, 1er avril, et mourut le lendemain, 2 avril 1945, des suites de ses blessures.

Longtemps, les autorités communistes étouffèrent le meurtre de Mgr Apor.

Mgr Vilmos Apor fut béatifié en 1997.

Le théologien suisse Hans Urs von Balthasar était un neveu de l’évêque.

 

 

Mykolai Charnetskyi

1884-1959

 

Né en la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, 14 septembre 1884, à Samakivtsi (Horodensk, Halychyna, Ukraine), Mykolai Charnetskyi (Nicolas Carneckyj) fut ordonné prêtre en 1909 dans le rite gréco-catholique.

Il vint à Rome et reçut son doctorat en théologie.

En 1919 il entra au noviciat des Rédemptoristes, à Zboysko, et émit les voeux en 1920.

Il fut directeur spirituel et professeur au séminaire de Stanislaviv (actuelle Ivano-Frankisvsk). 

Le pape Pie XI le nomma Visiteur Apostolique des Catholiques Ukrainiens, en 1926 et évêque en 1931.

Devenu Exarque Apostolique sous l'occupation soviétique, il fut arrêté pour sa foi en 1945 par les hommes du NKVD (la police secrète soviétique) et fut condamné à six années de travaux forcés en Sibérie, pour avoir collaboré avec le régime nazi, et à dix années comme agent du Vatican. Il travailla dans une forge et tomba malade. Malgré tout, il se portait toujours auprès des autres prisonniers pour les aider.

En 1956, on finit par le libérer en raison de ses mauvaises conditions de santé.

Même relâché, Mgr Charnetskyi fut tenu sous constante surveillance et soumis à d'autres tortures.

Il mourut à Lviv le 2 avril 1959.

Pendant longtemps, les autorités couvrirent sa tombe de terre fraîche, que les pèlerins s'empressaient de racler.

Mgr Mykolai Charnetskyi fut béatifié en 2001.

 

 

Laura Evangelista Alvarado Cardozo

1875-1967

 

Née le 25 avril 1875 à Choroní (Aragua, Vénézuéla), Laura était la fille du colonel Clemente Alvarado et de Margarita Cardozo, dont elle reçut la profonde dévotion au Christ et à l’Eucharistie. Mais les parents n’étaient pas (encore) mariés à l’Eglise.

Le deuxième prénom de Laura, Evangelista, lui fut donné en souvenir de l’Evangéliste saint Marc, fêté le jour de sa naissance. Certains dirent qu’elle s’appelait Elena, mais il semble qu’ils se trompèrent.

La famille se déplaça bientôt à Maracay, où Laura acheva ses études.

En 1888, elle reçut la Première communion, et fit alors ses premiers vœux. Peu après elle enseigna le catéchisme aux enfants qui se préparaient à leur tour à la Première communion.

En 1892, à dix-sept ans, elle reçut le scapulaire du Carmel ; l’année suivante, elle fit partie des Filles de Marie, et renouvela ses vœux.

Quand son père fut très malade, elle pria de tout son cœur pour qu’il acceptât de recevoir le Sacrement des malades, mais surtout pour qu’il se mariât devant l’Eglise et devant le Prêtre. Le papa accepta et Laura, en action de grâce à Dieu, promit de garder l’abstinence perpétuelle de viande, ce qu’elle observa fidèlement pendant dix ans, jusqu’à ce qu’un prêtre l’en dispensât, pour sa santé.

Toute jeune, Laura aimait travailler comme bénévole à l’hôpital. En 1897, elle s’engagea comme volontaire à l’hôpital de Maracay. Dès lors, elle s’occupa fébrilement des plus pauvres, avec tant de dévouement et de bons résultats, que l’aumônier lui confia la direction et l’administration de l’établissement.

En 1900, comme couronnement de cet engagement, et avec quelques autres jeunes filles qui partageaient le même idéal, Laura fonda la congrégation des Augustines Récolettes du Vénézuéla, dont elle fut elle-même la supérieure dès 1903, désormais avec le nom de María de Saint-Joseph.

Par la suite, la mère María de Saint-Joseph prendra en charge d’autres centres de soins, par exemple à Maracaibo, Caracas, Coro, Ciudad Bolivar. Les Religieuses voulaient s’occuper particulièrement des petites filles abandonnées et des vieillards.

En 1901, elle fonda l’institut augustinien Doctor Gualdrón ainsi que l’institut Madre María.

Le 2 avril 1967, une thrombose s’abattit sur cette colonne de l’Eglise vénézuélienne. Elle mourut ainsi à Maracay, à quatre-vingt onze ans.

Mère María de Saint-Joseph a été béatifiée en 1995.

Le miracle reconnu pour cette béatification, fut la guérison totale et inespérée d’une Consœur, totalement invalide, à qui déjà la Mère Fondatrice avait prédit la guérison.

Jean-Paul II

1978-2005

 

Né le 18 mai 1920 à Wadowice (Cracovie, Pologne), de Karol, officier à la retraite, et de Emilia Kaczorowska, Karol Józef Wojtyła fut orphelin de sa mère à l’âge de neuf ans. 

Il avait un frère, Edmund, qui fut médecin et mourut à vingt-six ans de la scarlatine, et une sœur, Olga, qui mourut à la naissance.

Karol portait le diminutif de Lenny. Il pratiqua la foot-ball et le ski. Il s’intéressa au théâtre.

Après ses études secondaires, il fréquenta l’Université Jagellon de Cracovie. Mais il dut interrompre ses études pendant l’occupation allemande. Il se fit carrier, puis ouvrier chez Solvay.

En 1942, il entra dans le séminaire clandestin fondé par l’archevêque Sapieha, et dévorait les livres de philosophie et de théologie durant ses congés et ses nuits.

En 1946, il fut ordonné prêtre, le 1er novembre, fête de tous les Saints.

Il fut envoyé à Rome, où il prépara une thèse sur saint Juan de la Croix, avec le père Réginald Garrigou-Lagrange.

Vicaire à la paroisse saint Florian de Cracovie, professeur à la faculté de théologie de Cracovie puis de Lublin, il fut nommé évêque auxiliaire de Cracovie en 1958, évêque titulaire en 1964, et cardinal en 1967.

Le 16 octobre 1978, Karol Woltyla devint le deux-cent soixante-quatrième pape, avec le nom de Jean-Paul II (succédant à Jean-Paul I).

Ce fut le premier pape slave. Il parcourut le monde entier en plus de cent voyages apostoliques. 

Il créa deux-cent trente-deux cardinaux, nomma plus de trois-mille cinq-cents évêques, proclama plus de treize-cents béatifications et près de cinq-cents canonisations.

Ardent chevalier anti-communiste, il fut victime d’un vil attentat sur la place Saint-Pierre de Rome, le 13 mai 1981, commandité par les autorités communistes du Rideau de fer (on a parlé de la Bulgarie et de l’Union Soviétique). Le bruit de ce futur attentat courait déjà dès l’automne de l’année précédente, mais le pape n’a jamais voulu changer sa ligne de conduite.

Jean-Paul II écrivit quatorze encycliques, fit publier le Catéchisme de l’Eglise catholique, la nouvelle édition de la Bible en latin (Vulgate), inséra plusieurs nouvelles fêtes au sanctoral du calendrier romain, proclama la fête de la Miséricorde sur l’invitation de la religieuse polonaise Faustyna Kowalska, qu’il béatifia en 1993 et canonisa en 2000 (v. 5 octobre). 

Désormais affaibli, et constamment soumis à la douleur, atteint de la maladie de Parkinson, le pape continua sa mission apostolique jusqu’à la fin, le 2 avril 2005, veille de ce dimanche in albis, où l’on célébrait la fête de la Miséricorde.

Jean-Paul II a eu l’un des trois plus longs pontificats de l’histoire, après saint Pierre et le bienheureux Pie IX.

Il a été béatifié en 2011. Le miracle retenu était la guérison inexplicable d’une religieuse française atteinte de la maladie de Parkinson.

La canonisation eut lieu en 2014. Le miracle retenu était la guérison inexplicable d’une femme du Costa Rica, atteinte d’une maladie incurable et guérie le jour de la béatification de Jean-Paul II.

Son successeur fut Benoît XVI, qui a disposé que l’on fêterait Jean-Paul II, en Pologne et au Vatican, le 22 octobre, jour anniversaire du début de son pontificat. Désormais, sa fête est inscrite au Calendrier universel.

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31 mars 2024 7 31 /03 /mars /2024 23:00

01 AVRIL

 

I.

S Ctésiphon, évêque à Vierze.

II.

S Méliton, évêque à Sardes, dont l’homélie sur la Pâque, récemment reconstituée à partir de fragments, est la plus ancienne homélie connue sur le mystère pascal.

III.

S Venantius, évêque à Salone et martyr à Rome, avec des compagnons : Anastasius, Maurus, Paulinianus, Asterius, Septimius, Antiochianus et Gaianus. 

?

S Venantius, évêque à Rimini et martyr, dont le corps fut transporté à Goslar.

IV.

Stes Agapi et Chionia, deux sœurs ; elles furent brûlées vives à Thessalonique pour avoir caché les Livres Saints chez elles et refusé de manger des viandes offertes aux dieux païens ; leur sœur Ireni mourut le 5 avril.

S Prudence, évêque à Atino et martyr.

V.

Ste Maria l’Egyptienne, pécheresse convertie à Jérusalem et solitaire pendant près de cinquante ans. 

VII.

S Valery, auvergnat, abbé à Luxeuil puis à Leuconay, où l’abbaye prit son nom plus tard ; il ressuscita un pendu.

S Berchond, évêque à Amiens, ami de s. Valery (cf. ci-dessus).

S Leuconius, évêque à Troyes. 

S Dodolin, évêque à Vienne.

IX.

S Jean IV, évêque à Naples, qu’on a appelé “le Scribe”.

X.

Ste Marcelle, bergère à Chauriat.

XII.

B Lanzon, “le plus parfait religieux de son siècle”, bénédictin à Cluny puis prieur à Londres. 

S Ceallach, évêque à Armagh.

S Hugues, évêque à Grenoble pendant un demi-siècle ; il lutta contre la simonie et le concubinage des prêtres, reçut s. Bruno auquel il donna les territoires de la Grande Chartreuse, et fut canonisé deux ans après sa mort. 

B Hugues de Bonnevaux, neveu du précédent, cistercien en Bourgogne et abbé à Bonnevaux ; il réussit à réconcilier l’empereur et le pape.

XIII.

S Gilbert, évêque à Caithness où il construisit la cathédrale.

XV.    

S Nuno Alvares Pereira, connétable du Portugal, frère carme à soixante-deux ans, très marial ; il mourut au moment où on lui lisait le passage de la Passion : "Voici ta mère" ;  canonisé en 2009  (le 1er novembre au Martyrologe).

XVI.

B John Bretton, père de famille anglais, martyr pendu à York.

XVII.

Bse Zofia Czeska Maciejowska, veuve polonaise, fondatrice des Sœurs de la Présentation de la Sainte Vierge Marie, pour l'éducation des filles, béatifiée en 2013.

XIX.    

Bse Sim A-gi Barbara, jeune fille laïque coréenne martyre, enterrée vivante, un jour inconnu du mois d’avril, béatifiée en 2014.

S Lodovico Pavoni, prêtre à Brescia, fondateur de la Congrégation des Fils de Marie Immaculée pour la formation chrétienne des jeunes les plus pauvres, béatifié en 2002, canonisé en 2016.

B Yun Bong-mun Iosephus, laïc coréen martyr, par pendaison, béatifié en 2014.

XX.

B Karl Ier d’Autriche (1887-1922), empereur d’Autriche-Hongrie, qui finit misérablement ses jours en exil après la première guerre mondiale ; avec son épouse Zita ils eurent huit enfants ; béatifié en 2004. 

Bx José Anacleto González Flores (*1888), juriste, José Dionisio Luis Padilla Gómez (*1899), les deux frères Jorge Ramón (*1899) et Ramón Vicente (*1905) Vargas González, laïcs mexicains martyrs en 1927 (le Vendredi Saint) et béatifiés en 2005.

B Giuseppe Girotti (1905-1945), prêtre dominicain italien, martyr à Dachau, béatifié en 2013.

B Marin Shkurti (1933-1969), prêtre albanais martyr, béatifié en 2016.

 

Méliton de Sardes

2e siècle

 

L’intérêt de parler de cet évêque n’est pas dans les détails de sa vie, que nous ne connaissons pratiquement pas, mais pour l’excellence de ses écrits, et tout particulièrement pour son homélie sur la Pâque, tout récemment reconstituée à partir de fragments, dont on citera tout-à-l’heure deux longs passages.

Méliton fut évêque de Sardes en Lydie, au second siècle, sous les empereurs romains Antonin le Pieux († 161) et Marc-Aurèle († 180). Sa mort doit se placer avant 190.

Sardes était encore importante au début du christianisme : saint Jean la mentionne dans l’Apocalypse (Ap 1:11 ; 3:1-6). Les restes archéologiques de Sardes se trouvent non loin de l’actuelle Salihli, non loin de Izmir, le port de Smyrne, sur la mer Egée, en Turquie orientale. C’est à Sardes que vécut le fameux Crésus. Sardes fut conquise par Cyrus, puis par Alexandre le Grand, puis par les Romains.

Parlant de Méliton de Sardes, l’évêque Polycrate d’Éphèse, qui vivait vingt ans après lui, atteste que toutes ses actions furent animées de l’Esprit de Dieu. 

Consulté par les fidèles de son temps sur l’autorité de l’Écriture sainte, il fit un voyage en Palestine pour apprendre quels étaient les véritables livres de l’Ancien Testament et dans quel ordre on devait les ranger. Il composa une Apologie adressée à l’empereur Marc-Aurèle en faveur des chrétiens. On lui a attribué d’autres ouvrages ; Eusèbe en a donné le titre d’une vingtaine. De tout cela, en dehors des citations d’Eusèbe et d’Anastase le Sinaïte, il ne subsiste que des fragments grecs et syriaques qui ne sont pas tous d’une authenticité garantie. Tertullien et saint Jérôme ont qualifié Méliton d’excellent orateur et d’habile écrivain.

Polycrate se contente de dire que le corps de Méliton repose dans la ville de Sardes. Le Martyrologe Romain ne le mentionne pas actuellement, sans doute par manque d’informations historiques suffisantes, ce qui n’enlève rien à sa gloire. 

Même le bréviaire de cite pas saint Méliton ; certains martyrologes lui ont donné ce titre glorieux et l’ont mentionné au 1er avril, selon l’ancienne tradition de l’Eglise d’Asie, et les Bollandistes semblaient suivre cette opinion.

 

Voici maintenant les deux passages de son Homélie sur la Pâque, repris dans la Liturgie des Heures (le Jeudi Saint et le Lundi de Pâques).

 

Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ : à lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

C’est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l’homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l’homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l’esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.

Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l’idolâtrie du monde comme de la terre d’Egypte ; il nous a libérés de l’esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps.

C’est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C’est lui qui a frappé le péché et a condamné l’injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l’Egypte.

C’est lui qui nous a fait passer de l’esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C’est lui qui est la Pâque de notre salut.

C’est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient : en Abel il a été tué ; en Isaac il a été lié sur le bois ; en Jacob il a été exilé ; en Joseph il a été vendu ; en Moïse il a été exposé à la mort ; dans l’agneau il a été égorgé ; en David il a été en butte aux persécutions ; dans les prophètes il a été méprisé.

C’est lui qui s’est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d’entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux.

C’est lui, l’agneau muet ; c’est lui, l’agneau égorgé ; c’est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c’est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n’ont pas été brisés ; dans la terre, il n’a pas connu la corruption ; il est ressuscité d’entre les morts et il a ressuscité l’humanité gisant au fond du tombeau.

 

Comprenez-le, mes bien-aimés : le mystère de la Pâque est ancien et nouveau, provisoire et éternel, corruptible et incorruptible, mortel et immortel.

Il est ancien en raison de la Loi, mais nouveau en raison du Verbe ; provisoire en ce qu’il est figuratif, mais éternel parce qu’il donne la grâce ; corruptible puisqu’on immole une brebis, mais incorruptible parce qu’il contient la vie du Seigneur ; mortel, puisque le Seigneur est enseveli dans la terre, mais immortel par sa résurrection d’entre les morts.

Oui, la Loi est ancienne, mais le Verbe est nouveau ; la figure est provisoire, mais la grâce est éternelle ; la brebis est corruptible, mais le Seigneur est incorruptible, lui qui a été immolé comme l’agneau, et qui ressuscita comme Dieu.

Car il a été conduit comme une brebis vers l’abattoir, alors qu’il n’était pas une brebis ; il est comparé à l’agneau muet, alors qu’il n’était pas un agneau. En effet, la figure a passé, et la vérité a été réalisée : Dieu a remplacé l’agneau, un homme a remplacé la brebis, dans cet homme, le Christ, qui contient toute chose.

Ainsi donc, l’immolation de la brebis et le rite de la Pâque et la lettre de la Loi ont abouti au Christ Jésus en vue de qui tout arriva dans la loi ancienne et davantage encore dans l’ordre nouveau.

Car la Loi est devenue le Verbe, et, d’ancienne, elle est devenue nouvelle (l’une et l’autre sorties de Sion et de Jérusalem), le commandement s’est transformé en grâce, la figure en vérité, l’agneau est devenu fils, la brebis est devenue homme et l’homme est devenu Dieu.

Le Seigneur, étant Dieu, revêtit l’homme, souffrit pour celui qui souffrait, fut enchaîné pour celui qui était captif, fut jugé pour le coupable, fut enseveli pour celui qui était enseveli. Il ressuscita des morts et déclara à haute voix : Qui disputera contre moi ? Qu’il se présente en face de moi ! C’est moi qui ai délivré le condamné ; c’est moi qui ai rendu la vie au mort ; c’est moi qui ai ressuscité l’enseveli. Qui ose me contredire ? C’est moi, dit-il, qui suis le Christ, qui ai détruit la mort, qui ai triomphé de l’adversaire, qui ai lié l’ennemi puissant, et qui ai emporté l’homme vers les hauteurs des cieux ; c’est moi, dit-il, qui suis le Christ.

Venez donc, toutes les familles des hommes, pétries de péchés, et recevez le pardon des péchés. Car c’est moi qui suis votre pardon, moi la Pâque du salut, moi l’agneau immolé pour vous, moi votre rançon, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. C’est moi qui vous emmène vers les hauteurs des cieux ; c’est moi qui vous ressusciterai ; c’est moi qui vous ferai voir le Père qui existe de toute éternité ; c’est moi qui vous ressusciterai par ma main puissante.

 

 

Venantius de Salone

† 257

 

Venantius serait le premier évêque (connu) de Salone (Dalmatie, auj. Split, Croatie), de 250 à 257.

Autrefois, on affirmait que ce même diocèse avait été fondé dès le premier siècle, et que Venantius avait été précédé de six évêques.

Il aurait subi le martyre en 257.

Toutefois, le Martyrologe Romain lui adjoint quelques Compagnons, dont on ne connaît que les noms : Anastasius, Maurus, Paulinianus, Telius, Asterius, Septimius, Antiochianus et Gaianus. Venantius y est qualifié d’évêque, sans précision de son siège épiscopal.

Peut-être tous ces Martyrs ont-ils été inhumés à Rome, après une translation.

Saint Venantius de Salone est commémoré le 1er avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Agapi et Chionia de Thessalonique

† 304

 

Les trois sœurs Agapi, Chionia et Ireni vivaient à Thessalonique, chez leurs parents, qui n’étaient pas chrétiens.

Leurs noms étaient tout symboliques : Amour, Pureté et Paix.

L’édit de Dioclétien ayant en 303 interdit de conserver les Livres saints, les trois sœurs cachèrent ceux qu’elles avaient, sans en parler à personne.

L’année suivante cependant, on découvrit la cachette et les Livres ; elles furent dénoncées et présentées au gouverneur.

En même temps qu’elles, étaient aussi présentés Cassia, Philippa et Eutychia, ainsi qu’un nommé Agathon.

Fermement, elles refusèrent de manger de la viande offerte aux dieux païens, et furent condamnées à être brûlées vives.

Agapi et Chionia moururent le 1er avril, Ireni le 5.

Les Actes de ces trois Martyres ne parlent pas du sort des autres Compagnons.

Saintes Agapi et Chionia sont commémorées le 1er avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Maria l’Egyptienne

† 422

 

Maria raconta elle-même qu’elle vivait en Egypte et qu’elle quitta ses parents à douze ans, pour aller se prostituer en Alexandrie, pendant dix-sept années.

Elle eut l’occasion de faire un voyage à Jérusalem, et réussit à corrompre encore beaucoup de jeunes gens qu’elle rencontra sur le bateau du voyage et à Jérusalem même.

Le jour où l’on fêtait la Croix glorieuse du Christ, elle crut pouvoir se mêler à la foule qui entrait dans la basilique, mais une force invisible la cloua sur place.

La grâce de Dieu lui fit alors comprendre que c’étaient ses péchés qui lui barraient l’entrée du sanctuaire. Elle se tourna vers une icône de Marie, la pure Vierge, Mère de Dieu, promettant de renoncer à sa vie de débauche. Elle put alors s’approcher de la Croix et la vénérer humblement, se sentant acceptée dans le Pardon miséricordieux de Dieu. C’était en 373.

Une voix intérieure l’invita à franchir le Jourdain pour y trouver le repos.

En l’église Saint-Jean-Baptiste, elle se confessa et communia. Puis elle organisa sa vie dans le désert, pendant quarante-sept ans. 

D’abord, elle se nourrit seulement d’herbes et de racines sauvages, pendant dix-sept ans, comme pour expier les dix-sept années de son péché de jeunesse.

Les épreuves cependant l’assaillaient : le souvenir de ses péchés, ses convoitises, les chansons lascives : pour vaincre la tentation, il lui arrivait de rester prosternée à terre, en larmes, pendant un jour et une nuit entière ; elle fut fidèle à sa promesse envers Marie à Jérusalem. Elle eut alors la grâce de vivre encore trente années dans la paix, sans voir personne.

En 421, un moine nommé Zosime (v. 4 avril ?), s’avança dans ce même désert et rencontra Maria. C’est à lui qu’elle dévoila le secret de sa vie. Elle lui demanda alors de revenir l’année suivante pour lui apporter l’Eucharistie, qu’elle n’avait plus reçue depuis le jour de sa conversion à Jérusalem. En même temps, elle lui confiait un conseil à transmettre à son supérieur, Jean, que d’ailleurs elle ne connaissait pas. 

L’année suivante, Zosime fut fidèle au rendez-vous ; il vit Maria passer le Jourdain à pieds secs pour venir à sa rencontre. Elle reçut le Corps du Christ et pria Zosime de revenir encore une fois l’année suivante.

Zosime revint : il trouva Maria comme endormie sur le sol ; elle avait écrit dans le sable : Je suis décédée la nuit du Vendredi saint, juste après avoir reçu l’Eucharistie.

Maria était donc morte le 1er avril 422. Son corps était resté sans corruption pendant un an.

Le récit de cette admirable conversion fut transmis par Zosime lui-même. Quelques historiens ont cherché à le mettre en doute ; dans l’histoire de l’Eglise, ce n’est pas l’unique cas de conversion radicale, où l’on découvre combien est immense la Miséricorde de Dieu.

Sainte Maria l’Egyptienne est commémorée le 1er avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Valery de Leuconay

565-619

 

Valericus était natif d’Auvergne, vers 565. Ses parents, pauvres, lui firent garder les troupeaux.

Durant ces heures, le garçon réussit à se faire enseigner l’alphabet, au point qu’il pouvait lire le psautier.

Un jour qu’il accompagna son oncle dans un monastère bénédictin d’Issoire, il ne voulut plus en repartir. L’abbé le prit sous sa protection et lui donna l’habit peu après.

Le jeune moine montra un réel amour de la sainteté et se perfectionna dans les saintes vertus de prudence, de patience, sans oublier la mortification des sens et une profonde piété. Il voulut cependant se détacher davantage de son milieu et partit pour Auxerre, où il fut admis dans le monastère Saint-Germain.

Un seigneur nommé Bobon entendit parler de ce jeune moine exemplaire et, l’ayant rencontré, changea totalement de vie. En 595, ils allèrent tous les deux frapper à la porte du monastère de Luxeuil, où se trouvait encore son fondateur, Colomban (v. 23 novembre). Là, on perd de vue le brave Bobon.

Selon la règle de Colomban, pour être admis, on devait d’abord s’occuper à cultiver la terre.  Or il se trouva que les terrains étaient alors infestés d’insectes rongeurs ; mais Dieu fit voir la sainteté de Valery, dont la portion de jardin restait absolument épargnée et fertile. L’humble Valery eut beau rejeter la «responsabilité» du phénomène sur la sainteté des moines, Colomban comprit celle de son nouveau disciple et l’admit sans attendre.

Colomban ayant dû s’exiler à Bobbio en 610, l’abbé Eustase chercha à l’en ramener et, pendant son absence, confia la direction du monastère à Valery. Après quoi, Valery accompagna un autre moine, Waldolène, dans sa mission au Nord de la Gaule. 

Près d’Amiens, au lieu-dit Gamaches, Valery ressuscita par sa prière un condamné qu’on venait de pendre. Mais comme le seigneur de l’endroit voulait pendre une deuxième fois son condamné, Valery s’interposa vivement et obtint la grâce de l’homme. Il y eut à Amiens une chapelle commémorant l’épisode.

C’est l’évêque d’Amiens, Berchond (v. 1er avril ?) qui indiqua à Valery et Waldolène un endroit pour se livrer à la contemplation : Leuconaus, où s’éleva bientôt l’abbaye de Leuconay (613). Les moines y vécurent selon la Règle de Colomban. Ce fut la première abbaye fondée dans le diocèse d’Amiens.

Il y a lieu de parler ici de quelques-uns des miracles accomplis par Valery Un malade nommé Blimont, qui pouvait à peine se tenir debout, fut si bien guéri qu’il ne voulut plus se séparer de Valery et lui succéda comme abbé (Blimont dut reconstruire le monastère, pillé par les Normands, et fut ainsi à l’origine de la ville de Saint-Valery-sur-Somme). Un autre encore, mortellement malade, fut guéri par Valery qui ajouta cependant que, s’il prenait au retour quelque autre remède, il en garderait une marque toute sa vie : l’homme prit une potion préparée par sa femme… et resta borgne pour le reste de ses jours. Un jour de froid où Valery implorait d’un prêtre de l’abriter, ce dernier, ainsi que le juge présent chez lui, le lui refusèrent et l’accablèrent d’injures ; Valery se retira et Dieu rendit aveugle le malheureux prêtre, tandis que le juge mourait peu après d’un mal affreux.

Aussi doux pour les moines qu’il était dur pour lui-même, Valery n’appliqua que rarement les sévères punitions prévues par la Règle de Colomban ; de la rigidité de la règle, il n’avait pris que l’huile de l’onction.

Valery n’avait pour couche qu’une claie d’osier recouverte de feuilles, pour vêtement qu’une grossière tunique avec une capuche ; il ne mangeait que le dimanche.

Après quelques années, Valery comprit que son heure approchait. Il s’éteignit en effet le 1er avril 619 (ou peut-être 622), et la chapelle édifiée plus tard sur son tombeau, en haut du Cap Hornu, plusieurs fois reconstruite, est l’actuelle Chapelle des Marins.

De l’abbaye, qui devint carrière de pierre sous la Révolution, il ne reste pas grand-chose.

Saint Valery est commémoré le 1er avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Ceallach d’Armagh

1079-1129

 

Ceallach (qui est devenu Celse en français) naquit en 1079 dans une noble famille d’Irlande.

Il était de tradition, dans cette famille, de «posséder» le siège métropolitain d’Armagh, qui ne devait être gouverné que par un des leurs, clerc ou laïque, même marié. Quand vint le tour de Ceallach, celui-ci voulut donner à Dieu ses droits et supprima cette clause, comme on le verra plus bas.

Ceallach, donc, s’employa à visiter les comtés de l’île, Ulster et Munster en 1106, Connaught et Meath en 1108 et 1110.

En 1112 il réunit un synode de tous les évêques d’Irlande.

Il reconstruisit à ses frais les édifices religieux détruits par l’incendie, dont la grande église d’Armagh ; il réconcilia les princes de Connaught et de Munster, qui n’en finissaient pas de s’affronter par la guerre.

Après une vie d’austérité et de labeurs, il établit que son successeur serait le moine Malachie, auquel il avait conféré les saints ordres et qu’il avait sacré évêque de Connor.

Ceallach mourut le 1er avril 1129 à Ard Patrick.

Son successeur fut bien Malachie, qui ne put toutefois accéder à son siège qu’après cinq années de discussions (v. 2 novembre).

Saint Ceallach est commémoré le 1er avril dans le Martyrologe Romain.

 

 

Hugues de Grenoble

1053-1132

 

Né à Châteauneuf-sur-Isère en 1053, Hugues était un des fils d’Odilon, officier valeureux et chrétien. Veuf, celui-ci s’était remarié avec une sainte femme qui eut un songe particulier alors qu’elle était enceinte.

Elle vit que son enfant était porté par saint Pierre devant le trône de Dieu, ce qui semblait annoncer une destinée peu commune.

Hugues étudia à Valence, fréquenta l’université et se montrait fidèlement attaché aux exemples reçus de ses parents.

Devenu chanoine de la cathédrale de Valence, il fut bientôt choisi pour accéder au siège épiscopal de Grenoble : il n’avait que vingt-sept ans.

Hugues se sentait indigne d’une telle charge, et surtout bien impréparé, mais la sainteté de sa vie le recommanda au légat du pape. Le légat le rassura et lui conféra tous les ordres sacrés jusqu’à la prêtrise.

Il fallait à cette époque restaurer la sainteté du clergé, qui s’abandonnait à toutes sortes d’égarements, notamment dans la simonie et l’incontinence. En particulier, l’archevêque de Vienne passait pour être simoniaque, ce qui fit que Hugues préféra recevoir la consécration épiscopale par le pape lui-même, Grégoire VII (v. 25 mai).

A Rome, Hugues fut assailli de doutes et pensait renoncer à être consacré ; le légat lui donna l’heureuse inspiration d’en référer au pape personnellement, et de suivre en tout les décisions du Pontife, ce qu’il fit.

Lors du sacre, la comtesse Mathilde fournit tout ce qui était nécessaire à la cérémonie, entre autres le bâton pastoral.

Arrivé dans son diocèse, Hugues crut y voir l’abomination de la désolation, devant la débauche et l’ignorance du clergé. Le jeune évêque exhorta, pria, jeûna.

Se sentant impuissant à inverser la situation, il se retira, définitivement, pensait-il, à l’abbaye de la Chaise-Dieu (1084), dont le pape le fit toutefois sortir promptement l’année suivante, avec ordre de retourner dans son diocèse. Hugues obéit humblement.

Trois ans après, Hugues vit en songe sept étoiles illuminer les montagnes de la Chartreuse, où se trouvait Dieu le Père, au-dessus d’un magnifique temple. Quelques jours après vinrent le trouver sept hommes : c’étaient Bruno de Cologne et six amis qui venaient lui demander où ils pourraient établir l’ermitage qu’ils projetaient. C’est ainsi que naquit l’Ordre de la Chartreuse, fondé par saint Bruno, avec l’appui de Hugues de Grenoble (v. 6 octobre).

A l’avenir, Hugues fréquenta souvent les pères Chartreux, chez lesquels il se comportait comme le dernier des frères et même, parfois, y prolongeait tellement son séjour, que saint Bruno devait intervenir et le «renvoyer» à son diocèse. Hugues obéissait toujours humblement.

Hugues songea à vendre ses chevaux, par pauvreté et pénitence, et à parcourir à pied son diocèse. Saint Bruno l’en dissuada, par prudence. Il obéit encore.

Il exagéra ses pénitences et ses jeûnes, qui lui causèrent des maux d’estomac et de tête jusqu’à la fin de sa vie.

Souvent les larmes lui venaient aux yeux, en entendant un passage émouvant, en recevant les fidèles à la confession, en prêchant. Ces larmes complétaient l’efficacité de sa parole, et les fidèles l’attendaient au bas de la chaire pour se confesser.

Humblement, Hugues présenta plusieurs fois sa démission aux papes, au motif de sa vieillesse et de ses maladies, mais le pape Honorius II eut la sagesse de lui répondre : Je te préfère vieux et malade pour le bien de ton peuple, à tout autre qui serait jeune et en bonne santé. Autres temps…

Quand un seigneur, nommé Guy, vint lui demander sa bénédiction, il commença par lui reprocher vertement d’avoir levé un nouvel impôt ; Guy promit de supprimer l’impôt. Hugues était d’une charité infinie, et alla jusqu’à vendre son anneau et un calice en or pour avoir de quoi soulager des pauvres en temps de disette.

Hugues mourut le vendredi 1er avril 1132, huit jours avant Pâques, qu’il alla fêter glorieusement en Paradis avec saint Pierre. Il avait presque quatre-vingts ans, et était resté dans son diocèse plus d’un demi-siècle.

Innocent II voulut le canoniser dès 1134.

La châsse qui abritait le corps de saint Hugues, fut détruite et le corps brûlé sur la place publique par les Huguenots révoltés, au 16e siècle.

Saint Hugues de Grenoble eut un neveu, également prénommé Hugues, abbé à Bonnevaux, également commémoré le 1er avril.

 

 

Hugues de Bonnevaux

† 1194

 

Ce ne sont pas les détails qui abondent au sujet de ce saint abbé, mais ce qu’on en sait le rendent «grand».

Il était né à Châteauneuf, neveu de l’évêque Hugues de Grenoble (v. ce même jour), et entra dans l’abbaye cistercienne de Maisières.

Il fut nommé abbé de Léoncel en 1161 ; cette abbaye avait été fondée en 1137 par Jean, moine de Cîteaux, avec des moines venus de Bonnevaux. En 1790, les derniers moines furent expulsés et l’abbatiale devint église paroissiale, ce qui la préserva de la démolition complète ; récemment, une association s’emploie à réhabiliter le bâtiment.

Ce même abbé Jean avait été le premier abbé de la nouvelle abbaye de Bonnevaux (Haute-Savoie), fondée en 1117 et Hugues en fut le sixième abbé, en 1166.

Profondément imprégné de la spiritualité de saint Bernard (v. 20 août), Hugues en écrivit la biographie, mais surtout il réussit, à force de patience et de douceur, à rapprocher l’empereur Friedrich Barbarossa du pape Alexandre III, qui se «réconcilièrent» en 1177.

Cette magnifique abbaye de Bonnevaux fonda huit «filiales», dont Léoncel et Tamié, mais fut abandonnée au moment de la Révolution ; rachetée par des notaires, elle fut vendue, détruite, réduite à une carrière de pierres, vers 1830.

Hugues de Bonnevaux mourut le 1er avril 1194, soixante-deux ans jour pour jour après son oncle Hugues de Grenoble.

 

 

Gillebrighde de Moravia

† 1245

 

La famille écossaise de Moravia était en réalité de Moray, le site des ancêtres de la famille, qui se dit Moireibh ou Moireabh en gaélique ; leurs terres s’étendaient à Duffus et Strabok.

L’ancêtre Alexander fut le père de Muiredach, lequel eut deux fils : Richard et Gille Brigte (auj. Gillebrighde), que nous francisons en Gilbert. Richard fut tué au cours d’une bataille contre les Scandinaves.

Gilbert fut longtemps archidiacre du diocèse de Moray ; on suppose qu’il fut nommé évêque de ce siège vers 1223, en présence du roi, qui fut sans doute à l’origine de son transfert à Caithness en 1224 : en effet, le prédécesseur de Gilbert avait été assassiné, et le roi voulait rapprocher le siège épiscopal de sa capitale pour mieux le protéger.

L’évêque cependant résidait en d’autres localités proches : Halkirk, Dornoch, Scrabster. A Dornoch, il fit édifier la nouvelle cathédrale, et y fit déposer les restes de son prédécesseur, Adam de Melrose.

Il y fit aussi édifier plusieurs maisons pour les pauvres.

On le connaissait comme un prédicateur de talent et, dit-on, il travailla beaucoup pour civiliser son diocèse.

Il mourut le 1er avril 1245 à Dornoch, où il fut enseveli. Son tombeau fut vénéré jusqu’à la Réforme, et l’on prêtait serment sur sa tombe, jusqu’en 1545.

Gillebrighde de Moravia est le dernier Ecossais canonisé (au moins officieusement) avant la Réforme.

 

 

Nuno Álvares Pereira

1360-1431

 

Cet illustre général portugais naquit le 24 juin 1360, à Cernache do Bonjardim (Portugal), fils illégitime de Álvaro Gonçalves Pereira, chevalier de l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, et de Iria Gonçalves do Carvalhal. Un décret royal le rendit légitime, lui permettant de recevoir une éducation d’habitude réservée aux nobles.

A treize ans il était soldat. A seize ans, sur conseil de son père, il épouse Leonor de Alvim ; ils auront trois enfants, dont Beatriz, qui épousera plus tard le fils de Jean 1er, Afonso, premier duc de Bragance, souche de la dernière dynastie royale.

Nuno sera investi des titres de comte d’Arraiolos, comte de Barcelos, comte d’Ourém. On le connaîtra aussi sous le nom de Saint Connétable.

En 1383, quand meurt le roi Ferdinand 1er de Portugal, l’héritier du trône est sa fille, Béatrice, épouse de Jean 1er de Castille, mais devant ce risque d’annexion par la Castille, Nuno soutient Jean, maître de l’Ordre d’Aviz, quoiqu’il soit de naissance illégitime.

Dans deux batailles successives (Atoleiros, Aljubarrota), la Castille sera défaite par les troupes, pourtant bien inférieures, de Nuno, qui y montre tout son génie militaire, mais surtout sa confiance totale en Dieu. C’est là qu’il est fait comte d’Ourém.

Le général Nuno pouvait espérer une retraite glorieuse : il n’en fit rien. A la mort de son épouse en 1387 (il a vingt-sept ans), il préfère rester seul sans se remarier, se met au service des pauvres, construit beaucoup d’églises en l’honneur de Marie, Mère de Dieu et fonde un couvent de Carmes (1389) à Lisbonne, où lui-même devient frère convers en 1423. Il prendra le nom de Nuno de Sainte Marie.

Nuno a soixante-trois ans. Il renonce à tous ses titres, distribue ses biens aux pauvres et se livre à une humble vie toute de pénitence, avec une grande dévotion à la Mère de Dieu. Il passe des heures devant le Saint Sacrement et assiste à plusieurs messes chaque jour. 

Après huit années d’austérités et de mortifications, il meurt le jour de Pâques, disent les sources, donc le 1er avril (et non le 1er novembre du Martyrologe) 1431, deux mois avant sainte Jeanne d’Arc.

La tombe de Nuno sera détruite lors du terrible tremblement de terre de Lisbonne en 1755.

Il a été béatifié en 1918, et canonisé en 2009.

 

 

John Bretton

1527-1598

 

John Bretton (ou Britton) était né vers 1527 à West Bretton (West Yorkshire, Angleterre).

Il appartenait à une ancienne famille de Bretton (Barnsley). C’était un fervent catholique et à cause de sa foi dut plusieurs fois être séparé de son épouse et de sa famille à cause de la persécution.

Il était désormais déjà assez âgé, lorsqu’on lui prêta des propos hostiles à la Reine ; dénoncé, accusé, condamné à mort, il subit le martyre réservé aux traîtres et fut exécuté par pendaison le 1er avril 1598.

Il fut béatifié en 1987.

Un professeur au Collège de Douai, en 1599, portait le nom de Matthew Britton, et pourrait être un de ses fils.

Zofia Czeska-Maciejewska

1584-1650

 

Zofia était née en 1584, à Budziszowice (Kazimierski, Pologne), troisième enfant de Mateusz et Katarzyna Lubowiecka, des parents aisés.

A seize ans, elle épousa Jan Czeski. Le couple resta sans enfants.

Devenue veuve, après six ans de mariage, elle vécut une expérience peu banale : un homme chercha à l’enlever dans la rue pour l’épouser. Ayant refusé, elle fut «relâchée» par l’homme, qui épousa alors la jeune sœur de Zofia, Anna.

N’ayant pas d’enfants à élever, et malgré son jeune âge, elle se donna aux bonnes œuvres, particulièrement en secourant les pauvres et les petites orphelines. 

En 1621, avec ses propres ressources, elle ouvrit pour ces dernières la Maison de la Vierge. C’était la première école pour filles en Pologne. Elle fut approuvée dès 1627.

Puis, pour achever cette œuvre, elle fonda les Sœurs de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie, vouées à l’enseignement et qui maintiennent encore aujourd’hui leur présence efficace.

Mère Zofia mourut à Cracovie le 1er avril 1650.

Peu de temps après, la congrégation fut approuvée par l’évêque de Cracovie.

Mère Zofia a été béatifiée en 2013.

 

 

Sim A-gi Barbara

1783-1801

 

Sim A-gi Barbara est une laïque coréenne née en 1783 à Gwangju (Gyeonggi-do, Corée S).

Elle fut enterrée vivante à Seoul en un jour non précisé d’avril 1801 et béatifiée en 2014.

 

 

Lodovico Pavoni

1784-1849

 

Né à Brescia le 11 septembre 1784, Lodovico (Ludovic) fut l'aîné des cinq enfants de Alessandro et Lelia Poncarali, des parents nobles et aisés, et chrétiens.

Ce fut un garçon vif, intelligent, perspicace, audacieux même.

Ordonné prêtre en 1807, il se donna à fond dans la catéchèse, fondant un nouvel Oratoire pour combler le vide créé par les anciens Oratoires, décadents. Il faut préciser que par Oratoire, on entend ici ce qui s'appela en France un patronage.

En 1812, il devint secrétaire de l'évêque, tout en restant à la tête de son Oratoire, et en 1818 il fut nommé chanoine de la cathédrale, en même temps que recteur de la basilique Saint-Barnabé.

Il fonda alors un Collège des Arts qui prendra le nom de Pieux Institut Saint-Barnabé, ouvert aux jeunes pauvres et abandonnés. Il y ajoutera une section pour les sourds-muets, et projettera plus tard aussi une Ecole Agricole.

Ce Collège va se développer en divers secteurs d'activités : instruction, typographie, calcographie, éditions, reliure, argenterie, menuiserie, cordonnerie, ferronnerie. Sa typographie fut la première école du genre en Italie et sera à l'origine des actuelles éditions Àncora.

De plus, il eut l'intuition de rénover les “lois” du travail, sachant récompenser ses “ouvriers” par un salaire régulier, organisant une couverture pour la maladie, évitant tout licenciement sauf pour faute grave.

En 1836 le Collège vint en aide aux nombreuses victimes du choléra, et cette assistance sera officiellement reconnue par la municipalité de Brescia en séance extraordinaire.

En 1844 il fut décoré Chevalier de la Couronne de Fer par l'Empereur d'Autriche.

Enfin il fonda en 1847 la Congrégation des Fils de Marie Immaculée (qui prendront le nom de Pavoniani), voués au travail parmi les ouvriers, une initiative nouvelle et audacieuse pour l'époque, et qui sera critiquée âprement dans les milieux sociaux, mais aussi à l'intérieur de l'Eglise, ce qui n'est jamais rare de la part des ecclésiastiques devant toute nouveauté. D'une part les prêtres prêteront leur assistance sacerdotale et spirituelle, d'autre part les enseignants seront eux aussi consacrés, tout en restant laïcs.

Cette même année 1847, il donna officiellement sa démission de Chanoine et fit les voeux dans son Institut, le 8 décembre.

Don Lodovico Pavoni mourut le 1er avril 1849, dimanche des Rameaux, à Saiano (Brescia), où il s'efforçait de conduire en sûreté ses garçons, pendant l'insurrection de Brescia contre les Autrichiens. 

Le miracle retenu pour la béatification fut, en 1909, la guérison immédiate, complète et durable d'une femme atteinte de tuberculose abdominale : vomissements répétés, fièvre très forte, délire continu, complications au niveau des méninges, état quasi comateux. Après avoir déposé un soir une relique de Lodovico Pavoni sous l'oreiller de la malade, celle-ci se réveilla le lendemain matin sans fièvre, demandant à manger, et sans aucune séquelle de son mal. Elle put se marier et devenir enseignante.

Lodovico Pavoni a été béatifié en 2002, et canonisé en 2016.

 

 

Yun Bong-mun Iosephus

1852-1888

 

Yun Bong-mun Iosephus (ou Petrus) est un laïc coréen né en 1852 à Gyeongju (Gyeongsang-do, Corée S).

Il fut pendu à Jinju (Gyeongsang-do) le 1er avril 1888 et béatifié en 2014.

 

 

Karl 1er

1887-1922

 

L’empereur Karl ( Charles) était le Premier de ce nom pour l’Autriche, le quatrième pour la Hongrie, le troisième pour la Bohême.

Karl Franz Joseph Ludwig Hubert Georg Maria (sic !) naquit le 17 août 1887 au château de Persenbeug en Basse-Autriche.

Il était le fils aîné de l’archiduc Otto et de Maria Josepha Luise de Saxe et le petit-neveu de l’empereur Franz Joseph Ier. C’est le frère aîné de Otto, Franz Ferdinand, qui était héritier de la couronne impériale et qui fut assassiné à Sarajevo en 1914.

Karl eut des précepteurs qui l’instruisaient à la cour, puis il fréquenta le lycée à Vienne.

En 1903 il est nommé Lieutenant du régiment “Archiduc Otto”, puis reçoit sa formation militaire. 

A la mort de Otto en 1906, le frère de celui-ci Franz-Ferdinand héritait de la couronne, mais ayant contracté un mariage “morganatique”, ses enfants étaient exclus de la succession, et à la mort de l’empereur Franz Joseph, la couronne passerait automatiquement à Karl, ce qui eut lieu en 1916.

Il épouse en 1911 Zita de Bourbon-Parme, avec laquelle il aura huit enfants, maintenant tous décédés entre les années 1971 et 2011 (dont sont actuellement issus trente-trois petits-enfants). Lui et son épouse prendront plusieurs fois ensemble des décisions gouvernementales importantes.

A l’intérieur, il engagea des réformes (qui subsistent encore) en politique sociale et sanitaire. Il chercha à venir en aide auprès de ceux que la guerre avait ruinés. Contrairement à bien d’autres dirigeants, il visita souvent ses soldats jusque sur le front.

A l’extérieur il aurait voulu mettre un terme rapide à cette horrible Guerre mondiale, quitte à se désolidariser de l’Allemagne, mais il voulait aussi préserver l’intégrité de son pays. Par ailleurs sa tentative d’intervention par l’intermédiaire de son beau-frère Sixte de Bourbon-Parme échoua devant le mépris de l’ ”Entente”. 

Dans son désir d’arriver à la paix, Karl proposa à l’Allemagne d’écouter les appels du pape Benoît XV, de renoncer à la guerre totale sous-marine, au bombardement de civils, à l’usage de gaz contre les ennemis. 

L’auteur français Anatole France écrivit de lui : L’empereur Charles est l’unique homme décent qui sortit de la guerre dans une position de leader : c’était un saint, et personne ne l’a écouté. Lui, il voulait la paix sincèrement, et c’est pourquoi le monde entier l’a dédaigné. C’était une chance merveilleuse, qui fut perdue (retraduit de l’anglais). 

Après l’armistice et la fin de la guerre, les différentes ethnies de l’empire austro-hongrois, soutenues par les pays de l’Entente, réclamèrent leur indépendance. Karl se vit contraint de se retirer, d’abord en Suisse, puis sur la Mer Noire, enfin sur l’île de Madère, fin 1921. Les forces de l’Entente espéraient par là l’empêcher définitivement de retourner dans son pays, tandis qu’en Autriche même, la “Loi Habsburg” interdisait tout retour à l’empereur, à sa famille et à sa descendance.

Une tentative de restauration échoua en Hongrie, d’où l’on exclut aussi la famille Habsburg.

Karl et son épouse Zita, avec leurs enfants, purent survivre quelque temps. On leur vola même leurs derniers bijoux, seules richesses personnelles, et des banquiers amis mirent à leur disposition une habitation.

En mars 1922, Karl prit froid. Par économie, on n’appela le médecin que deux semaines plus tard, mais ce dernier diagnostiqua une forte inflammation des poumons. Karl mourait le 1er avril, même pas âgé de trente-cinq ans, dans les bras de son épouse Zita qui attendait son huitième enfant. Ses derniers mots furent : …Que ta volonté soit faite… Oui… Oui… Comme tu veux… Jésus !

Ce saint homme d’état a été béatifié en 2004, après la reconnaissance de la miraculeuse guérison d’une religieuse brésilienne.

En 2008, un autre miracle a été reconnu, concernant une Américaine de Floride, baptiste, qui se convertit depuis au catholicisme. Ce miracle a ouvert la voie à la canonisation de l’empereur autrichien.

Le bienheureux Karl d’Autriche est inscrit au 1er avril dans le Martyrologe.

Anacleto Gonzáles Flores

1888-1927

 

Né le 13 juillet 1888 à Tepatitlán (Jalisco, Mexique), Anacleto était le deuxième des douze enfants (trois filles et neuf garçons) de Valentín González Sánchez et María Flores Navarro. 

Baptisé le 14 juillet, il reçut les noms de José Anacleto, mais est plus connu sous le simple appellatif de Anacleto.

Avec tant de bouches à nourrir, les parents ne furent pas spécialement riches ; le papa était un petit tailleur et enseigna à Anacleto le métier. Il lui enseigna surtout la persévérance dans le travail, l’amour de la Patrie, et l’amour des lettres : il lui fit apprendre par-cœur un long discours à déclamer un 15 septembre.

Anacleto aimait la musique et fit partie de l’harmonie municipale. Il ne se séparait pas de sa guitare, avec laquelle il se consolait de ses tristesses.

En grandissant, il montra ses qualités de chef. Son caractère noble imposait le respect, et il n’aimait pas voir quelqu’un profiter de la faiblesse des autres. 

A dix-sept ans, ayant entendu une homélie, il se sentit appelé à utiliser ses dons d’orateur pour la cause de Dieu. Il commença à réunir les gamins du village pour leur faire le catéchisme.

Le curé pensa orienter Anacleto vers le sacerdoce et le fit entrer au séminaire de San Juan de los Lagos, en lui payant sa pension.

Le jeune homme étudia avec ténacité, au point qu’après quelques mois, il pouvait tenir une conversation en latin et même qu’il pouvait remplacer son professeur quand il s’absentait. De là lui vint le surnom de Maître ou Maître Cleto que lui donnèrent ses compagnons.

Il passa au séminaire de Guadalajara pour la théologie, mais il se rendit compte que ce n’était finalement pas sa voie.

En 1913, il s’inscrivit à l’Ecole de Droit de Guadalajara ; plusieurs fois, il dut interrompre ses études, en particulier pour des motifs économiques ; mais il finit par recevoir le diplôme, en 1922.

A l’Ecole de Jurisprudence, il communiqua à ses compagnons la force de la parole, la rigueur du raisonnement, le courage de regarder en face.

En 1914, Guadalajara fut envahie par les troupes qui saccagèrent la ville. Quand sortirent les lois contre l’Eglise, il fallut fermer les collèges privés et Anacleto vint se réfugier chez son frère Severiano, qui tenait un petit commerce d’alimentation à Concepción de Buenos Aires (Jalisco).

Au bout de quelques mois, profitant d’un moment de trêve au milieu de cette furie antireligieuse, il revint à Guadalajara pour reprendre ses activités de professeur et d’avocat. Il rencontrait ses amis, s’amusait avec eux : une seule fois, il se sentit ivre, et se retira dans un coin, où ses camarades le retrouvèrent à genoux, les bras en croix.

En 1916, il fit partie de l’Association Catholique de la Jeunesse Mexicaine (ACJM), fondée par un Jésuite. Les membres de cette association s’engageaient à faire le catéchisme, visiter les prisonniers, participer à des conférences, vaquer à des occupations saines. Au début d’un jeu, Anacleto répétait : Tu es libre de faire ce que tu veux avec qui tu veux, mais pas le péché ni avec les malfaiteurs.

Ils furent ainsi un bon nombre de camarades qui étaient enthousiasmés pour instaurer le Règne de Dieu. Un de ses meilleurs amis fut Miguel Gómez Loza, futur martyr (v. 21 mars). 

Anacleto donnait des conférences, écrivait des articles pour réfuter les idées révolutionnaires de la Constitution de 1917. Il cherchait par tous les moyens à réveiller les esprits, déplorant le manque d’organisation : Des jeunes, il y en a ; mais on n’a pas la jeunesse, disait-il souvent.

Surtout, il nourrissait sa vie intérieure par la Messe quotidienne, par la prière ; il entra dans le Tiers-Ordre franciscain et rencontrait l’archevêque de Guadalajara pour en recevoir les conseils.

En 1918, il y eut des affrontements dans Guadalajara. Anacleto prit la défense des droits du peuple et ne lâcha pas prise, jusqu’à obtenir l’annulation de certains décrets.

C’est dans ces conditions qu’il put élaborer la Philosophie de la Résistance, très proche de celle du Mahatma Gandhi qui, à l’époque, avait une cinquantaine d’années.

Il n’en fallait pas tant pour être repéré par les autorités civiles : en juillet 1919, Anacleto fut mis quelque temps en prison, avec ses compagnons.

En 1922, il participa activement au Premier Congrès National Ouvrier Catholique, qui eut lieu à Guadalajara.

En novembre de la même année, il épousa María Concepción Guerrero Flores, devant l’archevêque.

En 1924, le gouverneur demanda au vicaire général, en l’absence de l’archevêque, de désigner quelles seraient les six églises qui resteraient ouvertes à Guadalajara. Ce prêtre avait publié un catéchisme, un excellent manuel traitant de la foi, de la morale et de la formation culturelle des fidèles.  Sa réponse au gouverneur fut nette : Ou toutes sont ouvertes, ou toutes sont fermées. Le gouverneur fit fermer le séminaire, l’orphelinat et l’hôpital, qui étaient des œuvres de l’Eglise.

Les catholiques ne manquèrent pas de réagir. Anacleto se trouva unanimement à la tête de l’Union Populaire, où le mot d’ordre fut d’abord : catéchisme, école, presse. Anacleto fonda le journal Gladium (Epée), organe officiel du mouvement, où il collabora comme auteur, comme éditeur et comme distributeur, aux portes des églises et dans les maisons. 

L’évêque appuya fortement ces initiatives. Le pape en eut écho et décora Anacleto de la Croix Pro Ecclesia et Pontifice (Pour l’Eglise et pour le Pape).

Anacleto s’opposait fermement à la lutte armée. Ses prises de positions dans Gladium allaient contre celles de la Ligue Nationale pour la Défense de la Liberté Religieuse, fondée à Mexico, et qui prônait l’usage des armes. Son «épée» à lui, c’était la force morale.

A partir de juillet 1926, quand fut interdite toute manifestation de culte public, Anacleto conçut le projet de soulever le pays entier et de le mettre dans un tel état de crise économique, que le gouvernement serait obligé à faire marche arrière.

A la fin de 1926 cependant, ceux de la Ligue Nationale pour la Défense de la Liberté Religieuse proposèrent à Anacleto ou de s’allier avec eux, ou de rester en-dehors. Il se trouvait entre l’enclume et le marteau. Sa position fut courageuse et claire : Je sais que va commencer notre calvaire. Si quelqu’un de vous me demande comment nous allons signer notre accord, je lui dirai deux mots : Ton Sang !

Il resta caché, écrivant, soutenant, encourageant, mais surtout en se préparant au martyre.

Au matin du 1er avril 1927, les miliciens se présentèrent chez les Vargas González, où ils pensaient trouver Anacleto et ses collaborateurs ; seul Anacleto était là, aussi arrêtèrent-ils toute la famille. Dans la journée, ils relâchèrent la maman, sa fille et le plus jeune des garçons (Florentino). Mais ils gardèrent Jorge et Ramón, ainsi que Luis Padilla Gómez.

Ils torturèrent Anacleto de la manière la plus douloureuse : on le suspendit par les poignets jusqu’à ce que les doigts fussent désarticulés, on le battit sans pitié, on lui brisa les mâchoires et les dents avec une crosse de fusil, on lui écorcha la plante des pieds et les paumes des mains avec un couteau ; son sang coulait sur le ciment, et Anacleto écrivit de son sang : Vive le Christ Roi. Je meurs pour le Christ.

On cherchait à lui arracher l’indication des noms et des domiciles. Quand on lui demanda de dire qui étaient ceux qui s’opposaient aux lois du seigneur général Calles (Signor General Calles), il répondit : Il n’y a qu’un Seigneur, au ciel et sur terre. J’ignore ce que vous me demandez.

Tandis qu’ils le conduisaient avec les trois autres au mur de l’exécution, Anacleto parlait aux soldats (qui restaient silencieux) de l’existence de Dieu, de l’immortalité de l’âme et de la légitimité de l’Eglise.

Les quatre hommes récitèrent l’acte de contrition. Une décharge tomba sur les frères Vargas ; Luis Padilla fut seulement blessé et tomba à genoux dans son sang, en priant, avant d’expirer.

Anacleto se dirigea vers le général pour lui dire qu’il lui pardonnait de tout son cœur et que, quand viendrait son heure, il y aurait pour lui devant le Créateur, un intercesseur, lui, Anacleto González Flores.

Les soldats n’osèrent pas tirer sur Anacleto ; aussi le général fit un signe au capitaine, qui alors lui enfonça un formidable coup de poing dans la poitrine. Anacleto s’effondra et alors les soldats tirèrent. Anacleto eut encore la force de se reprendre et de dire à voix haute : Pour la seconde fois en Amérique, on entend ce cri : Moi, je meurs, mais Dieu ne meurt pas. Vive le Christ Roi ! (La «première fois» fut le 6 août 1875, lors de l’assassinat de Gabriel García Moreno, président de l’Equateur).

(Une autre version affirme qu’on lui assena un coup de baïonnette dans le dos).

En ce vendredi 1er avril 1927, à trois heures de l’après-midi, les quatre corps des Martyrs étaient là, dans la cour de la caserne.

Le lendemain matin, défiant les policiers, des milliers de personnes défilèrent en chantant le Christ Roi et Notre-Dame de Guadalupe. Il y eut bien dix-mille personnes qui assistèrent aux funérailles.

Anacleto González Flores, avec les frères Vargas et Luis Padilla ainsi que quatre autres de leurs Compagnons, furent béatifiés en 2005. 

 

 

Luis Padilla Gómez

1899-1927

 

Né le 9 décembre 1899 à Guadalajara, de Dionisio Padilla et Mercedes Gómez, Luis fut le quatrième et dernier enfant de cette famille chrétienne. Son frère jumeau mourut. Il reçut au baptême les noms de José Dionisio Luis.

Les trois enfants furent bientôt orphelins de leur père.

Luis étudia dans un collège privé tenu par Tomás Fregoso. Il fit la Première communion en 1908. Puis fréquenta l’Institution Saint-Joseph des pères Jésuites. Il aimait beaucoup le théâtre, mais en conserva un souvenir amer, négatif, car selon lui, ça l’avait empêché, tout jeune, de s’envoler vers les cimes. Il détruisit son carnet de notes où il avait écrit ses premiers essais littéraires, et en commença un autre qu’il intitula : Souvenirs et Impressions.

En 1915, il fit partie de la Congrégation Mariale. En 1916, il entra au Grand séminaire de Guadalajara, où il resta cinq années. Mais, on va le voir, le scrupule lui fit croire qu’il n’avait pas la vocation. Il avait dans son caractère de réelles ascensions mystiques, mais aussi des angoisses persistantes.

On a de lui ces invocations à la Vierge Marie : 

Marie, avant l’existence du monde, Tu étais déjà dans l’esprit du Très-Haut, pure comme la lune. Toi, sans tache dans ta conception, tu as vaincu le dragon. Toi, en ta naissance, tu es l’espérance du Messie. Toi, au temple, tu es le modèle de la vie cachée. Toi, dans l’Incarnation, tu es le trait d’union entre l’humanité divinisée et Dieu humanisé. Toi, à Bethléem, tu es le premier autel de l’Enfant Dieu. Toi, sur le calvaire, tu es le grand prêtre qui offres ton propre Fils Divin. Toi, au ciel, tu es notre unique espérance. Toi, la toujours Mère !

Toute la vie spirituelle de Luis passait entre ces deux pôles : Marie et la méditation eucharistique.

En 1920, après ses brillantes études philosophiques, les supérieurs lui proposèrent d’aller étudier la théologie à Rome. Il refusa, se sentant encore incertain sur sa vocation.

Déjà membre de l’Association Catholique de la Jeunesse Mexicaine (ACJM), il se donna alors à fond pour la promouvoir, en donnant des conférences. Il s’inscrivit aussi à l’Unión Popular, formant les jeunes qui voulaient y entrer.

Si son ami Anacleto Gonzáles Flores savait écrire dans les journaux et tenir des discours en public, lui préférait donner des leçons de littérature au séminaire et restait réservé.

En 1926, il lui revint le désir d’être prêtre, mais ce fut l’année où furent fermées les églises et les séminaristes étaient tous disséminés là où il était possible de se cacher. Il sentit arriver le moment «solennel» ; il se destinait à verser tout son sang pour Dieu.

Début 1927, la guerre civile des cristeros s’intensifie. Le 4 février, Luis est à Ameca (Jalisco) pour les soutenir. Début mars, il rejoint Anacleto à Guadalajara.

Le 31 mars, Luis se retira comme d’habitude dans sa chambre. A deux heures du matin, la maison fut encerclée par la police au commandement du général Ferreira. Ils entrèrent dans la maison et arrêtèrent Luis, sa maman Mercedes et sa sœur María-de-la-Luz (ou María-Luisa).

Les dames furent libérées tout de suite. Luis fut emmené avec Anacleto et les frères Vargas. Le général tenait à exécuter scrupuleusement les ordres reçus car, pensait-il, il y allait de sa carrière.

Luis voulait se confesser. Anacleto lui répondit sur un ton de chef : Ce n’est pas le moment de se confesser. Demande pardon, et pardonne. Celui qui nous attend, c’est un Père, pas un juge. C’est ton propre sang qui te purifiera.

Les quatre amis s’agenouillèrent les bras en croix, et dirent à haute voix l’acte de contrition, qui s’arrêta quand les coups de feu partirent. 

Luis avait vingt-sept ans. On pourra lire quelques autres détails dans la notice sur Anacleto Gonzáles Flores.

C’était le vendredi 1er avril 1927. Ces Martyrs furent béatifiés en 2005.

 

 

Jorge Ramón Vargas González

1899-1927

Ramón Vicente Vargas González

1905-1927

 

La famille Vargas González s’était installée à Guadalajara. Le docteur Antonio Vargas et son épouse Elvira González eurent onze enfants, six garçons et cinq filles. C’est à la dernière, Marìa Luisa, que nous devons tant de détails précis sur les événements qu’on va raconter.

En août 1926, le docteur se proposa de soigner gratuitement les blessés qui avaient défendu le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe. A la maison, Madame Vargas tenait une petite pharmacie. Ils habitaient rue Mezquitán, n° 405, et donnèrent l’hospitalité aux prêtres et aux séminaristes qui fuyaient de-ci de-là, poursuivis par la police.

Jorge Ramón était né le 28 septembre 1899 à Ahualulco de Mercado (Jalisco). Après l’université, il travaillait dans la Compagnie Hydroélectrique.

Ramón Vicente était né le 22 janvier 1905, également à Ahualulco de Mercado. Il était arrivé à la quatrième année de médecine. Roux de cheveux, on l’appelait le Colorado.

Les deux garçons, ainsi que leur jeune frère Florentino, appartenaient à l’Association Catholique de la Jeunesse Mexicaine (ACJM), et étaient très amis de Anacleto González.

Un jour, le père Lino Aguirre, futur évêque de Culiacán (Sinaloa), se présenta. Jorge partagea avec lui sa chambre et l’assista dans son apostolat. Un beau jour, il lui dit : Ce n’est pas bon d’aller comme ça tout seul, il pourrait vous arriver quelque chose. Désormais, je serai votre garde du corps. Et depuis, il rentrait vite de son travail, se changeait et suivait à bicyclette le père Lino.

Un soir, c’est le propre chef des ACJM qui vint frapper à la porte, Anacleto González Flores. La famille ne pouvait pas ne pas le recevoir, mais c’était une responsabilité énorme, car Anacleto était recherché partout.

Un jour, Anacleto proposa à Ramón d’aller soigner les blessés. Ramón refusa : il était homme de paix, ces histoires ne l’intéressaient pas, il pensait à son métier ; bander la tête, les jambes, les bras, oui, mais se trouver au milieu de la bagarre, non, jamais !

Au soir du 31 mars 1927, Ramón eut un étrange pressentiment et eut envie de ne pas rentrer à la maison, mais en pensant à l’inquiétude de sa mère et de ses sœurs, il rentra vers onze heures du soir.

On frappa à cinq heures du matin : On voudrait un médicament ! Madame Elvira réveilla Ramón; qui n’avait vraiment pas envie de se lever. Mais la police escalada les murs, envahit la terrasse. Ouvrez, au nom de la loi ! Madame Elvira dit aux siens : On est découvert, on va tous y passer. 

Florentino entr’ouvre la porte et demande à voir l’ordre d’arrêt. Pour toute réponse, un pistolet. La police envahit la maison. Anacleto, mal réveillé, se met un pullover le devant derrière, il tente de fuir par la terrasse, mais elle est bloquée par les policiers ; il se cache sous une table. On l’interpelle : C’est vous, Anacleto González Flores ? Anacleto a retrouvé son calme, il répond Oui, et lance un regard d’excuses à Madame Elvira, car à cause de lui, toute la maison est menacée. Madame Elvira le rassure d’un geste : C’était prévu !

Les policiers firent monter dans deux camions Anacleto et les trois frères Vargas d’une part, tandis qu’ils emmenaient leur mère et leurs sœurs dans l’autre. Anacleto tenta de faire libérer les garçons, qui n’avaient rien à se reprocher, mais ce fut en vain.

Ramón aurait pu s’échapper car il avait réussi à se glisser le long de la maison sans être vu, mais, comme il le dit à son jeune frère Florentino, il ne voulait pas s’enfuir alors que sa mère et ses sœurs étaient prisonnières.

Madame Elvira prit congé de ses fils : Mes enfants, au revoir, au Ciel !

Anacleto, Jorge et Ramón retrouvèrent au poste Luis Padilla, de même que Madame Vargas se retrouva avec Madame Padilla.

Interrogés, les hommes ne révélèrent aucun nom de personnes ni de lieux. Par bonheur, Anacleto avait eu le temps de déchirer en mille morceaux quelques papiers. 

Après les douloureuses mais inutiles tortures, le général organisa un semblant de jugement : les hommes furent condamnés à mort pour entente avec les rebelles. Croyant Florentino encore mineur, ils le relâchèrent ; puis les quatre condamnés furent conduits au mur d’exécution, où ils furent fusillés vers trois heures de l’après-midi de ce vendredi 1er avril 1927.

Les femmes furent libérées vers cinq heures du soir ; elles ne savaient encore rien des Martyrs. Elles crurent pouvoir les apercevoir encore dans le train de Mexico, en vain. Puis un cousin vint leur annoncer ce qui s’était passé.

Quand Madame Elvira apprit la mort de ses fils, sa réaction fut toute chrétienne : Je m’y attendais. Je les ai offerts à Notre Seigneur. Maintenant ils sont au ciel. Préparons-nous à les recevoir comme martyrs. Et, reprenant une parente qui pleurait : Rappelle-toi que notre mission est de conduire les enfants au ciel, et moi, j’en ai déjà trois !

Les corps furent remis à la famille à huit heures du soir. Mais il manquait Florentino… On le crut enterré sur place. Mais il revint vers dix heures du soir. La maman lui dit : Ah, mon fils, tu n’as pas reçu la couronne du martyre ! Il faut que tu sois bien meilleur pour la mériter !

Comme on l’a dit à propos de Anacleto González Flores, tous ces Martyrs ont leur dies natalis au 1er avril et furent béatifiés en 2005.

Giuseppe Girotti

1905-1945

 

Giuseppe naquit le 19 juillet 1905 à Alba (Cuneo, Piémont, Italie NO), d’une famille toute simple. Il eut deux jeunes frères, Giovanni et Michele. Ses camarades l’appelaient Beppe.

Beppe allait chaque jour à la messe, et savait y convier ses amis. Il leur montrait comment servir la messe. Quelquefois, il savait être «sévère» quand d’autres chenapans s’en prenaient aux plus jeunes. Il devint ainsi le chef Beppe.

Après avoir fréquenté le collège dominicain de Chieri, il entra au noviciat de cet Ordre et fit la profession en 1923 à La Quercia (Viterbo, Italie C). 

Ordonné prêtre en 1930, après de brillantes études à Chieri, il fut reçu docteur en théologie à Turin, avant de gagner l’Angelicum de Rome, puis l’Ecole Biblique de Jérusalem, où il fut élève du père Lagrange. Il reçut ainsi le titre de Prolita in Sacra Scriptura (expert en Ecriture Sainte).

De ses études et de sa présence en Israël, il conservera une profonde amitié pour les Juifs, qu’il appellera porteurs de la Parole de Dieu ou encore Frères aînés.

Il enseignera ensuite au séminaire dominicain de Turin et publiera des commentaires sur la Sainte Ecriture, appréciés par le Saint-Siège. 

Une de ses positions très arrêtées était de soutenir qu’il n’y avait qu’un seul et unique prophète Isaïe, contre ceux qui prétendaient que, selon la différence de style, on pouvait en supposer trois.

Mais une fine dose d’humorisme et d’anticonformisme le rendit suspect autant devant les autorités fascistes qu’ecclésiastiques de l’époque : soupçonné de modernisme, il fut suspendu de ses activités et relégué au couvent dominicain de Turin, avec charge d’enseigner seulement chez les Missionnaires de Notre-Dame de la Consolation. Dès qu’il avait un moment, il visitait les vieillards de l’hospice voisin, qu’il écoutait et confessait en parlant le piémontais.

A partir de 1943, le père Girotti se lança dans une discrète, et même secrète, mais intense activité au profit des Juifs, pour lesquels il trouvera où les dissimuler, et procurera divers papiers de fausse identité.

Trahi par un faux «partisan», il fut arrêté le 29 août 1944 et mis en prison à Turin. Il fut ensuite transféré à Milan, puis au lager de Gries (Bolzano), et de là à Dachau le 5 octobre 1944.

Dans la baraque 26, prévue pour cent quatre-vingts détenus, se trouvaient un millier d’ecclésiastiques. Le matin, très tôt, un prêtre célébrait la messe pour donner l’Eucharistie aux autres. Le père Girotti célébra la Messe pour la dernière fois le 19 mars 1945, jour de la fête de saint Joseph. Il prit le typhus et fut admis à ce qu’on appelait l’infirmerie.

En réalité, depuis décembre 1944, il maigrissait, souffrait de douleurs «rhumatismales» et ses jambes enflaient : on lui diagnostiqua un carcinome.

Le jour de Pâques, 1er avril 1945, il mourut, probablement «aidé» en cela par quelque injection d’essence, comme c’était fréquent. Il n’avait pas quarante ans.

Le four crématoire ne fonctionnait plus. Giuseppe fut enseveli dans un tas de deux-cents cadavres.

En 1995, il a été nommé Juste parmi les nations par l’Etat d’Israël, avec inscription de son nom au monument Yad Vashem de Jérusalem.

Le père Giuseppe Girotti a été béatifié en 2013.

 

 

Marin Shkurti

1933-1969

 

Marin Shkurti naquit le 1er octobre 1933 à Samrish (Dajç-Bregu i Bunës, Shkodër, Albanie).

Après l’école primaire de Dajç, il prit des leçons auprès de prêtres : son curé Kolec Prennushi, Dedë Malaj (v. 12 mai), Pjetër Gruda, car il n’y avait évidemment pas de séminaires dans ce pays terrorisé par la dictarure communiste depuis 1944.

De Kolec Prennushi, Marin raconta à Dedë Malaj : L’abbé Kolec, avant de mourir, m’a dit : Marin, les villages sont sans prêtres. Dedë Malaj lui demanda : Mais si toi, tu es arrêté et torturé ? Marin répondit qu’il n’avait pas peur, et ajouta : La force de Christ est plus grande que celle du Diable. Il fut plus tard rapporté que Dedë Malaj avait vraiment inculqué sa propre force d’âme à Marin.

En 1961, Marin put tout de même être ordonné prêtre dans la cathédrale de Shkodër et célébrer sa Première Messe le 8 décembre dans la même cathédrale.

Dans les années soixante en effet, le gouvernement communiste albanais chercha à gagner à sa cause le clergé, en lui proposant de se séparer de Rome et de créer une église nationale. Cette proposition pouvait donner un semblant de liberté au clergé, tout en le muselant ; le clergé put profiter de cette «liberté», mais ne céda jamais quant à l’attachement fidèle à Rome.

Marin accomplit tout ce qui lui fut possible comme apostolat, dans ces difficiles circonstances, célébrant la Messe et administrant les Sacrements en cachette.

La famille se trouvant alors en danger, Marin et ses proches cherchèrent à se réfugier en Yougoslavie, mais ils furent dénoncés et arrêtés, le 14 novembre 1968. Trois jours plus tard, on les livrait aux autorités de l’Albanie.

Arrêtés, malmenés et torturés, ils furent condamnés à de dures peines de prison et de travaux forcés. Marin Shkurti fut condamné à mort comme ennemi du peuple et pour trahison envers la Patrie. Après l’annonce de la sentence, il proclama : Je suis condamné comme prêtre et je suis heureux de mourir pour ma foi en Christ… Je n’ai aucune angoisse… Vous croyez, vous, qu’avec cette «révolution» vous pouvez vaincre notre foi catholique, mais n’oubliez pas que l’Eglise puise de nouvelles forces dans le sang que nous versons. L’Eglise que vous détruisez maintenant, reprendra vie.

Et devant le peloton d’exécution : Vous me fusillez uniquement parce que je suis prêtre. Je suis innocent. Vive la foi en Christ. Vive l’Albanie.

Il fut abattu le 1er avril 1969 à Shkodër.

Marin Shkurti fut béatifié en 2016  et sera inscrit au Martyrologe le 1er avril.

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