21 OCTOBRE
IV.
SS Dasius, Zoticus et Caius, martyrs à Nicomédie.
S Agathon, solitaire en Egypte, sage et modéré, très charitable, très modeste.
S Hilarion, palestinien venu en Egypte pour connaître s.Antoine, à quinze ans ; thaumaturge fuyant la célébrité, il fut à Gaza, en Egypte, en Lybie, en Sicile, à Rome, en Dalmatie, à Paphos, où il mourut à quatre-vingts ans.
S Malchus, syrien ; il refusa le mariage et devint moine avec des péripéties rocambolesques.
S Juste, archidiacre à Clermont.
V.
S Seurin, évêque à Trèves, puis à Bordeaux où s.Amand lui laissa la place.
Ste Ursule, une des onze (mille ?) martyres de Cologne ; anglaise, elle s'embarqua avec ses compagnes, aborda aux Pays-Bas, rejoignit Cologne où elles furent bien reçues ; après un pèlerinage à Rome, elles furent massacrées par les Huns devant Cologne ; légende ?
Ste Céline, vierge à Meaux ; elle laissa son fiancé pour suivre ste Geneviève.
S Anatole, évêque à Cahors (?).
Ste Céline, mère de trois garçons : s.Principius, évêque à Soissons, Agricola dont le fils, s.Lupus, succéda à s.Principius, et s.Remi.
S Viateur, lecteur, compagnon de l'évêque de Lyon s.Iustus dans sa retraite en Egypte ; il y eut une congrégation d'éducateurs sous son patronage.
VI.
S Walfroy, gaulois dévôt de s.Martin et disciple de s.Yrieix, ermite stylite à Trèves, seul exemple connu de stylite en Occident ; l'évêque lui enjoignit de descendre de sa colonne.
VII.
S Fintan (Munnu), abbé en Irlande ; il eut la lèpre pendant vingt-quatre ans.
S Wendel, écossais, ermite près de Trèves, peut-être abbé à Tholey.
S Condé (Condède), anglais, ermite en Normandie.
S Domnolène, prêtre ou moine à Saint-Laurent-des-Aubats.
VIII.
S Mauront, abbé et évêque à Marseille.
IX.
S Hugues, abbé à Ambronay (X.?).
XI.
S Gebizo, allemand, bénédictin au Mont-Cassin, mort d'une douloureuse fistule au sein gauche.
XV.
B Piero Capucci, dominicain italien ; il prêchait avec un crâne dans la main.
XVII.
B Julianus Nakaura, jésuite japonais martyr, béatifié en 2008.
XIX.
S Yu Tae-ch’ŏl Petrus, adolescent coréen de treize ans, martyr, canonisé en 1984 et fêté le 20 septembre.
XX.
Bx Martyrs espagnols de 1936 :
- béatifié en 2007 :
Dominicains : près de Santander, Estanislao García Obeso (*1875), prêtre ;
- béatifiés en 2016, martyrisés près d’Almería :
Diocésains : Genaro Fueyo Castañón (*1864) ;
Laïques : Secundo Alonso González et Isidro Fernández Cordero (*1888, 1893).
Bse Laura Montoya y Upeguí (de Sainte-Catherine-de-Sienne, 1874-1949), colombienne, fondatrice de la Congrégation des Sœurs Missionnaires de Marie Immaculée et de Sainte Catherine de Sienne, béatifiée en 2004.
Dasius, Zoticus et Caius de Nicomédie
303
Ces trois martyrs étaient trois domestiques du palais impérial à Nicomédie (Bithynie, act. Izmit, Turquie NW), et chrétiens.
Lors de l’incendie qui frappa cet édifice, ils en furent accusés et, pour cela, condamnés à mort.
On leur attacha de grosses pierres au cou et on les précipita dans la mer.
Il se peut qu’on leur ait adjoint douze Compagnons - ou même douze mille, chose très improbable.
Le Martyrologe Romain mentionne saints Dasius, Zoticus et Caius de Nicomédie au 21 octobre.
Hilarion de Gaza
291 ?-372
Hilarion naquit à Tabatha, près de Gaza en Palestine, de parents riches et païens.
A quinze ans, après quelques études en Alexandrie, il reçut le baptême et, tout épris du désir de la perfection, abandonna les plaisirs du cirque et du théâtre pour courir au désert rencontrer Antoine, dont le nom était déjà célèbre. A la vue du patriarche du désert, il s'écria : « Et moi aussi, Dieu me veut ermite ! » Il vendit peu après le patrimoine de ses parents, qui venaient de mourir, et s'enfonça dans la solitude, près de Maïouma, port de Gaza.
Il se construisit une cabane, qui ressemblait plus, par ses dimensions, à un tombeau qu’à une cellule.
Il portait un cilice, qu’il ne lava jamais (pourquoi faire ?) et une simple peau de bête. Il se tondait une fois l’an, à Pâques.
Il savait l’Ecriture par-cœur.
Le démon, furieux de voir un enfant égaler en ferveur les plus anciens anachorètes, lui déclara une guerre acharnée ; il employa tous les moyens : la crainte, les coups, la séduction, des visions de femmes, des apparitions d'animaux ; l'ermite triompha de tout en multipliant ses austérités.
Un jour pourtant, Hilarion, chantant des psaumes, était distrait et ne priait que de bouche ; le démon, fier de cette légère faiblesse du saint, lui sauta sur le dos et se moqua de lui. Le solitaire s'humilia, pleura sa faute et profita de cette négligence pour redoubler d'ardeur au service du Seigneur. Cet homme, qui avait tant à souffrir du démon, reçut de Dieu le pouvoir de se venger de lui ; on amenait de toutes parts des possédés à Hilarion, qui les délivrait des malins esprits.
A la prière d’Hilarion, une femme stérile obtint la grâce de la maternité. Il rendit la vue à une aveugle, en lui reprochant doucement d’avoir donné aux médecins ce qu’elle aurait dû donner aux pauvres.
Il fut si célèbre que, comme autour de saint Antoine au désert d’Egypte, beaucoup vinrent se mettre sous sa conduite, donnant naissance à une quantité de monastères.
Cependant, les foules accourant vers lui, attirées par sa réputation de sainteté, le saint regretta sa solitude primitive : Il faut aller me cacher pour prier et souffrir, si je veux me rendre digne de la miséricorde de Dieu. Quand il voulut partir, plus de dix mille personnes l'arrêtèrent par leurs larmes et leurs gémissements. Il réussit pourtant à s'échapper, et gagna le désert d’Egypte où il retrouva avec émotion saint Antoine.
Il fut divinement informé que son monastère de Gaza avait été rasé par les envoyés de Julien l’Apostat, et que lui-même était recherché pour être mis à mort. Mais c’est Julien qui mourut le premier.
Hilarion pouvait revenir à Gaza, mais préféra partir pour la Libye, et même s’embarqua pour la Sicile, proposant de payer son voyage avec une copie de l’Ecriture qu’il avait lui-même écrite dans sa jeunesse. On le retrouva quand même et il s’enfuit en Dalmatie, revint à Chypre, où il s’établit en secret, mais sa victoire sur les démons le fit à nouveau découvrir ; on organisa une garde autour de son jardin pour l’empêcher de partir.
Le Seigneur, prenant pitié de ses larmes, l'avertit de sa mort prochaine. Hilarion s'étendit sur une natte : Sors, mon âme, dit-il, sors de ton corps, brise les derniers liens. Pourquoi tarder encore ? Il y a bientôt soixante ans que tu sers le Christ, peux-tu craindre la mort ? Et il rendit l'esprit.
«Bientôt soixante ans» peut faire supposer qu’Hilarion avait alors soixante-quinze ans environ, puisqu’il se retira encore adolescent, à quinze ans. Saint Jérôme affirme qu’il en avait déjà quatre-vingts. Aussi les dates d’Hilarion restent conjecturales.
Son disciple Hésychius vint le reprendre pour l’enterrer à Maïouma.
Digne émule du grand saint Antoine, saint Hilarion a mérité le titre de Patriarche des solitaires de la Palestine.
Il est fêté en Orient comme en Occident le 21 octobre.
Malchus de Maronia
4e siècle
La cité de Maronia, dans le désert de Chalcis, se trouvait à proximité d’Antioche de Syrie (on ne parle pas ici de la ville de Maroneia, en Thrace, Grèce NE).
S.Jérôme (v. 30 septembre), arrivant de Rome, vécut un certain temps dans cette contrée, et c’est de lui que nous connaissons la brève biographie qui suit.
Malchus, déjà fort âgé, lui raconta qu’il était né en Mésopotamie, près de Nisibe, où ses parents possédaient un petit champ.
Quand il eut l’âge, ses parents voulurent le marier, mais il s’y refusa et se réfugia chez les moines de Chalcis.
A la mort de son père, il pensa aller revoir sa mère et partager son héritage avec les pauvres. Son abbé le lui déconseillait, mais il partit quand même.
La caravane dont il faisait partie, fut attaquée par des Arabes qui livrèrent ensuite leurs «proies» à des maîtres : Malchus se retrouva gardien de troupeau, avec une femme de la même caravane, chez un maître qui voulait les marier.
Malchus ne voulait pas de ce mariage, ni la femme d’ailleurs ; il pensait se suicider, mais la jeune femme elle-même lui proposa de vivre avec elle dans la chasteté.
Plus tard, avisant une fourmilière, Malchus fut repris par le désir de la vie cénobitique, où tout est en commun. Avec sa «compagne», il s’enfuit ; ils se réfugièrent dans une caverne ; mais ils furent prestement rejoints par deux hommes montés sur dromadaires, qui les sommaient de sortir : sortit une lionne qui les dévora instantanément puis s’éloigna.
Malchus et la femme montèrent sur les deux dromadaires et rejoignirent un camp romain. Laissant la femme libre de vivre comme une vierge, Malchus reprit la vie monastique.
S.Jérome ne raconte rien de plus sur la vie de Malchus. On ne sait quand il mourut.
Le fabuliste Jean de La Fontaine a raconté à sa façon cette histoire dans son Poème de la captivité de saint Malc.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Malchus de Maronia au 21 octobre.
Severin de Cologne
Seurin de Bordeaux
5e siècle
Il y a une longue contestation concernant ce Saint.
Il aurait été d’abord le troisième évêque connu de Cologne (Allemagne W) où, en 376, il aurait consacré un monastère aux saints Corneille et Cyprien (v. 16 septembre).
En 397, il aurait entendu le chœur des anges chanter la mort de s.Martin de Tours (v. 11 novembre), auquel le liait une sainte amitié.
La première Vita à laquelle on se réfère est celle de s.Venantius Fortunatus (v. 14 décembre), qui affirme cependant qu’il fut évêque à Trèves et que, de là, sur la mission confiée par un ange, il se serait rendu à Bordeaux pour remplacer s.Amand.
Ce dernier fut en même temps averti par le Ciel de bien accueillir Severin et de lui céder le siège épiscopal, ce qu’il fit avec une humilité remarquable. Si le fait est historique, on n’en connaît cependant pas la signification.
Comme évêque de Bordeaux, Severin se nomme Seurin.
Par sa prière, une nuée obscure aveugla les Goths qui menaçaient la ville ; il faisait littéralement «la pluie et le beau temps» selon les nécessités des paysans.
On disait que Seurin venait de l’Orient ; l’expression pourrait signifier simplement que Seurin venait de l’Est vers l’Ouest, de Trèves à Bordeaux.
Reste à discuter s’il fut évêque à Cologne ou à Trèves ; il semble qu’il s’agisse de deux personnages différents, car on mentionne Severin à Cologne à la fin du 4e siècle, et un Severus à Trèves en 445.
Quant à l’épisode du «remplacement» d’Amand par Severin, le Martyrologe la présente de cette façon : Severinus venait des régions orientales et fut accueilli par s.Amand qui le désigna comme son successeur, sans mentionner ni Cologne ni Trèves.
Saint Seurin de Bordeaux est commémoré le 21 octobre dans le Martyrologe Romain.
Ursule
† 453
Au sujet de sainte Ursule, le Martyrologe du 21 octobre s’exprime ainsi :
A Cologne, la commémoraison des saintes vierges qui consommèrent leur martyre pour le Christ, là où plus tard fut construite une basilique en l’honneur de la jeune Ursule, vierge innocente que l’on pense avoir été à leur tête.
L’expression, sans aucune précision de date, tente d’accommoder à la fois une certaine tradition, des récits invérifiables, et des conjectures modernes.
Les conjectures modernes s’orientent vers une merveilleuse fable inventée de toutes pièces, et concèdent tout juste qu’il a pu s’agir du martyre de «onze vierges avec Ursule».
Les récits invérifiables sont les différentes versions qu’on possède sur sainte Ursule et ses éventuelles onze mille Compagnes.
La tradition veut qu’en effet cette basilique de Cologne ait été construite en l’honneur d’un grand nombre de vierges martyres, guidées par Ursule, toutes massacrées par les Huns dans les environs de la ville germanique.
Mais pourquoi donc ces onze mille vierges ? D’où venaient-elles et pourquoi ? Comment ont-elles pu tomber dans quelque embuscade des barbares envahisseurs ?
Ci-après, on trouvera deux récits. L’un se réfère à une «tradition». L’autre est repris d’une vision de la bienheureuse Anna Katharina Emmerick (v. 9 février). Il n’est pas question ici de prétendre qu’une vision soit parole d’Evangile : l’Eglise n’a pas béatifié Anna Katharina pour ses visions. Mais Anna Katharina était ignorante et ne parlait que de ce qu’elle «voyait» dans ses visions, croyant d’ailleurs que tout le monde voyait les mêmes choses qu’elle. Ce qui frappera ici, c’est la cohérence de son récit.
Selon, donc, une ancienne tradition, Ursule était la fille d’un roi de Grande-Bretagne, très pieuse et très belle, qui voulait rester vierge par amour du Christ. C’était au 5e siècle.
Ursule fut demandée en mariage par un prince d’une région lointaine, qui en avait entendu parler. Ursule répondit qu’elle acceptait, mais dans un délai de trois ans, pendant lequel elle devait préparer dix compagnons d’élite, avec chacun mille vierges, qui partiraient sur onze navires, à destination du prince charmant.
Au bout des trois années, tout ce monde s’embarqua. Entre temps, toutes ces vierges s’étaient entraînées à conduire des navires. On accosta aux actuels Pays-Bas, et l’on remonta le Rhin jusqu’à Cologne. De là, sur inspiration divine, elles poussèrent jusqu’à Bâle, et continuèrent à pied jusqu’à Rome où elles vénérèrent les Saints Lieux et s’en retournèrent. Parvenues à Cologne, les Huns les accueillirent à coups de flèches et toutes moururent ainsi martyres. Puis les Huns virent en face d’eux une autre «armée», céleste celle-ci, qui les mit totalement en déroute, pour la plus grande joie des habitants de Cologne, qui étaient assiégés depuis un certain temps.
Voici maintenant le récit de Anna Katharina.
«Ursule fut suscitée par Dieu pour garantir les jeunes filles et les veuves de son temps de la séduction et du déshonneur et pour les faire entrer dans l’armée céleste des martyrs couronnés. L’archange Raphaël lui avait été donné pour guide : il lui annonça sa mission (…) (Ces jeunes filles et ces veuves) devaient mourir comme des enfants encore innocents, avant d’avoir pu tomber dans le péché.
Ursule était grande et forte, très résolue et très active ; elle n’était pas précisément belle, sa physionomie était très sérieuse et ses allures viriles. Lorsqu’elle souffrit le martyre, elle était âgée de trente-trois ans. Je la vis très jeune en Angleterre dans la maison de son père Deonotus et de sa mère Geruma.
Ursule avait dix compagnes qui venaient la trouver tous les jours, le matin et dans l’après-midi : après quoi, divisées en deux groupes, elles couraient ensemble dans une place entourée de murs, y luttaient avec les mains et même s’exerçaient au maniement de la lance.
Un homme de guerre puissant et considéré vint trouver le père d’Ursule : il avait entendu parler des exercices auxquels se livraient les jeunes filles et voulait les voir (…). Charmé de la beauté et de l’adresse d’Ursule, il la demanda en mariage. Les compagnes de celle-ci devaient épouser ses officiers et la chose devait se faire dans un endroit au-delà de la mer qui était dépeuplé. Cela me fit penser à Bonaparte qui mariait aussi des jeunes filles aux officiers de sa garde.
L’archange Raphaël apparut (à Ursule), la consola et lui ordonna de demander à adjoindre dix autres vierges à chacune de ses compagnes ; elle devait en outre réclamer un délai de trois ans et s’exercer avec elles sur des navires à toute sorte de combats et de manœuvres : il l’exhorta à avoir confiance en Dieu qui ne permettrait pas que son vœu de virginité fût violé.
Pendant ces trois années, elle devait convertir ses compagnes à la religion chrétienne et compter pour cela sur la protection de Dieu (…)
Le père leur fit équiper cinq petits navires, sur chacun desquels était une vingtaine de jeunes filles et aussi quelques matelots pour leur enseigner à se servir des voiles et à combattre sur l’eau. Je les vis alors s’exercer tous les jours à manœuvrer leurs navires, d’abord sur un fleuve, puis sur la mer à peu de distance du bord (…)
Bertrand, le confesseur d’Ursule, et deux autres ecclésiastiques étaient sur les navires. Toutes les jeunes filles furent baptisées par les prêtres (…)
Lorsqu’elles partirent d’Angleterre, il s’éleva une grande tempête qui les poussa vers les Pays-Bas (…) A l’endroit où elles quittèrent la mer pour remonter le Rhin, il y avait une ville où elles eurent beaucoup à souffrir. Quand on voulait mettre la main sur les vierges, elles se mettaient courageusement en défense et recevaient un secours surnaturel. Leurs agresseurs étaient comme paralysés et ne pouvaient rien contre elles (…)
Ursule remonta sur cinq bateaux de Cologne à Bâle où plusieurs restèrent avec les bateaux ; de Bâle, elle partit pour Rome avec environ quarante personnes parmi lesquelles des prêtres et des guides (…) Le pape Léon le Grand fit venir Ursule pour l’interroger ; elle s’ouvrit franchement à lui sur le secret de sa mission et sur ses visions, et elle reçut tous ses avis avec beaucoup d’humilité et de soumission (…) Ursule emporta avec elle à Cologne une relique de saint Pierre qui est encore connue comme telle sans qu’on sache d’où elle provient, une autre de saint Paul (…) Lorsqu’elles furent de retour à Bâle, tant de personnes se joignirent à elles qu’il leur fallut onze bateaux pour revenir à Cologne (…) Elles prirent terre à une lieue à peu près au-dessous de Cologne et elles établirent une espèce de camp (…)
Les ennemis, les ayant entourées de toutes parts, les égorgèrent à coups de lances et de haches (…) Ursule fut percée d’une lance. Parmi les corps qui couvraient le champ des martyres, il y avait, outre les vierges bretonnes, celles, en beaucoup plus grand nombre, qui étaient venues de divers endroits s’adjoindre à elles : il y avait encore des prêtres venus de Rome, d’autres hommes et aussi des ennemis (…)
Vers le temps où Ursule quitta l’Angleterre, vivaient en France les saints évêques Germain et Loup. Lorsque saint Germain passa en Angleterre avec saint Loup pour combattre les hérétiques, il consola les parents d’Ursule et ceux des autres jeunes filles, qui s’affligeaient de leur absence.»
Que l’on choisisse l’une des deux versions que l’on voudra. Il est certain que la mission d’Ursule sort de l’ordinaire et même de l’imaginable.
Sainte Ursule est regardée comme le modèle et la patronne des personnes qui s'appliquent à instruire chrétiennement la jeunesse. Plusieurs congrégations de religieuses sont placées sous son invocation, dont les «Ursulines».
A présent, Ursule, avec le nombre incalculable de ses nombreuses Compagnes, est mentionnée le 21 octobre au Martyrologe.
Céline de Meaux
5e siècle
On vénère le même jour deux Céline, l’une vierge, l’autre veuve (voir par ailleurs).
Céline de Meaux était d’une famille noble de cette ville.
Y ayant rencontré ste Geneviève (v. 3 janvier), elle fut conquise par l’amour du Christ et demanda à la Sainte parisienne de lui donner le voile des vierges.
Quelqu’un fut assez mécontent : le fiancé de Céline. Pour échapper à sa fureur, les deux vierges allèrent s’enfermer dans le baptistère de l’église, qui se referma sur elles et les protégea.
Geneviève guérit en passant une des servantes de Céline, paralytique depuis deux ans.
Cette rencontre se situe assez approximativement, c’est-à-dire entre 465 et 480.
Céline put par la suite conserver sa virginité et se dévouer aux bonnes œuvres.
Sainte Céline de Meaux était commémorée le 21 octobre dans le Martyrologe Romain, mais en a été retirée.
Céline de Laon
† 460
On vénère le même jour deux Céline, l’une vierge (voir par ailleurs), l’autre veuve. On a nommé cette dernière de Laon, pour bien la distinguer.
Son nom connaît des variantes : Chilinia, Cilinia, Cylinia, Cælinia, Celina.
Céline de Laon était d’une famille noble, ainsi que son mari, Emilius. Ils eurent trois garçons : Principius, Agricola et Remi. Agricola eut un fils nommé Lupus.
Principius devint évêque de Soissons (v. 25 septembre) ; Agricola devint prêtre ; Remi fut le célèbre évêque de Reims (v. 13 janvier) ; quant à Lupus, il succéda à Principius.
La naissance de Remi fut annoncée par plusieurs avertissements célestes, dont Céline s’étonnait un peu en raison de son âge déjà avancé, puis par un saint moine nommé Montanus, aveugle, qui lui précisa que le futur bébé lui frotterait ses yeux aveugles avec le lait maternel, ce que fit le petit Remi, redonnant la vue à Montanus.
Céline, la mère de s.Remi, serait morte à Labrinacum (Lavergny), près de Laon, où était né Remi, et à une date postérieure à 458.
Sainte Céline de Laon est commémorée le 21 octobre dans le Martyrologe Romain.
Viateur de Lyon
† 490
Viateur était un lecteur dans la ville de Lyon, au moment de l’épiscopat de s.Iustus (v. 2 septembre).
Quand ce dernier se retira en Egypte, il ne voulut prendre pour compagnon que Viateur.
Après plusieurs années de vie parmi les moines d’Egypte, il sentit sa mort approcher et en avertit Viateur, qui s’en affligeait.
Iustus cependant rassura Viateur, lui promettant qu’il allait bientôt après le rejoindre. Ce bientôt devait effectivement se vérifier, puisque Viateur mourut quarante jours ou huit jours plus tard, selon les sources. On notera qu’en effet, s.Iustus, mentionné autrefois le 14 octobre, l’est actuellement le 2 septembre.
On situe leur mort après 481, parce qu’on sait que Iustus participa cette année-là au concile d’Aquilea. Mais Iustus rentra d’abord dans son diocèse, et ne se retira en Egypte que quelques années (au moins) plus tard, et y demeura aussi plusieurs années. On pourrait donc facilement avancer la date de 490 pour la mort de nos deux héros.
Au 19e siècle, fut fondée à Lyon une congrégation de prêtres missionnaires et éducateurs, placée sous le patronage de s.Viateur.
Saint Viateur de Lyon est commémoré le 21 octobre dans le Martyrologe Romain.
Wendel de Trèves
554-617
On disait que Wendel (ou Wendelin) était d’origine écossaise, mais son nom ne le semble pas.
Il serait né ainsi vers 554, du roi Forchado et d’Irelina.
Après un pèlerinage à Rome, il se serait installé dans la région de Trèves pour y mener une vie érémitique tout en gardant les porcs.
On a aussi prétendu, mais sans preuves suffisantes, que Wendel aurait été moine, puis abbé à Tholey, vers 597.
Autour de la cellule (puis de la tombe) de Wendel, se développa la ville de Sankt Wendel (Sarre). L’abbaye de Tholey se trouve à quelques kilomètres de Sankt Wendel.
On a fait de s.Wendel le patron des animaux domestiques, chiens, chats, poules, bœufs…
Saint Wendel de Trèves est commémoré le 21 octobre dans le Martyrologe Romain.
Mauront de Marseille
780-782
Mauront fut le 17e évêque connu de Marseille, de 780 à 782 environ. Il fait suite à une longue période de près d’un siècle, pour laquelle on ne connaît pas de nom d’évêques.
Il se peut que son épiscopat n’ait pas même duré deux années.
Une charte datée 780, concernant l’abbaye Saint-Victor de Marseille, le nomme abbé, ce qui permet de conclure qu’il cumulait les deux charges. Peut-être fut-il d’abord moine à Saint-Victor, puis abbé, et choisi pour être évêque.
En 782, il obtint de Charlemagne la restitution des biens dont le diocèse de Marseille avait été spolié.
Saint Mauront de Marseille est commémoré le 21 octobre dans le Martyrologe Romain.
Piero Capucci
1390-1445
Piero Capucci (que l’on pourrait confondre avec Pietro Capocci, cardinal) naquit vers 1390 à Città di Castello (Ombrie, Italie C), de parents appartenant à une ancienne famille noble.
Entré à quinze ans chez les Dominicains de sa ville, il y fit la profession dès l’année suivante, puis il fut envoyé étudier à Cortone, où avait vécu sainte Marguerite (v. 22 février) ; son maître des novices fut Lorenzo de Ripafratta (v. 27 septembre) ; il y rencontra Antonino de Florence (v. 2 mai) et Fra Angelico (v. 18 février).
Lorenzo insistait pour que Piero s’adonnât à une vie plutôt contemplative. En fait, il ne bouda pas le monde extérieur et y rendit bien des services spirituels. Il avait accoutumé de prêcher avec un crâne en main. Il était fréquent que des prédicateurs présentassent à leur auditoire ce crâne, en leur rappelant leur prochaine mort, pour les amener à la conversion intérieure.
D’ailleurs, une anecdote raconte que Piero avertit un jour un jeune de se confesser sans tarder, ce que le garçon eut juste le temps de faire avant de mourir.
Piero fut un fidèle disciple de saint Dominique (v. 6 août) et suivit ardemment le courant réformateur de l’Ordre.
Il jeûnait, s’imposait des pénitences, dormait le moins possible, approfondissait l’Ecriture.
En 1407, un événement grave endeuilla la ville : le gouverneur fut assassiné et défenestré par son neveu ; ceci força les Dominicains à se déplacer momentanément au couvent de Fiesole. Puis ils passèrent à Foligno, qui était restée fidèle au pape légitime.
Ce fut durant ce dernier séjour, qui dura sept ans, que Piero fut ordonné prêtre. Durant une épidémie de peste, il montra tout son zèle à apporter du réconfort et des soins aux malades.
Quand le couvent de Cortone fut rouvert, Piero et ses condisciples y firent retour. Piero y resta jusqu’à la fin de sa vie.
Profondément humble, il accepta sans difficulté d’aller faire la quête par les rues, pour obtenir des oboles en vue de la construction de la nouvelle église. Ce lui fut l’occasion de rencontrer la population, de lui parler, de conseiller, … de faire des miracles aussi : des pécheurs endurcis se convertirent, une dame guérit de son bras paralysé.
Il refusa toujours des charges importantes, mais il fit des choses importantes, par exemple celle de demander à Fra Angelico de peindre la fameuse Annonciation ainsi que le pavillon au-dessus de la porte d’entrée ; en 1438, c’est encore lui qui obtint de Cosimo de’ Medici le retable pour le maître-autel du couvent Saint-Marc à Florence.
Après une brève maladie, Piero s’éteignit le 21 octobre 1445 et son culte ab immemorabili fut reconnu en 1816.
Iulianus Nakaura Jingorō
1567-1633
La répression anti-chrétienne avait été déclanchée par les shoguns Tokugawa, les maîtres du Japon de l’époque.
En 1587, le shogun Hideyoshi, gouverneur militaire de Nagasaki, ordonna aux missionnaires étrangers de quitter le Japon.
Dix ans plus tard commença la persécution ouverte contre les quelque trois cent mille catholiques présents au Japon, qui avaient reçu la foi des Jésuites (avec saint François Xavier), puis des Franciscains.
En 1614, un nouvel édit fit fermer les églises catholiques et assigner à résidence à Nagasaki tous les prêtres encore présents.
Beaucoup de ces martyrs, parmi lesquels des laïcs et des enfants, furent empalés et brûlés à petit feu. D’autres moururent cloués sur la croix ou découpés en morceaux.
Il y eut aussi des apostasies.
Malgré tous les efforts des autorités, le christianisme continua dans la clandestinité pendant deux siècles, quand un régime plus libéral autorisa à nouveau la présence de chrétiens au Japon.
Julianus Nakaura était prêtre et jésuite.
Il était né en 1567 (ou 1568) à Nakaura (Saikai, Nagasaki).
En 1580, il entra au séminaire de Arima.
En 1582, à quinze ans, il fit partie d’une délégation chrétienne japonaise qui devait être présentée à Lisbonne, à Madrid, à Rome et dans maintes villes d’Italie et d’Europe ; le voyage durera jusqu’en 1590. Avant d’arriver à Rome, Julien tomba gravement malade, et le pape (Grégoire XIII) s’en montra tellement inquiet qu’il en demanda des nouvelles plusieurs fois ; il le reçut personnellement quand il fut rétabli.
Grégoire XIII, très âgé, mourut peu après (1585) et c’est Sixte V qui lui succéda : toute la délégation japonaise était présente tant aux funérailles du premier qu’au couronnement du second.
Julien fit son noviciat de retour au Japon ; il fit ses premiers vœux en 1593, et alla étudier à Macao. En 1604 il revint au Japon, et reçut le sous-diaconat (1606), le diaconat (1607) et la prêtrise (1608). Il exerça son apostolat à Kyoto, à Hakata.
En 1614, il continua de prêcher l’Evangile, contre l’interdiction des autorités civiles.
En 1615, l’année du «Grand Martyre», il vint à Kuchinotsu où il restera pendant dix ans.
En 1621, il prononça ses vœux définitifs, à Kazusa.
En 1626 il se déplaça à Kokura, où il sera arrêté à la fin de 1632, et de là conduit à Nagasaki.
L’unique document de sa main qu’on possède, relate son grand désir de mourir martyr pour le Christ ; il l’a écrit durant sa permanence à Kuchinotsu.
Une fois mis en prison, il fut torturé pendant dix mois pour qu’il reniât sa foi, mais il resta fidèle.
Il fut martyrisé le 21 octobre 1633 à Nishizaka (Nagasaki). Or cette même année était imaginé un nouveau genre de supplice, qui fut celui du père Julianus, le «supplice de la fosse» : le condamné était suspendu par les jambes au-dessus d’une fosse remplie d’immondices jusqu’à mi-corps, la tête en bas et les pieds fixés à une barre en haut. Pour empêcher la mort trop rapide à cause de l’arrêt de la circulation, les bourreaux incisaient les tempes de la victime.
Le père Julianus Nakaura fait partie des cent quatre-vingt-huit martyrs japonais béatifiés en 2008.
Le martyrologe le mentionnera le 21 octobre.
Yu Tae-ch’ōl Petrus
(Yu Dae-jeol Peteuro)
1826-1839
Petrus était le fils d’un père chrétien, mais d’une mère strictement attachée à la religion des ancêtres et opposée au christianisme.
Son père, Yu Chin-gil Augustinus, fut ce laïc qui alla à Pékin pour demander aux missionnaires d’envoyer des prêtres en Corée ; il fut arrêté en juillet 1839 et martyrisé le 22 septembre 1839.
Petrus, reçut le baptême, comme ses frères, avec le nom du Prince des Apôtres.
La mère et la sœur en revanche lui reprochaient de ne pas «obéir» quand on lui demandait d’offrir l’encens aux ancêtres, mais Petrus répondait gentiment qu’il obéirait en tout ce qu’on lui demanderait, mais que, pour ce qui concernait la foi, il obéirait d’abord à Dieu, qui a créé toutes choses.
Lors de la persécution, Petrus désirait ardemment le martyre. Profondément impressionné par le courage de son père et d’autres Martyrs qu’il vit en prison, il n’eut plus d’autre désir et alla se présenter spontanément aux autorités, dès juillet 1839, peu après l’arrestation de son père.
Après un premier interrogatoire, le juge se rendit compte que Petrus était fils d’un Chrétien, et le mit en prison.
Présenté devant la cour, Petrus fut invité à apostasier, menacé, torturé ; rien n’y fit, il ne renia pas son Dieu.
En prison, le gardien le frappa durement, lui écorchant profondément la jambe ; Petrus répondit qu’il croyait toujours en Dieu et qu’il n’avait pas peur d’être frappé. Le gardien le menaça de lui enfiler un charbon ardent dans la bouche, le garçon ouvrit grand la bouche, prêt à recevoir le charbon : même le gardien n’osa pas. Un jour qu’il fut frappé plus fort, il perdit conscience ; réveillé par ses camarades de prison, il leur dit : N’ayez pas peur, je ne vais pas mourir pour ça.
Les tortures que subit Petrus furent effrayantes. Il fut interrogé quatorze fois et à chaque fois soumis à la torture. Il fut fouetté six-cents fois, et quarante-cinq fois avec le cudgel, ce mince morceau de chêne allongé, d’une vingtaine de centimètres de large et épais de quelques centimètres, avec lequel on frappait la victime allongée sur le ventre : après dix coups, les chairs «sautaient» de tous côtés et le sang coulait abondamment.
On ne comprenait pas comment Petrus avait encore la force de résister et de sourire : il avait les os brisés, les chairs en sang, le corps couvert de bleus. C’étaient les bourreaux qui devenaient ridicules… A un moment, Petrus prit un morceau de chair qui lui tombait de l’épaule et alla le montrer au gardien de prison : tout le monde en demeurait surpris, stupéfait, embarrassé : comment un adolescent de treize ans pouvait-il donc avoir ce cran, cette force, cette endurance ?
Et qu’on ne dise pas que, peut-être, on ait embellit le cadre de ce martyre prolongé : les témoins étaient là, qui purent voir et raconter ce qu’ils virent de leurs yeux.
Les autorités voulaient battre à mort Petrus, mais Petrus ne mourait pas ! Aussi finit-on par l’étrangler dans la prison-même.
Petrus mourut ainsi le 21 octobre 1839, un mois après son père.
Il est le plus jeune des Martyrs coréens, béatifiés en 1925 et canonisés en 1984.
La fête liturgique de ces Martyrs est au 20 septembre.
Genaro Fueyo Castañon
1864-1936
Genaro Fueyo Castañón naquit le 23 janvier 1864 à Linares (Congostinas del Puerto, Asturies, Espagne NW), de Ramón Fueyo Barros et Isabel Castañón Díaz, qui eurent six enfants ; l’un d’eux, Estanislao, fut cistercien ; Genaro fut prêtre.
Il entra en effet au séminaire à Oviedo et fut ordonné prêtre en 1887.
D’abord vicaire à Jomezana, il fut nommé curé à Congostinas, sa ville natale.
En 1899, il fut nommé curé à Nembra, où son zèle infatigable l’imposa à la reconnaissance unanime des habitants. Genaro était un pince-sans-rire plein d’humour, mais un pasteur toujours préoccupé du bien des paroissiens, qu’il allait aider de toutes les façons qu’il pouvait.
Il relança l’Adoration nocturne eucharistique, et y consacrait chaque mois une nuit entière. Il fut attentif aux jeunes qui ressentaient quelque vocation et en orienta plus d’une centaine à la vie religieuse. Il hébergea dans une salle de la paroissse les mineurs chrétiens réunis en syndicat, et ouvrit une école gratuite pour leurs enfants.
Lors des premières émeutes anarchiques de 1934, il n’échappa à la mort que grâce aux informations que lui apportèrent des paroissiennes : il eut le temps de se réfugier chez son frère Cesáreo.
Mais ce n’était qu’un sursis. En octobre 1936, il fut arrêté et mis dans la prison de Moreda. Le 21 octobre, on le conduisit dans son église, on l’y fit entrer avec grande violence, sauvagement malmené par des hommes qu’il avait lui-même baptisés et préparés à la Première communion. Il s’aperçut alors que, non loin de l’autel, deux mineurs de ses paroissiens étaient déjà en train de creuser des fosses, pour eux-mêmes et pour leur curé. Pour ces deux hommes, il y aura une notice à part.
Don Genaro demanda calmement à être le dernier abattu, pour pouvoir rester auprès des deux autres condamnés. Ceux-ci furent tués à coups de couteaux, et décapités, au point que don Genaro eut un bref malaise. S’étant repris, il dit à ceux qui allaient le tuer, qu’il s’étonnait beaucoup que ses propres paroissiens voulussent le mettre à mort, mais il demandait pardon à Dieu pour eux. Il reçut alors un coup de pistolet à la tempe.
Genaro Fueyo Castañon fut béatifié avec ses deux compagnons en 2016, et inscrit au Martyrologe le 21 octobre.
Estanislao García Obeso
1875-1936
Estanislao (Stanislas) naquit le 18 septembre 1875 à Requejo (Santander) et fut baptisé dès le lendemain.
En 1885, à dix ans, il commença l’étude du latin avec le curé de Salces, et quatre ans plus tard entra au séminaire de Madrid.
Après la philosophie, il tomba malade ; une fois remis, il poursuivit les études de théologie à Burgos, entre 1895 et 1898.
Ce fut un élève très doué et très brillant.
Ayant connu les Dominicains au sanctuaire de Notre-Dame de Montesclaros, proche de chez lui, il voulut y être agrégé et commença le noviciat en 1899, à Corias.
Il fit ensuite d’autres études à Salamanque pendant deux ans (1902-1904), durant lesquelles il fut ordonné prêtre (1903).
Il travailla successivement à Vergara (1903), Olivar (1904), Madrid (jusqu’en 1926), Atocha, de nouveau Madrid.
En 1914, il fonda dans le quartier Lavapiés des écoles gratuites pour enfants d’ouvriers, qu’il confia à des membres du Tiers-Ordre dominicain.
En 1927, il fut élu prieur à San Esteban de Salamanque, à Corias en 1930, à Oviedo en 1934, où il connut la «révolution d’octobre», enfin au sanctuaire qui lui avait suggéré sa vocation, Montesclaros, en 1935.
Au moment de la révolution de juillet 1936, la communauté se dispersa. Le curé de Los Carabeos le reçut, mais pour ne pas le compromettre, Estanislao alla se livrer aux miliciens.
Sans pitié, ils le mirent en prison, jusqu’en octobre.
Le 21 (ou le 22 ?) octobre 1936, ils le fusillèrent à Los Montes de Saja (Santander).
Le père Estanislao García Obeso fut béatifié en 2007.
Secundo Alonso González
1888-1936
Secundo Alonso González naquit le 13 mai 1888 à Cabo (Asturies, Espagne NW), cinquième des six enfants de Manuel Alonso et Isabel González, d’humbles paysans.
Trois de ces six enfants furent Religieux, dont deux prêtres dominicains en Indochine.
Le 21 octobre 1911, Secundo épousa María Lobo Alonso, qui mit au monde douze enfants, dont cinq moururent en bas âge, et deux devinrent prêtres.
Secundo dut aller travailler aux mines, pour nourrir tant de bouches, et complétait encore son petit salaire par des travaux de menuiserie.
En 1926, sa brave épouse mourut en couches (ainsi que la petite fille) et il se remaria avec María Suárez González.
Profondément croyant et engagé, il se trouva à la tête de l’Association Eucharistique nocturne, de la confraternité du Rosaire, du syndicat des mineurs chrétiens.
Quand éclata la guerre civile de juillet 1936, il refusa de se cacher, n’ayant rien à se reprocher. Mais c’était un «gros poisson» pour les anarchistes, qui l’arrêtèrent et le soumirent à de pénibles interrogatoires. Secundo ne répondit pas, mais subit les coups et les insultes.
Enfermé dans la salle de garde de l’Adoration nocturne, il y retrouva d’autres membres de l’association. Il les exhorta à prier le chapelet. Il fut encore maltraité et torturé.
A la fin de juillet, on les libéra tous, provisoirement, avec obligation de se présenter régulièrement. Le 11 août, on arrêta de nouveau Secundo, qui fut conduit en prison ; les moqueries, les insultes reprirent, mais lui priait encore plus intensément.
Le 20 octobre, lui et un autre collègue furent conduits à l’intérieur de l’église paroissiale, où on les obligea à creuser leur propre tombe. Survint également leur curé, don Genaro, qui allait partager leur sort.
Le 21 octobre, les deux ouvriers furent égorgés et décapités, et jetés dans ces fosses, ainsi que leur curé, qui reçut un coup de pistolet à la tempe.
Ce jour-là, Secundo «fêtait» les vingt-cinq années de son premier mariage.
Secundo Alonso González fut béatifié en 2016, et inscrit au Martyrologe le 21 octobre.
Isidro Fernández Cordero
1893-1936
Isidro Fernández Cordero naquit le 15 mai 1893 à Murias (Asturies, Espagne NW), troisième des cinq enfants de Buenaventura Fernández y Méndez et Florentina Cordero Suárez. Deux de ces enfants furent religieux dominicains.
En 1922, Isidro épousa Celsa García, qui mit au monde sept enfants, dont trois furent religieux.
Au début de leur mariage, les époux tinrent un petit commerce-bar, mais pour nourrir tant de bouches, Isidro dut aller travailler aux mines.
Très chrétien, Isidro était fidèle à la Messe, à l’association de l’Adoration nocturne (dont il était le trésorier). Des Chrétiens comme lui étaient inévitablement la cible des anarchistes.
De fait, dès le début de la révolution de juillet 1936, Isidro fut brusquement surpris chez lui à l’heure du diner, et non moins brusquement conduit au Comité Civil, où il fut accusé de «prier» et donc immédiatement mis en prison : il se trouva alors enfermé dans la salle de garde des Adorateurs, non loin de l’église.
On les libéra provisoirement, leur inculquant l’obligation de se présenter à chaque demande, sinon leurs familles auraient été menacées. Isidro se cacha dans une maisonnette de la montagne.
Aux premiers jours du mois d’août, sa sœur Jesusa vint le prévenir qu’il était convoqué au Comité, et qu’il devrait plutôt s’enfuir à León, la ville proche. Isidro répliqua qu’il n’avait rien à se reprocher, sinon d’être catholique, et qu’il ne voulait pas faire courir de risques à sa famille. Il alla se présenter - et fut arrêté.
Durant sa captivité, il priait le chapelet chaque jour et reçut des visites de son épouse et de ses enfants. Voici quelques-unes des paroles qu’il leur adressa et qu’ils ont fait connaître par la suite :
Je ne peux pas (fuir). De toutes façons, je suis un témoin de Jésus-Christ. Vous devez pardonner à tous, comme je leur pardonne. De tout cœur.
Dis (à ta mère) que nous ne nous verrons plus. Dis-lui aussi de ne pas pleurer, parce que nous sommes des martyrs ; ils nous persécutent et ils nous giflent, comme pour Jésus-Christ. Priez beaucoup pour nous. Nous nous reverrons au Ciel.
Le 20 octobre, lui et un autre collègue furent conduits à l’intérieur de l’église paroissiale, où on les obligea à creuser leur propre tombe. Survint également leur curé, don Genaro, qui allait partager leur sort.
Le 21 octobre, les deux ouvriers furent égorgés et décapités, et jetés dans ces fosses, ainsi que leur curé, qui reçut un coup de pistolet à la tempe.
Isidro Fernández Cordero fut béatifié en 2016, et inscrit au Martyrologe le 21 octobre.
A cette cérémonie de béatification, était présent le dernier fils vivant d’Isidro, Enrique, âgé de quatre-vingt cinq ans, né en 1931.
Laura Montoya Upegui
1874-1949
Laura Montoya Upegui naquit à Jericó, Antioquia (Colombie) le 26 mai 1874, et fut baptisée quatre heures après sa naissance, recevant le nom de María Laura de Jesús.
Son père s’appelait Juan de la Cruz Montoya, et sa mère Dolores Upegui.
En 1876, la Colombie était la proie d’un guerre fratricide, et le père de Laura fut assassiné en voulant défendre son pays et sa foi. La maman éleva ses trois enfants dans la plus grande pauvreté, car les biens de son mari avaient été confisqués. Mais elle enseigna à ses enfants à pardonner.
Laura grandit dans les difficultés. Elle fut visitée par l’Esprit Saint qui la conduisit dans l’amour de l’Ecriture Sainte, l’oraison et la contemplation. Elle pensait entrer plus tard chez les Carmélites.
Laura devint maîtresse d'école à l'âge de dix-neuf ans, bien qu'elle fût totalement autodidacte. Pour son temps, elle fut une érudite, une pédagogue hors du commun. Laura fut aussi écrivain, avec un style très pur, compréhensible et intéressant.
Sa profession de maîtresse d'école la conduisit au contact de nombreuses populations à Antioquia puis au collège de l'Immaculée à Medellin, où elle fut sous-directrice. A partir de 1904, elle se sentit bientôt appelée à réaliser "l'Oeuvre des Indios", un travail héroïque au service des autochtones des forêts d'Amérique.
Constatant que de nombreuses populations autochtones, loin des centres urbains, vivaient sans connaître Dieu, Laura décida ainsi d'apporter la lumière de l'Evangile aux habitants des forêts. Avec cinq compagnes et sa mère Dolores Upegui, elle forma le groupe des "Missionnaires catéchistes des Indios" qui, le 5 mai, quitta Medellin pour Dabeiba en s'ouvrant une route dans la forêt. Malgré l'incompréhension et le mépris de certains responsables civils et religieux de l'époque, elle accomplit son travail d'évangélisation dans la pauvreté et au contact de la culture autochtone.
En 1914, soutenue par Mgr Maximiliano Crespo, Evêque de Santa Fe de Antioquia, elle fonda une famille religieuse, les Missionnaires de Marie Immaculée et de Sainte Catherine de Sienne, une œuvre religieuse qui rompait avec les modèles traditionnels et qu'elle dirigea avec beaucoup d'énergie.
On connaît son parcours mystique par sa propre autobiographie, qu’elle a intitulée Histoire de la Miséricorde de Dieu dans une âme.
Après une vie de service, elle mourut à Medellin le 21 octobre 1949, son dies natalis au Martyrologe.
A sa mort, sa Congrégation comptait déjà quatre-vingt-dix maisons, dans trois pays, et quelques centaines de religieuses. Elles œuvrent à présent dans dix-neuf pays en Amérique, en Afrique et en Europe.
Laura Montoya Upegui a été béatifiée en 2004.