Ana Monteagudo Ponce de León
1602-1686
Ana naquit le 26 juillet 1602 (ou 1604) à Arequipa (Pérou), quatrième des huit enfants de Sebastián Monteagudo de la Jara, espagnol, et de Francisca Ponce de León. Elle porta le nom de la Sainte du jour : sainte Anne.
Il y a un doute sur l’année de cette naissance, car les archives de la paroisse brûlèrent dans un incendie en 1620.
On sait seulement que dès trois ans, Ana fut confiée aux Dominicaines, qui furent certainement à l’origine de sa vocation.
Quand elle eut environ quatorze ans, la famille voulut la reprendre à la maison, mais elle y continua son genre de vie acquis au monastère : quand elle avait terminé ses tâches domestiques, elle se retirait pour prier. Elle eut la vision de sainte Catherine de Sienne (voir au 29 avril), qui l’encouragea, de la part du Bon Dieu, à entrer chez les Dominicaines où, malgré bien des difficultés, il ne lui manquerait rien.
La famille en vint à organiser le mariage de la jeune fille, et la surveillait sans relâche. Mais un jour Ana profita de l’inattention des siens et sortit de la maison ; providentiellement, elle rencontra dans la rue un gentil garçon qui l’accompagna au monastère et qui vint ensuite prévenir les parents. Ce garçon, prénommé Domingo, était probablement saint Dominique lui-même (voir au 6 août).
La suite des événements dut être assez agitée : la famille s’en vint au monastère pour supplier Ana de revenir, lui promettant mille choses, et en venant enfin aux menaces et aux insultes. Non seulement, mais la Prieure elle-même conseillait à Ana d’écouter ses parents, tandis que les autres moniales étaient du côté d’Ana. Il y eut un compromis : Ana serait restée au couvent jusqu’à ce que les esprits fussent un peu calmés, et l’on verrait alors ce qui serait mieux pour la gloire de Dieu.
La brave Prieure, qui désirait se concilier la famille et éviter d’autres soucis, traita Ana avec la dernière sévérité, pour la contraindre à repartir chez elle. Mais Ana restait ferme dans sa décision : elle fut alors défendue par son frère, Stefano, qui réussit à calmer, puis convaincre la famille, et même la Prieure. Stefano eut les mots adaptés pour gagner la bataille : Ana resta au monastère, et la Prieure reconnut sa vocation authentique.
En 1606 donc, Ana put commencer le noviciat, prenant le nom de Ana de los Ángeles (Anne des Anges), qu’elle vécut en cherchant à appliquer rigoureusement la Règle de saint Dominique. Elle s’imposa des mortifications diverses, la prière, la méditation et le jeûne. A l’imitation de saint Nicola de Tolentino (voir au 10 septembre), elle s’habitua à prier pour les Ames du Purgatoire. Elle se disait grande pécheresse et suppliait les autres novices de la corriger.
Quand il fallut faire la profession, la famille s’obstina de nouveau, refusant de donner une «dot» au monastère, pour obliger Ana à rentrer dans le monde, mais son frère, l’abbé Stefano, intervint à son tour en offrant au monastère tout ce qui était requis pour sa sœur.
Désormais Ana rechercha véritablement la sainteté, d’abord dans une obéissance scrupuleuse, dans une rigoureuse pauvreté, récupérant les vieilles sandales et les vieux habits que ne portaient plus les autres Religieuses.
Elle se vit ainsi confier la sacristie, qu’elle administra avec la plus scrupuleuse attention, allant jusqu’à inviter les prêtres à plus de respect des choses saintes, leur proposant même une eau parfumée pour se laver les mains avant de célébrer.
Elle apprit alors que par son père elle était parente de saint Tomás de Villanueva (voir au 8 septembre), envers lequel elle eut désormais une grande dévotion.
Cette grande sainteté n’était pas vraiment contagieuse : le monastère était en réalité en grande décadence : il y vivait quelque trois cents personnes, entre Religieuses, novices, domestiques, élèves, et autres orphelines et veuves, tout un monde entremêlé où naissait plus d’un conflit, générant une ambiance malsaine pour les jeunes novices.
Or, on nomma justement Ana Maîtresse des Novices. L’évêque, visitant en 1647 le monastère, le trouva dans un état de telle misère spirituelle, qu’il demanda de faire élire Ana comme nouvelle Prieure. Elle voulait refuser, mais une voix intérieure lui inspira d’accepter. Ana imposa doucement le retour à la rigueur de la règle, entre autres le silence ! Beaucoup de Sœurs se rallièrent à ses conseils maternels, mais quelques-unes lui résistèrent obstinément, qu’elle supporta patiemment et à qui elle pardonna aussi généreusement.
Son plus grand ennemi fut le Démon lui-même, qui la maltraita même physiquement : un jour il la précipita dans la fosse où l’on préparait le ciment pour construire l’église, mais elle fut sauvée ce jour-là par les Ames du Purgatoire.
Au terme de son mandat de Maîtresse des Novices, Ana fut bien contente de «rentrer dans le rang» pour reprendre ses méditations silencieuses, particulièrement sur la passion du Christ. Ses dix dernières années de vie furent une longue série de souffrances, qu’elle offrait pour les Ames du Purgatoire.
C’est vers cette époque qu’un artiste peignit un portrait d’Ana, l’unique qu’on ait d’elle.
Le 10 janvier 1686, elle sembla «aller mieux», de sorte qu’il y eut moins d’attention pour la soigner, et c’est ce jour-là qu’elle mourut, dans une totale discrétion, sans déranger personne.
Ana des Anges fut béatifiée en 1985.
Le miracle retenu fut la guérison totale, inattendue et scientifiquement inexplicable d’une dame de Arequipa, atteinte d’un grave cancer de l’utérus et de tout l’abdomen : deux jours après l’invocation à Ana des Anges, il y eut une soudaine amélioration ; un mois après, la patiente reprenait toutes ses activités ; c’était en 1932, et la personne mourut en 1966.