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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 00:00

Ioann Kuntsevych

1580-1623

 

Ioann naquit vers 1580 à Volodymyr (Volhynian, Volvodeship, Pologne, actuelle Ukraine). A la suite des nombreux conflits qui eurent lieu dans cette région de Ruthénie, le nom de famille de Ioann sera orthographié tantôt en bélarus (Kuncevič), tantôt en polonais (Kuncewicz), tantôt en ukrainien (Kuntsevych).

Ses parents étaient de modestes commerçants, qui le firent baptiser dans le rite gréco-catholique local, dit uniate (voir plus bas).

Pour comprendre la vie et l’action de Ioann, il faut faire une petite description de la situation religieuse des Ruthènes au 16e siècle.

Les Ruthènes avaient été évangélisés par des Grecs, et après le schisme de Photius (10e s.) et de Michel Cérulaire (11e s.), s’étaient insensiblement éloignés de Rome pour se rapprocher de Byzance. Au 14e siècle, la Pologne annexa les Ruthènes. On créa des évêchés «latins» à côté des évêchés «grecs» (schismatiques), puis un synode ruthène tenu à Brest-Litovsk en 1595 décida la réunion de l’Eglise ruthène à Rome, mettant à égalité les deux rites latin et grec. Le gouvernement appuyait d’ailleurs cette réforme, qui permettait d’apaiser les esprit dans cette région «difficile».

Mais tous les orientaux ne se rangèrent pas dans les rangs catholiques, et une partie du clergé et de la population préférait rester dans le giron de Constantinople-Moscou.

Or nombre de Polonais voyaient mal cette fraction schismatique aux longs offices, aux prêtres ignorants, mariés. Du côté ruthène, on voyait mal le rapprochement avec Rome et l’éventualité du moindre changement liturgique dans le rite oriental.

Finalement, au lieu de deux, on eut trois Eglises en Ruthénie : la latine, la grecque-romaine, et la grecque orthodoxe. 

Ioann alla étudier à Vilnius (actuellement capitale de la Lituanie), où il rencontra les pères Jésuites. Pieux, ascète, Ioann prit franchement parti pour l’union avec l’Eglise romaine.

Il entra chez les pères basiliens au monastère de la Trinité de Vilnius, où il prit le nom de Jazafat (biélorus) ou Jozafat (polonais) ou Josafat (ukrainien).

Même cette vie monastique ne le satisfaisait pas. Il cherchait par lui-même la perfection, par la lecture assidue des livres liturgiques traditionnels, des textes sacrés, mais aussi dans la prière et la pénitence. Un groupe se forma autour de lui.

Ordonné prêtre en 1609, Josafat (ce sera le nom couramment utilisé) chercha à prêcher, à controverser, pour ramener les âmes à l’unité romaine. Il s’appliqua au ministère sacerdotal avec zèle, prêchant, confessant, tout en appliquant exactement la règle monastique. Il avait un talent particulier pour assister les condamnés à mort ; il visitait les malades pauvres, leur lavait les pieds, s’efforçait de venir en aide aux miséreux. Son succès fut tel qu’on le surnomma Duszochwat, ravisseur des âmes. Une de ses interventions fut de dénoncer l’archimandrite lui-même (ou supérieur) du monastère, qui était passé secrètement au schisme.

Il fut nommé higoumène, ou prieur, de la fondation basilienne à Byten (Novogrodek), en 1613, puis fut rappelé à Vilnius pour être lui-même archimandrite.

En 1617, Josafat fut nommé archevêque de Polock ; il en profita pour étendre son activité missionnaire. Il constatait que le clergé était très ignare, très loin de l’idéal sacerdotal. Il supplia ses prêtres de revenir à une condition digne du Christ. 

Il fit reconstruire la cathédrale Sainte-Sophie de Polock.

Malgré de gros progrès, il restait dans la société d’importants foyers d’opposition à l’archevêque uniate ou philo-romain, et comme le démon sait toujours diviser pour régner, on accusa l’archevêque de vouloir latiniser l’ensemble du rite uniate.

Or, du temps de Josafat, le patriarche (orthodoxe) de Constantinople décida d’ordonner des évêques orthodoxes pour la Ruthénie. Ce fut le départ d’une sourde agitation, puis d’une opposition ouverte contre l’évêque de Polock. La Pologne hésita, puis abandonna les Ruthènes. Josafat fut dans la ligne de mire des schismatiques.

Des partisans de ces derniers, entraînant derrière eux toute une foule de manifestants, vinrent envahir la demeure de l’évêque. Il se présenta de lui-même à la porte de sa chambre. On le frappa, on le foula aux pieds, on le tira dans la cour, tandis qu’il criait Oh, mon Dieu ! et on l’acheva d’un coup de mousquet ; et pour l’outrager, on dépeça un chien sur son corps. Puis on le jeta, nu, dans le fleuve, son cilice attaché au cou et rempli de pierres.

Il mourut en martyr de la foi le 12 novembre 1623.

Peu après, le gouvernement polonais se ravisa et protégea les Ruthènes ; un procès condamna à mort une centaine de participants à l’assassinat de l’Archevêque ; beaucoup d’orthodoxes passèrent au catholicisme.

Josafat Kuntsevych a été béatifié en 1643, et canonisé en 1867. Il est aussi inscrit au calendrier universel de l’Eglise.

On peut voir son corps, momifié, revêtu des ornements sacrés du rite oriental, en la basilique Saint-Pierre à Rome.

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 00:00

Isidre Tarsá Giribets

1866-1936

 

Il vit le jour le 3 février 1866 à Fontanet (Lleida, Espagne) et fut baptisé le 4.

Vingt ans après, il entra en 1886 chez les Frère Carmes de l’Enseignement, où il professa en 1888, avec le nom de Isidre José Miguel.

Il fut destiné au collège de Vendrell, dont il devint directeur en 1894. Il y avait dans cette localité des ouvriers désireux d’acquérir plus de connaissances, mais qui ne pouvaient pas assister aux cours pendant la journée : pour eux, le Frère Isidre obtint d’ouvrir un cours du soir gratuit.

En 1895, il devint directeur à Tarragona, et même Supérieur de la congrégation, sans délaisser son travail d’enseignant.

Lorsque la révolution éclata en juillet 1936, il fut arrêté le 25 avec d’autres Religieux et incarcéré aux Pilatos, le siège des miliciens ; de là, on le fit passer avec les autres au bateau-prison Río Segre, où il resta jusqu’au 11 novembre, priant avec les Confrères et redonnant du courage aux autres prisonniers.

Ce jour-là, le commandant descendit à la recherche de tous les prêtres et, en général, à tous ceux qui portaient la tonsure (à cette époque, tous les clercs portaient ce signe très visible sur la tête, en signe de consécration à Dieu). Or, le Frère Isidre ne faisait pas partie de la liste ; un ou deux jours de plus ou de moins ne changeaient pas beaucoup au sort des Religieux, aussi les Frères se confessèrent et se présentèrent au commandant, qui les fit immédiatement passer dans le groupe des appelés.

Ils priaient le psaume 50 (Miserere), tandis qu’on les conduisait au cimetière de Torredembarra. Au moment de leur exécution, ils proclamaient encore Vive le Christ Roi.

Ils furent béatifiés en 2013.

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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 00:00

Isabelino Carmona Fernández

1908-1936

 

Né à Pajares de Laguna (Salamanque) le 16 septembre 1908, il fut baptisé le 24 suivant et confirmé en 1911, comme c’était la coutume. 

Il étudia à l’école dominicaine de Corias (Asturies), puis à Las Caldas de Besaya (Santander).

Entré à son tour dans l’Ordre dominicain, il fit la profession en 1925 à Corias et les études de philosophie ; la théologie se fit à Salamanque, où Isabelino fut co-fondateur de la maison Francisco de Vitoria, et il fut ordonné prêtre en 1932.

Il fut envoyé au couvent de Atocha (Madrid), comme directeur des jeunes de l’Action Catholique qui furent plus de cent grâce à son impulsion, instruits et conduits magistralement par ce jeune prêtre.

Le 20 juillet, le couvent fut pris d’assaut et le père Isabelino fut conduit avec les Confrères au poste de Abtao, puis à la Direction Générale de Sécurité, enfin à la prison Modelo de Madrid. Il était minuit.

Là ils se retrouvèrent avec les autres Dominicains du couvent de l’Olivar (voir les notices de Juan Mendibelzúa et Vicente Rodríguez), avec lesquels ils se confortèrent réciproquement. En particulier ils purent, malgré les conditions pénibles de la prison, célébrer assez dignement la fête de saint Dominique, leur Fondateur, qu’on célébrait à l’époque le 4 août.

Le jour du martyre arriva : on fit sortir les prisonniers pour les conduire, sans ménagement, à Paracuellos del Jarama (environs de Madrid), pour les fusiller.

C’était le matin du 7 novembre 1936. Isabelino avait vint-huit ans d’âge, et quatre de sacerdoce.

Le père Isabelino fut béatifié avec ses Compagnons en 2007.

 
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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 23:00

 

Iulianus Nakaura Jingorō

1567-1633

 

La répression anti-chrétienne avait été déclanchée par les shoguns Tokugawa, les maîtres du Japon de l’époque.

En 1587, le shogun Hideyoshi, gouverneur militaire de Nagasaki, ordonne aux missionnaires étrangers de quitter le Japon.

Dix ans plus tard commence la persécution ouverte contre les quelque trois cent mille catholiques présents au Japon, qui avaient reçu la foi des Jésuites (avec saint François Xavier), puis des Franciscains.

En 1614, un nouvel édit fait fermer les églises catholiques et assigner à résidence à Nagasaki tous les prêtres encore présents.

Beaucoup de ces martyrs, parmi lesquels des laïcs et des enfants, furent empalés et brûlés à petit feu. D’autres sont morts cloués sur la croix ou découpés en morceaux.

Il y eut aussi des apostasies.

Malgré tous les efforts des autorités, le christianisme continua dans la clandestinité pendant deux siècles, quand un régime plus libéral autorisa à nouveau la présence de chrétiens au Japon.

Iulianus Nakaura était prêtre et jésuite. 

Il était né en 1567 (ou 1568) à Nakaura (Saikai, Nagasaki).

En 1580, il entre au séminaire de Arima.

En 1582, à quinze ans, il fait partie d’une délégation chrétienne japonaise qui doit être présentée à Lisbonne, à Madrid, à Rome et dans maintes villes d’Italie et d’Europe ; le voyage durera jusqu’en 1590. Avant d’arriver à Rome, Julien tomba gravement malade, et le pape (Grégoire XIII) s’en montra tellement inquiet qu’il en demanda des nouvelles plusieurs fois ; il le reçut personnellement quand il fut rétabli. 

Grégoire XIII, très âgé, mourut peu après (1585) et c’est Sixte V qui lui succéda : toute la délégation japonaise était présente tant aux funérailles du premier qu’au couronnement du second. 

Julien fit son noviciat de retour au Japon ; il fait ses premiers vœux en 1593, et va étudier à Macao. En 1604 il revient au Japon, et reçoit le sous-diaconat (1606), le diaconat (1607) et la prêtrise (1608). Il exerce son apostolat à Kyoto, à Hakata.  

En 1614, il continue de prêcher l’Evangile, contre l’interdiction des autorités civiles.

En 1615, l’année du «Grand Martyre», il vient à Kuchinotsu où il restera pendant dix ans.

En 1621, il prononce ses vœux définitifs, à Kazusa.

En 1626 il se déplace à Kokura, où il sera arrêté à la fin de 1632, et de là conduit à Nagasaki.

L’unique document de sa main qu’on possède, relate son grand désir de mourir martyr pour le Christ ; il l’a écrit durant sa permanence à Kuchinotsu.

Une fois mis en prison, il fut torturé pendant dix mois pour qu’il reniât sa foi, mais il resta fidèle.

Il fut martyrisé le 21 octobre 1633 à Nishizaka (Nagasaki). Or cette même année était imaginé un nouveau genre de supplice, qui fut celui du père Julianus, le «supplice de la fosse» : le condamné est suspendu par les jambes au-dessus d’une fosse remplie d’immondices jusqu’à mi-corps, la tête en bas et les pieds fixés à une barre en haut. Pour empêcher la mort trop rapide à cause de l’arrêt de la circulation, les bourreaux incisaient les tempes de la victime.

Le père Iulianus Nakaura fait partie des cent quatre-vingt-huit martyrs japonais béatifiés en 2008. 

Le martyrologe le mentionne le 21 octobre.

 
 
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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 23:36

Isaac Jogues

1607-1646

 

Isaac naquit le 10 janvier 1607 à Orléans (Loiret), cinquième des neuf enfants de Laurent et Françoise de Saint-Mesmin, d’importants marchands. Son père était veuf après un bref premier mariage, dont étaient nées deux filles, et s’était remarié : naquirent ainsi les six garçons et une dernière fille.

Isaac reçut son éducation à la maison, ainsi que sa piété. Son caractère vif lui méritait quelque fois des sanctions «vigoureuses», mais le garçon pleinement repenti et humblement docile savait baiser la main et la verge qui le punissaient. C’était un excellent sportif.

En 1617, il entra au nouveau collège des Jésuites d’Orléans, où il apprit à tourner des vers aussi bien en français qu’en latin. Son père mourut avant la fin de ses études.

On venait de canoniser le Jésuite François-Xavier (v. 3 décembre), et Isaac annonça tout de go à sa mère qu’il voulait entrer chez les Jésuites.

Il entra au noviciat de Rouen en 1624, fit les vœux en 1626 et la philosophie à La Flèche.

En 1630, il fut chargé d’une classe de cinquième à Rouen, et partit à Paris pour la théologie, au Collège de Clermont.

Le Canada ayant été repris au Anglais ces années-là, son évangélisation en fut confiée aux Jésuites. Isaac fut donc ordonné prêtre début 1636, pour pouvoir embarquer durant le printemps. Il célébra sa première Messe à Orléans. Le départ eut lieu le 6 avril, on arriva au Canada le 2 juin.

Dès le 21 juillet 1636, il fut envoyé à Trois-Rivières, chez les Algonquins. Arrivèrent des Hurons pour vendre leurs fourrures, et qui demandèrent une robe-noire (la couleur de la soutane des prêtres) ; Isaac les suivit, avec un jeune Français de onze ans, pour y apprendre la langue.

Le père Isaac reçut le nom huron de Ondessonk (oiseau de proie, peut-être à cause de son profil, de son nez particulièrement). A l’arrivée, il fut accueilli par le père Jean de Brébeuf (v. 16 mars) qui, lui, s’appelait Echon (mon cousin).

L’accoutumance aux usages hurons fut évidemment pénible, dans une tribu où tout était si sale, mais le plus dur fut l’apprentissage de la langue. On s’en rendra compte si l’on comprend que le seul Signe de la Croix dut être ainsi traduit : Au nom de notre Père, de son Fils et de leur Esprit-Saint. Isaac réussit à parler assez bien au bout d’une année.

Le plus dangereux était qu’à la moindre alerte, ou épidémie, ou sécheresse, les sorciers accusaient les Robes-Noires, sur la tête desquelles pendait constamment une épée de Damoclès.

Quelques baptêmes furent administrés à la Noël 1638 ; en 1641, il n’y en avait qu’une soixantaine. Des conversions et des baptêmes s’ajoutèrent. Le père Jogues en était heureux, mais presque inquiet, lui qui avait désiré le martyre. Or, il entendit un jour une voix lui dire : Ta prière est exaucée. Qu’il soit fait selon ta demande : prends courage, sois vaillant ! L’épreuve allait commencer pour de bon.

Ce qui est remarquable dans toute la période qui va suivre, ce sont les multiples occasions où le père Jogues se trouva comme devant la mort, devant le martyre, qui cependant s’écartèrent de lui mystérieusement à chaque fois. 

L’été 1643, le père Jogues fut envoyé à Québec, à un moment où les Hurons et les Iroquois étaient en guerre. Il en revint avec un nouveau venu laïc, René Goupil. Sur le chemin du retour, ils furent attaqués par des Iroquois, de la tribu des Mohawks, les plus féroces, et armés par les Hollandais protestants. Le père Jogues put se cacher dans les roseaux, mais alla se livrer aux Iroquois pour rester avec ses amis, Hurons ou Français, faits prisonniers. Il baptisa quelques catéchumènes. En cette occasion, il fut copieusement rossé, on lui arracha des ongles avec les dents, puis des phalanges. Evanoui, Isaac fut réveillé par des brûlures aux bras et aux cuisses ; on lui grilla un doigt ; un de ses amis, huron, eut les pouces coupés et un poinçon de bois enfoncé jusqu’au coude.

A la halte suivante, autres barbaries ; on arracha au père Jogues les deux derniers ongles qui lui restaient. On obligea une chrétienne algonquine à tailler le pouce gauche du père ; les Iroquois cautérisèrent ses plaies avec des tisons, ainsi qu’à Goupil. Puis on les lia dans des huttes, où les enfants s’amusaient à leur jeter des charbons rouges, et tout cela pendant trois jours, du 14 au 17 août, quand l’Eglise fête l’Assomption de Marie.

Le 21, les Iroquois annoncèrent d’abord aux prisonniers qu’ils mourraient sur le bûcher ; mais seuls trois furent immolés, les Hurons ; les autres furent retenus prisonniers, par crainte des représailles de la part des Français.

L’esclavage fut cependant une honte pour les Iroquois eux-mêmes, car les malheureux prisonniers ne pouvaient pas même se servir de leurs mains pour manger.

Finalement, les Iroquois se divisèrent sur le sort à leur donner. Goupil, qui avait osé montrer à un enfant comment faire le Signe de Croix, fut traitreusement abattu, le 29 septembre 1643.

Le père Jogues se trouvait bien seul. Il eut une vision qui lui faisait comprendre que son martyre devait encore être préparé. Il eut des moments de grand désarroi, mais une voix intérieure le réconforta.

L’hiver suivant, on rappela le père Jogues (Ondessonk) à l’autre campement iroquois, Ossernenon, pour y être utile, entre autres à soigner un vieillard couvert d’ulcères, celui-là même qui avait battu le père et lui avait arraché deux ongles. Jogues le soigna comme son père ; sa bonté finit par avoir raison de la méchanceté des Iroquois : on l’admit à des réunions, on le fit parler, il expliqua ce qu’il savait du soleil, de la lune, des étoiles, et peu à peu aussi du Créateur. Il put donner le baptême à des mourants, à des malades, à quelques adultes.

Au printemps 1643, Ondessonk échappa encore une fois à une mort violente, programmée pour le Vendredi Saint. Puis une autre tractation faillit bien tourner au drame, car le père Jogues fut quasi assommé à terre, et ne se remit que par l’intervention de la fille de son «propriétaire».

Cette dernière l’emmena avec elle quand elle alla troquer ses fourrures aux Hollandais. Ces derniers tentèrent une fois de plus de racheter le prêtre. Jogues profita de cette halte pour écrire des lettres, comme il put, avec ses restes de doigts, pour avertir les autres Pères Jésuites. On le croyait déjà mort depuis longtemps !

En juillet 1643, il eut la possibilité de rejoindre un bateau hollandais, de gagner l’île de Manhattan (l’actuelle New-York) et de passer en Europe : en Angleterre (où les Jésuites étaient persécutés) puis en France, où il accosta, le 24 décembre, à Saint-Pol-de-Léon. Le 4 janvier 1644, il se présenta au collège des Jésuites et se fit reconnaître, non sans émotion !

Les Supérieurs le contraignirent à aller d’abord à Orléans, revoir sa chère maman. Il fut ensuite reçu par la reine Anne d’Autriche et Mazarin et obtint l’envoi d’une nouvelle garnison de soldats pour protéger les Français au Canada.

Puis il obtint une dispense, car à l’époque, ses mains mutilées ne lui permettaient pas de célébrer. La dispense arriva sans difficulté et le père put célébrer. Il repartit à Orléans et put donner la communion à sa chère mère - pour la dernière fois…

En avril 1644, le père Jogues gagna La Rochelle et rejoignit le Canada. Là, il fit office d’ambassadeur pour aller au-devant des Iroquois, toujours en guerre, pour les convaincre de faire la paix. Un accord officiel se fit en septembre 1645, complété solennellement en juin 1646. 

Mais les Iroquois n’étaient pas unanimes : certaines tribus restaient belliqueuses. Jogues chercha à désolidariser les tribus, de sorte que les pacifiques n’auraient pas appuyé les belliqueuses. Il repartit en ambassadeur, accompagné cette fois-ci d’un jeune homme, Jean de la Lande, mais les Iroquois ne tinrent pas parole.

Partis en septembre 1646, Isaac et Jean furent pris dans une ambuscade, tendue par des Iroquois révoltés contre les Robes-Noires, rendues responsables d’une nouvelle épidémie.

Le 17 octobre, on leur annonça qu’ils mourraient le lendemain. Certains cependant les assuraient qu’ils les protégeraient. Le 18 au matin, il semblait que la situation s’était calmée ; les prisonniers demeuraient seulement des otages. Le soir, le père Jogues fut traitreusement invité au souper dans une des cases du village : à peine entré, il reçut deux coups de tomahawk et tomba mort. On le scalpa, on lui trancha la tête, qui fut exposée sur une pique de la palissade.

Le jeune Jean de la Lande voulut, la nuit suivante, retrouver et enterrer décemment le corps du prêtre : il fut immédiatement abattu et traité comme le prêtre.

La nouvelle de la mort des deux Martyrs ne parvint aux Jésuites qu’au printemps suivant, par un Huron échappé des Iroquois, puis par l’assassin lui-même, qui reconnut son crime, se convertit et reçut le baptême avant de mourir. 

Quelques temps après, les Iroquois furent définitivement vaincus, et se convertirent plus facilement. Une de leurs fleurs fut Kateri Tekakwitha, maintenant canonisée (v. 17 avril).

Les deux Martyrs, Isaac Jogues et Jean de la Lande, furent béatifiés en 1925, avec leurs amis Antoine Daniel, Jean de Brébeuf, Gabriel Lallemant, Charles Garnier, Noël Chabanel, René Goupil, par l’intercession desquels furent guéris ensemble huit malades d’un hôpital américain, ce qui aboutit à leur canonisation en 1930.

Ces huit Martyrs sont commémorés et fêtés au 19 octobre, le 18 (jour de la mort de Isaac Jogues) étant la fête de l’évangéliste saint Luc.

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16 octobre 2014 4 16 /10 /octobre /2014 23:00

Ignatius d’Antioche

† 107

 

Ignatius ou Egnatius était né en Syrie, vers 50 selon certains (voir la note plus bas).

Ses Lettres sont signées Ignatius, qui et Theophorus, «porté par Dieu».

Il fut peut-être baptisé «tardivement», déjà adulte. Humble de sa personne, se traitant même d’avorton, il fut élevé à l’épiscopat pour Antioche de Syrie, à la suite de saint Evodius.

Il fut une des victimes d’Antioche (ou la seule ?) de la persécution de Trajan. Condamné à être conduit d’Antioche à Rome pour y être livré aux bêtes, il écrivit en voyage des lettres aux différentes communautés qu’ll traversait, et qui nous donnent de précieux renseignements sur ses derniers mois de vie.

Son voyage se fit par terre et par mer, de jour comme de nuit, surveillé par dix soldats qu’il nomme des léopards, de sorte que son «combat contre les bêtes» débuta dès Antioche.

Au cours du voyage, devaient s’ajouter ici et là d’autres prisonniers, condamnés eux aussi aux bêtes à Rome.

A Smyrne, Ignatius put s’entretenir longuement avec l’illustre Polycarpe (voir au 23 février). C’est de Smyrne qu’il écrivit aux communautés d’Ephèse, de Magnésie, de Tralles. Aux Ephésiens il recommande aux prêtres d’être unis à leur évêque comme les cordes à la lyre.

Il écrivit aussi aux Chrétiens de Rome, avant même de les rejoindre, craignant que ceux-ci, poussés par trop de vénération, pussent intervenir et obtenir sa libération : Laissez-moi devenir la pâture des bêtes… Caressez plutôt ces bêtes pour qu’elles soient mon tombeau et que mes funérailles ne soient à la charge de personne… Mon martyre sera la preuve de votre bienveillance… 

On arriva enfin à Durazzo, sur l’Adriatique, puis Pouzoles : Ignace aurait beaucoup désiré descendre à terre, et refaire le voyage à pied, sur les traces de saint Paul (cf. Ac 28:13). Les vents poussèrent le bateau jusqu’à l’embouchure du Tibre. Ignatius était très heureux d’approcher ainsi de Rome : des foules de Chrétiens l’attendaient déjà sur son chemin.

Le martyre eut lieu sans tarder. Ignatius fut déchiqueté par deux lions, qui ne laissèrent à terre que quelques gros ossements du Martyr : on put les recueillir précieusement.

Ce martyre eut lieu, assez vraisemblablement, le 17 octobre 107, d’après un martyrologe syriaque ancien, et qui semble le plus authentique. C’est le jour où le mentionne l’actuel Martyrologe et où l’on fête saint Ignace d’Antioche.

 

Note. Ceux qui auront l’occasion de lire les Visions d’Anna-Katharina Emmerick, cette Religieuse stigmatisée et totalement ignorante (voir au 9 février), trouveront ces lignes (qui n’ont pas, rappelons-le, valeur de parole inspirée) :

La femme d’un riche marchand se tenait sous la porte d’une maison, avec son enfant âgé de quatre ans. Cette femme baissa son voile et s’avança avec son petit garçon ; elle le remit au Sauveur, puis se retira. Le Seigneur embrassa l’enfant, le plaça au milieu de ses disciples et, comme d’autres enrfants étaient venus l’entourer, il dit : «Si vous ne devenez comme ces petits, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux» (etc. cf. Mt 18:1-4).

…Le Seigneur bénit le petit garçon, qui était charmant, puis l’embrassa, lui donna des fruits et une petite robe et, ayant fait appeler la mère, le lui rendit, en lui adressant quelques paroles prophétiques sur la destinée de ce cher petit. Elles ne furent comprises que plus tard. Il devint disciple des apôtres, puis évêque et martyr : on lui avait donné le nom d’Ignace.

Cet épisode expliquerait très bien qu’Ignace eut le surnom de Théophore, «porté par Dieu», car Jésus lui-même dut un moment le mettre sur ses genoux tandis qu’il parlait aux Apôtres.

Si l’enfant avait quatre ans à ce moment-là, il a pu naître vers 24, et aurait été martyrisé à quatre-vingts ans passés.

Le nom d’Ignace, un des plus célèbres et premiers Pères de l’Eglise, est mentionné dans la prière du Nobis quoque, peccatoribus du Canon romain de la Messe.

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 23:00

Isidro Serrano Fabon

1901-1936

 

Isidro naquit à La Cañada de Verich (Teruel, Espagne) le 5 août 1901.

En 1915, il entra au collège des Frères Maristes de Vic, où il reçut l’habit et prit le nom de Martiniano.

Il professa en 1918, et fit les vœux solennels en 1923.

Il fut envoyé enseigner à Barcelone, Girona, Lleida, Murcia, Cartagena, Valencia.

En juillet 1936, il quitta la maison de Valencia pour rejoindre celle de Barcelone.

Le Frère fut du nombre de ces quarante-six Frères Maristes qu’on trompa, feignant de les embarquer à destination de la France, et qu’on assassina le 8 octobre 1936.

Il fut béatifié en 2007.

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 23:14

Isidore De Loor

1881-1916

 

Isidore vit le jour le 18 avril 1881 à Vrasene (Saint-Nicolas, Belgique), dans une famille flamande de trois enfants. 

Il se trouve qu'un saint Isidore, martyr à Cordoue, est fêté le 17 avril ; coïncidence ? 

Isidore fréquenta l’école du village jusqu’à douze ans et travailla dans la ferme de son père. Il se montra particulièrement intéressé aux techniques modernes d’élevage.

C’était un garçon pieux ; sa vocation mûrissait dans son cœur. Parvenu à vingt-six ans, il voulut délibérément embrasser l’état religieux. Conseillé par un prêtre rédemptoriste, il demanda son admission chez les Passionnistes.

Il fut reçu au noviciat de Ere (Tournai) en 1907, y prit l’habit et le nom de Isidore de Saint-Joseph.

En 1908, il fit la profession comme Frère convers ; déjà le maître des novices, qui était très exigeant, voire même sévère, reconnaissait que Isidore était un modèle.

Isidore montra une bienveillance toute maternelle pour les Confrères, dans tous ses emplois : cuisinier, jardinier, portier.

Il était tellement oublieux de soi-même, tellement attaché à faire ce qu’on lui demandait, qu’on l’appela le Frère de la volonté de Dieu. Rien de le rebutait, malgré les épines qu’il reçevait parfois ; toute action même pénible lui donnait l’occasion de s’offrir et de s’unir à la Croix.

En 1911, une gangrène, qui évolua en cancer, obligea à lui retirer l’œil droit. Les douleurs allèrent en s’amplifiant. En 1916, le cancer fut généralisé.

Le 6 octobre 1916, dans le couvent de Courtrai, assis sur une chaise, la tête dans les mains, accablé de douleurs, il murmurait doucement les invocations qu’on répétait près de lui et s’éteignit, à l’âge de trente-cinq ans.

D’abondantes grâces ont été obtenues sur son tombeau à Courtrai.

Il fut béatifié en 1984.

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 23:00

 

Ioannes Sakurai

?-1619

 

Voir aussi la notice : Japonais martyrs 1603-1639

Ce laïc chrétien naquit à une date indéterminée à Bungo (Ōita, Japon).

Il fut martyrisé pour le Christ à Kyōto, le 6 octobre 1619.

Il a été béatifié parmi cent quatre-vingt-huit Martyrs japonais, en 2008.

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 23:00

 

Ioannes Kyūsaku

?-1619

 

Voir aussi la notice : Japonais martyrs 1603-1639

Ce laïc marié naquit à une date non précisée à Kyōto (Japon).

Il fut martyrisé pour sa foi avec son épouse Magdalena et leur fille Regina le 6 octobre 1619.

Il a été béatifié parmi cent quatre-vingt-huit Martyrs japonais, en 2008.

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