Mariano García Méndez
1891-1936
Né à San Esteban de los Patos (Ávila, Espagne) le 25 septembre 1891, de Mariano et Emérita, Mariano était l’aîné de quinze enfants. Il s’appela couramment Marianito, le petit Mariano.
Le papa, en fin de journée, organisait le chapelet et les neuvaines de prière, car il n’y avait pas de prêtre dans ce petit village.
A dix ans, Marianito exprima son désir d’être prêtre. Un curé des environs lui donna les premiers enseignements nécessaires avant de l’envoyer au séminaire d’Ávila, d’abord comme externe ; excellent élève et compagnon, il y étudia la philosophie et la théologie.
On retint de lui qu’il était très joyeux, qu’il savait s’amuser avec ses camarades sans jamais blesser l’harmonie entre eux.
Il pensa un moment entrer chez les Dominicains, à Ávila, mais sa mauvaise santé l’empêcha d’y rester.
Ordonné prêtre en 1916, il exerça le saint ministère en différents villages, laissant derrière lui la réputation d’un véritable homme de Dieu, malgré sa faible constitution. Ses paroisses furent d’abord Hernansancho, Villanueva de Gómez, San Juan de la Encinilla.
Dès sa première paroisse, Marianito se montra discret, mais actif pour amener ses paroissiens à une vie plus intérieure, à une foi plus convaincue, à la pratique de la confession, à l’élimination du blasphème.
Il y eut un jour une vilaine bagarre à Hernansancho, où un déséquilibré laissa à terre plusieurs blessés, que don Mariano alla soigner, malgré les tirs qui continuaient. Même l’assassin raconta à un ami qu’il n’avait pas pu tirer sur le curé parce que c’est un Saint.
Comme il ressentait en lui l’appel à un état de vie plus haut, il passa au diocèse de Vitoria, fut aumônier des Frères des Ecoles Chrétiennes de Nanclares de Oca et essaya la vie des Carmes Déchaux. Ce fut un nouvel échec, à cause de sa santé.
Revenu au diocèse d’Ávila, il eut les postes de Santo Tomé de Zabarcos et Sotillo de las Palomas, où il resta peu longtemps, mais suffisamment pour y laisser du bon grain. Dès qu’il avait un moment de libre, il se recueillait près du Saint Sacrement.
Il rencontra à Madrid le père Guillermo Zicke, supérieur provincial des Prêtres du Cœur de Jésus (ou Réparateurs ou encore dehoniani, fondés par le père Dehon). Cet idéal plut au père Mariano, qui y prit le nom de Juan María de la Croix, unissant ainsi ses deux grandes figures préférées : la Vierge Marie et Jean de la Croix, qui était né à Ávila.
Il fit le postulat à Puente la Reina (d’où il tenta encore une autre expérience, négative, chez les Trappistes).
Après le noviciat, il fut un an au collège de Novelda (Alicante), comme professeur de religion.
Il fit sa profession religieuse en la solennité du Christ-Roi de 1926, qui se célébrait alors au dernier dimanche d’octobre, et vécut désormais l’idéal de victime, en union avec le sacrifice du Sacré-Cœur.
D’une vie intérieure très profonde, Mariano aimait particulièrement les Saints martyrs. Quand il put faire un pèlerinage à Rome, il n’arrivait pas à se détacher des catacombes où se trouvaient tant de corps de Martyrs.
Le père Guillermo pensa que Mariano (Juan María) était tout-à-fait apte à parcourir les routes de Navarre et du Pays Basque pour y trouver des amis qui soutiendraient le séminaire des jeunes, qui n’avait pas une situation économique excellente. Juan María obéit et rencontra beaucoup de gens, de prêtres et de religieux, qui furent conquis par la sainteté de ce prêtre. Il suscita maintes vocations.
Durant les réunions, il eut l’occasion de résoudre des cas de morale ou de dogmatique en se référant aux Pères, qu’il connaissait par-cœur. Il n’était pas bon professeur pour maintenir la discipline, mais il savait intéresser les élèves par les mille histoires qu’il leur racontait.
Au début de juillet 1936, Juan arriva au sanctuaire de Garaballa, récemment occupé par les Pères Réparateurs pour leur noviciat et comme lieu de repos. Juan devait s’y refaire une santé.
En fait de repos, Juan y développa tout son zèle pour continuer son apostolat, remplaçant ici un prêtre qui s’était caché, invitant là un paysan à ne pas blasphémer…
Vu les circonstances, le supérieur de Garaballa invita tous les Religieux à quitter immédiatement le sanctuaire et à se disperser en différentes directions. C’est ainsi que Juan prit la route de Valencia, pensant y passer inaperçu, puisqu’il n’y connaissait personne. Il se mit une grande cape, qui lui valut en prison le surnom de Padre Chaquetón (Père Grande Cape).
Or, à Valencia précisément, un quart des prêtres furent assassinés. En réalité, c’était l’endroit le plus dangereux. Et le père Juan ne se gêna pas pour protester devant l’incendie de l’église des Saints Jean. Il répétait : Quelle horreur ! Quel crime ! Quel sacrilège ! On lui demanda : Tu es un «carca» (synonyme de «membre de droite»). Et il répondit : Je suis un prêtre. Il se retrouva ainsi arrêté et mis en prison, fin juillet.
Il se trouvait, comme il l’écrivit, dans la cellule 476, quatrième galerie, très tranquille, tout disposé à accepter la volonté de Dieu.
On retrouva plus tard un petit carnet où il s’était écrit son horaire de la journée en prison, de cinq heures du matin à neuf heures du soir. Il se fit même un Chemin de Croix sur le mur, qui lui coûta la cellule d’isolement.
Sans se soucier du risque qu’il courait, il priait chaque jour le chapelet ou ses propres prières à haute voix. Quelqu’un dit : Un beau jour, ils vont l’abattre comme un moineau.
Ce jour arriva le 23 août 1936, aux environs de Valencia.
Mariano - Juan María de la Croix - fut béatifié en 2001.