Rajmund Maksymilian Kolbe
1894-1941
Rajmund Kolbe naquit et fut baptisé le 7 (ou le 8 ?) janvier 1894 à Zdunska-Wola près de Lodz en Pologne. Signe providentiel : la titulaire de la paroisse est Marie en son Assomption. Il a un grand frère, Franciszek, et un plus jeune, Józef. Les parents sont Juliusz et Marianna Dabrowska.
La famille se déplace à Lodz, puis Pabianice pour trouver du travail. Là Rajmund fréquente l’école primaire. Ce n’est pas un mauvais garçon, mais il est désordonné, instable, polisson. Sa mère un jour lui lance : Mon pauvre Rajmund, qu’est-ce que je vais faire de toi ?
Déjà frappé en son cœur par cette tristesse maternelle, il a peu après une vision de la Sainte Vierge : celle-ci lui propose de choisir entre deux couronnes : une blanche pour la chasteté et une rouge pour le martyre. Raymund les prit les deux. Mais surtout, son comportement changea complètement, au point que sa mère s’en aperçut et qu’il lui confia son “secret”.
En 1907, il entre au séminaire des Frères Mineurs Conventuels de Leopoli. D’ailleurs ses deux frères le suivront aussi. Sa vocation sacerdotale mûrit.
Un moment, il pense quitter cette voie, avec son grand frère, pour s’engager dans une milice de libération de la Pologne. Mais grâce à l’exemple de ses parents qui veulent se donner entièrement au service de Dieu, Raymund comprend son erreur : il avait été tenté. Il se reprend et commence son noviciat chez les mêmes Frères Mineurs en 1910, avec le nom de Maksymilian et émet les premiers vœux en 1911.
Envoyé à Rome au Collège Séraphique pour y parfaire ses études, il fréquente l’Université Pontificale Grégorienne. Il fait la profession solennelle en 1914 sous le nom de Maksymilian Maria, prends les grades de doctorat en philosophie (1915) et en théologie (1919). Il a aussi des intuitions scientifiques : il publie un essaie sur un engin interplanétaire, l’Eteroplan.
En 1917 on célébrait à Rome deux grand anniversaires : quatre siècles que Luther avait publié sa déclaration, et deux siècles que la Franc-Maçonnerie existait. Un juif devenu Grand Maître de la Maçonnerie, organisa une sorte de procession diabolique où Lucifer piétinait l’Archange saint Michel, tandis qu’on faisait crier à la foule : “Le diable va renverser le Vatican et le Pape sera son esclave”.
Maksymilian voulait réagir. Rempli de zèle pour rénover toute chose dans le Christ par l’Immaculée Vierge Marie, Maksymilian fonda la Milice de l’Immaculée en 1917, invitant ses propres Confrères à s’associer à son effort de diffusion par le don total de soi à l’Immaculée pour devenir un instrument entre ses mains.
Il reçoit l’ordination sacerdotale en 1918 et célèbre sa première messe en l’église Saint-André-delle-Fratte, à l’autel où peu auparavant le juif Alphonse Ratisbonne avait eu une apparition de la Sainte Vierge et s’était converti.
De retour en Pologne, sa santé l’oblige à passer de longues périodes en sanatorium, mais il se donne tout entier au ministère sacerdotal et, avec l’approbation de l’archevêque de Cracovie, diffuse des formulaires d’inscriptions à la Milice.
En janvier 1922 il publie le journal Le Chevalier de l'Immaculée (Rycerz Niepokalanej), organe de la Milice, qui est approuvée canoniquement à Rome. Les adhésions se multiplient. Dans le couvent de Grodno, il organise tout un centre d’édition pour diffuser son “Chevalier” pour porter l’Immaculée dans les foyers, pour que les âmes, en s’approchant de Marie, reçoivent la grâce de la conversion et de la sainteté.
En août 1927, il fonde Niepokalanow, « la cité de l'Immaculée », près de Varsovie où ils seront jusqu'à près de 800 religieux. Il y met en place une maison d'édition et une station de radio (il était lui même radioamateur sous l'indicatif SP3RN), toutes deux destinées à promouvoir la vénération de la Vierge tout particulièrement dans le mystère de l'Immaculée Conception. C’est toute une petite ville qui grouille là, chacun collaborant à l’activité éditoriale, et suscitant beaucoup de vocations religieuses et sacerdotales.
De 1930 à 1936 il passera quelques années au Japon où il vivra le même apostolat. Encouragé par l’évêque à Nagasaki, il réussit à publier en japonais le Chevalier jusqu’à cinquante-mille exemplaires, touchant ainsi des milliers de Japonais qui, d’abord admiratifs, furent ensuite conquis par l’Immaculée et peu à peu amenés à la foi chrétienne. C’est dans les environs proches de Nagasaki que le père Maksymilian fit construire un nouveau couvent à l’imitation du Niepokalanow de Varsovie : Mugenzai no Sono (Jardin de l’Immaculée), où se multiplièrent conversions, baptêmes, vocations religieuses et sacerdotales. Mugenzai no Sono devint noviciat et séminaire philosophico-théologique. Mystérieusement, le père Maksymilian avait choisi le site pour la construction, choix qui se révéla providentiel au moment de l’explosion de la bombe de Nagasaki, qui épargna le couvent.
En 1936, Maksymilian doit retourner en Pologne. C’est là que l’attend sa vocation de martyr.
Niepokalanow atteint son plus haut niveau dans les années 36-39 : jusqu’à un million d’exemplaires pour le Chevalier ! La Milice se répand dans le monde entier : plus de cent-vingt-mille adhérents. Dans le Niepokalanow vivent treize prêtres, dix-huit séminaristes, cinq-cent vingt-sept frères, quatre-vingt deux aspirants, et cent vingt-deux petits séminaristes. Le plus grand monastère du monde !
En 1939, commence la persécution nazie. La police emmène un premier groupe de Frères Conventuels le 19 septembre, à destination du camp de concentration de Amtlitz en Allemagne, puis de Ostrzeszów. Tous sont libres le 8 décembre suivant, fête de l’Immaculée Conception ; ils reprennent comme ils peuvent les activités à Niepokalanow. On y reçoit jusqu’à trois mille réfugiés polonais, dont deux-mille Juifs.
Si l’imprimerie cesse, on s’oriente vers d’autres activités : on fabrique des montres, des bicyclettes ; il y a une forge, un atelier de couture, un service sanitaire. Tout cela à l’ombre de l’Eucharistie toujours exposée.
Mais la Gestapo les surveille étroitement.
Le 17 février 1941, Maksymilian est arrêté par la Gestapo, mis en prison à Pawiak, puis transféré en mai dans le camp d'Auschwitz, sous le matricule 16670. Les tortures de toutes sortes n’arrêtent pas le témoignage de Maksymilian : partout il transmet l’amour, la douceur, le pardon ; il prie et fait prier.
En juillet 1941, un homme disparaît dans le bloc 14, où se trouve le père Kolbe. Aussitôt, par représailles, les nazis sélectionnent dix hommes de la même baraque qui seront condamnés à mourir de faim et de soif.
Un des condamnés est père de deux petits enfants, et pleure amèrement. Le père Maksymilian s’offre spontanément pour le remplacer, se disant ouvertement prêtre ; le chef nazi se montre très satisfait de l’envoyer à la mort à la place de l’autre.
Les dix prisonniers sont enfermés dans un bunker souterrain du camp à peine éclairé par des ouvertures étroites. Bien que la faim et la soif poussent les condamnés à la folie de s'entre-tuer, après quelques jours seulement, le prêtre Maksymilian réussit à faire régner le calme et la piété entre les compagnons de cette tragédie au moyen de la prière. Après deux semaines de famine, seul le père Kolbe qui a soutenu et vu mourir tous ses compagnons, est encore miraculeusement en vie. On l’achève d'une injection de phénol dans le bras, au soir du 14 août 1941. Son corps est brûlé le lendemain, 15 août, fête de l'Assomption de la Vierge Marie.
Maksymilian Kolbe a été béatifié comme confesseur en 1971, et canonisé comme martyr en 1982. Il avait véritablement hérité des deux couronnes, blanche et rouge. Le Martyrologe le mentionne au 14 août, jour où il est fêté partout dans le monde dans l’Eglise catholique.
Saint Maksymilian Maria Kolbe a en outre été proclamé céleste patron des donneurs de sang bénévoles (1999).
Franciszek Gajowniczek, qui survit à la captivité, était présent à la canonisation de son sauveteur en 1982 et décéda en 1995.
En juillet 1998, l'Église d'Angleterre a inauguré une statue de Maksymilian Maria Kolbe sur la porte occidentale de l'abbaye de Westminster, à Londres, en tant qu'élément d'un monument à la mémoire de dix martyrs du XXe siècle.