Wojciech Kopliński
1875-1941
Né à Debrzyno (Prusse, aujourd’hui Gmina Debrzno en Pologne) le 30 juillet 1875, baptisé le 8 août suivant, Wojciech (Adalbert, ou simplement Albert) était le benjamin des douze enfants de Wawrzyniec (Laurent) et Berta Moldenhau, cette dernière descendant d'une famille protestante allemande..
Ayant connu dans sa jeunesse les Capucins, qui furent supprimés par le régime prussien, il les rejoignit en Alsace, à Sigolsheim, et prit le nom de Anicet, qui signifie en grec invincible.
Il fit la profession en 1897.
Il fut ordonné prêtre le 15 août 1900 et exerça le saint ministère à Dieburg, puis dans la région de la Ruhr (Werne, Sterkrade, Krefeld), comme aumônier des Polonais qui s’y trouvaient.
En 1918 il fut appelé à réorganiser la vie ecclésiale et l’Ordre des Capucins à Varsovie, ce qu’il accepta avec enthousiasme.
Il y développa une telle activité à quêter en faveur des pauvres, qu’il fut appelé le Saint François de Varsovie.
Quand il n’était pas en train de quêter, il était dans le confessionnal, une heure avant de célébrer, une autre heure après, et de nouveau le soir. Des évêques vinrent se confesser à lui, et même le nonce, un certain Achille Ratti, futur pape Pie XI. Il n’hésitait pas à demander à ces prélats, comme pénitence pour le sacrement de Réconciliation, quelque offrande pour ses pauvres. S’il demandait aux riches de donner quelque chose pour les pauvres, il demandait aux pauvres de prier pour les riches.
Polonais d’origine, allemand d’adoption, il était proche et des Polonais et des Allemands, des non-chrétiens et des Juifs, les faisant prier ensemble et les uns pour les autres.
Lors de l’invasion de son pays par les armées nazies, il ne tarda pas à être suspecté par les Nazis. Lors de sa première arrestation, en la fête de l’Ascension, il eut le front de répondre en face à son interrogateur : Après ce qu’Hitler a fait pour la Pologne, j’ai honte d’être allemand.
Fait prisonnier, il aurait pu faire valoir sa citoyenneté allemande pour être libéré, mais il se serait mis en contradiction avec lui-même.
Lors de l’attaque aérienne de Varsovie, il fut fait prisonnier à la prison de Pawiak pour avoir parlé contre le régime national-socialiste. Il refusa énergiquement l'accusation d'avoir incité les gens à se rebeller contre le régime allemand. Il déclara ouvertement : Je suis prêtre, et je travaillerai où qu’il y ait des hommes, qu’ils soient Juifs ou Polonais, mais surtout ceux qui souffrent et les pauvres. C'est à ce moment qu'on lui rasa les cheveux et son imposante barbe. On lui laissa tout de même son bréviaire.
Le 3 septembre 1941, il fut déporté dans le camp de concentration de Auschwitz. Le père Anicet avait soixante-six ans : on le mis dans le box des invalides, ce qui signifiait l’antichambre du chemin pour l’extermination.
A partir de là, on ne sait pas bien ce qu'on lui fit endurer comme mauvais traitements durant les quelques semaines qui suivirent, jusqu'à sa mort, mais on a pu tout de même retrouver quelques témoins parmi les survivants.
On a ainsi appris qu'il fut battu dès son arrivée, sous prétexte qu'il ne restait pas tranquille avec les autres, un chien des SS le mordit, et quand il fut au milieu des condamnés à la chambre à gaz, il resta calme et plongé dans la prière. Il se confia à un voisin : Nous allons boire la coupe jusqu'à la lie.
Il est possible que le père Anicet soit mort des mauvais traitements subis dans ce block 19, ou qu'on lui ait injecté quelque substance mortelle, ou qu'il soit passé dans la chambre à gaz.
Ce qui est sûr, est que le père Anicet consomma ainsi son calice le 16 octobre 1941 et fut béatifié en 1999.