Guillaume d’Eskill
1125-1203
Guillaume naquit vers 1125 à Saint-Germain (Crépy-en-Valois) et grandit sous la férule de son oncle, prieur à Saint-Arnoul puis abbé à Saint-Germain.
En 1141, il fut nommé chanoine séculier de Sainte-Geneviève de Paris, et pourvu de plusieurs bénéfices. Sa situation pécunière et sa régularité à l’office excitèrent l’envie de deux de ses confrères qui, voyant son inclination pour la vie monastique, feignirent d’avoir le même désir pour l’entraîner avec eux. Tous trois se rendirent à Pontigny. Les deux compagnons de Guillaume partirent bientôt sous divers prétextes, espérant s’emparer de ses bénéfices, mais il les imita ! Ils promirent alors de retourner à Pontigny au bout d’un an. Guillaume eut le temps de se rendre compte de leur supercherie, et abandonna ses désirs de vie cistercienne. Il crut satisfaire à son vœu en embrassant la réforme qui, en 1148, établit à Sainte-Geneviève de Paris des chanoines réguliers à la place des chanoines séculiers. Quelque temps auparavant, il avait été ordonné diacre par l’évêque de Senlis.
Dès cette époque, Guillaume montra la fermeté de son caractère : jaloux de la gloire et des droits de son ordre, n’admettant aucun abus d’où qu’il vienne, il défendra sans ménagement la régularité et l’observance.
En 1161, le bruit se répandit que la tête de sainte Geneviève avait disparu de sa châsse, et l’on accusait les chanoines de vol. Guillaume rédigea l’enquête menée par les évêques de la province, pour justifier ses confrères, l’enquête ayant abouti à un non-lieu.
En 1164, le nouvel abbé de Sainte-Geneviève prétendit en faire confirmer les dignitaires par le roi ; Guillaume empêcha l’abbé d’exercer ses fonctions et alla en référer au pape, alors à Sens. Le pape, prudent, lui donna raison, mais lui prescrivit de s’accuser d’être sorti du monastère sans permission. L’abbé lui imposa comme pénitence d’aller manger sept jours par terre avec les chiens. Le pape alors, mis au courant, prit entièrement parti pour Guillaume.
C’est alors que l’évêque de Roskilde (Danemark) émit le désir d’avoir des chanoines réguliers pour introduire la réforme dans un monastère de l’île d’Eskill. Guillaume partit avec trois confrères, mais ils ne furent accueillis que bien froidement par des moines corrompus qui n’avaient pas envie de corriger leurs habitudes. Le tenace Guillaume se mit au travail, réussit à vaincre bien des obstacles et put établir la réforme projetée ; le monastère fut transféré sur l’île de Seelande, érigé en abbaye, dont il fut alors nommé abbé.
Il y eut de grosses difficultés, à cause de plusieurs incendies. Mais l’évêque de Lund aida Guillaume autant qu’il le put et l’abbaye reprit son essor.
Peu à peu, Guillaume supervisa et implanta la réforme dans plusieurs monastères du Danemark.
En 1193, il fut envoyé auprès de Philippe-Auguste pour négocier le mariage de celui-ci avec Ingeburge, fille du roi danois. Le mariage eut lieu le 14 août, et le roi français prétendait renvoyer son épouse dès le lendemain. Guillaume vint expliquer l’affaire au pape. De retour en France, il fut arrêté six semaines à Châtillon-sur-Seine, fut libéré au début de 1196, mais dut retourner au Danemark sans avoir pu réconcilier le roi et la reine (la paix n’interviendra qu’en 1213).
Guillaume réintégra son abbaye, continuant de combattre avec ardeur pour la régularité.
Il mourut dans la nuit de Pâques, le 6 avril 1203, et fut canonisé en 1224.
Guillaume est parfois nommé de Roskilde, du nom du siège épiscopal de l’évêque qui l’accueillit.