Antonino Pierozzi de Florence
1389-1459
Antonino naquit au début de 1389 à Florence, fils unique de Niccoló Pierozzi et Tomassina.
De son enfance on sait peu de choses. Son amour de l’étude lui valut le surnom de champion du sérieux ; il fut disciple du célèbre réformateur dominicain Giovanni Dominici, à Fiesole.
Quand l’adolescent se présenta à Giovanni Dominici, en 1404, ce dernier en apprit qu’il était en train de lire le recueil des Décrétales de Graziano (c’était un recueil de tous les décrets de droit ecclésiastique, compilé deux siècles plus tôt par un moine nommé Graziano) ; il lui proposa de revenir quand il le saurait par-cœur : ce qu’il fit un an plus tard !
En 1405 donc, Antonino reçut l’habit de l’Ordre dominicain et fut envoyé à Cortona pour le noviciat. C’est là qu’il rencontra un certain Guido di Pietro, mieux connu plus tard comme Fra Angelico. Il fut ordonné prêtre.
En 1406 il revint à Florence et devint un grand théologien, particulièrement spécialisé dans les «cas de conscience».
Lors du schisme d’Occident, les Religieux quittèrent Fiesole pour Foligno. En 1414, Antonino y était vicaire de son Ordre. La peste ayant sévi, on retourna à Cortone, où Antonino fut prieur en 1418 : il avait vingt-neuf ans ! Il fut aussi prieur à Naples, Gaeta et, en 1430, à Rome.
En 1435, il fut vicaire général pour l’Observance, responsable de la réforme intérieure de l’Ordre. Il commençait à être connu, consulté, parfois même de loin.
En 1439, il fut prieur à Florence dans ce couvent Saint-Marc, décoré majestueusement par Fra Angelico. Il y fonda des associations pieuses, parmi lesquelles les Messieurs de Saint-Martin (Buonomini di San Martino), qui s’engageaient à aider les «pauvres honteux» (nobles ruinés) ; l’Hôpital des Innocents, pour les enfants et les orphelins.
En 1446, à la mort de l’archevêque de Florence, Fra Angelico suggéra lui-même au pape la nomination d’Antonino pour succéder. Ce dernier chercha à fuir, à se cacher, et n’accepta sa nomination qu’en protestant qu’il n’avait jamais songé à une telle responsabilité et qu’il ne l’acceptait que par soumission à la volonté divine.
Il avait appris à être pauvre, il le resta : sa bibliothèque personnelle comportait seulement son bréviaire ; il réduisit son personnel au minimum. De nuit, il se relevait pour prier l’Office avec ses collaborateurs clercs, et y ajoutait d’autres psaumes et litanies. Tout son temps libre était occupé à écrire.
De ses œuvres nombreuses, on retiendra surtout sa Summa theologica, premier ouvrage du genre où la théologie morale ait été envisagée sur un plan aussi étendu.
Humble et charitable, il partit auprès des victimes d’une épidémie de peste avec un âne, chargé de vivres et de remèdes, et assista les mourants avec la plus tendre attention.
Son souci de réforme se tourna aussi vers son clergé, qu’il visita paroisse par paroisse, à l’improviste, y compris sur les territoires des deux évêchés suffragants de Fiesole et Pistoia.
Les papes le chargèrent aussi de prêcher la croisade contre les Turcs.
Ses dernières années furent une longue épreuve due à une fièvre lente qu’on appelait phlegmatique. En avril 1459, l’état empira. Il fit remarquer qu’il avait accompli les soixante-dix ans dont parle le psalmiste (Ps 89:10). Le 30 avril, il rédigea un testament, qui se réduisait à régler quelques dettes de ses neveux et quelques salaires.
Il s’éteignit non loin de Florence, à Montughi, au matin du 2 mai 1459, qui était la veille de l’Ascension.
Antonino a été béatifié par la voix populaire ; la canonisation eut lieu en 1523. Il se pourrait aussi que saint Antonino soit un jour prochain proclamé Docteur de l’Eglise.