Radegonde de Poitiers
520-587
Poitiers fut le témoin de la fondation de Radegonde après les vicissitudes de sa jeunesse. Elle naquit vers 520, croit-on, à Erfurt (Thuringe, Germanie), fille du roi Berthaire qui eut aussi des fils.
Berthaire et son frère Baderic furent assassinés par leur autre frère Hermanfred, qui se fit aider pour ces crimes par les rois francs, fils de Clovis et ste Clotilde (v. 3 juin), Thierry et Clotaire. Radegonde et un de ses frères furent «enlevés». Elle avait trois ans. Mais Thierry et Clotaire se retournèrent ensuite contre la Thuringe et l’envahirent (531).
Clotaire s’éprit violemment de la jeune Radegonde ; il la fit «élever» dans sa villa d’Athies ; la culture de Radegonde semble avoir connu les auteurs latins et grecs.
En 536, Clotaire devenu veuf voulut épouser sa jeune «prisonnière», qui chercha alors à s’échapper et fut rattrappée à Péronne. En 539, un somptueux mariage fut célébré à Soissons, dont on pourrait légitimement douter de la validité, au regard des vrais sentiments de Radegonde. Après cette cérémonie, Clotaire fit don à Radegonde de cette villa d’Athies. Elle y fondera bientôt un hôpital.
Radegonde n’était pas faite pour la vie conjugale ; elle se retirait pour prier, s’absentait pour fuir la mondanité. Le roi maugréait : C’est une nonne que j’ai épousée là !
En 555, la Thuringe s’étant soulevée, Clotaire fit exécuter en représailles le frère de Radegonde, qui se trouvait à la cour. Désormais, Radegonde ne désirait que fuir ce roi meurtrier et ne cherchait plus qu’à se consacrer totalement à Dieu.
C’est le très âgé s.Médard (v. 8 juin) qui lui remit le voile des «vierges», même si l’on doute que Clotaire eût respecté la virginité de son épouse.
Radegonde ira s’établir d’abord à Saix, où elle s’adonna au soin des lépreux. Pour échapper ensuite à Clotaire qui cherchait à la retrouver, elle se réfugia à Poitiers, près du tombeau de s.Hilaire (v. 13 janvier). Elle établit là un grand monastère dédié à Notre-Dame, où elle fut suivie de nombreuses jeunes filles (552).
Clotaire ne s’avouait toujours pas vaincu, mais il reçut une sévère admonestation de s.Germain de Paris (v. 28 mai), qui le menaça d’excommunication, et mourra en 562.
Au monastère de Notre-Dame, Radegonde se mêlera aux autres Religieuses avec une humilité vraiment royale, balayant, nettoyant les ordures, obéissant comme une petite fille. Une sainte amitié la liera au poète Venance Fortunat (v. 14 décembre).
En 569, elle obtint de Constantinople d’insignes reliques de la Sainte-Croix, qui furent solennellement apportées à Poitiers ; ce fut l’occasion, pour Venance Fortunat, de composer les hymnes Vexilla Regis et Pange, lingua, gloriosi.
Radegonde alla trouver à Arles s.Césaire (v. 27 août), pour en étudier la Règle, qu’elle fit adopter à Poitiers. Le monastère, qui prit le nom de Sainte-Croix, abritera bientôt deux cents moniales.
Quand cette royale Fondatrice mourut, en 587, toutes les moniales la pleurèrent.
Sainte Radegonde est commémorée le 13 août dans le Martyrologe Romain.
En France une vingtaine de localités, et plus encore de sanctuaires, portent le nom de Sainte Radegonde.