Werner d’Oberwesel
1271-1287
L’histoire de ce garçon fut longtemps considérée comme véridique ou au moins vraisemblable. Ce n’est pas la seule du genre, et pourrait avoir pris naissance dans un milieu anti-sémite.
Werner donc, serait né à Womrath (Bacharach, Rhénanie-Palatinat, Allemagne) d’un vigneron qui le laissa orphelin assez tôt.
Sa mère s’étant remariée, son beau-père le maltraita suffisamment pour lui faire quitter la maison.
Il se mit ainsi au service d’un Juif d’Oberwesel, tout en conservant ses habitudes chrétiennes de l’enfance.
Le Jeudi saint, 19 avril 1287, le garçon de seize ans assista à l’office et communia. Sur le chemin du retour, une bande de malfaiteurs l’arrêta ; on voulait lui faire rendre l’Hostie. Pour cela, ils le maltraitèrent, le pendirent par les pieds jusqu’à le faire vomir, puis s’acharnèrent sur lui, lui ouvrant les veines et, finalement, le firent mourir.
La nuit suivante, ils voulurent noyer le corps dans le Rhin, mais n’y parvenant pas, l’enfouirent dans un trou quelque part à Bacharach.
Le corps fut découvert et enterré décemment à Saint-Cunibert de Bacharach ; des miracles attestèrent la sainteté et le martyre du jeune adolescent.
La rumeur du crime fanatique, durant la Semaine Sainte, tourna vite en celle de crime rituel anti-chrétien, et l’on accusa les Juifs. Peut-être s’agit-il d’ailleurs d’un crime sexuel. Une vingtaine de Juifs furent arrêtés et exécutés.
L’empereur Rudolf ordonna de verser une «rançon» réparatrice à la communauté juive, et de brûler le corps de Werner, mais ses ordres ne furent pas exécutés.
Au 15e siècle, une église fut élevée en l’honneur de Werner ; au 16e siècle, des reliques (un doigt) arrivèrent à l’église Sainte-Madeleine de Besançon, où les vignerons prirent Werner pour leur patron, sous le nom de Vernier, et ceux d’Auvergne sous le nom de Verny.
En réalité, Werner n’a pas été béatifié officiellement.
Une des ombres évidentes de ce récit est l’impossibilité où les malfaiteurs se sont trouvés de «noyer» le corps de leur victime dans le Rhin : le corps serait-il devenu soudain trop pesant pour leurs bras ? ou serait-il revenu sur la berge du fleuve malgré le courant ? Par ailleurs, comment a-t-on découvert ce corps «par hasard», justement au moment de Pâques ?
Récemment, en 1963, le diocèse de Trier fit rayer le nom du «martyr Werner» dans son calendrier.
Une telle histoire fait frissonner. Que Dieu pardonne aux uns et aux autres, qu’ils soient les assassins ou les auteurs de la légende… Werner serait bien inspiré de nous révéler la vérité.