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Fête de l’Assomption

 

Au cœur de nos mois d’été, nous fêtons la solennité de l’Assomption de Marie, une fête qui, ne l’oublions pas, a aussi le rang de fête d’obligation. 

La fête elle-même remonte au 7e siècle ; en France le pieux roi Louis XIII en fit la fête nationale, reprise par la Restauration, après une éphémère fête de s.Napoléon, martyr, instituée durant le premier Empire, aux fins que chacun peut deviner. 

Mais l’Assomption de Marie est aussi un dogme, c’est-à-dire un article de foi, que l’Eglise nous demande de croire au même titre que nous croyons au dogme de la Sainte Trinité. Ce dogme de l’Assomption est le plus récent de tous : ce n’est qu’en 1950 que Pie XII le proclama par la bulle Munificentissimus Deus, reprise par le Concile de Vatican II. En réalité, un mouvement universel des épiscopats avait exprimé au Pape leur désir que fût solennellement définie cette vérité.

Que nous demande donc de croire la Sainte Eglise ? - que la Vierge immaculée fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers. Certains esprits ont parfois cherché à aller plus loiin : Marie est-elle morte, ou pas ? Il n’a pas manqué, en effet, de théologiens, et d’illustres, qui supposaient sincèrement que la Mère de Dieu fût exempte de la mort physique.

On ne va pas ici reproduire les volumes entiers qui ont été écrits sur ce sujet théologique. Une étude synthétique paraîtra probablement un jour sur notre site à ce sujet. Un des arguments les plus forts à propos de cette “vérité” est tout simplement celui-ci : si Marie a suivi Jésus si fidèlement, si elle a voulu participer si intimement à Sa passion et à Sa mort au point qu’elle ait reçu le titre de Co-rédemptrice et de Reine des Martyrs, on ne voit pas pourquoi elle aurait été exemptée de mourir comme son Fils, pour “ressusciter” comme Lui immédiatement après et être ainsi “assumée”, portée au ciel, pour y retrouver son divin Fils glorieux.

«Ressusciter» est le terme qu’on attribue traditionnellement à Jésus-Christ ; «Assomption», en revanche, concerne Marie, qui n’est pas montée d’elle-même au Ciel, mais y fut portée par les Anges.

 

*       *       *

 

Le vœu que fit Louis XIII était d’honorer notre Mère dans tout le royaume de France, par une procession organisée dans chacune des paroisses. Mais de même qu’un jour “le combat cessa faute de combattants”, nos processions ont cessé faute de croyants. 

Mais si nous le voulons bien, rien ne nous empêchera de prendre notre voiture et d’aller faire un petit pélerinage en quelque lieu marial pour y prier la Mère de Dieu : nous l’invoquerons pour notre pays, pour nos “dirigeants”, pour tous les diocèses consacrés à Marie glorifiée en son Assomption, pour toutes les Marie qui portent ce doux nom.

 

*       *       *

 

On pourra ici relever deux “détails historiques” qui ont marqué la proclamation du dogme de l’Assomption.

1. Il y avait à Rome, dans les années quarante, un homme de religion adventiste, mais athée fanatique et convaincu, dont l’unique rêve était de tuer ce pape marial qu’était Pie XII et qui avait cette “vilaine” intention de proclamer le dogme de l’Assomption ; la décision était bien arrêtée, le couteau prêt, rien ne manquait, que l’occasion. Mais voilà qu’un beau soir d’avril 1947, notre homme se trouve comme “terrassé” par une vision de la Madonne ; depuis, ce “voyant” se convertit, alla remettre humblement au pape son couteau et se fit le héraut de la Vierge Marie. Ces apparitions des “Trois Fontaines” à Rome ont donné naissance à un pélerinage, pour lequel l’Eglise a concédé la permission de célébrer sur place la sainte Messe.

2. L’autre fait, non moins historique que le précédent, remonte à la veille de la proclamation du même dogme, donc le 31 octobre 1950. Ce que vit alors Pie XII, celui-ci le révéla lui-même quelques jours après à tous les cardinaux romains réunis : regardant le soleil couchant depuis sa fenêtre, il vit alors le soleil se déplacer, “danser” dans le ciel comme au jour de l’apparition de Marie à Fatima le 13 octobre 1917. Très lié personnellement à Fatima, Pie XII comprit que Marie voulait lui manifester ce “signe” privilégié juste au moment où il s’apprêtait à proclamer le dogme de l’Assomption, comme pour illustrer le mot de l’Apocalypse : Un grand signe parut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête (Ap 12:1).

 

*       *       *

 

Le Mystère de l’Assomption est le quatrième de nos mystères glorieux du traditionnel chapelet. Prenons quelques minutes de notre journée pour repenser à la douce mort de Marie entourée des Apôtres, à la délicate présence des Anges autour d’elle venus la porter triomphalement vers son Fils Jésus, dans la gloire céleste, où elle règne près de Lui, et continue de coopérer avec Lui pour l’Eglise et pour le salut de chacun d’entre nous.

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Published by samuelephrem - dans Homélies - année A
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Fête-Dieu - A

Le jeudi après la fête de la Sainte Trinité, on célèbre normalement la Fête-Dieu, la Fête de Dieu par excellence, l’Eucharistie. Le Jeudi Saint, nous avons célébré “historiquement” l’institution des deux Sacrements eucharistiques : l’Eucharistie et le Sacerdoce., dans leur contexte de la Passion du Christ. L’actuelle Fête-Dieu a été déplacée en plusieurs pays au dimanche suivant, car le jeudi est désormais un jour où l’on travaille.

Malheureusement, cette Fête n’est peut-être pas davantage célébrée le dimanche, puisque tant de chrétiens ne se déplacent plus à l’église le dimanche, jour du Seigneur. Le dimanche est devenu le jour du sport, le jour du voyage, le jour de la pêche, le jour de l’entraînement, parfois même un jour de travail comme les autres, mais le Seigneur ? On pourrait dire comme Madeleine le jour de Pâques : Ils ont enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas où ils l’ont mis (Jn 20:2).

Pourquoi donc l’Eglise a-t-elle institué cette grande Fête de l’Eucharistie, la Fête-Dieu ? Signalons, parce que c’est vrai, que Dieu Lui-même a voulu cette Fête ; Il l’a demandé à l’Eglise par l’intermédiaire d’une âme mystique dépositaire de ce message : sainte Julienne de Cornillon, une flamande qui vivait au 13e siècle. Un des personnages à qui elle confia ce message, devint plus tard le pape Urbain IV ; c’est ce dernier qui fut témoin du miracle d’Orvieto, petite ville à cent kilomètres de Rome : durant la Messe, un prêtre vit apparaître sur le corporal des taches de sang, signe de la présence réelle du Sang du Christ après la consécration. En voyant ce corporal taché du Sang du Christ, le pape Urbain IV décida enfin l’institution de la Fête-Dieu, un demi-siècle environ après la révélation reçue par Julienne de Cornillon.

Signalons au passage que le corporal en question est toujours visible, exposé en permanence dans la cathédrale d’Orvieto.

Dieu lui-même donna à Julienne le sens de cette fête nouvelle :

Le Jeudi saint, à la vérité, est désigné à cet effet (du très saint sacrement de l’autel), mais les diverses autres cérémonies de ce jour en empêchent la solennité ; il faut en établir une autre qui sera chômée et observée dans toute la chrétienté. Et cela pour trois raisons :

1. pour que la foi aux mystères de la religion, qui diminue et diminuera encore si l’on n’y porte remède, soit raffermie et confirmée en son entier ;

2. pour que les hommes qui aiment et cherchent la vérité en soient pleinement instruits, et puisent dans cette source de vie des forces pour avancer dans le chemin de la vertu ;

3. pour que les irrévérences et impiétés journalières qui se commettent contre la majesté de ce sacrement soient réparées et expiées par une adoration profonde et sincère.

Cette institution devait donc, de la part de l’Eglise, être une réponse d’amour et de reconnaissance pour tout ce que le Christ avait donné aux hommes par son Sacrifice. Ainsi, après la Pentecôte, où l’Esprit d’Amour s’est répandu sur les Apôtres, après la Trinité, où nous célébrons l’Unité d’Amour des Trois Personnes divines, il est tout-à-fait logique de célébrer l’Amour de Dieu dans l’Eucharistie, le jeudi suivant, en souvenir du Jeudi saint.

Ainsi naquit la Fête-Dieu, qui fut chômée très longtemps en France, et l’est encore en d’autres régions.

* * *

Cette longue introduction historique n’était pas superflue. Venons-en aux textes proprement dits de cette année A, et d’abord à l’évangile.

L’évangile reprend une partie du “discours eucharistique”, rapporté par saint Jean, où Jésus explique aux Juifs que Son Corps et Son Sang auront une importance capitale dans la vie spirituelle de ceux qui L’écouteront fidèlement, une importance bien plus grande encore que la Manne du désert, envoyée par Dieu au peuple juif pour sa nourriture quotidienne durant son voyage à travers le désert.

Jésus ajoute même une phrase apparemment terrible : Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement, car il reçoit en lui le germe puissant de la rénovation spirituelle véritable, qui s’épanouira complètement à la résurrection finale.

Ceux qui alors moururent dans le désert, ne connurent donc pas la vie éternelle ensuite ? Le psaume 94 nous rappelle qu’effectivement, après plusieurs épreuves, beaucoup parmi le peuple juif abusèrent de la patience de Dieu envers eux, se montrant sans reconnaissance pour tous les “signes” de Dieu parmi eux, s’obstinant à refuser de L’aimer et de croire en Lui, obligeant Dieu en quelque sorte à les priver de la vie éternelle : Jamais ils n’entreront dans mon repos (Ps 94,11).

* * *

Moïse rappelle à son peuple ce miracle de la Manne céleste, dans la première lecture (Dt 8,2-16).

Rappelons en quelques mots en quoi consistait ce miracle : chaque matin, sans travailler, sans fatigue, les Hébreux trouvaient près de leurs tentes cette substance mystérieuse, venue du ciel, dont chacun pouvait prendre ce qu’il lui fallait, ni plus ni moins. Ce miracle dura quarante années, jusqu’à l’entrée dans la Terre Promise.

C’est à cette nourriture que se réfère ce verset du Livre de la Sagesse :

Tu as donné à ton peuple une nourriture d’anges ; inlassablement, tu lui as envoyé du ciel un pain tout préparé, capable de procurer toutes les délices et de satisfaire tous les goûts (Sg 16:20).

La manne en effet avait le goût d’un gâteau de miel (cf. Ex 16:31). La liturgie du Saint-Sacrement a repris ce texte, à la louange de l’Eucharistie.

* * *

Le psaume 147 fait également allusion à cette nourriture et fait remarquer : Pas un peuple qu’il ait ainsi traité (Ps 147,20), car le peuple juif fut un peuple choisi entre tous.

En même temps, il semble bien que ce psaume prophétise l’Eucharistie lorsqu’il dit, d’une part : D’un pain de froment il te rassasie, car la manne ne provenait pas de la culture du froment ; et d’autre part : Il envoie sa parole sur la terre, rapide, son verbe la parcourt, qui est une allusion directe à la diffusion de l’Evangile et de l’Eucharistie par toute la terre.

Ce Verbe, c’est le Christ. Et le Verbe s’est fait Chair, écrit saint Jean (Jn 1:14), ajoutant : Et habitavit in nobis, qu’on peut traduire aussi bien Il a habité parmi nous que Il a habité en nous.

* * *

Que se passe-t-il alors, quand nous sommes réunis autour de la Table de l’Eucharistie ?

Saint Paul rappelle aux Corinthiens que, si nous recevons tous le Corps et le Sang du Christ, nous sommes réunis dans un seul Corps, le Corps du Christ, l’Eglise.

Cette sorte d’évidence, énoncée ainsi en deux mots, doit nous remplir d’allégresse et nous faire chanter une profonde action de grâce envers Dieu : si je mange le Corps du Christ, ce Corps m’envahit, je suis transformé en Lui, je deviens Lui ; et tous mes frères deviennent Lui ; et toute cette communauté rayonne en tant que Corps Unique du Christ, ressuscité.

C’est bien ce que saint Paul affirme aux Galates : Si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi (Ga 2:20).

Rassasiés par cette sainte Nourriture, transfigurés dans ce Corps, nous devrions êtres capables d’agir en tout comme le ferait le Christ.

* * *

Voici, pour finir, un extrait d’une Homélie pascale de s.Gaudence de Brescia (4e siècle) :

(Le Seigneur) a voulu que ses bienfaits demeurassent parmi nous ; il a voulu que les âmes rachetées par son sang précieux fussent toujours sanctifiées à l’image de sa propre passion. C’est pourquoi il donne l’ordre à ses disciples fidèles, qu’il établit les premiers prêtres de son Eglise, de célébrer sans fin ces mystères de vie éternelle. Et il est nécessaire que tous les prêtres, de toutes les Eglises du monde, les célèbrent jusqu’à ce que le Christ revienne du ciel. C’est ainsi que les prêtres eux-mêmes et tout le peuple des fidèles devraient avoir chaque jour devant les yeux la représentation de la passion du Christ ; en la tenant dans nos mains, en la recevant dans notre bouche et notre cœur, nous garderions un souvenir ineffaçable de notre rédemption (Homélie pascale).

Voilà qui nous permet de revenir à la Prière du jour :

Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton Corps et de ton Sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

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Published by samuelephrem - dans Homélies - année A
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Très Sainte Trinité - A

 

Après la fête de la Pentecôte, où l’Esprit de Dieu s’est donné impétueusement aux Apôtres, l’Eglise fête maintenant le plus insondable des mystères de notre foi : la Sainte Trinité.

Rappelons tout de suite que par “mystère”, l’Eglise considère une vérité de foi qui échappe à la possibilité rationnelle de notre entendement ; on ne pourra pas “expliquer” le mystère intrinsèque de la Sainte Trinité. Notre Catéchisme l’exprime ainsi : 

La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s’ils ne sont révélés d’en haut (…) L’intimité de son Etre comme Trinité Sainte constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d’Israël avant l’Incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint-Esprit (Catéchisme, n°37).

Pour avoir tenté de s’introduire avec trop d’audace dans ce Mystère auguste, des penseurs non seulement se sont fourvoyés dans des erreurs parfois extrêmement graves, mais encore ont provoqué — peut-être sans le vouloir, souhaitons-le — des discussions interminables, des conciles… et même des schismes dans cette Eglise bien-aimée, la sainte Epouse de Jésus-Christ. Des écrits de tels auteurs, le Mystère de la Sainte Trinité est toujours ressorti diminué.

Parfois, même pour défendre la Vérité, certains grands évêques ont eu la malchance d’utiliser un vocabulaire insuffisamment soigné ; leur mérite a été grand de se soumettre humblement à une décision papale ou conciliaire et de retirer l’écrit incriminé. Ainsi saint Denys d’Alexandrie au 3e siècle (sa fête est au 8 avril).

Citons simplement quelques ouvrages de Docteurs de l’Eglise : le Traité sur le Saint Esprit de saint Basile de Césarée ; les divers ouvrages et discours de saint Athanase d’Alexandrie sur le Christ, Verbe éternel de Dieu ; les traités sur la Sainte Trinité de saint Augustin d’Hippone ou de saint Hilaire de Poitiers, sans oublier les homélies admirables du pape saint Léon le Grand. Plus récemment aussi on parlera de la bienheureuse Elena Guerra, fondatrice des Oblates du Saint-Esprit, qui influencera beaucoup le pape Léon XIII.

 

*       *       *

 

Les textes que l’Eglise nous fait lire cette année vont nous aider à contempler Dieu un et trine.

Le texte de l’Exode se situe dans un contexte particulièrement douloureux pour Moïse : descendant de la Montagne sainte, avec les Tables de la Loi, et constatant que son peuple adorait la statue d’un veau en or, il vient de briser les Tables ; puis il a lui-même prié Dieu de pardonner à son peuple ; maintenant, il a préparé deux nouvelles Tables et remonte sur la Montagne, où Dieu proclame alors quelque chose de son essence, en des termes un peu difficiles à rendre, et que notre lecture abrège un peu.

Le texte grec dit (traduction reprise à La Bible d’Alexandrie) : Dieu de miséricorde et de pitié, de longue patience, de grande pitié et de vérité, qui maintient la justice et exerce la pitié sur des milliers, qui enlève les fautes, les injustices et les péchés

Après ce texte, qui osera dire que Dieu est sévère, injuste, colérique et implacable ? Moïse adore le Tout-puissant qui vient de lui parler, et ose une nouvelle supplique : que Dieu veuille bien marcher au milieu de son peuple. En d’autres termes, malgré l’éloignement du peuple qui a adoré un veau à la place de Dieu, Moïse supplie Dieu de rester au milieu d’eux, de ne pas les abandonner, de les garder comme son héritage, son peuple choisi. 

Dieu l’exauce par une nouvelle Alliance, un nouveau Décalogue. Certes Dieu a pardonné, mais le peuple devra s’engager à la fidélité, principalement à rejeter l’idolâtrie, à observer le sabbat et certaines fêtes dans l’année.

 

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Plusieurs siècles après Moïse, le peuple d’Israël s’est de nouveau écarté de la voie juste ; Dieu envoie les Prophètes ; Jérusalem est prise deux fois et deux fois le peuple est déporté à Babylone, avec Jérémie. 

Or, Nabuchodonosor a donné ordre de jeter dans la fournaise les trois jeunes gens qui refusaient d’adorer la statue en or (encore une statue !) ; mais tandis que les hommes qui les y conduisaient ont été instantanément brûlés, les trois jeunes gens ne subissent aucun mal, et chantent au milieu de cette fournaise un cantique que nous avons très fréquemment au bréviaire dans la louange matinale : le Cantique des Trois Enfants.

Dans l’Ecriture, le Cantique des Trois Enfants est précédé du Cantique d’Azarias. Ils ne se trouvaient pas dans le texte hébraïque, mais dans les manuscrits grecs et, selon certains, n’auraient même été écrits que deux siècles environ avant Jésus-Christ. 

Le Cantique d’Azarias est une prière tout-à-fait liturgique : il contient une partie d’adoration, une partie de confession des fautes, une partie de supplication de pardon. 

Du Cantique des Trois Enfants, nous ne lisons aujourd’hui que les versets décrivant spécifiquement la transcendance de Dieu, qui sonde les abîmes, qui siège au-dessus des Kéroubims.

Les Kéroubims sont les esprits angéliques les plus “hauts” en perfection et Dieu tout-puissant est encore plus haut.

En lisant ces lignes sacrées, nous ne pouvons qu’ajouter ces mots de notre liturgie : Venez, adorons-Le - Venite, adoremus (cf. Ps 94).

 

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Les Juifs croyaient-ils à la Sainte Trinité ? Formellement, sans doute pas. Seuls certains indices de l’Ecriture pouvaient les y induire, comme le trisagion en Isaïe (Is 6:3). Saint Paul, après avoir connu le Christ et reçu l’Esprit, en est intimement convaincu.

Le court passage que nous entendons aujourd’hui, est la conclusion de sa deuxième épître aux Corinthiens, que l’on date d’un quart de siècle après la mort de Jésus. On y remarquera tout particulièrement la dernière phrase, que l’Eglise nous propose comme salutation du prêtre à l’assemblée au début de la Messe. 

Paul ne cherche pas à expliquer la profondeur du mystère de Dieu miséricordieux et trinitaire, mais il recommande aux fidèles de chercher ce qui est fondamentalement divin : la joie, la perfection, l’harmonie, la paix. 

La joie, parce que Dieu transforme toute notre vie terrestre en joie d’être avec Lui ; et le propre du Chrétien est d’être toujours dans la joie. Saint Paul nous le redit aussi ailleurs : Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur (Ph 4:4).

La perfection, selon le propre commandement de Dieu : Soyez saints, car moi, Yahvé votre Dieu, je suis saint (Lv 19:2), un verset cité par saint Pierre (1P 1:16). Certes, Dieu seul est parfait, mais nous avons le devoir de rechercher la perfection en toute chose, parfois aussi au prix de réels sacrifices.

L’harmonie, ici aussi, doit être l’image de l’Harmonie céleste. Rechercher l’harmonie entre les hommes, c’est y mettre la présence de Dieu.

La paix, enfin, est cette élévation de l’âme unie à Dieu, grâce à laquelle on voit chaque créature avec l’œil universellement miséricordieux de Dieu.

Cette petite péricope paulinienne est hautement significative : s’il ne nous appartient pas de pénétrer dans le mystère divin de la Trinité avec notre petite tête, efforçons-nous d’y entrer avec notre cœur, en recherchant toujours la paix, l’harmonie, la perfection, la joie.

 

*       *       *

Tout le message du Christ peut se résumer dans ces quatre mots : paix, harmonie, perfection, joie. C’est là tout le message fondamental du Christ. Le Fils de Dieu incarné ne veut pas autre chose de nous. 

Bienheureux serons-nous si nous vivons vraiment dans cet idéal. Jésus le promet à Nicodème, dans l’évangile d’aujourd’hui : Celui qui croit en (Jésus), échappe au jugement.

 

*       *       *

Pour conclure cette petite méditation, et pour professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité (c’est la Prière du jour), voici un texte fort émouvant et très profond, qui remonte au XIXe siècle : 

Souviens-toi que ce divin Chef représente le Père éternel qui n’est point engendré ; que la bouche de cette Sainte-Face représente le Verbe divin engendré par le Père ; et que les deux yeux de cette Face mystérieuse représentent l’amour réciproque du Père et du Fils, car ces yeux divins n’ont tous deux qu’une même lumière, une même connaissance, et ne produisent qu’un même amour, qui représente le Saint-Esprit. Contemple en sa chevelure la diversité des perfections adorables de la Sainte Trinité. Vois dans cette tête majestueuse la pièce précieuse de l’humanité du Sauveur, l’image de l’unité de Dieu.

Et que Dieu nous bénisse, Lui, Dieu unique qui est Père, Fils, et Saint-Esprit. 

Amen.

 
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6e dimanche de Pâques - A

 

Ce sixième dimanche de Pâques est le dernier avant l’Ascension. La première lecture continue de nous parler de la première communauté chrétienne, la deuxième est encore un extrait de l’épître de Pierre, tandis que l’évangile est un autre extrait de l’entretien de Jésus avec ses Apôtres au soir de la dernière Cène. 

 

*       *       *

 

Dimanche dernier, nous avons lu l’institution des Diacres. L’un d’eux, Philippe, est aujourd’hui à l’œuvre, chez les Samaritains, convertissant des foules, accomplissant des miracles, chassant des démons, comme l’avait fait le Christ.

Il ne faut pas confondre le diacre Philippe, qui a sa fête au 11 octobre, avec l’apôtre Philippe, qui a sa fête au 3 mai.

Il est émouvant de lire que ces foules, d’un seul cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe. Ce d’un seul cœur veut dire beaucoup de choses : on imagine l’élan des premiers chrétiens, leur unité dans la foi, leur joie commune, leur conviction profonde, leur amitié fraternelle.

Encore une fois, les Samaritains sont à l’honneur ; ces voisins souvent mal vus des Juifs de Jérusalem, souvent considérés comme faux frères, ce sont eux qui ont été baptisés. 

La nouvelle en parvient vite aux Apôtres à Jérusalem, où se trouve Pierre. Déjà, la figure de Pierre est la référence, le point central où convergent les esprits. C’est vers lui qu’on se tourne. Il apprend donc le bon accueil réservé par les Samaritains à la Parole de Dieu. Le texte ne dit pas qu’il décida d’aller les visiter, mais que la communauté l’envoya avec Jean : Pierre ne veut pas agir seul, il ne veut pas s’imposer. 

Or, le texte ne dit pas de qui les Samaritains reçurent ce baptême ; peut-être de Philippe lui-même, qui, dans son zèle, avait oublié la formule donnée par Jésus-Christ ; ces Samaritains ont en fait été baptisés au nom de Jésus

Jésus avait commandé de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Que va faire Pierre ? Invalider ce baptême ? Non. Pour Pierre - qui sait sans doute qui a conféré ce baptême - baptiser au nom de Jésus peut suffire, car celui qui a baptisé ces gens n’a certainement pas voulu exclure le Père et le Saint-Esprit. Dieu lui donne raison : avec Jean, il prie pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint, c’est-à-dire pour qu’ils reçoivent la même grâce que les Apôtres au jour de la Pentecôte, pour que l’unité soit parfaite.

 

*       *       *

 

Le psaume 65 qui suit est une louange, une acclamation à Dieu en même temps qu’une adoration et une action de grâces pour tout ce qu’il a fait pour mon âme.

Nous y remarquerons ce verset : Il règne à jamais par sa puissance, qu’on peut rapprocher de l’acclamation après le Notre Père de la Messe : Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire…

La puissance et la gloire de Dieu n’ont rien de matériel ou de terrestre. Toute la puissance et toute la gloire de la terre ne sont rien devant celles de Dieu. Dieu est Amour, Miséricorde, Douceur, Paix. Il n’impose rien par la force.

 

*       *       *

 

A son tour, saint Pierre invite les Chrétiens à vivre toujours avec douceur et respect. 

Telle doit être l’attitude des amis de Jésus-Christ. A l’instar du Maître, nous ne devons jamais avoir de paroles dures pour le prochain : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent (Mt 5:44). 

On lit dans les récits de récents Martyrs, qu’avant d’être fusillés, des prêtres se sont avancés pour baiser la main de leurs bourreaux, pour les remercier, avec ces mains, de leur ouvrir la porte du Ciel. Chaque fois, il est dit de ces Martyrs qu’ils pardonnaient à leurs bourreaux.

 

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L’amour fraternel, l’Unité dans la Foi : c’étaient les caractéristiques de la première communauté.  C’était la recommandation fondamentale de Jésus à ses Apôtres, à la dernière Cène.

Dernière Cène, dernier entretien, dernière prière avec eux. Jésus vient d’instituer l’Eucharistie, d’ordonner les premiers prêtres et diacres ; c’est Jeudi soir. Demain après-midi, il achèvera son Sacrifice sur la Croix. Jésus n’en dit pas un mot aux apôtres : ils n’auraient pas pu le supporter. Au contraire, Jésus les remplit d’espérance. Relisons ces paroles :  

  • Mon Père vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous
  • Je ne vous laisserai pas orphelins 
  • Je reviens vers vous
  • Vous me verrez vivant
  • Celui qui m’aime sera aimé de mon Père
  • Moi aussi, je l’aimerai…

 

Jésus sait aussi que Judas est en train de le trahir, mais Il n’en parle pas (pas directement). Il y fait très délicatement allusion, sans condamner son traître, en disant aux autres : Si vous m’aimez, vous resterez fidèles - Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime

Celui donc qui n’est pas fidèle, le traître, se met lui-même en-dehors de l’amour : la douceur divine ne l’exclut pas, c’est lui qui s’exclut lui-même de l’amour et qui se condamne.

L’Esprit d’amour, l’Esprit de vérité, c’est Celui qui viendra au jour de la Pentecôte, car Jésus a accompli sa mission ; maintenant Il envoie Son Esprit pour “inspirer” les Apôtres et l’Eglise dans la Vérité tout entière (Jn 16:13).

 

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Nous sommes très souvent accaparés par notre quotidien au point que nous ne réalisons pas toujours quelle grâce Dieu nous a donnée d’avoir la Foi au Christ ressuscité. Avec le Christ, tout change, nos désirs, notre regard, nos réactions. 

Reprenons le psaume d’aujourd’hui, remercions Dieu !

Et demandons instamment avec la Prière du jour : 

Que le mystère de Pâques reste présent dans notre vie et la transforme.

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4e dimanche de Pâques - A

 

 

Ce quatrième dimanche de Pâques porte le titre de dimanche du Bon Pasteur. L’évangile ne rapporte plus l’une ou l’autre des apparitions du Ressuscité, mais la péricope du chapitre 10 de Jean, où Jésus parle de lui-même comme du Pasteur. Le verset 6 dit exactement : Il leur dit, se référant évidemment aux Pharisiens avec qui Jésus est en conversation dès le chapitre précédant. Et, ajoute Jean, ils ne comprirent pas ce qu’il voulait dire.

C’est qu’à propos de pasteurs, les chefs d’Israel avaient de quoi méditer avec les mille avertissements des Prophètes, en particulier d’Ezéchiel, qui stigmatise tous ceux qui n’ont pas su gérer le troupeau : Vous n’avez pas fait paître le troupeau, vous n’avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté… Je susciterai pour le mettre à leur tête un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David (Ez 34:3b-4.23). 

Jésus montre aux Pharisiens qu’Il est, Lui, ce Pasteur annoncé en la personne prophétique de David. Ceux qui sont venus avant Lui ont été des voleurs parce qu’ils se sont contentés de recevoir les prémices et les offrandes des fidèles, oubliant à leur tour de se considérer eux-mêmes des brebis du même troupeau de Dieu. Jésus, au contraire, le vrai Pasteur, sait être Lui-même La brebis modèle, fidèle, l’agneau de Dieu, immolé en se chargeant des péchés des autres.

 

*       *       *

Les deux lectures sont de la bouche ou de la plume de saint Pierre, lui qui avait pris peur au moment de la passion du Bon Pasteur, et qui maintenant ne craint plus de se montrer en toute assurance, de parler haut et fort, de témoigner avec une telle conviction que la communauté s’augmenta ce jour-là d’environ trois mille personnes.

A entendre le discours de Pierre, les Juifs présents auraient pu se révolter. Ce n’est pas facile de s’entendre dire : Ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. Mais ceux qui écoutent là, ont été touchés par la grâce de Dieu, ils ont réfléchi ; depuis le Vendredi Saint jusqu’au jour de la Pentecôte,  plus de cinquante jours sont passés, durant lesquels tous ont pu entendre parler de la résurrection du Christ, des témoignages divers ; ainsi, ils ont eu l’opportunité de rentrer en eux-mêmes et de se repentir d’avoir fait crucifier le Juste, l’Innocent. 

Voilà pourquoi ils disent, tout simplement, comme des petits enfants qui regrettent une bêtise : Que devons-nous faire ? Et Pierre, sans les accuser, les encourage, les réconforte : Convertissez-vous ; faites-vous baptiser, pour être pardonnés et recevoir l’Esprit.

La parole de Pierre a ceci de paternel et pastoral, c’est qu’il n’accuse pas les Juifs ; il n’évoque leur égarement que pour les pousser vers la Vérité et la libération intérieure. Le Baptême les purifiera entièrement.

Oui, revenons au Christ, au Pasteur. Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes revenus vers le berger qui veille sur vous, sous la houlette du Successeur de Pierre - le pape -, et de tous les Successeurs des Apôtres - les évêques -, dans le saint bercail de l’Eglise du Christ.

 

*       *       *

 

L’épître de saint Pierre ne dit pas autre chose : Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suivissiez ses traces. C’est une idée chère à saint Augustin, dans son Commentaire sur l’évangile de saint Jean : 

Sous l’unique Pasteur et dans l’unique troupeau, les pasteurs eux-mêmes sont des brebis. Oui, il a fait de tous les hommes ses brebis, c’est pour eux tous qu’il a souffert, puisque lui-même, afin de souffrir pour tous, est devenu brebis.

Comme Pasteur, Jésus marche devant nous et prend sur ses épaules la brebis malade ; comme Frère, il marche avec nous en portant la Croix. 

 

*       *       *

 

Ce Bon Berger est évidemment la figure évoquée dans le Psaume d’aujourd’hui, le psaume 22 ; dans ce chant eucharistique, le psalmiste se réjouit de ne manquer de rien, avec ce berger qui nous prépare la table

 

*       *       *

 

Certes, cette Eglise compte des pécheurs - nous le sommes tous, mais nous sommes tous en marche vers une même victoire. Où allons-nous ? Nous l’avons dit dans la Prière : Que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est entré victorieux.

Le troupeau a besoin d’hommes qui, au nom du Pasteur éternel, conduisent les brebis dans le chemin de la Vérité. Aujourd’hui, l’Eglise nous demande de prier pour les vocations sacerdotales.

Seigneur, donne-nous des prêtres !

 

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5e dimanche de Carême-A

 

 

Notre route vers Pâques approche de son terme et les textes nous parlent plus explicitement de la Résurrection.

 

*       *       *

 

Nous trouvons dans le prophète Ezéchiel des passages fondamentaux sur la vie nouvelle et sur la conversion. Ces temps-ci, au bréviaire nous répétons souvent cette phrase magnifique qu'Ezéchiel retranscrit de la part de Dieu : Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il s'écarte de sa voie et qu'il vive (Ez 33:11). La prophétie d'Ezéchiel comporte, au début, de nombreux passages sur la faute d'Israel, qui a oublié Dieu et a gravement péché, mais la fin de son livre contient des textes pleins d'espérance et de consolation, concernant la Résurrection et la Terre promise, la réédification du Temple et le retour du culte liturgique. Un de ces textes est celui qui est repris aujourd'hui dans la première lecture.

 

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Le psaume 129 qui suit (le De Profundis) est un appel plein de confiance de l'homme vers son Dieu Rédempteur. L'homme pécheur se sent souvent au fond de l'abîme, loin de tout secours : oui, j'ai péché, mais si Dieu ne regarde que les péchés, personne ne sera sauvé ! Alors, Seigneur, pardonne : J'espère dans le Seigneur - Mon âme attend le Seigneur - Près du Seigneur est la miséricorde - Près de Lui, abonde le rachat - et finalement : C'est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes, par le sacrifice de la Croix.

A la suite de l’appel et de l’exemple du Pape, il semble urgent de rappeler ici combien est réconfortant ce Sacrement de la Miséricorde, où Jésus nous attend pour nous dire : Va en paix, je te pardonne tous tes péchés.

 

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Aux Romains, saint Paul, rappelle que le Chrétien n’est pas sous l’emprise de la chair. Nous devons nous réveiller et considérer combien notre quotidien est, trop souvent, loin de la Vérité, loin de la Charité, loin de l’union avec Dieu. Si nous croyons que l'Esprit de Dieu habite en nous, notre corps, toute notre vie humaine doit être transcendée.

Il est différent de travailler parce que c’est nécessaire de manger, et de travailler parce que mon travail coopère à la volonté de Dieu. Nous devons (réellement) combattre les tentations de colère, de gourmandise, d’orgueil, réellement chercher, chaque jour, à remporter de petites victoires sur notre carcasse humaine. Seulement ainsi nous pourrons nous préparer à entendre, au terme de notre vie humaine : Celui qui vaincra n'aura pas à souffrir la seconde mort (Ap 2:11).

 

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Nous lisons bien dans l’évangile que cette maladie ne conduit pas à la mort. Pourtant, Lazare va bel et bien mourir, mais seulement physiquement ; Jésus va ajouter, deux jours après, que Lazare s’est endormi. Il ne va pas connaître la seconde mort. Jésus va le réveiller.

Combien de termes inadéquats lisons et entendons-nous, concernant la mort ! Il nous a quittés, il est parti (=dé-cédé), il s’est éteint. Jésus dit : Lazare s’est endormi.

Nous pouvons peut-être sourire devant l’enthousiasme de Thomas, qui veut mourir avec lui, en pensant que non seulement presque tous les apôtres vont laisser Jésus tout seul à Gethsémani, mais que Thomas sera particulièrement celui qui s'obstinera le plus à ne pas croire à la Résurrection. Comme Pierre, qui promettait de donner sa vie pour Jésus, et qui le reniera trois fois, devant lui. Loin de nous scandaliser, ces attitudes sont un enseignement pour chacun : les meilleurs peuvent tomber un moment ; ce qui compte aux yeux de Dieu, c'est qu'ils se relèvent en demandant pardon. Nous lisons au livre des Proverbes : Le juste tombe sept fois, mais se relève (Pr 24:16).

On prétend parfois que Jésus lui-même a pleuré son ami Lazare. En relisant bien les propos de Jésus, on sera plutôt amené à douter que ces larmes soient l'effet de la tristesse d'avoir perdu un ami, puisque Jésus savait bien qu'il allait le ressusciter. 

Certes, Jésus a pu éprouver cette tristesse de la séparation ; il a pu aussi éprouver par compassion la tristesse de Marthe et de Marie ; mais on dira plutôt que Jésus, à la pensée de sa mort toute prochaine, a éprouvé par anticipation quelque chose de son immense tristesse au moment de l'agonie du Mont des Oliviers…

Jésus à pu ressentir, ainsi, une immense amertume devant l'obstination des Juifs à ne pas croire en Lui, ce qui explique pourquoi l’évangéliste insiste tant sur cette émotion, dont le terme revient deux fois dans le texte français. Dans le latin, qui calque le grec, il est plutôt dit que Jésus frémit en esprit et se troubla : c’est plus qu’une émotion extérieure ; Jésus est très, très agité dans tout son être, devant les hommes aveugles et durs.

Remarquons en outre que cette agitation de Jésus ne se produit pas durant la conversation avec Marthe, mais quand il se rapproche des Juifs incrédules. Et aussi que, priant le Père, Jésus dit qu’il a parlé pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient.

De fait, les nombreux Juifs crurent en lui, cette fois-ci.

 

*       *       *

 

Dans la Préface propre de ce dimanche, le prêtre va dire : Dans sa tendresse pour tous les hommes, (Jésus Christ) nous conduit, par les mystères de sa Pâque, jusqu’à la vie nouvelle.

Ici, nous nous trouvons face au mystère ultime de notre existence : Je suis la résurrection et la vie... le crois-tu ? (Jn 11, 25-26). 

A la suite de Marthe, le temps est venu pour la communauté chrétienne de placer, à nouveau et en conscience, toute son espérance en Jésus de Nazareth : Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde (ibid.27). 

La communion avec le Christ, en cette vie, nous prépare à franchir l’obstacle de la mort pour vivre éternellement en Lui. La foi en la résurrection des morts et l’espérance en la vie éternelle ouvrent notre intelligence au sens ultime de notre existence : Dieu a créé l’homme pour la résurrection et la vie ; cette vérité confère une dimension authentique et définitive à l’histoire humaine, à l’existence personnelle, à la vie sociale, à la culture, à la politique, à l’économie. Privé de la lumière de la foi, l’univers entier périt, prisonnier d’un sépulcre sans avenir ni espérance.

A une Ame privilégiée, morte comme le Christ à trente-trois ans (Sœur Josefa Menéndez, 1890-1923), Notre-Seigneur s'exprima ainsi (1923) : Pauvres pécheurs ! comme ils sont aveugles ! Je ne désire que leur pardonner et ils ne cherchent qu'à M'offenser ! Voilà ma plus grande Douleur : que tant d'âmes se perdent et qu'elles ne viennent pas toutes à Moi, afin que mon Cœur leur pardonne. 

Avec d’autres mots, c’est le même message que Jésus donnera à sainte Faustine, elle aussi morte à trente-trois ans (1905-1938), quelques années plus tard.

C'est qu'elle devait être bien embarrassante, cette résurrection de Lazare, comme la guérison de l'aveugle-né, pour ceux qui refusaient de croire ! Combien devait coûter à l'âme sensible de Jésus cette obstination de ses contemporains ! Quelle tristesse pouvait être la sienne, à la pensée de tant et tant d'âmes qui ne voudraient pas profiter de Sa grâce, des bienfaits de Sa Croix… 

Jésus a besoin d'être consolé. Non pas seulement par de bons sentiments, mais par notre vraie conversion, par notre amour sans faille ; sans se décourager, sans abandonner nos efforts, sans cesser de Le rechercher, en croyant en la puissance de Sa Résurrection. 

Dans une autre communication, Jésus a dit (1854) : Mon Cœur a soif d'amour, comme un mendiant a faim de pain.

 

 

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3e dimanche de Carême - A

 

 

Ce troisième dimanche de Carême (année A) fait allusion à l’eau, l’eau qui purifie, l’eau qui raffraîchit, l’eau de notre baptême. Prochainement, à Pâques, beaucoup de catéchumènes vont recevoir cette eau baptismale.

Dans l’Ancien Testament, l’eau est maintes fois présente. Par exemple dans la Genèse, Dieu sépare les eaux d’en-haut et les eaux d’en-bas, puis la mer et la terre, puis il peuple l’eau de nombreux poissons (Gn 1:6,7,9,20). Il semble que l’eau n’ait pas été créée, qu’elle subsistait déjà avant la création, comme si elle faisait partie de la créativité-même de Dieu, auteur de la vie. Le philosophe grec Thalès (6e s. avant J.C.) mettait d’ailleurs dans l’eau l’origine de la vie.

Mais Dieu se servit aussi de l’eau pour purifier la terre, dans le déluge à l’époque de Noé (Gn 6-9). De cette purification naquit une nouvelle ère. Au passage de la Mer Rouge, le peuple choisi put sortir indemne, tandis que l’eau ensevelissait le peuple oppresseur, symbole du mal (Ex 14-15).

Un autre passage très célèbre de la Bible, est cette vision du prophète Ezéquiel, qui voit surgir du côté droit du temple une source d’eau abondante (Ez 47).

 

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La première lecture de ce jour nous met en présence du peuple juif dans le désert, assoiffé, et récriminant contre Moïse.

On aura soin de remarquer la dernière phrase de cette lecture, où les pécheurs allèrent jusqu’à provoquer directement la puissance de Dieu : Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou pas ? Il est assez fréquent d’entendre ce genre de réflexions : Mais pourquoi Dieu fait ceci, permet cela ? comme si Dieu devait nous consulter pour intervenir dans la marche du monde.

 

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Le psaume 94 va nous aider à surmonter cet esprit de révolte : Ne fermez pas votre cœur comme au désert où vos pères m’ont tenté.

Quand on a vraiment foi en Dieu, on ne discute pas avec Lui. 

Ce psaume 94, qui ouvre la prière du Bréviaire chaque matin, nous invite à passer au-delà de ces questions trop humaines. Au contraire : Crions de joie - prosternez-vous, adorons le Seigneur (le texte dit plutôt : fléchissons le genou) - Ne fermez pas votre cœur

Dans toutes nos épreuves, nous devons garder le cap vers la Terre Promise, vers la Résurrection, par la vertu d’espérance qui doit mouvoir tous nos actes quotidiens.

Le psaume parle du Rocher de façon personnifiée : ce Rocher qui a désaltéré les Juifs dans le désert, c’est le Christ qui nous apporte la Vie. Acclamons notre Rocher !

 

*       *       *

 

Saint Paul nous invite maintenant à nous «accrocher» à ce Rocher, au Christ, qui nous a introduits dans le monde de la grâce. 

L’Apôtre nous rappelle synthétiquement que c’est Dieu qui nous a envoyé le Christ, et l’Esprit d’amour pour le recevoir. Dans cette présence trinitaire, nous avons la source de notre foi et de notre espérance.

Même si les épreuves sont nombreuses et difficiles, la force de la foi nous les fait dépasser victorieusement. 

Comme pour le peuple dans le désert, Dieu accorde toujours, avec l’épreuve, la grâce de la surmonter (cf. 1Co 10:13).

Il y a une expression un peu troublante dans cette lecture. Nous y lisons : Notre orgueil à nous, c’est d’espérer avoir part à la gloire de Dieu. Se «glorifier» de quelque chose, pour un chrétien, c’est être fier, pleinement heureux : de la foi, de l’Eglise, de notre Baptême, de même qu’on est fier d’avoir fait une belle promesse, un serment. L’orgueil, au contraire, est un excès, une tendance mauvaise, ce que notre catéchisme appelle un «péché capital» (Catéchisme abrégé, n°398). 

Il n’est pas orgueilleux d’espérer avoir part à la gloire de Dieu, puisque c’est la destinée fondamentale à laquelle Dieu nous appelle. C’est appel que nous ressentons au-dedans de nous, est un don de Dieu.

 

*       *       *

 

Si tu savais le don de Dieu, dit Jésus à la Samaritaine.

L’attitude de cette Samaritaine est touchante d’humilité et de simplicité. Jésus lui demande à boire, mais c’est elle qui a soif, de Vérité. Les questions qu’elle pose au Christ sont toutes simples, sincères. Mais surtout, elle sent que le Christ peut lui répondre.

C’est que cette “étrangère” ne l’était pas dans son cœur. Droite et honnête, elle n’arrivait pas à comprendre tous les méandres du cheminement de la pensée juive : pourquoi adorer Dieu à Jérusalem, si nos ancêtres l’ont adoré ici aussi en Samarie ? Un peu comme si un Français demandait : Pourquoi aller à Rome, si la Sainte Vierge nous demande d’aller prier à Lourdes (ou le contraire) ? 

Il arrive souvent qu’on fasse la démarche d’un pèlerinage, en se contentant seulement du déplacement, et qu’on en revienne inchangé. Le pèlerinage est fait pour changer intérieurement ; ce qui doit se déplacer, c’est notre cœur, nos mauvais penchants ! Si le pèlerinage nous y aide, tant mieux, sinon, il vaudrait mieux rester chez soi.

Au fur et à mesure de la conversation, Jésus-Christ pénètre dans l’âme de cette Samaritaine et lui apporte des réponses à sa soif de la Vérité. A leur tour, les habitants croient en Jésus-Sauveur. Quelle leçon pour les premiers apôtres, que de voir Jésus, contre toutes les habitudes de l’époque, parler avec une “étrangère”, et la convertir, elle et ses concitoyens ! 

Autre est la réalité du temple de Jérusalem, le lieu des sacrifices, autre est l’appel de Dieu dans notre vie. Et Jésus tranche, tout simplement : l’essentiel est d’adorer Dieu en esprit et en vérité, où que l’on soit.

 

*       *       *

 

Quand le Christ fut mort, un soldat lui perça le côté, dont il sortit, miraculeusement, du sang et de l’eau (Jn 19:34). Les Pères de l’Eglise y ont vu la Source divine de l’Eucharistie (le Sang du Christ) et du Baptême (l’eau purificatrice).

En voyant cela, dit l’évangéliste Marc, le centurion s’écria : Vraiment, cet homme était fils de Dieu (Mc 15:39). Comme pour la Samaritaine, l’eau que Jésus lui avait donnée, était devenue en lui source jaillissante pour la vie éternelle.

Cette eau, c’est notre foi.

Soyons fiers de notre foi.

Prions pour la foi de nos frères catéchumènes, qu’ils soient fervents, fidèles, toute leur vie.

 

 

 

 

 

 

 

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2e dimanche de Carême - A

 

 

Ce deuxième dimanche de Carême comporte toujours un des récits évangéliques de la Transfiguration. Comme Jésus avec les Apôtres, l’Eglise nous fait vivre ce moment solennel avant la Passion, pour que nous soyons réconfortés par la vision de sa gloire future. 

C’est aussi le quatrième des “mystères lumineux” du Rosaire, récemment instaurés par le pape Jean-Paul II.

Il y a peu, le pape Benoît XVI écrivait ceci dans son Message de Carême (2011) :

L’évangile de la Transfiguration du Seigneur nous fait contempler la gloire du Christ qui anticipe la résurrection et annonce la divinisation de l’homme. La communauté chrétienne découvre qu’à la suite des apôtres Pierre, Jacques et Jean, elle est conduite dans un lieu à part, sur une haute montagne (Mt 17,1) afin d’accueillir d’une façon nouvelle, dans le Christ, en tant que fils dans le Fils, le don de la Grâce de Dieu: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le» (v.5). Ces paroles nous invitent à quitter la rumeur du quotidien pour nous plonger dans la présence de Dieu: Il veut nous transmettre chaque jour une Parole qui nous pénètre au plus profond de l’esprit, là où elle discerne le bien et le mal (cf. He 4,12) et affermit notre volonté de suivre le Seigneur. 

Jésus n’a pas pris avec lui tous les Apôtres ; il a pris les trois qui seront aussi avec lui au moment de son agonie à Gethsémani, et qui seront ensuite les trois colonnes de la première évangélisation, Jacques à Jérusalem, Jean à Ephèse, Pierre à Antioche puis Rome. Eux, qui devaient entendre Jésus prier son Père à Gethsémani, le voir arrêter par les prêtres et les soldats romains, puis horriblement maltraité avant d’être crucifié, avaient besoin d’avoir cette vision consolante de la Transfiguration.

Moïse est là, avec Elie. 

Moïse préfigure Jésus Christ : il a fait sortir le peuple d’Israël de l’esclavage jusque dans la Terre promise, et Jésus, par son sacrifice, va nous faire sortir de l’esclavage du péché.

Elie, qui fut enlevé au ciel sur un char de feu dans une sorte d’ascension prophétique, représente ici l’ensemble des prophètes qui ont annoncé la naissance, la vie, la passion, la résurrection de Jésus-Christ. 

La présence de Moïse et d’Elie sur le Thabor, avec Jésus, atteste l’authenticité de leur mission. Pierre le sent bien, qui s’offre à construire trois tentes, pour Jésus, pour Moïse et pour Elie. Par le terme de tentes (tabernacula), Pierre entendait non pas des abris pour camper, mais des sortes de piédestals couverts, pour honorer ces trois Personnages très saints, de la même façon que notre Tabernacle abrite le Saint-Sacrement, la présence vivante du Christ dans nos églises.

Comme Moïse sur le Sinaï, les apôtres entendent la voix du Père. Comme on les envie ! A vrai dire, ce n’est pas la première fois : lors du baptême de Jésus (nous l’avons lu en janvier dernier), ils ont déjà entendu cette voix, et presque les mêmes mots : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour (Mt 3:17).

Au début de la vie publique de Jésus, les apôtres n’étaient peut-être pas encore bien certains de la mission divine du Christ. Mais maintenant, après trois années de conversations, d’instruction, de miracles, ils sont bien certains que le Christ est le Fils de Dieu, dont ils reconnaissent parfaitement la voix paternelle : cette fois-ci, ils en conçoivent - dit la traduction française - une grande frayeur ; disons plutôt une sainte crainte, car le latin timeo signifie dans l’Ecriture craindre, au sens de respecter profondément. La crainte de Dieu, ce précieux don de l’Esprit-Saint, ne nous fait pas avoir peur de Dieu, mais nous le fait aimer et respecter, avec le désir intime de toujours Lui plaire.

Nous voyons que les apôtres tombent la face contre terre, en profonde adoration devant la présence divine. 

Lors du baptême, le Père a solennellement révélé aux apôtres que Jésus était son Fils ; aujourd’hui, peu de temps avant la Passion, le Père leur dit en plus : Ecoutez-le ! Comme si Dieu leur disait (et à nous aussi, bien sûr) : «La mort de Jésus ne sera que pour un instant, sachez qu’il vivra, écoutez-le toujours, n’oubliez pas ses paroles, il sera toujours avec vous»

Comme Jésus connaît bien ses amis ! et comme il nous connaît bien ! Il sait bien qu’à la moindre déception nous perdons courage ! Il sait bien qu’à son arrestation à Gethsémani, presque tous les Apôtres vont déguerpir comme des petits lapins affolés ! 

La voix du Père est là pour nous redonner force : Vous souffrez ? Vous êtes découragés ? Vous voulez partir ? Attendez : regardez Jésus qui s’offre pour vous, fidèle ; suivez-Le : Ecoutez-Le !

 

*       *       *

 

Suivre Jésus qui obéit à son Père, c’est imiter Abraham quittant son pays pour venir en Canaan, c’est toujours la meilleure voie. Abraham ne savait pas où il partait, mais il faisait confiance à l’ordre de Dieu. On peut dire qu’il est mort en Chaldée, pour venir vivre en Canaan. 

Il faut oublier beaucoup de choses, pour écouter et suivre Jésus. Si les Apôtres ont abandonné Jésus à Gethsémani, leur désarroi n’a duré que deux jours à peine ; bien vite ils se reprirent : à la Résurrection, ils se sont retrouvés avec Marie, Thomas a cru, Pierre a pleuré sa faute et demandé pardon, et tous sont partis évangéliser le monde.

 

*       *       *

 

Dieu veille sur ceux qui le craignent, dit le psaume 32 - c’est la crainte dont on parlait précédemment -, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. Abraham ne connaissait pas encore ce psaume, mais il l’a vécu par anticipation. Il est parti, sur la parole de Dieu, et devint une grande nation.

Les Apôtres sont partis, saint Paul à son tour, tant et tant de Saints, de Missionnaires, hommes et femmes, sont partis, porter la Bonne Nouvelle aux régions les plus reculées, pour faire entendre la voix du Père à tous les hommes.

Que la lecture du voyage d’Abraham soit aussi pour nous l’occasion de penser à nos frères chrétiens chaldéens persécutés en terre d’Irak, qui ne peuvent pas même se réfugier “en Canaan”, en Palestine, au Liban, à cause de la haine implacable qui se déchaîne dans toutes ces contrées… Eux aussi, dans leur épreuve, attendent une résurrection.

 

*       *       *

 

Tous ces hommes prennent leur part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile. 

C’est saint Paul qui l’écrit à Timothée ; il sait qu'il est condamné à mort, qu'il va mourir, et il ne se dérobe pas : il unit son sacrifice à celui du Christ. Paul après sa conversion, puis ses disciples, Timothée entre autres, toute la longue lignée des Martyrs de tous les temps, jusqu’à ce vingtième siècle écoulé, si hostile à Dieu et si meurtrier - ont pris part à ces souffrances et les ont acceptées en union avec celles du Christ, dans l’attente de la Résurrection.

 

On pourra redire ici ce vieil adage latin : 

Sanguis Martyrum, semen Christianorum : le sang des Martyrs, c’est une semence de Chrétiens.

 

 

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1er dimanche de Carême - A

 

Toute la première lecture de ce dimanche nous introduit au texte de saint Paul aux Romains. L’épître de ce premier dimanche de Carême nous présente un de ces textes de saint Paul où notre petite logique cartésienne a du mal à se frayer un chemin. Un de ces textes peut-être aussi dont saint Pierre écrit qu’il s’y rencontre des points difficiles (2Pt 3:16).

 

*       *       *

 

On se demande parfois pourquoi la faute d’Adam se serait répercutée sur ses descendants, sur tout le genre humain, sur moi, sur nous tous, et même sur la nature tout entière, animaux et plantes. Et aussi, pourquoi la mort ne serait apparue qu’après cette faute. Et puis, si réellement la maladie et la mort sont des conséquences de cette faute, qu’a donc apporté Jésus de nouveau, puisque nous continuons de souffrir et de mourir ?

Hériter de la faute d’un autre peut se comprendre mieux quand on pense à certaines maladies héréditaires ; ou aussi à une situation politico-culturelle où l’on hérite d’un passé sans y avoir la moindre responsabilité. Par exemple, quand on lit un livre d’histoire, on éprouve un irrésistible sentiment de soulagement ou de déception selon que “nous” avons gagné ou perdu telle bataille. A lire le récit des martyres de nos frères persécutés en différentes régions du globe à toutes les époques, nous ne pouvons qu’être fiers du courage de ces chrétiens, et nous en ressentons souvent une envie plus grande d’être nous aussi fidèles au Christ, bien que nous ne connaissions ni ces persécutions ni ces souffrances. 

L’humanité est faite d’innombrables unités toutes unies entre elles : la vie d’un humble paysan perdu au fond de la campagne chinoise a la même importance que le travail dangereux d’un mineur qui risque sa vie dans une galerie d’Ukraine ou que l’aventure d’un astronaute autour de la terre. Toutes ces cellules diverses appartiennent à un Corps unique, la famille immense de tous les fils de Dieu.

Quand une partie de notre corps souffre, même si nous supportons la douleur sans (trop) nous en plaindre, tout le corps est affecté. Si nous souffrons d’une infection quelconque, le corps sécrète des anticorps ; si nous boîtons, tout notre corps se fatigue à compenser cette gêne par des mouvements adéquats ; et même si la souffrance n’est “que” physique, notre cerveau ne viendra pas nous faire dire que nous ne souffrons pas. Ainsi, toutes les parties du corps sont intéressées par l’état particulier de l’une d’elles.

Revenons à Adam. Dieu l’avait créé de peu en-dessous des anges, couronné de gloire et d’honneur, ayant tout à ses pieds, ovins et bovins, animaux des champs, oiseaux du ciel, poisson de la mer (cf Ps 8,6-9). Il ne différait des anges peut-être que par sa nature corporelle, mais il avait une intelligence, une perception de la divinité et beaucoup d’autres dons que nous avons du mal à imaginer, tant la créature de Dieu était belle. Dans cet état de magnificence, Adam avait présent en lui-même toute l’Humanité qui viendrait après lui. Tout ce qu’il pensait, désirait, faisait, projetait, concernait cette Humanité dans son intégralité.

C’est pourquoi la désobéissance d’Adam a été si grave, si lourde de conséquence. Adam n’a pas seulement fait une petite bêtise comme en font les enfants derrière le dos de leurs parents ; il connaissait très bien le trésor sacré qui était en lui, créé à l’image et ressemblance de Dieu, il savait très bien ce qu’il avait à transmettre à ses héritiers, et ce qui se passerait s’il transgressait l’ordre de Dieu ; en un mot, il savait que la vie qu’il transmettrait serait entachée de cette désobéissance, si clair et limpide était le commandement de Dieu. Il aurait pu ne pas pécher, comme Jésus sut résister aux tentations de Satan. Mais Adam succomba, lui, le centre de toute la création, l’image de Dieu, et l’humanité qui était en lui en germe, en fut toute contaminée avant même qu’il la transmît, et aussi toute la création dans son ensemble, avec lui. 

On a en effet peine à imaginer que ce soit Dieu qui ait créé des êtres qui dussent se tuer les uns les autres pour survivre ; et aussi, pour reprendre un détail de la première lecture, pourquoi Adam et Eve devaient cacher leur nudité, puisque Dieu les avait créés si beaux et si purs. Mais avec leur désobéissance, leurs yeux aussi étaient devenus enclins au mal, aux pensées doubles, aux envies ou aux convoitises, et ils devaient éviter de voir ce qui pouvait désormais les empêcher d’élever leur pensée vers l’Absolu, alors que dans leur innocence initiale, toute leur nature était tendue constamment vers Dieu.

 

*       *       *

 

A partir d’Adam, tous les saints patriarches, tous les saints prophètes, tous les saints personnages de l’Ancien Testament ont cherché à se préparer à l’avènement du Nouvel Homme, le Rédempteur promis et tant attendu. Après sa faute, David écrivit cette splendide prière du Psaume 50, où il aspire à la purification, à la re-naissance : le psaume 50 que nous lisons en partie aujourd’hui, est la prière du pécheur qui se relève après sa faute, qui a confiance en la miséricorde de Dieu, qui participe à la résurrection du Christ, qui est vainqueur avec Lui.

Comment Jésus-Christ pouvait-il méditer ce psaume, lui, l’Homme pur ? Comment pouvait-il dire : Efface mon péché - Lave-moi de ma faute - Purifie-moi de mon offense - je connais mon péché… ?

C’est parce qu’il avait assumé notre nature humaine et pécheresse, qu’Il pouvait en notre nom exprimer cette humble demande de pardon. Dans le Christ homme, se trouvaient tous les hommes, et c’est pour tous les hommes que Jésus allait mourir, innocemment, et nous mériter ainsi à tous l’entrée au Ciel.

 

*       *       *

Christ, par sa naissance extra-ordinaire, par son combat victorieux contre les tentations qu’il a librement acceptées en Son humanité pour les repousser victorieusement, - Christ est ce Chef de cordée mystique qui nous apporte la nouvelle Vie, et nous conduit à la Résurrection.

Si nous souffrons encore, si nous connaissons la mort, c’est toujours dû à ce Corps unique auquel nous appartenons. Chacun a sa part dans le combat contre le mal et contre les tentations, et aussi dans la victoire définitive du Christ.

Il est à noter que les tentations que propose l’Esprit mauvais à Jésus, comportent toutes des vérités, mais pas toute la vérité. 

Ainsi, il est vrai que Jésus peut changer des pierres en pains, qu’Il peut se laisser tomber du haut du temple, et qu’Il est destiné à être le Roi unique de tous les peuples de la terre. Mais c’est à condition que tout concoure à l’édification du Royaume de Dieu, à la conversion de tous les hommes, à la victoire du Bien sur le Mal, tandis qu’en l’occurence Jésus n’aurait cédé que pour sa propre utilité, et ne se serait par là soumis qu’au Tentateur, et non à Son Père Tout-puissant, qui lui avait confié une bien différente mission : faire de lui la lumière des nations (Is 42:6, cf. lecture pour le Baptême de Notre Seigneur).

On n’ose pas penser que peut-être Jésus “aurait pu” suivre les suggestions du Tentateur. Certes, l’humanité de Jésus était faible, puisqu’Il l’avait prise de nous, par sa sainte Mère ; mais cette humanité ne devait pas pécher, justement pour qu’elle retrouvât sa dignité perdue. Et la première voie par laquelle Jésus redonnait à cette humanité sa dignité, c’était l’humilité. Humilité dans sa naissance, humilité dans sa vie cachée à Nazareth, humilité en recevant le baptême de Jean, humilité en souffrant la faim au désert, humilité en combattant le Démon orgueilleux.

 

*       *       *

 

Le pape Benoît XVI écrivait dans son Message de Carême (2011) :

Le premier dimanche de l’itinéraire quadragésimal éclaire notre condition terrestre. Le combat victorieux de Jésus sur les tentations qui inaugure le temps de sa mission, est un appel à prendre conscience de notre fragilité pour accueillir la Grâce qui nous libère du péché et nous fortifie d’une façon nouvelle dans le Christ, chemin, vérité et vie. C’est une invitation pressante à nous rappeler, à l’exemple du Christ et en union avec lui, que la foi chrétienne implique une lutte contre les «Puissances de ce monde de ténèbres» (Ep 6,12) où le démon est à l’œuvre et ne cesse, même de nos jours, de tenter tout homme qui veut s’approcher du Seigneur : le Christ sort vainqueur de cette lutte, également pour ouvrir notre cœur à l’espérance et nous conduire à la victoire sur les séductions du mal.

Jésus a vaincu par son humble douceur. Nous lisions dernièrement les Béatitudes : Heureux les doux : ils seront maîtres de la terre.

Avec David repentant, avec Jésus vainqueur de la tentation, préparons avec joie notre prochaine confession. Disons de tout cœur la Prière du jour : cherchons à progresser dans la connaissance de Jésus, à nous ouvrir à sa lumière.

 

 

 

 

 

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Mercredi des Cendres - A

 

 

Du quatrième au neuvième dimanche “ordinaires”, nous relisons d’amples passages du Discours sur la Montagne en saint Matthieu, mais pas celui que nous lisons aujourd’hui, en ce Mercredi des Cendres, précisément parce que l’Eglise veut aujourd’hui nous faire méditer sur le vrai jeûne, comme l’entend Jésus-Christ.

La pratique du jeûne n’est pas une innovation du Christ, car on le trouve maintes fois dans l’Ancien Testament (voir Tb 12:8 ; Ion 3:5 ; 2Par20:3…). Le Prophète Joël nous y convie à son tour aujourd’hui. L’usage de la cendre non plus n’est pas nouveau : se couvrir la tête de cendre ou se coucher dans la cendre est une attitude de pénitence, d’humiliation, de repentir (cf. Job 2:8 ; Est 14:2 (gr 4:17k) …).

Nous lirons dimanche prochain comment Jésus se retira au désert et y jeûna quarante jours et quarante nuits, avant d’être tenté par le Démon. Avant de nous enseigner comment jeûner, Jésus pratique le premier ce qu’il veut nous suggérer : un jeûne authentique, qui nous aide à approfondir notre attachement à Dieu par le détachement de la terre.

La Prière du jour nous explicite le sens juste et le but de ce jeûne : Que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal. Et aussi la préface de la Messe : Tu veux, par notre jeûne et nos privations, réprimer nos penchants mauvais, élever nos esprits, nous donner la force et enfin la récompense

Il ne s’agit pas du tout de mourir de faim, de faire courir des risques à la santé. A certaines périodes, en certains endroits, on a pratiqué des jeûnes excessifs, parfois effrayants, qui finissaient par être plus des prouesses orgueilleuses que de vrais efforts vers la conversion intérieure. 

Jésus ne semble pas s’être privé de boire, même au désert ; le texte dit bien qu’il eut faim, donc qu’il ne mangea pas durant les quarante jours et les quarante nuits ;  Il ne s’est pas non plus “rattrapé” la nuit. Il y a des jeûnes qui consistent à ne rien prendre pas même une goutte d’eau, pendant tout un mois, même par la chaleur, mais on peut manger à sa faim durant toute la nuit : ceci n’est pas le jeûne que veut Jésus. 

Surtout, Il ne s’est pas montré ces jours-là ; il est resté discret ; tout au plus en aura-t-il parlé en secret avec les Apôtres, plus tard, ne serait-ce que pour leur expliquer comment il se prépara à sa mission, et comment ils auraient ensuite à expliquer aux croyants la façon de jeûner.

Actuellement, l’Eglise a considérablement réduit les exigeances de ce jeûne du Carême. C’est aussi que notre vie est extrêmement stressante, et maternellement l’Eglise ne voudrait pas contraindre à des obligations dures des travailleurs déjà très éprouvés par les déplacements et le bruit. Au désert, on souffre de la soif ou de la faim, mais pas du bruit !

Il reste que notre Mère l’Eglise nous demande seulement de jeûner le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. Et encore, jeûner s’entend : prendre un seul repas à midi, avec une boisson chaude le matin et une légère colation le soir. En outre, chaque vendredi de Carême, en souvenir de la mort de Jésus-Christ pour chacun de nous, nous sommes invités à nous abstenir de viande, en la remplaçant par du poisson ou de l’œuf ou du fromage, ce qui n’est pas à proprement parler une “pénitence”.

De ces pratiques sont exemptés les enfants et les adolescents, ainsi que les personnes âgées et bien sûr les malades. Mais rien n’empêche ceux qui le désirent ardemment d’ajouter quelque petite pratique plus personnelle, pourvu qu’elle soit dans l’esprit du Carême : s’abstenir de chocolat, de confiture, de vin n’est pas forcément nécessaire ; beaucoup plus important serait de perdre moins de temps devant la télévision ou l’ordinateur et la console de jeux, savoir se taire plutôt que de parler derrière le dos des autres, et surtout de lire un peu plus les saints livres de l’Eglise : l’Ecriture, le Catéchisme, tel ou tel document du Pape, des Vies de Saints, en priorité par exemple les plus récemment béatifiés ou canonisés.

 

*       *       *

 

Dans cet esprit faisons bien nôtre l’appel du prophète Joël : Revenez à moi de tout votre cœur…! Les larmes et le deuil que préconise le Prophète sont là pour pleurer nos péchés, sincèrement, et non pour se donner en spectacle à la foule.

 

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Saint Paul à son tour nous demande de nous réconcilier avec Dieu : le mot est presque amusant, car ce n’est pas Dieu qui doit se réconcilier, mais comme les gens disent très souvent que Dieu semble ne pas les écouter ni s’occuper d’eux, saint Paul répond qu’au fond, pour que Dieu soit plus proche de nous, nous n’avons qu’à nous rapprocher un peu de Lui ; ayant fait ce pas vers Dieu, nous serons tout heureux de sentir la main puissante de Dieu sur nous.

Il est remarquable que Jésus-Christ, en prenant notre nature humaine, ait assumé tout le péché des hommes, de sorte que notre nature soit à son tour absorbée en Jésus-Christ qui nous reconduit à Dieu, divinisés.

 

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L’appel que nous adresse le prêtre au moment de nous imposer la cendre sur le front, est significatif : 

Convertissez-vous et croyez à l’Evangile (cf.Mc 1,15), qui est plutôt un appel pressant à la joie de la conversion, dans l’esprit du troisième mystère lumineux du rosaire. C’est la raison pour laquelle c’est le rite des Cendres qui tient lieu d’acte pénitentiel, à la place du Je confesse à Dieu habituel.

 

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Dans cet esprit lisons, méditons, ce psaume 50 : on y lit tout le repentir de David après son adultère, mais aussi l’espérance en la joie d’être sauvé, la confiance d’être pardonné et le désir intime de louer Dieu.

Autrefois la formule pour l’imposition des cendres était : 

Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière (cf. Gn 3,19), qui insistait plus sur notre côté humain et mortel.

Convertissons-nous ! Avançons vers la sainteté de Dieu par de petits actes humbles, de petites victoires arrachées à notre Ennemi, parfois avec une certaine violence contre notre moi personnel. Si nous reconnaissions chaque soir une seule action imparfaite de notre journée et que nous nous en repentions, nous serions déjà sur le chemin de la sainteté.

N’oublions pas que l’Eglise nous demande au minimum de nous approcher de l’Eucharistie chaque année au moment de Pâques, et que pour y accéder, il faut s’y préparer par une bonne confession. Salutaire habitude, celle de s’examiner chaque soir en sachant pointer du doigt tel défaut, tel péché : non pas pour nous en sentir accablés, mais en remerciant Dieu de nous avoir ainsi éclairés pour nous rapprocher de Lui, pour nous réconcilier.

Que ce premier pas dans le Carême soit suivi d’autres, tous plus décisifs l’un que l’autre, pour franchir avec Christ le fossé de la Mort et ressusciter avec Lui à la victoire, à la résurrection, à la Vie.

 

 

 

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