Wulfstan
1008-1095
Wulfstan (qu’on trouve aussi écrit Wolstan, Wulstan ou Ulfstan) était né vers 1008 à Itchington (Warwick, Angleterre), d’Æthelstan et Wulfgifu qui eurent aussi une fille.
Il reçut son éducation dans les abbayes d’Evesham et Peterborough (de la première, il ne reste que le clocher, le reste ayant été détruit par ordre d’Henri VIII ; de la deuxième, on ne parle que de sa Chronique).
Revenu dans sa famille, Wulfstan ne put se faire au monde. Un jour qu’il s’était distingué dans un tournoi, il vit s’approcher de lui une belle créature qui, croyant honorer sa victoire, se mit à danser devant lui : Wulfstan sentit monter en lui la passion et, tout effrayé, alla se rouler dans un massif de ronces, ce qui éteignit pour le reste de ses jours toute tentation de la chair, comme cela advint pour saint Benoît (v. 11 juillet).
Ses pieux parents, d’un commun accord, décidèrent d’entrer en religion ; Æthelstan se fit moine, Wulfgifu entra chez les moniales de Worcester. Wulfstan alla alors se mettre sous la conduite de l’évêque, Brihthead, qui l’ordonna prêtre, tant son disciple cultivait en lui de grandes vertus.
Mais l’humble Wulfstan ne se sentait pas capable d’exercer le ministère des âmes. Il entra dans le chapitre cathédral de Worcester où, pendant un quart de siècle, il fut écolâtre, préchantre, sacristain, enfin prieur.
Il sortait peu et peu le connaissaient. Mais on parlait de ses hautes vertus : un comte orgueilleux ne voulut se confesser qu’à lui et fit bien une trentaine de miles pour venir le trouver.
Vers 1062, arriva à Worcester l’évêque d’York, Ealdred, accompagné de deux cardinaux romains. Après être restés tout un carême dans le monastère où se trouvait le pieux prieur, ils revinrent auprès du roi Edouard (v. 5 janvier), qu’ils persuadèrent facilement que Wulfstan était le meilleur candidat pour le siège épiscopal de Worcester. Certes il manquait un peu d’instruction, mais sa parole était pleine de l’esprit divin. Sans trop penser à la dignité de cette charge, Wulfstan accepta humblement sa nomination et fut sacré évêque le 8 septembre 1062. Il devait rester sur ce siège pendant trente-trois ans.
L’évêque ne changea guère les habitudes du prieur, sauf qu’il y ajouta les visites du diocèse. En se déplaçant, il priait les psaumes, les litanies, l’office des morts ; son intendant devait conserver une bourse bien pleine et toujours ouverte, pour venir aux besoins des nécessiteux ; chaque église l’arrêtait pour un moment de prière.
La cathédrale de Worcester, construite par saint Oswald (v. 29 février) fut reconstruite, des églises furent édifiées dans le diocèse.
Wulstan savait, dit-on, reprendre, et même vertement, les habitudes efféminées des gens de cour, mais tout le monde l’aimait et l’admirait.
Quand le roi Guillaume voulut imposer des prélats normands pour remplacer les anglais nommés par l’ancien roi saxon, Wulfstan fut le seul qu’on n’osa pas démettre, mais il y eut ensuite un autre incident : lors d’un synode de Westminster, l’évêque Lanfranc crut bon de demander à Wulfstan de remettre son bâton et son anneau, car on lui reprochait son peu d’aptitude «épiscopale». Il se leva, reconnut humblement son indignité et affirma qu’ayant reçu son bâton du roi Edouard, il ne le remettrait qu’à lui, et alla le planter auprès du tombeau du saint Roi. Dieu fit que le bâton alors resta fiché en terre ; personne ne pouvait l’en retirer ; Lanfranc ordonna alors à Wulfstan d’aller le reprendre - et il resta sur son siège.
Lanfranc lui confia même la visite apostolique du diocèse voisin de Chester. Aux Anglais qui se plaignaient de la domination normande, Wulfstan répondait : C’est un châtiment de Dieu pour nos péchés, il faut l’endurer avec patience sans nous soucier du bâton avec lequel il nous frappe.
Guillaume mourut, Lanfranc aussi ; Wulfstan assista au sacre d’Anselmo de Canterbury (v. 21 avril).
A partir de la Pentecôte de 1094, il fut malade et atteint d’une fièvre lente qui traîna pendant des mois. En janvier 1095, il dut garder le lit, d’où il suivait mentalement les psaumes qu’on chantait près de lui.
Il s’éteignit saintement le 20 janvier 1094, jour qui est actuellement son dies natalis.
Comme Wulfstan l’avait prédit, on ne put retirer son anneau pastoral ; on l’enterra dans sa cathédrale, où se produisirent beaucoup de miracles. Un siècle plus tard, on retrouva son corps intact.
Wulfstan a été canonisé en 1203.