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3 avril 2021 6 03 /04 /avril /2021 23:00

2e dimanche de Pâques

Dimanche de la Miséricorde

 

La fête de la Miséricorde est une des plus récentes instituées par l’Eglise. Elle remonte seulement à la canonisation, en 2000, de Maria Faustyna Kowalska, dite “Sœur Faustine” (1905-1938), morte à trente-trois ans et qui a sa fête le 5 octobre.

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Lisons d’abord les Actes des Apôtres.

Il est extraordinaire de voir avec quel empressement les premiers Chrétiens mettaient spontanément en commun leurs ressources, pour s’entraider. Pas besoin d’organismes officiels, pas même besoin de formuler une demande : sans attendre on vendait, on apportait aux Apôtres l’argent, et l’on aidait les plus pauvres.

Pourquoi ce système n’a-t-il pas perduré ? L’esprit de propriété privée, partant l’égoïsme, se sont imposés dans les cœurs, et c’est pour cela que se retirèrent au désert des Chrétiens qui cherchaient plus de perfection ; ainsi naquirent les ermitages, dans le désert d’Egypte, ou en Arabie, ou ailleurs. Ainsi se formèrent les familles religieuses, les cénobites comme saint Théodose ou saint Benoît, ceux qui suivirent la règle de saint Augustin, et ainsi de suite.

Au cours des siècles, périodiquement les Chrétiens perdaient leur ferveur, et Dieu suscita des Saints qui apportèrent d’heureuses réformes.

Mais nous ne sommes pas obligés d’attendre une réforme, pour réformer notre cœur, notre style de vie. A tout moment nous devons nous mettre à l’écoute de la grâce de Dieu et chercher à vivre plus authentiquement notre christianisme. Il est si facile de glisser, d’oublier, de perdre notre premier élan. 

Ce passage des Actes, dans sa simplicité, nous exhorte, nous stimule. Ne l’écoutons pas avec indifférence.

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Le psaume 117 fut d’abord utilisé pour la fête des Tentes, d’après son titre, et était repris dans les grandes occasions. Il pourrait bien être pour nous le psaume pascal par excellence. 

Ici, nous n’en chantons qu’un abrégé, où nous pouvons bien imaginer le Christ glorieux qui rend grâce à son Père car Il est bon ! Par la puissance de la Droite de Dieu, le Christ est maintenant vainqueur : Je ne mourrai pas, je vivrai !

Le verset suivant a été commenté par le Christ lui-même avant sa passion, dans la parabole des vignerons homicides (Mt 21:42). Cette pierre rejetée par les bâtisseurs, devenue pierre d’angle, est habituellement l’image du Christ, de l’Eglise solidement établie sur le Roc, d’où coule l’Eau de la Vie. 

Ce n’est pas l’unique endroit où la Pierre prend une signification tout-à-fait messianique. Dans le psaume 94, par lequel commence chaque jour la prière de l’Office divin, nous chantons textuellement Acclamons le Rocher qui nous sauve, (la version de la Vulgate traduit le Dieu qui nous sauve) ; ce même psaume fait ensuite allusion au rocher qui déversa l’eau dans le désert (Ex 17).

Le Christ est cette Pierre sainte, et Lui-même a voulu bâtir son Eglise sur cette Pierre, sur la foi de l’Apôtre Pierre (Mt 16:18).

Voici le jour que fit le Seigneur. Le premier «jour» de la création, Dieu fit la lumière. Le septième jour fut un jour de «repos» : le jour du sabbat fut, dans tout l’Ancien Testament, un jour sans travail, un jour d’attente. Quand Jésus fut au tombeau, ce fut la grande «attente» de la Résurrection. Ce jour-là, le premier de la semaine (Mt 28:1 ; Mc 16:2), surgit la vraie Lumière, le Christ ressuscité. Ce jour sera désormais le jour solennel que fêteront les Chrétiens.

Dans son Sermon 8 pour l’octave de Pâques, saint Augustin fait remarquer que la résurrection devient le «jour du Seigneur» : C’est le troisième jour après sa passion, mais dans le compte des jours qui suivent le sabbat, c’est le huitième, en même temps que le premier. On ne manquera pas de faire aussi le rapprochement avec les notes de musique, où la huitième note de la gamme est comme la première.

Le jour du Seigneur (Dominica Dies) est traditionnellement célébré par les Chrétiens le dimanche. Un martyr de Carthage répondit lors de son interrogatoire : Nous ne pouvons pas vivre sans célébrer ensemble le jour du Seigneur (saint Emeritus, lecteur, martyr le 11 février).

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La joie des Chrétiens qui célèbrent la Résurrection du Christ, les aide à dépasser les tristesses du monde. 

Certes, il est pénible d’être malade, de souffrir, de travailler, de perdre un cher ami, de subir un incendie ou un vol… mais les plus graves épreuves de cette vie s’effacent devant la Victoire du Christ, puisque dans cette Victoire, le Christ nous appelle à Le suivre bientôt. 

Voilà pourquoi saint Jean nous dit : Ce qui nous a fait vaincre le monde, c’est notre foi.

Croire en Jésus et en sa Résurrection, dit-il, c’est affirmer qu’on est né de Dieu, de cette vie que nous avons reçue non plus du sang et de la chair (cf. Jn 1:13), mais de cette nouvelle naissance d’en haut (cf. Jn 3:7).

On est heureux de faire ce que demande quelqu’un qu’on aime. Garder les commandements de Dieu, n’est jamais un fardeau, c’est une expression d’amour, de joie, de liberté intérieure.

C’est ce que nous a apporté Jésus, le Fils de Dieu. Par l’Eau, il nous purifie au baptême ; par son Corps et son Sang offerts, il nous nourrit. Il est impossible de séparer la naissance, la passion, la mort et la résurrection du Christ. Quand nous disons que le Verbe s’est fait Chair, nous devons penser qu’à chaque Messe, le Christ prend Chair pour être notre nourriture, mais nous n’aurions pas l’Eucharistie si le Christ n’avait livré cette Chair en Sacrifice parfait.

C’est pourquoi le Jour du Seigneur est pour nous, Chrétiens, synonyme de participation au Sacrifice du Christ, dans l’Eucharistie. Ne manquons pas ce moment de Joie pascale, gardons (ou redonnons) au Dimanche son caractère sacré.

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Traditionnellement, l’évangile de ce dimanche est celui de l’apparition de Jésus aux Apôtres, d’abord en l’absence de Thomas au soir de la Résurrection, puis en sa présence huit jours après.

Cette apparition du Ressuscité le jour-même de la Résurrection est très importante dans la vie de la première Eglise, non pas à cause du doute momentané de Thomas, mais parce que le Ressuscité souffle l’Esprit Saint sur les Apôtres. Le Christ, qui avait rendu l’esprit, qui était mort, a aujourd’hui repris la vie ; il se montre aux Apôtres et, après leur avoir souhaité la Paix, son premier geste est de leur insuffler comme une deuxième vie, une nouvelle force : par l’Esprit, ils remettront désormais les péchés. 

A chaque pas de sa vie publique, le Seigneur n’a cessé de remettre les péchés, de pardonner ; maintenant, dans son immense bonté, avant de regagner les Demeures éternelles, il transmet ce pouvoir aux Apôtres et à toute l’Eglise : Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis. 

Saint Thomas, absent, n’a-t-il donc pas reçu ce pouvoir ? On pourra répondre que, à travers les onze Apôtres présents, Jésus a soufflé aussi sur lui, ainsi que sur tous les successeurs des Apôtres, sur tous les évêques de tous les temps et de toutes les nations ; rien n’empêche non plus de supposer que Pierre, le chef des Apôtres, ait à son tour soufflé sur Thomas pour lui transmettre ce pouvoir.

L’ordination épiscopale actuelle ne comporte pas cette insufflation de l’Esprit ; mais le geste consécrateur réside dans l’imposition des mains sur la tête du Candidat, en signe de descente de l’Esprit sur ce prêtre qui va devenir évêque. Il semble que ce rite remonte déjà à la première Eglise, car saint Paul parle du don que son disciple Timothée a reçu par l’imposition de (ses) mains (2Tim 1:6).

L’évêque, à son tour, transmet aux prêtres ce pouvoir de remettre les péchés.

Voici donc officiellement institutionnalisé ce Sacrement de la Miséricorde, la Réconciliation sacramentelle, l’accueil sacerdotal de tout pécheur repenti. 

Mais n’omettons pas maintenant d’admirer la magnanimité de Jésus qui “prend au mot” Thomas et lui fait voir et toucher les plaies de ses mains et de son côté. Aucun des autres n’a osé ce geste, mais Thomas l’a demandé et (presque) obtenu. En réalité, il n’est pas dit qu’il ait réellement touché du doigt les plaies glorieuses de Jésus, mais il aura certainement vu au moins celles des mains, et surtout il nous a laissé cette magnifique déclaration de Foi : Mon Seigneur et mon Dieu

Il se pourrait bien qu’à ce moment-là Thomas ait eu une sorte de vision céleste et que, comme les trois autres Apôtres sur le Mont Thabor, il ait contemplé au-delà de la sainte humanité de Jésus, Sa lumineuse divinité. Quoi qu’il en soit, la conviction la plus totale a maintenant remplacé le doute et Thomas ira annoncer la Foi courageusement dans les contrées les plus lointaines d’Asie.

Un récent converti, qui n’était pas vraiment un enfant de chœur, tant s’en faut, mais qui est maintenant un authentique apôtre de Jésus, a eu dans sa prison une attitude un peu semblable à celle de saint Thomas, lorsqu’il interpella ce “Mec” qu’il ne connaissait pas encore en l’invitant à venir le voir à deux heures du matin. A l’heure dite, quand notre bonhomme n’y pensait plus et dormait profondément, le Seigneur l’a pris au mot, Il s’est montré, l’a appelé, lui a parlé : à sept heures du matin, l’homme était encore à genoux, pleurant ses péchés, transformé et désormais respectueux de tous, obéissant, discipliné, et prisonnier modèle. Ce n’est pas un secret de mentionner ici le nom d’André Levet, que vous pourrez retrouver sur Internet.

Vraiment la miséricorde de Dieu est immense envers tous ceux qui ouvrent leur cœur à la Vérité. Et comment ne pas rendre aussi d’immenses actions de grâces pour cette divine promesse que Jésus nous adresse à travers l’apôtre Thomas : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. 

Indirectement, Jésus rappelle à Thomas leur conversation de deux jours avant ; c’est en effet le même Thomas qui, lors de la dernière Cène, demanda à Jésus : Seigneur nous ne savons pas où tu vas. Comment en connaîtrions-nous le chemin ? et en reçut cette sublime réponse : C’est moi qui suis le Chemin, la Vérité, et la Vie. Nul ne va au Père que par moi (Jn 14:5-6). A ce moment-là, les apôtres n’avaient pas encore réalisé par quel “chemin” le Christ devait revenir à la Vie pour nous y introduire, mais il ne se passera qu’un peu plus de deux jours avant que tout soit réalisé : alors le Christ sera passé dans les liens de la mort, aura repris vie et leur apparaîtra avec son corps glorieux. Voilà le “chemin” dans la “vérité”, le chemin vers la “Vie”.

Oui, vraiment, heureux ceux qui croient sans avoir vu. Heureux si nous savons nous remettre entièrement à la volonté de Dieu, à la Providence, à l’Eglise, et que sans hésiter nous mettons toute notre personne à Sa disposition, pour être dans la Main divine un bon instrument de travail pour la Vigne du Seigneur. Peu importe où Dieu nous mènera, mettons-nous à Son écoute, à Sa disposition ; malgré toutes nos faiblesses, Il nous conduira vers la Vérité tout entière.

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Depuis quelques années, ce dimanche est le Dimanche de la Miséricorde Divine, ainsi appelé par la volonté de Notre-Seigneur dans sa manifestation à sainte Maria Faustyna Kowalska, que Jean-Paul II a canonisée en 2000.

Pour conclure, disons aujourd’hui la prière que fit Jean-Paul II à Cracovie, lors de son homélie : 

Dieu, Père miséricordieux, qui as révélé Ton Amour dans Ton Fils Jésus-Christ, et l’as répandu sur nous dans l’Esprit Saint Consolateur, nous Te confions aujourd’hui le destin du monde et de chaque homme. Penche-toi sur nos péchés, guéris notre faiblesse, vaincs tout mal, fais que tous les habitants de la terre fassent l’expérience de Ta Miséricorde, afin qu’en Toi, Dieu Un et Trine, ils trouvent toujours la Source de l’Espérance. Père éternel, par la Douloureuse Passion et la Résurrection de Ton Fils, accorde-nous Ta Miséricorde, ainsi qu’au monde entier. Amen.

Le même Pontife ajoutait : Dans la Miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix, et l’homme trouvera le bonheur !… Que ce message de la Miséricorde Divine atteigne tous les habitants de la terre et remplisse leur cœur d’Espérance… Il faut transmettre au monde le Feu de la Miséricorde (17 août 2002).

Treize années plus tard, le pape François a annoncé une Année Sainte spéciale de la Miséricorde ; ce sera certainement une année de grâces pour le monde entier et pour chacun de nous. 

 

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