Laura Vicuña
1891-1913
Née le 5 avril 1891 à Santiago du Chili, de José Domingo Vicuña et de Mercedes Pino, Laura fut baptisée le 24 mai suivant.
Le père était un militaire, il avait un frère prêtre et un autre qui recouvra une importante charge dans la politique (mais on ignore laquelle) ; la maman était couturière, sans doute de très humble extraction, et l’on n’a pas retrouvé son ascendance, ni même son nom de famille.
Laura eut une sœur, Julia Amanda.
En 1891, l’année où fut renversé le gouvernement, le papa fut nommé à Temuco, où il mourut de pneumonie en 1894. Madame Vicuña ouvrit une petite mercerie, qui fut cambriolée en 1898.
Cette année-là, s’arrêta à Temuco une petite communauté de Salésiennes, en attente de pouvoir rejoindre l’Argentine. Une des Religieuses vint à la mercerie de Madame Vicuña. Laura la reconnut plus tard, à Junin des Andes.
En 1899, la maman et ses deux filles finit par s’installer non loin de Junin des Andes, sur la propriété d’un Chilien, un homme brutal mais tout de même accueillant envers cette Chilienne, qu’il finit par prendre comme compagne.
Laura et sa sœur furent inscrites à l’école de Junin en 1900.
Les Religieuses disaient que leurs élèves empoignaient plus facilement les rênes des chevaux que la plume ou l’aiguille, mais elles s’aperçurent que Laura était une fille au cœur limpide et assoiffé de Dieu. Elle avait compris que prier ou travailler, c’est la même chose ; prier ou jouer ; prier ou dormir… En faisant ce qu’on me demande de faire, je fais ce que Dieu veut que je fasse, et c’est cela que je veux faire ; c’est ma meilleure prière… Ce n’est pas que je sois continuellement en train de penser à (Dieu), mais que, sans y penser, je me réjouis de ce souvenir.
Elle comprit bientôt que sa mère n’était pas en état de grâce, ayant accepté de vivre hors mariage avec ce monsieur. Elle en conçut une grande tristesse, et se mit à multiplier les prières et les pénitences pour la conversion de sa mère.
En 1901, elle reçut la Première communion dans un recueillement extraordinaire, et prit alors des résolutions très importantes : la mort plutôt que le péché ; la réparation pour les offenses de ses proches. La même année, elle adhéra aux Filles de Marie.
Durant les vacances d’été, Laura faillit être violée par le compagnon de sa mère, ivre et brutal, lequel, humilié d’avoir été tenu en échec par cette gamine, refusa désormais de payer la pension du collège. La directrice accepta alors de recevoir les deux sœurs gratuitement, mais seule Laura retourna au collège.
Laura demanda à être admise parmi les Salésiennes, mais celles-ci avaient des doutes sur la légitimité de Laura, à cause de la vie déréglée de sa mère et de son compagnon, de sorte que Laura fit seulement des vœux privés, en 1902 (et ce n’est que bien plus tard qu’on retrouva son acte de baptême, comme fille légitime).
Pour l’heure, Laura se rendait utile dans le collège, aidant les plus jeunes à s’habiller, à rester propres et joyeuses.
Toujours préoccupée par la conversion de sa mère, elle offrit sa vie à Dieu. Durant l’été 1903, sa santé s’altéra brusquement. En septembre, elle ne pouvait participer à la retraite spirituelle : elle avait contracté la tuberculose.
Sa mère vint la chercher, et Laura offrit encore le sacrifice de quitter son cher collège, pour la conversion de cette maman. Mais cette dernière dut placer sa fille à Junin, non loin du collège, pour lui faire donner sur place les soins nécessaires à sa maladie, et demeura avec sa fille.
En janvier 1904, le compagnon voulut rejoindre la maman, qui faillit céder. Laura alors se leva et sortit de la maison : l’homme la suivit et la gifla violemment, mais comme des passants étaient là, il laissa sa fille comme morte et s’enfuit. Pas une plainte ne sortit de la bouche de Laura.
Désormais elle resta alitée. Comble de sacrifice, l’aumônier et la supérieure du collège durent s’absenter. Elle accepta encore cette privation avec soumission à la volonté de Dieu.
Le 22 janvier, elle reçut les derniers Sacrements. Il y eut alors une conversation intense entre elle et sa maman :
Ma fille, tu vas me laisser ?
- Oui, Maman, … cela fait presque deux ans que j’ai offert (à Jésus) ma vie pour toi… N’aurai-je pas la joie de te voir te repentir ?
- Oh ma chère Laura, je te jure en cet instant que je ferai ce que tu me demandes. Je me repens, Dieu est témoin de ma promesse ! Oui, demain matin, j’irai à l’église et je me confesserai.
Et Laura, heureuse, dit au prêtre présent :
Père, soyez témoin de sa promesse !
Merci, Jésus, merci Marie ! Maintenant, je meurs contente !
Laura mourut dans l’après-midi, le 22 janvier 1904 : elle avait douze ans et neuf mois.
Elle a été béatifiée en 1988.
Le miracle retenu pour cette cérémonie, fut la guérison instantanée, complète, durable, non explicable scientifiquement, d’une religieuse chilienne ; atteinte de broncho-stase bilatérale, de péri-bronchite chronique fibreuse avec des épisodes de pneumonie focale rebelle, elle subit plusieurs opérations de «soulagement», jusqu’à un stade d’étouffement total. Ayant commencé une neuvaine à Laura, elle fut soulagée la nuit même ; les Consœurs la crurent folle ; mais la guérison était bien là.
Il faut ajouter ici que la maman de Laura alla d’abord se cacher pour échapper à la fureur de son compagnon. Celui-ci mourut assassiné dans une bagarre vers 1906.
La maman fut fidèle : elle put communier aux funérailles de sa fille, repassa au Chili où elle se remaria chrétiennement, et mourut en 1929.