Adalhardus de Corbie
752-826
Le nom de cet abbé a été traduit en français Adal(h)ard ou Adélard.
Fils de Bernardus et petit-fils de Charles-Martel, donc neveu de Pépin le Bref, il était cousin de Charlemagne, de dix ans son aîné. On l’a fait naître à Huise (Flandre), ce qui est contesté.
Il avait un frère aîné, Wala, et deux sœurs, Gondrade et Théodrade ; tous furent religieux.
Bernard légua à son fils Adélard son immense domaine du Brabant, qu’Adélard remit à l’abbaye de Corbie.
Adélard grandit à la cour et y apprit le tudesque, le latin et le roman ; il se familiarisa tellement avec le style de saint Augustin, qu’on l’a appelé l’Augustin de son époque.
Charlemagne lui confia quelques missions et Adélard prit part à des expéditions contre les Saxons et les Sarrasins, puis contre les Lombards. Lorsque Charlemagne répudia Désirée, son épouse, Adélard quitta la cour (772).
Il se retira près de Benevento (Italie SO), puis entra à l’abbaye de Corbie. C’était un contemplatif, et son travail aux champs ne l’empêchait pas de vaquer à ses méditations. Mais les grands du royaume venaient lui demander d’intercéder pour eux auprès de Charlemagne ; intensément soucieux de rester incognito et dans le silence, il obtint d’aller au Mont Cassin mais, vite découvert, il fut rappelé à Corbie où on l’élit abbé (781).
L’abbatiat d’Adélard fut une période de grand développement intellectuel de l’abbaye : dans son scriptorium fut élaborée l’écriture minuscule caroline, ensuite adoptée en Occident. Les manuscrits enluminés à Corbie sont actuellement conservés dans plusieurs grandes Bibliothèques (Amiens, Paris et Saint-Pétersbourg). Adélard entretint une correspondance soutenue avec de grands dignitaires, parmi lesquels Alcuin, conseiller de Charlemagne et auquel il succéda.
Toujours en 781, Charlemagne eut recours à ses conseils, puis le nomma régent de son fils Pépin le Jeune à Pavie, qui n’avait que quatre ans ; quand mourut Pépin (810), Adélard fut le précepteur du jeune prince Bernard, qui avait douze ans.
La même année, il fut chargé par Charlemagne d’une légation auprès du pape Léon III, pour lui présenter les actes du concile d’Aix-la-Chapelle, où il était question d’insérer dans le Credo le fameux Filioque. Léon III n’y était alors pas favorable, non pas parce que la formule était hérétique (elle avait déjà été insérée par les évêques espagnols), mais parce que l’initiative venait d’un chef d’état laïc ; il l’autorisa cependant pour la Gaule.
Quand Louis le Débonnaire succéda à Charlemagne (814), le jeune Bernard se sentit lésé et chercha à combattre Louis ; mais il fut vaincu et tué. Louis pensa que cette révolte de Bernard était due à Adélard et à ses frère et sœurs, aussi les exila-t-il : Adélard à Noirmoutier, Wala à Lérins, Gondrade à Poitiers, Théodorade à Soissons. En 821, Louis comprit son erreur et rappela les exilés.
Adélard ne s’était pas alarmé le moins du monde ; il retrouva ses moines et reprit sa mission ; il les pressait de lui faire leurs observations : une fois qu’on osa lui suggérer de modérer ses mortifications, il répondit plaisamment : Je soignerai bien votre serviteur pour qu’il puisse vous servir le plus longtemps possible.
En 822, Adélard fonda l’abbaye de Corvey en Saxe (ou Nouvelle Corbie) et y nomma abbé son frère Wala. Tant pour Corbie que pourCorvey, il en rédigea les statuts, qui furent ensuite repris dans d’autres abbayes. Il fit construire plusieurs hôpitaux.
Fin 826, au retour de Corvey, Adélard fut pris de fièvre. L’évêque Hildemar de Beauvais, son ancien élève, lui rendit visite et lui administra l’Onction des Malades. Le 2 janvier 827, Adélard reçut le Viatique et s’éteignit en paix. Ce fut Hildemar qui célébra les obsèques.
En 1026 le pape autorisa l’élévation de son corps et la translation advint en 1040, ces rites équivalaient alors à la canonisation.
Les reliques les plus importantes d’Adélard furent conservées à Corbie. Lors de la Révolution, un particulier les dissimula soigneusement et les confia aux Jésuites de Saint-Acheul en 1827.
Adalhardus de Corbie est inscrit le 2 janvier au Martyrologe.