Ana María Janer Anglarill
1800-1885
Troisième de quatre enfants d’une famille très chrétienne, Ana María naquit le 18 décembre 1800 à Cervera (Lleida, Espagne).
C’est l’époque de l’invasion napoléonienne, et la petite Ana María connut très tôt ce qu’est la guerre, la privation, la faim, l’épidémie, la souffrance.
A dix-huit ans elle fit partie de la Fraternité de Charité de l’hôpital de Castelltort de Cervera, dont la mission des religieuses était l’assistance aux malades et aux pauvres, ainsi que l’enseignement et le catéchisme au Collège Royal.
Après sa profession, elle fut nommée maîtresse des novices et supérieure.
En 1833, l’hôpital devint hôpital militaire, à cause de la guerre carliste, et les religieuses furent expulsées en 1836. Ensuite, quand Carlos de Bourbon la rencontra, il lui confia la coordination de tous les hôpitaux de la zone carliste.
Les Consœurs acceptèrent et Ana María s’occupa des hôpitaux de Solsona, Berga, la Vall d’Ora et Boixadera. Les belligérants des deux côtés la reconnurent comme la Mère.
Malgré cela, cette Mère fut faite prisonnière avec trois autres Sœurs et elles durent s’exiler à Toulouse.
Elles purent revenir en 1844 à Cervera et Ana María y fut la directrice de la Maison de Charité : elle recevait les orphelins, les jeunes désœuvrés et les vieillards. Des cours furent aussi donnés aux petits enfants du bourg.
En 1859, l’évêque d’Urgell lui confia l’hôpital des pauvres de La Seu d’Urgell. C’est là qu’elle fonda l’Institut des Sœurs de la Sainte Famille d’Urgell, pour l’éducation chrétienne des enfants et des jeunes et pour l’assistance auprès des malades et des vieillards.
En 1860, l’évêque approuva les Règles et les Constitutions. La Maison de Charité de Cervera fut réunie à cet Institut.
A partir de 1863, s’ouvrirent jusqu’à vingt-trois maisons : Cervera, Tremp, Oliana, Sant Andreu de Palomar, Llívia, Les Avellanes… Les Religieuses furent reconnues officiellement comme maîtresses d’école.
Il y eut des périodes difficiles : en 1868, les religieuses furent dispersées par la révolution ; entre 1874 et 1880 il y eut des tensions internes, à cause de l’intervention trop personnelle d’un «directeur spirituel».
Le Chapitre général de 1880 élut Ana María supérieure générale. En 1883, elle fut élue vicaire et conseillère générale. Elle passa ses dernières années à Talarn, entourée d’élèves, de jeunes novices et professes.
Au moment de mourir, elle voulut être sur le sol, comme une pécheresse, par amour pour le Christ.
Elle mourut le 11 janvier 1885 à Talarn (Lleida), et fut béatifiée en 2011.
Le miracle retenu pour la béatification fut en 1951 la guérison instantanée, durable et totale d’une femme qui avait perdu complètement toute mobilité, et cela grâce à l’intercession d’Ana María, d’une façon que les médecins déclarèrent tout-à-fait inexplicable. Cette dame, après beaucoup d’épreuves familiales (décès et maladies, y compris l’accident mortel de son père renversé par un tramway), était frappée par une polyarthrose déformante, qui la réduisait peu à peu à l’immobilité complète sur un fauteuil roulant. Sur le conseil d’une des Religieuses, la malade commença la neuvaine à Ana María : comme elle ne savait pas lire, une compagne lisait la prière, demandant à Dieu, par l’intercession d’Ana María au nom de la malade, de pouvoir se déplacer seule et se débrouiller elle-même. On lui appliqua une relique d’Ana María. Le 9 juin 1951, cinquième jour de la neuvaine, une force irrésistible la poussa à se lever et à s’agenouiller ; elle se mit à proclamer : La Mère fondatrice m’a guérie. Désormais, la malade put se déplacer seule et rendre ses services aux autres.