Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 23:00

Barsanuphe

† vers 540

 

 

Barsanuphe était d’origine égyptienne. Il vint en Palestine et se fit moine dans le monastère de Saint-Séridon, près de Gaza. Puis il demanda à vivre en reclus, ce qui dura environ cinquante ans.

 

La porte de sa cellule était interdite à tout le monde ; il ne communiquait que par écrit avec les personnes du dehors. Séridos, l’higoumène (c’est-à-dire le supérieur) du couvent, faisait office de secrétaire.

 

Comme on ne voyait jamais le reclus, il arriva une aventure assez plaisante, provoquée par le scepticisme d’un correspondant du saint homme, le moine Théodore. Ce moine s’imagina qu’il n’y avait personne dans la cellule que l’on disait occupée par Barsanuphe ; il pensa que Séridos avait inventé ce stratagème pour tenir les religieux sous sa complète dépendance. Le reclus eut connaissance de cette tentation d’incrédulité : il appela le frère et tous ceux qui se trouvaient avec lui ; à tous il lava les pieds pour bien les convaincre de son existence.

 

Lorsque Séridos vint à mourir, Barsanuphe continua à converser par écrit avec les personnes qui le consultaient ; les barrières de sa réclusion ne s’abaissèrent jamais. Si l’on insistait pour le voir, il savait adoucir son refus par quelque citation biblique. Faisait-on appel aux liens de la famille, comme il arriva à son frère, venu d’Egypte uniquement pour le voir : “C’est Jésus qui est mon frère, répondit-il ; pour toi, si tu méprises le monde et si tu deviens moine, alors tu sera mon frère.”

 

Cet ascète restait un ou deux jours par semaine sans prendre aucune nourriture corporelle, il se contentait alors de la nourriture spirituelle, c’est-à-dire de la prière. 

 

Dur envers lui-même, il traçait néanmoins une règle assez mitigée à ceux qui le consultaient pour le boire, le manger, et même pour le sommeil et le vêtement. Il accordait six heures de sommeil par jour, une quantité suffisante de pain, de légumes cuits, de fruits et même de vin ; il concédait une double ration de nourriture et de boisson, lorsqu’on voyageait ou qu’on se livrait à quelque travail manuel. Avec une très grande simplicité, il parlait de ses propres tentations, mais il cachait humblement les grâces particulières qu’il recevait du ciel.

 

A la longue, Barsanuphe devint comme la providence et le conseiller de toute la région alentour. La supériorité morale de ce reclus apparut incontestable dans le pouvoir singulier de remettre les péchés, qu’il exerçait à distance ; un pouvoir manifestement extrasacramentel, car rien dans sa correspondance n’indique qu’il ait reçu le sacerdoce. De sa cellule, il envoyait la rémission des péchés ; le fait est indiscutable, attesté par sa correspondance. 

 

Ces écrits de Barsanuphe semblent confirmer une thèse théologique que l’on rencontre assez fréquemment chez les mystiques grecs du Moyen-Age, et d’après laquelle le pouvoir de lier et de délier appartient, non au caractère sacerdotal, mais à la faveur spéciale dont le confesseur jouit auprès de Dieu. Les moines, en conséquence, pouvaient recevoir cette faveur extrasacramentalement.

 

A ces données concernant saint Barsanuphe, s’en ajoutent d’autres extraites de la vie de saint Dosithée écrite par un contemporain. Barsanuphe habitait ce monastère près de Gaza en compagnie de son ami Jean, autre solitaire et prophète. 

 

Ce Jean avait été higoumène dans la monastère de Merasala et avait suivi le même parcours que son ami Barsanuphe, jusqu’à devenir reclus dans le voisinage de ce dernier.

 

Dorothée, le futur maître de Dosithée, s’était placé sous leur conduite et communiquait avec Barsanuphe par l’intermédiaire de Séridos, comme on l’a vu plus haut. A la prière des deux vieillards, Dorothée fit bâtir un hôpital à l’usage des religieuses malades. Séridos, par scrupule, hésitait à admettre Dosithée, mais Barsanuphe consulté n’y fit aucune opposition.

 

La correspondance jointe des deux amis, Barsanuphe et Jean, offre une des plus importantes collections d’écrits chrétiens sur la valeur de l’humilité et de l’obéissance. : d’après eux, ces deux vertus sont le moyen de mener ceux qui les pratiquent au plein exercice de la liberté et de l’amour.

 

Barsanuphe est fêté le 11 avril. A Constantinople, Barsanuphe et Jean étaient vénérés ensemble aux VIIIe-IXe siècles.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de samuelephrem
  • : Près de 9600 notices de Bienheureux et Saints. Ont été successivement illustrés : - Les personnages bibliques de l'ancien et du nouveau Testaments. - Tous les Saints et Bienheureux reconnus, depuis les débuts de l'Eglise jusqu'aux derniers récemment proclamés. En outre, des commentaires pour tous les dimanches et grandes fêtes (certains devant être très améliorés). Sur demande, nous pourrons vous faire parvenir en plusieurs fichiers pdf l'intégralité du Bréviaire romain latin, "LITURGIA HORARUM", qui vous permettront d'éviter beaucoup de renvois fastidieux, notamment pour les périodes de Noël et Pâques. Les textes sont maintenant mis à jour selon le nouveau texte de la Nova Vulgata (ed. 2005). Nous avons aussi le Lectionnaire latin pour toutes les fêtes du Sanctoral, sans renvois, également mis à jour selon le texte de la Nova Vulgata. Bienvenue à nos Lecteurs, à nos abonnés, avec lesquels nous entamerons volontiers des échanges. Bonne visite !
  • Contact

Recherche

Liens