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28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 00:00

Clemente Rodríguez Tejerina

1918-1936

 

Ce jeune martyr espagnol de dix-huit ans était né à Santa Olaja de la Varga (province de León) le 23 juillet 1918. On a de lui et de sa famille un certain nombre de détails grâce à sa sœur, Josefa, elle aussi religieuse.    

C'était une famille de cultivateurs, humbles travailleurs de la terre, très chrétiens. Dieu donna à ces parents douze enfants, dont six furent religieux : deux Capucins, deux religieuses de la Sainte Famille, et deux Oblats de Marie Immaculée, justement Clemente et Miguel. Ceci nous donne déjà une idée de l'esprit qui régnait dans cette famille.

La maman, qui n'avait pas une grande culture, était une excellente chrétienne et avait lu suffisamment de bons livres pour se permettre à son tour d'enseigner ses enfants.

Ainsi, tous les soirs, elle réunissait les enfants dans la salle à manger et elle priait ; elle offrait ses enfants au Sacré-Cœur ; elle priait pour la persévérance de chacun d'entre eux dans la foi. Elle appartenait à une pieuse association dénommée Marías de los Sagrarios, littéralement les «Marie des Tabernacles», qu'on pourrait rendre en français par «Les Veilleuses du Saint-Sacrement» ; les fêtes eucharistiques avaient donc une grande importance, et tous les enfants participaient à la décoration des autels jusque dans les moindres détails, montrant ainsi leur amour pour Jésus-Eucharistie.

Dans ce climat de ferveur, très tôt Clemente commença à prendre conscience de sa vocation. C'est ainsi qu'à onze ans il quitta la maison paternelle pour rejoindre le petit séminaire tenu par les Oblats de Marie Immaculée (OMI) à Urnieta (Guipúzcoa).

Avant même d’être religieux, il savait entourer les vieillards de plein d’attentions, leur rendant une foule de petits services. 

Le 5 juillet 1934, à seize ans, il commença le noviciat à Las Arenas (Biscaya) ; il émit les premiers vœux le 16 juillet 1935, en compagnie d'autres profès. Journée émouvante, où l'on vit tous les nouveaux profès sortir de la cérémonie avec des larmes de joie. Ce même jour, ils prirent le train jusqu'à Pozuelo (province de Madrid) pour un temps de vacances en communauté, avant le début des études ecclésiastiques.

Clemente se mit au travail avec beaucoup de sérieux. Animé de bonté et de douceur, il ne faisait pas de bruit : il avançait avec détermination, se montrant bon et serviable. Il était tout pénétré de son idéal missionnaire.

Il avait à peine terminé la première partie de ces études, qu'il renouvela ses vœux le 16 juillet 1936. C'était le moment de la grande tourmente politique. Six jours après, le 22 juillet, il fut fait prisonnier avec toute la communauté dans leur propre couvent puis, deux jours après, ils furent tous emmenés à Madrid, à la Direction Générale de Sécurité, pour être mis en liberté le lendemain.    

Clemente se réfugia d'abord dans la Maison provinciale, mais celle-ci fut confisquée le 9 août : à onze heures et demie du matin on sonna à la porterie ; tout un groupe de laïcs armés pénétra dans le jardin, invitant poliment les Religieux à laisser la maison. Le Père Provincial (Esteban Lacal, lui aussi maintenant béatifié) se permit de faire remarquer que cette intervention était pour le moins arbitraire, étant donné que tous les habitants n’étaient que des citoyens pacifiques ; on lui répondit cependant : Nous le croyons bien que vous n'êtes mêlés à rien, mais beaucoup d'autres curés et religieux sont concernés ; et voilà ce qui arrive : les uns paient pour les autres

En sortant, les Religieux abandonnèrent leur maison aux nouveaux propriétaires, occupés à installer une énorme banderole sur la clôture du jardin, avec l'inscription : Confisqué par le Ministère des Beaux-Arts. Les Religieux se réfugièrent alors dans une autre pension. 

Le 15 octobre, nouvelle arrestation, à destination de la Prison centrale. Là, Clemente retrouva les Oblats qu'il n'avait pas revus depuis leur départ de Pozuelo. Tous furent bientôt transférés à San Antón, le collège des Pères des Ecoles Pies, transformé aussi en prison.

Une sœur de Clemente avait pu lui rendre visite à la Maison Provinciale et s'entretenir avec lui. Elle se rendit compte de la totale intégrité de son esprit de foi ainsi que de sa claire disposition à recevoir le martyre. Voici quelques mots de Clemente qu'elle a rapportés textuellement : 

Nous nous trouvons en danger et nous craignons d'être séparés ; ensemble, nous nous encourageons les uns les autres. S'il faut mourir, j'y suis disposé, certain que Dieu nous donnera la force dont nous avons besoin pour rester fidèles.

C'est alors que le Père Provincial Francisco Esteban intervint en conseillant dûment à la sœur de Clemente de vite s'éloigner, car la communauté était très surveillée et elle courait elle aussi un risque, à cause de sa condition de religieuse. Et d'ajouter : Ici, nous allons tous y passer.

Josefa resta cependant en contact, grâce à un autre témoin qui put entrer aussi dans la prison de San Antón. On sut que les prisonniers étaient ligotés dans le sous-sol, où se trouvaient les douches du collège, de sorte qu'ils avaient les pieds dans l'eau et pouvaient à peine bouger. Ils ne mangeaient pas tous les jours, et quand les gardiens apportaient la popote, ils se moquaient des prisonniers en leur demandant : Qui c'est qui n'a pas mangé hier ? On sut aussi que tous ces prisonniers étaient catholiques, qu'ils se réunissaient et priaient.

C'est de là qu'on les fit sortir, et qu'on les fusilla à Paracuellos del Jarama, le 28 novembre 1936. Clemente était le benjamin : il n'avait que dix-huit ans.    

C'est encore sa même sœur Josefa qui, ignorant qu'il était mort, chercha à le revoir à la prison de San Antón. On était en décembre 1936 ; le milicien de garde lui répondit méchamment qu'elle avait intérêt à partir de là si elle ne voulait pas rester dedans. Mais comme elle insistait pour savoir au moins si son frère était là, il lui répondit qu'elle n'avait qu'à s'adresser au Ministère de la Justice, rue Santa Bárbara. Là elle se trouva dans une immense salle avec un tas de cartons et de fiches, parmi lesquelles elle trouva celle-ci qui disait textuellement : Clemente Rodríguez Tejerina, mis en liberté le 28 novembre 1936.

En faisant bien attention à ne pas se faire voir, elle prit la fiche en question et s'en alla au Consulat du Chili. Là, on l'informa que tous ceux qui avaient été "mis en liberté", au sortir des prisons les 27 et 28 novembre 1936, avaient été immédiatement fusillés à Paracuellos del Jarama. C'est alors qu'elle eut la certitude du martyre de son frère, qui avait été tué pour le seul motif d'être religieux.

Ces vingt-trois Compagnons ont été béatifiés en 2011 (vingt-deux Oblats et un laïc, père de famille).

Ces Martyrs seront inscrits au Martyrologe au jour de leur naissance au Ciel, sept au 24 juillet (avec le laïc), deux autres le 7 novembre, les treize autres, dont Clemente, le 28 novembre.

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