Theodoros et Theophanis
† 844 et 845
Ces deux frères avaient pour père un certain Ionas, qui mourut prêtre au monastère de Saint-Sabas à Jérusalem.
Ils naquirent respectivement en 775 et 778, à Jérusalem.
Vers 800, les deux garçons furent confiés à un moine du même monastère Saint-Sabas, nommé Michail, qui leur enseigna la rhétorique, la philosophie, la poésie et l’astronomie.
Theodoros s’absenta un moment du monastère pour compléter sa formation auprès d’autres maîtres, puis revint à Saint-Sabas. Les articles qu’il écrivait, remplis de foi et de doctrine, convainquirent le Supérieur de le faire ordonner prêtre.
En 809, les Arabes dévastèrent entièrement la ville sainte de Jérusalem ainsi que les monastères. Il fallait songer à trouver un autre havre.
A cela s’ajouta, en 811, une regrettable controverse qui opposa les moines de Jérusalem (grecs) et les moines bénédictins (latins) au sujet du Saint Esprit : devait-on dire que cet Esprit procédait autant du Père que du Fils ? Il y eut même des bagarres !
Tandis qu’en Occident un concile avait énoncé à Aix-la-Chapelle (809) la doctrine perenne de l’Eglise, il fut convenu que chaque parti enverrait une délégation au pape. La délégation grecque était composée de Michail, Theodoros et Theophanis. Mais leur voyage s’arrêta à Constantinople, où ils furent confrontés à une autre polémique, l’iconoclasme, avec Léon l’Arménien.
Michail et ses deux compagnons logeaient au monastère de Chora : on les convoqua, on les flagella d’importance et on les interna à Phiala ; puis on les sépara, et les deux frères furent enfermés dans un fort à la jonction du Bosphore et de la mer Noire. Ce n’est qu’en 820 que le nouvel empereur les libéra : les deux frères furent logés dans un monastère de Sosthène sur la côte européenne du Bosphore. Malheureusement, l’empereur Theophilos reprit en 832 la lutte acharnée contre les partisans du culte des Images, et enferma à nouveau nos deux héros. Ils furent flagellés jusqu’à l’os et relégués dans l’île d’Aphousia.
En 836, l’empereur les fit comparaître à Constantinople. Il les insulta, les gifla, et fit «graver» au fer rouge sur leur visage quelques vers qui disaient à peu près ceci : Tous désirent se rendre à la Ville où le Verbe de Dieu posa ses pieds très purs. Ils naquirent en ce lieu vénérable, mais furent expulsés comme apostats. Ils se réfugièrent dans la Ville (Constantinople). Aussi les a-t-on notés sur leur face comme criminels, et condamnés à être chassés derechef. Ce n’était pas suffisant : l’empereur leur fit retirer leurs vêtements et les fit flageller encore une fois.
Theodoros prit la parole : Nous sommes les seuls, depuis des siècles, auxquels on ait fait cela. Vous avez inventé une pratique inédite, et vous pouvez taxer de bénignité tous ceux qui ont fait rage contre notre divine religion.
C’est cet horrible supplice qui a valu aux deux Frères le surnom de Grapti (inscrits, gravés).
On les exila à nouveau, à Karta limèn (Chalcédoine).
Theodoros mourut là le 27 décembre 844. Un autre récit, peut-être mieux informé, ajoute que Theophanis fut nommé évêque de Nicée en 842 et mourut à Constantinople le 11 octobre 845.
On a conservé beaucoup de poèmes liturgiques de Theophanis.
Les deux Frères Grapti sont commémorés le 27 décembre dans le Martyrologe Romain.