Mariano Alcalá Pérez
1867-1936
Mariano vit le jour le 11 mai 1867 en Andorre (Espagne), douzième enfant de Tomás et Vicenta, qui le firent baptiser le lendemain.
A quatorze ans, il fit partie du premier groupe de Mercédaires qui reprit le couvent de El Olivar. Il y reçut l’habit en 1881, fit la première profession en 1883, la solennelle en 1886.
Après les études de philosophie et de théologie, il passa à Lleida (1887) et, remarqué pour ses excellentes aptitudes intellectuelles, fut envoyé à l’Université Grégorienne de Rome. C’est à Rome qu’il fut ordonné prêtre, en 1889.
En même temps, on le chargeait de cours au couvent de Pontevedra. Après deux années, il revint à Lleida, où ses prédications lui valurent les appréciations de l’évêque : il fut nommé examinateur diocésain.
Il fut ensuite à San Ramón, Lleida, Guissona, Andorre, Madrid.
En 1903, il fut nommé provincial, pour huit années, résidant à Lleida puis à Barcelone.
Le Supérieur général ayant été nommé évêque, c’est le père Mariano qui fut élu à sa place, en 1911.
Il rencontra alors beaucoup de difficultés : l’ancien général avait gardé son poste pendant plus de trente ans ; des factions s’étaient créées, des contestations sourdes, au point que le père Mariano, saintement humble, renonça à sa charge dès 1913. Sur son chemin de retour en Espagne, il s’arrêta à Loreto, où il eut une vision de la Sainte Vierge (dont furent témoins quelques amis proches).
Le père Mariano était vraiment un mystique. Il prophétisa aussi à une Religieuse qu’elle serait la Supérieure de son Institut, ce qui arriva. Il fut miraculeusement sauvé d’un accident par son Ange Gardien, envers lequel il avait une grande dévotion.
Ensuite il fut alternativement à San Ramón et à Barcelone. A partir de 1915, il s’installa à Lleida, d’où il partit prêcher à Manresa, Andorre, San Ramón, Barcelone, San Hilario, Bilbao, Borges, Monzón, Jaca, Fraga, Barbastro, Saragosse. Mais son activité préférée était le confessionnal, assiégé par une foule de pénitents avides d’entendre ses bons conseils inspirés.
Une méchante calomnie l’éprouva encore davantage, quand une religieuse ex-carmélite prétendit être enceinte de lui, alors que son complice reconnut lui-même l’innocence du Père et épousa la femme en question. Devant cette situation, le Père n’eut qu’un mot : Prions pour elle.
Désormais il vécut très effacé, se déplaçant de moins en moins, sinon pour aller aux eaux de Barcelone ou Saragosse. Il devait se soigner et prendre toujours plus de médicaments. Aux chapitres, des voix se prononçaient en sa faveur pour le nommer définisseur ; il proposa la consécration de la province au Sacré-Cœur.
En mars 1936, son cousin le prit chez lui en Andorre pour l’aider à se reprendre. Mais ce cousin étant pharmacien, beaucoup de miliciens passaient par là, de sorte qu’une autre cousine prit le Père chez elle.
Quand se déchaîna la guerre civile, il dit : Ne parlons pas, prions. Il s’attendait au martyre.
A partir du 26 juillet, il resta à la maison, par prudence. Il fut convoqué au Comité, où l’accompagnèrent ses cousins. Les miliciens ne lui adressèrent même pas la parole, le laissant partir comme il était venu, à cause de son âge et de sa santé.
Le 15 septembre, fête de Notre-Dame des Douleurs, le Comité convoqua le Père et la cousine, mais celle-ci refusa de sortir. Peu après arriva un peloton qui emmena le Père au Comité, au milieu des coups et des menaces, lui reprochant de ne pas marcher à leur rythme.
Avant de partir, il laissa sur la table sa montre, précieux cadeau de son père pour son ordination sacerdotale, et son chapelet.
Les miliciens obligèrent un habitant à venir avec son camion pour charger de l’orge : en réalité, c’était pour prendre des prisonniers et des miliciens armés jusqu’aux dents. Le camion eut l’ordre de prendre la route d’Alcañiz, puis de s’arrêter au cimetière d’Andorre, où les miliciens firent descendre leurs victimes. Le conducteur reconnut au passage le père Mariano, dont les lèvres prononçaient de ferventes prières.
Des coups partirent. Quelqu’un cria Vive la Vierge du Pilar ! Un autre témoin assura qu’en mourant, le père Mariano souffla encore Vive le Christ Roi !
Martyrisé le 15 septembre 1936, le père Mariano fut béatifié en 2013.