Margherita Martinengo
1687-1737
Elle naquit le 5 octobre 1687 à Brescia (Italie CN), du comte Leopardo Martinengo et de Margherita Secchi d’Aragon, une parente de Luigi Gonzaga (v. 21 juin). La naissance fut difficile, l’enfant fut ondoyée. La maman mourut cinq mois après.
D’un second mariage, avec Elena Palazzi, Leopardo eut deux fils et une fille : Nestor, Cecilia et Francesco.
Les rites du baptême furent complétés quand Margherita eut cinq ans, tout heureuse de se voir si joliment vêtue.
Elle eut pour institutrice une Ursuline et fit d’étonnants progrès : à sept ans, elle lisait le bréviaire romain en latin. C’était le début des marques de prédilection de la Providence.
Elle tomba un jour du carrosse, on la ramassa saine et sauve : elle affirma avoir senti son Ange gardien la prendre dans ses mains. Elle se mit aux mortifications, qu’elle maintint une fois pensionnaire chez les Augustiniennes, à partir de 1697 : elle se relevait la nuit pour prier dans le froid, elle doublait ses draps de morceaux de bois ou de cailloux ou d’épines… Elle ignorait à l’époque qu’il faut toujours demander conseil aux Supérieures avant de s’imposer de telles pénitences. Quand elle reçut la Première communion, il arriva que l’Hostie tomba à terre : elle se prosterna à terre pour la reprendre de sa langue : Je croyais le Seigneur indigné contre moi, raconta-t-elle.
Après deux années, elle demanda à passer à l’autre école, pour se séparer de deux tantes qui l’affectionnaient trop ; chez les Bénédictines, ce furent alors les deux confesseurs qui la tourmentèrent, l’un par ses monitions interminables, l’autre par ses scrupules. Elle revint chez elle.
On songea à la marier, mais elle refusa. Elle vit alors en vision sainte Teresa d’Ávila et sainte Chiara d’Assise qui se «disputaient» sa vocation : elle opta pour sainte Chiara. Mais après un essai chez les Clarisses durant l’hiver 1704-1705, elle constata qu’elle devait renoncer, et s’orienta vers les Capucines de Notre-Dame-de-la-Neige à Brescia, où elle devint Maria Maddalena. Après tout, elle restait dans l’ambiance franciscaine.
La Maîtresse des novices ne lui fit pas de cadeau ; la novice s’éclipsa sous les ordres sévères, s’appliquant avec ardeur aux tâches quotidiennes auxquelles elle n’était pas habituée : jardin, potager, bêtes, cuisine. Surtout, elle vivait en Dieu : Ma prière n’a jamais de commencement, puisqu’elle ne s’arrête jamais.
Malgré cette Maîtresse des novices, elle fit cependant la profession en 1706, grâce aux votes unanimes de la communauté.
Sa santé restait faible, elle était fragile ; s’étant démis l’épaule en sonnant la cloche, elle ne dit rien et fut bientôt très mal. L’évêque vint lui dire qu’elle allait bientôt rencontrer le Céleste Epoux et elle lui répondit : Je n’en ai pas le moindre désir !, signifiant par là qu’elle ne devait pas encore mourir. Peu après, le Christ lui apparut pour l’absoudre de tous ses péchés. Elle fit le triple vœu «du plus parfait, du plus pénible, du plus intensément. Elle s’engagea à prier cent Ave le samedi, mille pour les grandes circonstances (elle obtint ainsi la guérison d’une Consœur).
Elle brûlait tellement d’amour pour son divin Epoux, qu’elle souffrait de ne pouvoir le Lui montrer suffisamment ; et son confesseur de la traiter d’hérétique !
Elle eut la permission de s’imposer de nouvelles mortifications, mais quelles mortifications ! Les bras en croix plusieurs heures par nuit, du fiel de poisson dans sa nourriture, une côte cassée d’un coup de pierre, la discipline pendant une heure, des épines dans le corps ; la fenêtre ouverte l’hiver, fermée l’été ; un cilice de fer avec cinq cents pointes, plus un autre en lames de fer blanc ; des aiguilles dans le corps ; le nom de Jésus (Gesù) tatoué à l’acide sulfurique ; une plaie à la jambe soignée avec du sel, de la chaux et du vinaigre ; un ongle du pied coupé jusqu’à le perdre…
Excès, dira-t-on ; c’étaient pour elle des façons de montrer son amour au Christ Rédempteur. Elle était surtout ingénieuse pour les dissimuler, tout en ayant demandé la permission. Car elle avait vraiment le désir d’abandonner sa volonté propre et d’obéir à chaque Consœur.
En 1721, elle reçut la grâce des Fiançailles mystiques, une expérience rare dans l’histoire de la théologie mystique. Le Christ passe à sa fiancée un anneau précieux, parfois visible ; la fiancée alors «ressent» l’amour du Christ, plutôt qu’elle ne le comprend.
Malgré son désir d’être soumise, Maria-Maddalena fut élue trois fois maîtresse des novices ; on la mit à la porterie, et le bruit de sa sainteté se répandit dans toute la ville ; plus tard, on l’élut deux fois abbesse, malgré sa maladie.
Elle avait beau dire Le rien ne fait rien, on la jugeait encore utile : elle servait de protection au monastère ; annonçait-on la peste comme imminente ? il lui venait une rage de dents épouvantable, et tout le monde restait sauf.
Pour un 15 février, fête des saints Faustin et Jovite, patrons de Brescia, les «sages» de l’endroit voulurent inaugurer un casino. Au cours de cette manifestation, l’animateur de l’entreprise impie tomba mourant, et se convertit avant de trépasser. Pendant ce temps, Maria-Maddalena priait ; soudain, elle s’arrêta radieuse : La grâce est accordée ! La grâce, c’était la fête sacrilège interrompue, et le «sage» ramené à Dieu.
Elle aimait le silence joyeux, affable, bon ; les paroles humbles, douces, saintes. Avant de parler, il fallait se demander si les paroles pouvaient s’inscrire sous la lettre N, nécessité.
En juillet 1734, elle eut un vomissement de sang. On la réélut cependant en 1736, comme on l’a dit plus haut. Même une des Sœurs qui n’avait pas voté pour elle, affirma qu’il y avait quelque chose de divin dans son gouvernement.
Elle mourut le 27 juillet 1736.
En 1738, parut une dissertation d’un médecin qui avait examiné son cadavre, et s’étonnait que les aiguilles n’eussent causé ni inflammations, ni ulcères, ni gangrène.
Maria-Maddalena fut béatifiée en 1900.