Ioannis de Lycopolis
305-394
Il ne faut pas confondre cet ermite Ioannis (Jean) avec un autre Ioannis dit le Petit ou le Nain, qui vivait au cinquième siècle.
L’actuel Martyrologe ne l’a d’ailleurs pas retenu, et l’on pourrait oser le regretter. Il aura sa notice à part.
Celui dont il va être question maintenant, naquit vers 305, de parents très simples, qui eurent un autre fils.
Ce dernier fut teinturier ; Ioannis fut charpentier.
Vers 330, Ioannis quitta la vie du monde et alla se mettre au service d’un bon vieux moine solitaire. Ce dernier était très touché, émerveillé même de l’humilité avec laquelle Ioannis lui montrait tant d’attention. Il voulut cependant le mettre à l’épreuve, avec des ordres qui nous paraîtraient quelque peu insensés, mais qui montrèrent combien la simplicité et l’obéissance du disciple étaient réelles, sans calcul, sans arrière-pensée.
Ioannis, lui dit l’Ancien, prends voir cette branche sèche, plante-la et arrose-la deux fois par jour. Le disciple s’exécuta sans s’étonner de l’ordre, sans se plaindre de l’éloignement du puits, sans jamais manquer à ce petit travail. Au bout d’un an, le vieillard s’aperçut que la branche n’avait pas pris racine, et dit à Ioannis de cesser d’arroser ; Ioannis interrompit tout simplement ses allées-et-venues, sans s’émouvoir le moins du monde pour l’inutilité apparente de ses efforts.
Une autre fois, le vieillard ordonna à Ioannis de jeter par la fenêtre l’unique petite jarre d’huile, qui aurait dû servir ce jour-là pour préparer à manger à des amis : Ioannis obéit, sans poser la question Mais comment fera-t-on ?
Pareillement, le vieillard demanda à Ioannis d’aller déplacer une énorme pierre. Le disciple ne fit aucune objection, et s’efforçat de remuer le rocher, transpirant à grosses gouttes. La pierre ne bougea pas, mais Ioannis avait obéi de tout son cœur.
On va voir comment Dieu récompensa cette obéissance totale en accordant à Ioannis le don de prophétie, le don de guérir les maladies, outre qu’il savait guider les âmes par des lumières vraiment surnaturelles.
A la mort du vieillard, vers 342, Ioannis séjourna en divers monastères pendant cinq ans, puis alla se retirer sur une montagne proche de Lycopolis. Il s’y construisit trois cabanes : une «salle de bains», une pièce pour le travail et les repas, une troisième pour la prière. Personne ne devait y entrer ; le contact avec l’extérieur, soit pour lui apporter de la nourriture, soit pour le consulter sur la vie spirituelle, se faisait par une petite fenêtre. Ioannis vécut ainsi pendant quarante-huit ans.
Il ne mangeait que le soir, avec quelques fruits. Mais il luttait aussi contre les tentations que l’Ennemi ne manquait pas de lui envoyer.
A partir de 375, Ioannis reçut le don de lire dans les âmes ; il reprenait les pécheurs, il annonça les crues et les inondations du Nil ou encore la victoire romaine sur les Ethiopiens envahisseurs. Même l’empereur Théodose recourut à ses lumières : Ioannis lui promettait une victoire facile ; il en annonça aussi la mort prochaine (qui devait effectivement se produire en janvier 395).
Quand on lui amenait des malades, Ioannis ne se manifestait jamais directement, par humilité, pour éviter qu’on lui attribuât le mérite de la guérison ; il bénissait une huile, dont les malades se servaient.
Vers la fin de l’année 394, Ioannis imposa le silence autour de lui, pendant trois jours ; après quoi, il s’agenouilla, pria, et rendit son âme à Dieu.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Ioannis de Lycopolis au 17 octobre.