Tomás Campo Marín
1879-1936
Tomás vit le jour le 23 janvier 1879 à Mahamud (Burgos, Espagne), de Julián et Genara, qui le firent ondoyer dès la naissance ; les rites furent complétés le 3 février et le garçon fut confirmé en octobre.
En 1895, il entra au couvent des Pères Mercédaires de El Olivar. Il y reçut l’habit en 1895, fit la première profession en 1896, la solennelle en 1900 à Poyo (Pontevedra).
Il reçut les Ordres à Saint-Jacques de Compostelle, et le sacerdoce à Lugo.
Il habitait alors au couvent de Sarria, où il fut immédiatement nommé maître des novices. En 1905, il était formateur des profès à Lleida ; en 1906 à El Olivar, à Palma de Maiorque, où il prêcha avec ardeur (et succès). Sa santé commençait déjà de baisser, surtout parce qu’il fumait beaucoup.
En 1918, on lui demanda d’organiser le septième centenaire de l’Ordre, qu’il organisa de façon solennelle avec l’évêque ; entre autres prouesses, il fit venir six cents fidèles de Barcelone en bateau.
En 1920, il faillit être simultanément supérieur à Maiorque et provincial, mais il ne pouvait cumuler les deux charges ; il quitta Maiorque pour Barcelone, où il fut tout de même également prieur. Il organisa les Jeudis eucharistiques.
En 1926, il se trouvait vicaire puis curé à El Puig. En 1930, il repassait à Maiorque comme administrateur : il fit tout nettoyer et repeindre, acquit une machine à écrire. Cette année-là, il y eut des incendies de couvents pendant deux mois, durant lesquels les Religieux ne sortirent jamais de leur maison.
Entre 1932 et 1935, le père Tomás fut très actif aux différents chapitres et synodes. En 1935, il reçut le supériorat de Lleida : il y réorganisa la vie conventuelle en décadence et alla prêcher à Barcelone, San Ramón, Valencia, Benicalap, Burgos, Sarria, El Olivar ; il ne perdait pas une occasion pour découvrir de possibles vocations : beaucoup lui en furent reconnaissants.
A partir de février 1936, la situation était si menaçante, que les Religieux - le père Tomás et deux autres - allèrent dormir chez des amis. Ils y emportèrent des valises avec leurs effets et des objets du culte.
Le 22 juillet, suite à un mauvais conseil, ils crurent être plus en sûreté au commissariat de police, à cause de la foule menaçante, de sorte que la Generalitat vint les chercher en voiture et les conduisit à la prison, escortés par tout un peloton de miliciens rouges. Ils furent là pendant vingt-huit jours, jusqu’au 20 août.
A voir les «prisonniers» qui partaient les uns après les autres sans revenir, ils comprirent bien vite leur erreur. Ils ne se préparèrent que plus intensément à leur prochaine mort. Le père Tomás s’arrêta de fumer, tout en conservant sa bonne humeur habituelle.
Le 19 août, peu avant minuit, on fit sortir soixante-quatorze Religieux et prêtres, dont notre père Tomás et ses deux Confrères, Francisco Llagostera et Serapio Sanz. Ils saluèrent leurs compagnons, en leur donnant rendez-vous dans l’éternité.
Les prisonniers furent liés deux à deux et durent monter dans des camions qui partirent jusqu’au croisement des routes de Tarragona et Barcelone, au milieu des insultes et des blasphèmes des miliciens. Dans les camions, on chantait à tue-tête l’Ave maris Stella, le Magnificat, on criait Vive le Christ Roi, on invoquait Marie…
Une fois passé le cimetière, les conducteurs auraient voulu continuer jusqu’à Barcelone, mais une armée de miliciens les obligea à revenir en arrière jusqu’au cimetière.
On fit descendre les prisonniers, on les aligna par groupes de quatorze contre le mur, éclairés par les phares des camions, et les coups partirent, couverts par les chants et les cris des victimes. Un milicien passa donner le coup de grâce, mais on laissa là les cadavres, qui furent ensevelis seulement le lendemain par les employés du cimetière.
Martyrisé le 20 août 1936, le père Tomás fut béatifié en 2013, avec ses deux Confrères, Francisco et Serapio.