Jacques Salès
1556-1593
Il naquit le 21 mars 1556 à Lezoux (Puy-de-Dôme), d’un père attaché au service de l’évêque, ce qui valut au garçon une bourse pour étudier au collège jésuite de Billom.
Jacques, unique fils de ses parents, hésita un peu avant de parler de sa vocation, car il savait que ses parents comptaient sur lui. Mais l’appel de Dieu fut plus fort.
Ayant postulé son admission, Jacques fut envoyé suivre le cours de rhétorique au Collège de Clermont de Paris, puis fit le noviciat à Verdun.
Il fit la profession en 1575 ; on l’envoya faire la philosophie à Pont-à-Mousson et il repartit au Collège de Clermont d’où il sortit maître ès arts ; en même temps qu’il faisait la théologie au même Collège, il enseignait à Pont-à-Mousson.
Ordonné prêtre en 1585, son enseignement philosophique provoqua une réelle admiration ; il reçut aussi, en 1587, le doctorat en théologie.
Cette célébrité ne l’aveuglait pas ; sa dévotion allait à l’Eucharistie ; son désir, aux missions des Indes ; son aspiration suprême, au martyre.
Fin 1589, il fut envoyé se reposer à Dole (Jura), d’où il partit prêcher à Ornex, répandant la dévotion eucharistique.
En 1590, il fut nommé théologien à Tournon, d’où il «missionna» jusqu’à Valence, et Aubenas.
C’est en partant pour cette dernière localité qu’il eut un pressentiment, et se sépara d’un Confrère avec ces mots : Adieu, mon frère, priez pour nous, nous allons à la mort !
Accompagné du Frère Guillaume Saultemouche, il prêcha à l’assistance d’Aubenas, ainsi qu’aux localités voisines de Largentière, Chassiers, Ruoms.
Un débat devait avoir lieu avec un représentant de la religion calviniste, mais il n’osa se présenter ; les protestants voulurent se venger et reprendre Aubenas.
Jacques le comprit, revint vite à Aubenas et adjura les habitants de rester fidèles. Il se réfugia chez une pieuse dame protestante, qui se convertit.
Au matin du samedi 6 février 1593, des soldats les arrêtèrent, leur demandèrent leur argent (ils n’avaient que trente sous), et les entraînèrent devant le juge.
Ils furent enfermés, on leur proposa un potage gras, qu’ils ne prirent pas car, à l’époque, on faisait maigre le samedi. Des discussions eurent lieu sur le jeûne et l’abstinence, sur l’Eucharistie, et reprirent le lendemain dimanche.
D’après le ministre protestant, il fallait exécuter les deux Jésuites, mais les soldats s’y refusaient. On entraîna les deux prisonniers dans la rue : un coup d’arquebuse tiré à bout portant tua le père Jacques Salès, avec un coup de dague ; le Frère Saultemouche, qui professait son attachement à la doctrine du père Salès, reçut dix-huit coups de poignard.
On s’acharna sur les cadavres, qui furent traînés à travers les rues et jetés parmi les immondices. Des catholiques les inhumèrent. Une pieuse femme de Ruoms, Madame de Chaussy, les fit enlever dans la chapelle de son château : elle put en conserver une partie, tandis que les Jésuites remirent les restes dans leur collège d’Avignon. Plus tard, Madame de Chaussy remit ses reliques aux collèges d’Aubenas et de Tournon.
Le dossier des deux Martyrs ne tarda pas à être préparé, mais la cause traîna.
Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, martyrisés le 7 février 1593, furent béatifiés en 1926.
Un des miracles retenus pour cette cause, fut la conversion totale et la persévérance dans la foi catholique de toute la ville d’Aubenas.