John Roberts
1576-1610
Né vers 1576 à Trawsfynydd (Gwynedd, Pays de Galles), il était fils de John et Anna. John descendait des anciens rois britanniques et cultivait ses terres. John reçut le baptême dans la religion protestante.
On dit qu’il reçut sa formation d’un moine de la communauté de Cymer Abbey. Puis il alla au Collège Saint-John d’Oxford en 1595 et, deux ans après, à Furnival’s Inn (Londres), pour le droit.
Il voyagea. A Paris, visitant la cathédrale Notre-Dame, il se convertit au catholicisme. Laissant tout ce qu’il avait fait et cru jusques là, il partit au monastère bénédictin de Valladolid et y fut reçu en 1598. Il y prit le nom de John de Merioneth, car il était né près de la localité de Meirionnydd.
En 1599, il laissa le collège pour l’abbaye du même endroit, d’où on l’envoya faire son noviciat à Saint-Jacques de Compostelle. Il fit la profession en 1600. Ordonné prêtre, il fut envoyé en Angleterre.
Quoique étroitement surveillés par un espion de gouvernement, John et ses compagnons réussirent à entrer dans l’île en avril 1603. On le nomma vicaire (représentant) des moines (anglais) de la congrégation (espagnole) de la Mission. Le mois suivant, il fut arrêté et expulsé.
Il arriva à Douai le 24 mai, pour repartir en Angleterre dès qu’il le put. A Londres, il s’occupa des victimes de la peste.
En 1604, il voulut accompagner quatre jeunes en Espagne, mais il fut arrêté de nouveau ; cette fois-ci, on ne reconnut pas qu’il était prêtre et on le «relâcha» en l’envoyant en exil ; avec la persévérance digne des Apôtres, il rentra en Angleterre.
Le 5 novembre 1605, on le trouva chez l’épouse de Thomas Percy, impliqué dans le complot Gunpowder. John n’avait rien à voir dans cette histoire, mais il fut arrêté et emprisonné pendant sept mois à Westminster, puis de nouveau banni, en juillet 1606.
Il n’allait pas s’arrêter là. Il vint fonder à Douai un monastère bénédictin pour les moines anglais qui se trouvaient en différents monastères d’Espagne. Ainsi fut fondé le monastère Saint-Grégoire de Douai, qui fut banni de France en 1795, pour se reconstituer en Angleterre à Downside Abbey (Bath, Somerset), en 1814.
Notre John, en octobre 1607 repartit pour l’Angleterre, où il fut à nouveau arrêté en décembre et remis en prison à Gatehouse, Westminster, d’où il s’échappa après quelques mois. Après cette nouvelle aventure, il vécut près d’un an à Londres, mais fut repris et mis à Newgate. On devait l’exécuter sans tarder, mais c’est l’ambassadeur de France qui intervint : le moine fut «seulement» banni.
Il voyagea en Espagne, revint à Douai… et rentra en Angleterre, pour la cinquième fois !
Le 2 décembre 1610, il fut à nouveau capturé, au moment où il finissait de célébrer la Messe ; c’est un prêtre apostat qui l’avait épié et dénoncé. On l’emmena à Newgate avec ses ornements. Le 5 décembre, il passa en jugement et déclaré coupable d’avoir enfreint la loi interdisant tout ministère sacerdotal en Angleterre.
Il avait trente-trois ans, quand il fut martyrisé le 10 décembre 1610 à Tyburn (Londres).
Il y avait beaucoup de monde pour assister à son exécution, car le peuple le connaissait bien, depuis qu’il s’était tant prodigué pour soigner les victimes de la peste en 1603. La foule voulait lui épargner les souffrances atroces qu’on réservait aux «pendus», en les remettant sur pied avant leur dernier soupir, pour les éviscérer vivants ; le père Roberts fut donc «seulement» pendu. Après sa mort, le bourreau lui arracha le cœur et, selon l’habitude, le montra à la foule en disant : Voici le cœur du traître ! D’habitude, on répondait Vive le Roi !, mais ce jour-là, la seule réponse fut un silence absolu.
Le corps du saint moine put être repris par un groupe de fidèles et reconduit à l’abbaye de Douai. Les révolutionnaires français le firent disparaître en 1795. Exceptionnellement, un bras avait été détaché et confié à la Maison royale d’Espagne, qui le remit à la cathédrale de Compostelle, et deux doigts furent conservés l’un à l’abbaye de Downside, l’autre à celle d’Erdington.
Béatifié en 1929, Dom John fut canonisé en 1970.
Le miracle retenu pour la canonisation, advint par l’intercession de Cuthbert Mayne et de ses Compagnons en 1962 : un malade fut guéri instantanément et de façon stable d’un sarcome à l’épaule.