Jean le Silentiaire
454-558
Jean était le fils d’Encrace et d’Euphémie, qui descendaient tous deux de généraux ou de gouverneurs de province, mais surtout d’excellents chrétiens. On connaît aussi le nom d’un de ses frères, Pergame ; il avait aussi une sœur.
Il naquit à Nicopolis (Arménie) le 8 janvier 454. A la mort de ses parents, il avait dix-huit ans, - et un immense héritage, qu’il consacra à l’édification d’une église en l’honneur de la Mère de Dieu, et d’un monastère où il s’enferma avec dix compagnons qui voulaient se mettre sous sa conduite.
Avant de leur imposer une règle et des conseils, Jean mortifia d’abord son corps et son esprit, s’appliquant à la tempérance et à l’humilité, pour conserver la pureté du corps et de l’âme. Il sut aussi refréner sa langue, suivant le conseil de saint Jacques dans son Epître : Celui qui croit être pieux et ne retient pas sa langue, n’a qu’une piété vaine et imaginaire (Jc 1:26). C’est là ce qui lui valut le surnom de Silentiaire.
Après vingt années, il fut sorti de son silence pour succéder à l’évêque de Colonie (Taxara, Arménie), ce qui ne l’empêcha pas de continuer sa vie ascétique : par pudeur et mortification, il refusa toujours de se servir des bains ordinaires de cette époque.
Cette ascèse toucha son frère Pergame et son cousin Théodore, qui suivirent ses conseils pour leur propre sanctification.
Mais son beau-frère, au contraire, mit la zizanie dans le diocèse, à tel point que Jean dut aller se plaindre à l’empereur de Constantinople, et même finit par renoncer à sa charge épiscopale. Secrètement, il gagna Jérusalem, où il demanda incognito à être admis dans la laure de saint Sabas (v. 5 décembre).
Jean y vécut tellement humblement, discrètement, que Sabas pensa bien de le faire ordonner prêtre et le conduisit pour cela auprès du patriarche de Jérusalem. Là, Jean parla secrètement au patriarche pour lui révéler toute son histoire passée. Sur ce, le Patriarche confia alors à Sabas que, au vu des paroles de Jean, il ne pouvait l’ordonner prêtre, ce qui fit croire à Sabas que Jean était coupable de quelque faute grave, et qu’il s’était trompé dans son jugement sur Jean.
Très éprouvé, Sabas pria Dieu de l’éclairer, et Dieu lui fit savoir que Jean était déjà évêque. Sabas en conçut une grande joie, et un respect accru envers son «disciple», auquel il promit de n’en rien dire à personne.
Jean resta encore quatre ans dans son silence, mais préféra quitter la laure en 503, lors de la «révolte» des moines, et s’enfuit dans le désert, pendant neuf ans, se nourrissant de fruits et de racines sauvages. On ne put l’en ramener : mystérieusement des inconnus (des anges ?) lui apportèrent des vivres ; un lion rôdait et éloignait de sa caverne les voleurs.
Quand Sabas fut rappelé dans la laure, en 510, il s’empressa d’y faire revenir aussi son cher Jean, qui lui obéit et y resta encore quarante ans, toujours dans le silence et la solitude. Il acceptait tout de même de donner des conseils à qui les lui demandait. Entre autres, un de ses tout jeunes compagnons, Cyrille, put ainsi en recevoir suffisamment de confidences, qu’il écrivit ensuite la vie de Jean, d’où nous connaissons tant de détails.
Cyrille écrit qu’il avait seize ans, quand Jean en avait quatre-vingt-dix.
Outre son surnom de Silentiaire, Jean est aussi appelé Hésychaste, ou Sabbaïte. Il savait lire dans les cœurs, fit quelques prédictions, des guérisons aussi.
Il mourut à cent-quatre ans, en 558, après avoir passé soixante-seize ans dans le désert.
Le jour de sa mort était placé au 13 mai ou aussi au 30 mars, mais l’actuel Martyrologe l’a inscrit au 7 décembre, surlendemain de la fête de saint Sabas.