20 AVRIL
I.
Ss Sulpicius et Servitianus, martyrs à Rome.
II.
S Anicet, pape (155-166) ; c’est lui qui aurait prohibé aux clercs de porter les cheveux longs.
IV.
S Secundino, martyr à Cordoue.
Ss Victor, Zotique, Zénon, Acindyne, Césaire, Sévérien, Chrysophore, Théonas, Antonin, martyrs à Nicomédie.
S Marcellinus, africain, premier évêque à Embrun, où il lutta contre le paganisme et l’arianisme.
S Theodoros, solitaire près de Constantinople, surnommé “Trichinas” à cause de son rude vêtement en poils de chèvre.
V.
S Marcianus, berrichon, moine à Auxerre, où il s’occupa des vaches de la ferme jusqu’à sa mort.
S Théotime, surnommé “le Philosophe” pour sa science, puis évêque à Tomes, ami de s.Jean Chrysostome.
VI.
Ste Heliena Consalvo, solitaire italienne, à Laurino.
VII.
S Anastasios, évêque à Antioche de Syrie, martyr.
IX.
S Wiho, évêque à Osnabrück : le pape ratifia cette nomination faite par Charlemagne.
B Harduin, moine copiste à Fontenelle, puis anachorète dans une grotte proche.
X.
B Hugues d’Anzy, poitevin, moine de Saint-Sabin, maître des novices à Saint-Martin d’Autun, co-fondateur de Cluny puis de Anzy-le-Duc, où il fit construire un magnifique hôpital pour les pauvres.
XII.
S Géraud, seigneur de Salles, fondateur d’abbayes, mort dans l’une d’elles, comme servant de messe.
Bse Oda, vierge en Brabant ; pour échapper au mariage, elle se coupa les narines ; elle fut prieure de l’ordre de Prémontré à Bonne-Espérance.
Ste Hildegonde, qui vécut des aventures extraordinaires sous le nom de Joseph, et finit ses jours dans l’abbaye (masculine) de Schönau.
XIII.
Bx Domenico Vernagalli, camaldule, fondateur d’un hôpital pour orphelins à Pise.
B Jean, abbé cistercien à Igny puis à Clairvaux et à la Grâce-Dieu.
XIV.
Ste Agnese de Montepulciano, mystique dominicaine, première abbesse, à 15 ans, du couvent de Procena, puis supérieure à Montepulciano.
B Simone Rinalducci de Todi, augustin, théologien et prédicateur.
B Giovanni, solitaire puis tertiaire franciscain à Masaccio, dont il est le patron.
XVI.
Bx James Bell, prêtre, et John Finch, père de famille ; James avait renié sa foi et s’était réconcilié vingt ans après ; John était fermier et abritait les prêtres ; tous deux furent martyrisés par pendaison à Lancaster.
Bx Richard Sargeant et William Thomson, prêtres anglais martyrs à Tyburn, béatifiés en 1987.
B Maurice MacKenraghty, prêtre martyr en Irlande, béatifié en 1992.
XVII.
B Antony Page, jésuite anglais martyr à York, béatifié en 1987 avec soixante deux autres.
Bx Francis Page, jésuite, Robert Watkinson et Thomas Tichborne, prêtres anglais martyrs à Tyburn béatifiés en 1987.
XIX.
Bse Dina (Chiara) Bosatta de Pianello, collaboratrice du b.Guanella à Come où elle ouvrit la première Petite Maison de la Divine Providence, et morte de tuberculose à vingt-neuf ans, béatifiée en 1991.
XX.
B Dionís Domínguez Martínez (Doménec Ciríac, 1911-1937), des Frères Maristes espagnols, martyr à Madrid et béatifié en 2013.
B Michel Coquelet (1931-1961), prêtre français des Oblats de Marie Immaculée, martyr au Laos, béatifié en 2016.
Sulpicius et Servitianus à Rome
† 97
Ces deux Romains, d’après la tradition, auraient été gagnés à la foi devant les miracles accomplis par sainte Domitilla (v. 7 mai).
Ils auraient été les fiancés d’Euphrosina et Theodora.
Dénoncés, ils refusèrent de sacrifier aux idoles et furent décapités.
Si ce martyre devait faire suite à celui de Domitilla, il serait logique de le situer au mois de mai. Mais de vieux manuscrits les ont inscrits au 20 avril, l’année qui suivit le martyre de Domitilla, donc en 97.
Saints Sulpicius et Servitianus sont commémorés le 20 avril dans le Martyrologe Romain.
Anicet
155-166
Anicet, né à Émèse de Syrie, fut le onzième pape, succédant à saint Pie Ier.
Dans le clergé de Rome se trouvaient alors Soterius et le diacre Eleutherius, qui tous deux succédèrent à Anicet.
Ce pape reçut la visite de Polycarpe (v. 23 février), vénérable évêque de Smyrne, lui-même disciple de l’apôtre saint Jean. Polycarpe, qui mourut martyr peu après son retour à Smyrne (156) était alors un vieillard de quatre-vingt cinq ans, qui n’épargnait pas sa fatigue pour aller rencontrer l’évêque de Rome.
Ils discutèrent de plusieurs points de doctrine, et Anicet condamna plusieurs erreurs : de Valentinus, de Marcion, et d’autres. Marcion en était arrivé à contester les textes de l’Ancien Testament, prétendant que le Dieu de l’Ancien Testament n’était pas le même que Celui du Nouveau. On sait que Marcion fut exclu de la communauté de Rome dès 144.
Mais Anicet et Polycarpe ne purent se mettre d’accord sur un point : comment établir la date de la fête de Pâques ? Polycarpe avait connu auprès de saint Jean une pratique, tandis que Rome avait fini par en établir une autre. Anicet ne voulait pas faire revenir Polycarpe sur un si saint héritage, et Polycarpe ne pouvait s’opposer à l’autorité du Successeur de Pierre. Anicet se contenta de dire qu’il fallait suivre l’usage des Anciens.
La date de Pâques fut un objet de controverse en Orient et Occident pendant très longtemps , et ne fut réglée qu’au concile de Nicée en 325 (encore qu’actuellement l’Eglise d’Orient célèbre souvent la fête de Pâques plus tardivement que l’Eglise d’Occident). Mais la paix entre Anicet et Polycarpe ne fut pas brisée pour autant : le pape déféra même à Polycarpe la célébration de l’Eucharistie.
Il est dit qu’Anicet aurait prohibé aux clercs de porter les cheveux longs.
On doute qu’Anicet mourut martyr. S’il le fut, on n’en connaît pas les circonstances.
Il mourut un 17 ou un 20 avril, et c’est cette dernière date qui est retenue par l’actuel Martyrologe.
Secundino de Cordoue
† 306
Cordoue, capitale de l’Espagne Bétique, fut conquise par les Romains en 169, et le Christianisme s’y développa dès le 3e siècle : son premier évêque, Ossius, y mourut centenaire en 357.
Secundino vivait à Cordoue et brûlait de zèle pour répandre la foi en l’unique Dieu.
Il brûlait aussi d’un ardent désir de recevoir la couronne du martyre.
Quand parurent les édits de persécution de Dioclétien, il fut arrêté, soumis à la question, torturé longuement et finalement décapité. Son vœu était accompli.
La ville de Cordoue devait connaître une autre persécution, au 9e siècle, mais sous la domination musulmane. Une cinquantaine de Martyrs périrent, dont parle le Martyrologe à différentes dates.
Saint Secundino de Cordoue est commémoré le 20 avril dans le Martyrologe Romain.
Marcellinus d’Embrun
† 374
Marcellinus naquit en Afrique (l’actuelle Tunisie).
Dieu lui inspira le zèle de la prédication et, quittant sa famille et son pays, s’en vint débarquer à Nice, avec deux compagnons nommés Vincentius et Domninus.
Il s’établit d’abord dans une solitude, où il bâtit une chapelle. Il la fit consacrer par s.Eusèbe de Verceil, alors en exil (v. 1er août).
Mais Eusèbe eut une inspiration bien plus forte : il fit venir l’évêque de Valence (Æmilianus, v. 13 septembre) et consacra évêque Marcellinus, l’établissant en la ville d’Embrun.
Marcellinus ne pouvait plus s’adonner à la prédication comme il l’espérait : il envoya ses deux Compagnons à Digne, tandis qu’il demeurait dans son diocèse.
Dieu lui donna le don des miracles, qui furent retentissants.
Pour baptiser les nombreux convertis, il construisit un baptistère près de son église : l’eau y jaillit en telle abondance que l’évêque put baptiser sans interruption pendant sept jours, et que les malades purent boire de cette eau pour obtenir leur guérison.
Un jour qu’une coupe précieuse s’était brisée, Marcellinus la recomposa d’un simple signe de croix et s’en servit souvent.
C’est alors que sévit la douloureuse doctrine hérétique d’Arius, et Marcellinus s’efforça d’en atténuer les effets dans toute la région. L’empereur Constance voulut alors le faire arrêter, mais un des émissaires eut le bras paralysé au moment de le frapper. Il insulta Marcellinus : Il ne te suffisait pas de nous avoir expulsés d’Afrique, tu veux aussi nous troubler en Gaule. Marcellinus fit sortir le diable qui parlait par la bouche de cet homme.
Une autre fois, des ariens s’emparèrent de Marcellinus, le conduisirent sur une hauteur, d’où ils précipitèrent l’évêque ; mais Marcellinus se releva indemne, comme le dit le psaume : Il a envoyé ses anges pour te garder en toutes tes voies ; ils te porteront dans leurs mains, pour ne pas que ton pied heurte la pierre (Ps 90:11-12).
Enfin, pour fuir d’autres vexations, Marcellinus se cacha dans des grottes, qu’il ne quittait discrètement que pour accomplir certaines fonctions de son saint ministère. Il put réintégrer son siège en 361, et reprit son apostolat fécond.
Il mourut le 13 avril 374. Mais on retarda de quelques jours ses funérailles, pour laisser aux évêques de la région le temps d’arriver, de sorte que la depositio de Marcellinus se fit le 20 avril suivant.
L’évêque était mort, mais il continuait d’opérer des miracles. Une huile suintait de son tombeau : elle guérit des malades frappés de la peste ; Marcellinus apparut au-dessus des murailles lors d’un siège, mettant l’ennemi en déroute ; s.Grégoire de Tours (v. 17 novembre) assure que si la lampe qui brûlait devant son tombeau venait à s’éteindre par l’effet du vent, elle se rallumait d’elle-même.
D’importantes reliques de Marcellinus arrivèrent au diocèse du Puy, où l’on croit que les révolutionnaires les détruisirent en 1789 ; celles qui restaient à Embrun, furent détruites par les Huguenots en 1585 ; l’église de Digne possède la relique du chef de s.Marcellinus.
Saint Marcellinus d’Embrun est commémoré le 20 avril dans le Martyrologe Romain.
Theodoros Trichinas
† 5e siècle
Theodoros - don de Dieu, Dieudonné - vivait à Constantinople, puis se retira dans le désert.
Il portait comme habit une peau de chèvre au poil très rude, qui lui valut le surnom de Trichinas.
Il eut l’occasion d’accomplir beaucoup de miracles, notamment la délivrance de possédés du démon.
On est incertain sur la date de sa mort : 4e ou plutôt 5e siècle.
Après sa mort, son saint corps exsuda un baume grâce auquel beaucoup de malades furent guéris.
Saint Theodoros Trichinas est commémoré le 20 avril dans le Martyrologe Romain.
Marcianus à Auxerre
† 488
Originaire du Berry, Marcianus quitta sa région pour éviter la présence de Goths ariens, et s’en vint frapper à la porte du monastère d’Auxerre, gouverné par s.Mamertin (v. 30 mars ?).
Pour éprouver sa nouvelle recrue, Mamertin ne trouva rien de mieux que d’envoyer Marcianus garder les vaches de la ferme. Il resta à cette «charge» jusqu’à sa mort.
Avec quelques autres moines qui travaillaient avec lui, il ne pouvait assister à la Messe que le dimanche, dans un village voisin.
On peut s’interroger sur l’inspiration que put avoir l’abbé, en établissant ainsi Marcianus à l’écart de la vie monastique, de l’office divin, de l’Eucharistie. Mais on admirera l’esprit de totale obéissance de Marcianus, qui se consomma ainsi en sainteté par son humilité.
Il mourut un mercredi de Pâques, un 20 avril, probablement en 488.
Son corps fut plus tard rapporté au monastère d’Auxerre, qui en prit le nom.
Saint Marcianus est commémoré le 20 avril dans le Martyrologe Romain.
Heliena Consalvo de Laurino
509-530
Heliena (Elena, Hélène) naquit vers le début du 6e siècle à Laurino (Salerno, Campanie, Italie SO), de parents pauvres.
Encore petite, elle s’adonna déjà à des exercices de piété, pour lesquels ses braves parents la traitèrent de folle. Aussi se retira-t-elle dans une sorte de caverne à quelques kilomètres de la maison, dans la localité de Pruno.
Elle se nourrissait d’herbes et de racines. Sa réputation de sainteté et ses miracles lui attirèrent des visiteurs.
Quand elle mourut, vers 530, son corps fut enseveli dans la cathédrale de Capaccio-Paestum, puis passa à s.Elzéar de Sabran (v. 27 septembre), puis à la cathédrale d’Ariano Irpino et revint à Laurino en 1882.
Sainte Heliena de Laurino est commémorée le 20 avril dans le Martyrologe Romain, qui cependant la place au siècle suivant.
Anastasios d’Antioche de Syrie
† 609
On a souvent cru que cet Anastasios était le patriarche nommé à ce siège en 559 et rétabli en 593. Mais il s’agit de deux personnages du même nom qui se sont succédé.
Il y a aussi un Anastasios, moine au Mont Sinaï, commémoré le 21 avril.
Celui dont il est question ici fut nommé patriarche d’Antioche de Syrie à la fin de 598 ou au début de 599, succédant à son homonyme.
C’était un homme cultivé, connaissant le latin, ce qui lui permit de traduire la Regula pastoralis du pape Grégoire Ier (v. 12 mars) : ce dernier avait représenté le pape à Constantinople et était apprécié en Orient.
Lorsque l’empereur Phocas crut nécessaire de forcer les Juifs à passer au christianisme, il y eut de fortes révoltes. En particulier ceux d’Antioche se rebellèrent contre le patriarche, s’en saisirent et le maltraitèrent de la façon la plus honteuse. Attaché par les pieds, traîné par toute la ville, mutilé, brûlé vif, il acheva son glorieux martyre un 21 décembre ou un 21 avril, de l’an 609.
Saint Anastasios est commémoré le 21 avril dans le Martyrologe Romain.
Wiho d’Osnabrück
772-805
Wiho (ou Wicho) était né en 772 en Frise.
Il reçut sa formation auprès de Grégoire d’Utrecht (v. 25 août).
Sans doute sur la recommandation de ce dernier, Charlemagne se chargea de le nommer évêque d’Osnabrück : le diocèse venait d’être fondé et il fallait y mettre un évêque digne de cette mission. Le pape ratifia ce choix.
Il y a cependant un doute sur la date de cette nomination. On disait précédemment que le diocèse fut fondé vers 780, tandis qu’on croit actuellement qu’Osnabrück devint le siège de cet évêché seulement vers 800.
Il est avéré de toutes façons que Wiho fut un pasteur vraiment zélé, et qu’il eut aussi beaucoup à souffrir.
Il fonda une école cathédrale, ancêtre du Gymnasium Carolinum, une des plus anciennes écoles d’Allemagne.
Selon les dates mentionnées ci-dessus, l’épiscopat de Wiho dura donc soit une vingtaine d’années, soit quelques années. Le diocèse d’Osnabrück a choisi les dates extrêmes de 783-805, soit vingt-deux ans d’épiscopat.
Wiho mourut le 20 avril 804 ou 805.
Saint Wiho est commémoré le 20 avril dans le Martyrologe Romain.
Domenico Vernagalli
1180-1219
Domenico était né vers 1180 à Pise dans une famille aisée.
On dit qu’une fois ordonné prêtre, il entra chez les Camaldules comme frère convers, vers 1200. Toutefois on pourra se poser la question de l’exactitude de cette information : s’il était prêtre (à vingt ans ?), il devait célébrer la Messe et prier le Bréviaire, et n’était donc pas Convers.
Il fut curé à Pise en 1204, sans jamais abandonner ses habitudes d’austérités et de mortifications. Il se nourrissait surtout de produits lactés, et prenait très peu de fruits ou légumes, et de viande (voir plus bas).
Touché par cette plaie des enfants abandonnés, il fonda à Pise un orphelinat, en 1218.
Il mourut le 20 avril 1219, très vite honoré d’un culte qui fut approuvé en 1854, lui donnant ainsi le titre de Bienheureux.
Un examen de ses os fut exécuté tout récemment, qui a conduit à ces conclusions : Domenico mourut vers la quarantaine ; c’était un ascète qui devait jeûner souvent.
Jean de la Grâce-Dieu
† 1280
Avant d’être nommé à la Grâce-Dieu, Jean fut abbé à Igny (Marne), de 1232 à 1234, et fut désigné comme Jean 1er, car il y eut huit abbés de ce nom dans cette abbaye.
En 1257, il fut abbé à Clairvaux (Aube), jusqu’en 1260 (ou 1261), toujours avec son titre de Jean 1er , car il y eut là aussi huit abbés de ce nom.
A partir de 1261, il fut abbé à la Grâce-Dieu (Doubs). Mais cette date reste hypothétique, car les listes ne correspondent pas : la liste des abbés de la Grâce-Dieu indique un Jean entre 1257 et 1264, d’ailleurs nommé Jean 2.
Notre abbé reçut finalement le titre honorifique d’archevêque in partibus de Mitylène.
Il mourut le 20 avril 1280 à Clairvaux.
Les Cisterciens le considèrent comme Bienheureux.
Signalons que l’abbaye d’Igny fut supprimée en 1790, et «ressuscita» en 1876 ; bombardée en 1918, c’est depuis 1929 une abbaye de moniales cisterciennes.
L’abbaye de Clairvaux, après des siècles de gloire, fut vendue en 1789 et devint en 1808 cette fameuse prison qu’elle est toujours, avec des services des ministères de la justice et de la culture, qu’on peut visiter.
L’abbaye de la Grâce-Dieu fut aussi vendue en 1790, occupée par une forge en 1792, et rachetée par les Cisterciens en 1844. En 1929, s’y installèrent des Cisterciennes, qui gagnèrent Igny en 2008, laissant les bâtiments aux Travailleuses Missionnaires.
Agnese Segni
1268-1317
Agnese Segni vit le jour le 28 janvier 1268 à Gracciano (Montepulciano, Sienne, Toscane, Italie C), de bons parents aisés et très chrétiens ; son père s’appelait Lorenzo. Au moment de la naissance d’Agnese, il remarqua autour du berceau des flambeaux mystérieux, qui devaient annoncer de quelles vertus Agnese allait illuminer la vie monastique.
On rappellera ici que, pendant longtemps, l’Eglise a célébré le 28 janvier une deuxième fête de sainte Agnès (la jeune martyre romaine, v. 21 janvier) et que les parents Segni donnèrent à leur fille le nom d’Agnès qu’on fêtait donc aussi ce 28 janvier.
A peine âgée de quatre ans, la petite fille se mettait en quête d’un endroit solitaire pour offrir à Jésus ses prières et sa personne, pour lui demander de bénir ses parents.
Elle emmenait ses compagnes visiter les sanctuaires de voisinage, selon ce que son âge et ses parents lui permettaient de faire. A neuf ans, à Montepulciano, une troupe de corbeaux s’abattit sur Agnese en croassant, cherchant à lui crever les yeux ; elle invoqua Jésus et la troupe s’envola ; le biographe qui rapporta l’épisode affirma que c’étaient en réalité des démons, qui présidaient à une maison de débauche proche et que la présence de la pure Agnese dérangeait.
Peu après, Agnese demanda à entrer au couvent. Les parents objectèrent qu’elle était encore bien jeune, mais la prière obtint de Notre-Seigneur l’abaissement de tous les obstacles et Agnese entra chez les Religieuses de Montepulciano ; celles-ci vivaient seulement sous la règle augustine, sans appartenir à aucun Ordre particulier, et portaient un habit de toile grossière, un véritable sac, et on leur donnait le nom de Sœurs du Sac. Agnese s’y trouva extrêmement bien, priant autant qu’elle le désirait, sachant déjà s’imposer des mortifications, édifiant la communauté par son humilité et son obéissance.
Elle avait quatorze ans lorsqu’on la mit à l’épreuve en la nommant économe : humblement, elle protesta qu’elle était bien trop jeune pour s’acquitter d’une telle responsabilité, mais elle obéit et sut se montrer tout-à-fait à la hauteur de sa charge, venant au-devant de tous les besoins des Religieuses, sans jamais se plaindre d’avoir moins de temps pour la prière. Il est en effet très agréable à Dieu de le «quitter» pour le retrouver dans l’attention au prochain. La Vierge Marie la récompensa en lui remettant trois petites pierres très belles, pour lui annoncer qu’elle construirait plus tard un monastère en l’honneur de la Mère du Christ.
C’est qu’Agnese était déjà l’objet de faveurs célestes particulières : on la vit en état de lévitation, en extase ; elle faisait des miracles.
On remarqua que des violettes ou des roses ou des lys poussaient là où elle s’était agenouillée ; une nuit de l’Assomption, la Sainte Vierge lui remit l’Enfant-Jésus dans les bras ; un autre jour qu’elle était ravie en prière au fond du jardin, elle laissa passer l’heure de la Messe : attristée pour avoir perdu l’occasion de recevoir l’Eucharistie, elle eut la visite d’un ange qui lui donna la Communion.
Elle reçut la visite de deux ermites camaldules, qui voulaient l’entendre parler de la vie spirituelle ; au moment du repas, s’éleva une rose au parfum très fort au milieu du plat et Agnese commenta que le Seigneur, par cette fleur épanouie en plein hiver, voulait montrer combien la conversation avec ces bons moines l’avait réchauffée ; mais ces derniers racontèrent qu’ils avaient été eux-mêmes réchauffés par les propos d’Agnese.
A quinze ans, elle fut sollicitée pour construire un couvent à Acquapendente et en être la supérieure ! Heureusement, le pape lui-même mit un terme à cette démarche. Mais ce furent les habitants de Montepulciano qui eurent gain de cause. Il arriva qu’Agnese, en vision, se vit en face de trois navires conduits respectivement par saint Augustin, saint François d’Assise et saint Dominique, discutant entre eux qui attirerait Agnese dans sa famille religieuse ; c’est saint Dominique qui l’emporta. Peu après, en 1306, un ange vint annoncer à Agnese qu’elle allait bientôt faire construire un monastère là où les corbeaux l’avaient assaillie, et que ce monastère serait dédié à la Très Sainte Trinité, à la Très Sainte Vierge, et à saint Dominique. C’était l’accomplissement de la prophétie que lui avait faite Marie quelque temps auparavant en lui remettant les trois petites pierres.
Agnese fut donc bientôt la Supérieure de vingt Religieuses dominicaines.
Par sa prière, elle obtint assez de pain un jour que la communauté n’en avait plus du tout (le fait fut raconté par le Christ à Catherine de Sienne, v. 29 avril) ; elle délivra un possédé, convertit des libertins qui l’avaient insultée…
Elle comprit que sa dernière heure approchait, lorsque de grandes douleurs l’accablèrent et que son ange vint lui dire qu’elle allait boire le calice amer auquel le Christ avait bu avant elle ; on lui proposa d’aller aux eaux salutaires de Clanciano, non loin de Montepulciano ; Agnese savait que c’était inutile, mais obéit au conseil, et le Seigneur répondit à cet acte d’obéissance non pas par la guérison d’Agnese, mais par d’autres miracles au passage d’Agnese : une nouvelle source jaillit à Clanciano, où guérirent tous les autres malades et qu’on appela depuis Eau de sainte Agnese ; une autre fontaine fit couler un vin excellent ; une jeune fille eut son genou infirme guéri ; un enfant noyé ressuscita.
De retour au couvent, elle s’alita ; voyant les Religieuses attristées, elle le leur reprocha gentiment : Si vous m’aimiez comme vous devez, chères filles, vous ne pleureriez pas ainsi ; les amis se réjouissent du bien qui arrive à leurs amis. Le plus grand bien qui puisse m’arriver, c’est de m’en aller à notre Epoux. Soyez-lui fidèles, à cet Epoux si bon. Persévérez toujours dans l’obéissance et je vous promets de vous être plus utile au ciel que si je restais parmi vous.
Elle ajouta : Mon bien-aimé est à moi, je ne le quitterai plus, et s’endormit dans le Seigneur, le 20 avril 1317, à minuit. A cette heure-là, les bébés se réveillèrent et éveillèrent leurs parents.
Lorsque Catherine (Caterina) de Sienne vint vénérer son corps en 1380, elle s’inclina pour baiser le pied d’Agnese : ce pied se souleva alors spontanément pour se présenter à la vénération de Caterina, et serait depuis resté dans cette position. Son corps est resté préservé de la corruption.
Agnese Segni a été béatifiée en 1608, et canonisée en 1726.
Simone Rinalducci
1260-1322
Simone était né à Todi (Ombrie, Italie centrale) dans la deuxième moitié du 13e siècle.
Entré chez les Augustins en 1280, il acquit une grande notoriété pour sa vaste science théologique et aussi pour ses miracles. Il fut nommé professeur, prieur dans divers monastères et prêcheur.
Devenu provincial pour l’Ombrie, il fut injustement calomnié en plein chapitre (1318) par des confrères, sans doute jaloux de sa célébrité. Simone ne chercha pas à se défendre et resta silencieux, comme notre divin Maître.
Les accusations furent d’abord prises très au sérieux et Simone accepta humblement les solennels reproches, qui furent sans doute levés par la suite, car il fut nommé prêcheur à Bologne.
Dans cette dernière ville, il devint célèbre pour sa façon plaisante de s’exprimer ; il sut dispenser beaucoup d’instructions au peuple, qu’il complétait par l’exemple de sa sainte vie personnelle.
En 1311, apparemment surtout sur requête du père Rinalducci, les Augustins reçurent la charge pastorale d’une église du diocèse de Terni.
Simone Rinalducci mourut au monastère de Saint-Jacques-le-Majeur de Bologne, le 20 avril 1322.
Son culte fut confirmé en 1833 ; il est donc considéré comme Bienheureux, même si une proclamation solennelle n’a pas eu lieu.
Giovanni de Masaccio
† 1399
Il ne s’agit pas ici de l’illustre peintre du 15e siècle.
Né à Masaccio de parents pauvres, notre Giovanni grandit dans la foi protestante qu’il en reçut.
Des proches lui enseignèrent cependant la vérité catholique et, adolescent, il se retira dans une grotte pour y mener la vie d’ermite.
On sait qu’il y subit divers assauts du démon.
Sur la fin de ses jours, il revêtit l’habit des tertiaires franciscains.
Divers prodiges se produisirent au moment de sa mort, qui eut lieu le 20 avril 1399.
Giovanni devint ainsi le céleste patron de la ville de Masaccio, mais il n’est pas resté dans le récent Martyrologe Romain (ni d’ailleurs dans les moteurs de recherche).
James Bell
1520-1584
Né à Warrington (Lancashire, Angleterre) vers 1520, James étudia à Oxford avant d’être ordonné prêtre sous le règne de Mary.
Malheureusement, il devint «conformiste» sous le règne d’Elizabeth, et pendant vingt ans n’administra que quelques sacrements en divers endroits d’Angleterre. A la fin, sa conscience lui fit penser au salut des âmes ; destitué de tout ministère, il songea à assumer un petit enseignement, au moins pour pouvoir manger. Dans cette perspective, il rencontra l’épouse d’un directeur, une pieuse femme catholique, qui lui suggéra de se réconcilier avec l’Eglise catholique.
Au bout de quelque temps, il put reprendre les fonctions sacerdotales et, pendant deux années, se dédia de tout son cœur au travail missionnaire.
Il fut finalement appréhendé le 17 janvier 1584, et reconnut son état sacerdotal.
On le traduisit en justice à Manchester le même mois, et déféra aux assises de Lancaster en mars.
Quand il entendit la sentence du juge, il prononça cette pétition : Je demande à sa Seigneurie, qu’elle veuille bien ajouter à la sentence que mes lèvres et mes bouts de doigts puissent être coupés, pour avoir juré et souscrit les articles des hérétiques, contraires autant à ma conscience qu’à la Vérité divine.
Puis il passa la nuit en prières.
On ne sait pas si on lui fit effectivement subir ce raffinement de souffrances qu’il implorait, mais il fut «hanged and quartered», pendu et écartelé, le même jour que le laïc John Finch (ou Farmer).
C’était le 20 avril 1584.
James Bell a été béatifié parmi plus de cent martyrs d’Angleterre et du Pays de Galles, en 1929.
Nota. On rencontre parfois la date du 10 avril 1584, et John Farmer comme compagnon de James. Il semble bien que ce soit une double erreur.
John Finch
1548-1584
John était né vers 1548. C’était un laïc d’Eccleston (Lancashire, Angleterre), d’une vieille famille catholique bien connue, mais il semble qu’il soit tombé momentanément dans le schisme.
A l’âge de vingt ans, il vint à Londres passer environ une année avec des cousins à Inner Temple. Ce séjour lui donna l’occasion de voir la différence entre le style de vie des Protestants et celui des Catholiques, et de se décider à vivre dans le Catholicisme.
De retour au Lancashire, il se réconcilia avec l’Eglise catholique.
Il se maria, et fit de sa maison un centre de mission pour aider les prêtres de toutes les façons, les cachant aussi, et travaillant avec eux pour la catéchèse.
Ce zèle le signala aux autorités, qui l’arrêtèrent à Noël 1581, au moment où il conduisait un prêtre, qui fut arrêté avec lui.
On le pressa et on le tortura de toutes les façons pour l’amener à apostasier et livrer des informations, en vain.
On le tira par les pieds en lui faisant heurter les pierres avec la tête ; on l’enferma dans un sombre cachot, sans même un lit pour s’étendre, et quelques rares morceaux de foie de bœuf comme nourriture.
Après trois années de prison, il passa en jugement à Lancaster, en même temps que trois autres prêtres (on ne dit pas lesquels).
Le 18 avril 1584, il fut jugé coupable et, après avoir passé la nuit à convertir quelques compagnons de prison, il fut exécuté à Lancaster avec James Bell, le 20 avril 1584.
Ils font partie des cent et quelques Martyrs béatifiés en 1929.
Nota. On rencontre parfois la date du «10 avril» 1584, et «John Farmer» au lieu de John Finch. Il semble que ce soit une double erreur.
Maurice MacKenraghty
1500-1585
Né vers 1500 à Kilmallock (Irlande), d’un père orfèvre, Maurice (Muiris mac Ionrachtaigh en gaélique) embrassa la vie ecclésiastique et fut reçu bachelier en théologie. On ne dit pas où il fit ses études.
Revenu en Irlande, il fut aumônier de Gerald FitzGerald, comte de Desmond, et partagea le sort de son patron dans ses débats contre la reine Elizabeth 1re d’Angleterre.
Fuyant avec ce comte en septembre 1583, il fut surpris à Sliabh Luachra par les hommes de Lord Roche, et conduit au comte de Ormond. Celui-ci ordonna de l’enchaîner avec Patrick Grant et de les envoyer en prison à Clonmel. Là ils furent aux fers, mais Maurice put encore confesser ses compagnons de prison, jusqu’en avril 1585.
Son gardien fut alors soudoyé par Victor White, un bourgeois de la ville, qui put ainsi faire délivrer Maurice et lui permettre de célébrer l’Eucharistie dans sa maison. C’était le dimanche de la passion. Mais le gardien prévint en secret le gouverneur de Munster, pour lui suggérer d’arrêter tous ceux qui participeraient à cette messe.
Au matin, toute une troupe surgit autour de la maison et arrêta White. Maurice avait eu le temps de se cacher sous un tas de paille. Il fut blessé par un coup d’épée qu’on envoya dans le tas, mais il put s’échapper et se cacher dans la forêt.
Toutefois, sachant que la vie de Victor était en danger à cause de lui, il se constitua. Aussitôt il fut soumis à la loi martiale. On lui proposa l’absolution de son délit, s’il acceptait de se «conformer» à la religion d’Etat, mais il se refusa à renier la foi catholique et l’autorité du pape.
Il fut exécuté comme traître. Il avait environ quatre-vingt-cinq ans.
Sa tête fut exposée sur la place du marché et son corps, racheté par des soldats, fut enterré derrière le maître-autel du couvent des Franciscains.
C’était le 20 avril 1585.
Maurice a été béatifié en 1992.
Richard Sargeant
1558-1586
Né vers 1558 à Gloucester, il était probablement un fils de Thomas Sergeant de Stone (Gloucestershire) et de Katherine Tyre de Hardwick.
Il étudia à Oxford en 1570-1571 où il fut diplômé, puis à Reims, au Collège Anglais, en 1581. Il fut ordonné sous-diacre à Reims (1582), diacre à Soissons (1582) et prêtre à Laon (1583).
Il célébra sa première messe le 21 avril et partit pour l’Angleterre le 10 septembre.
Il fut dénoncé au Old Bailey de Londres comme Richard Lea (ou Lee) alias Long (ou Longe).
Arrêté et condamné à mort, il subit le supplice le 20 avril 1586, avec William Thomson.
Il a été béatifié en 1987.
William Thomson
1560-1586
Né vers 1560 à Blackburn (Lancashire), William fut ordonné prêtre à Reims en 1584.
De retour dans son pays, il exerça le ministère sous le pseudonyme de Blackburn. Il fut arrêté alors qu’il célébrait la messe, chez Roger Line, le mari de Anne Line (martyrisée le 27 février 1601, et canonisée).
Condamné à mort avec Richard Sargeant pour le crime d’être prêtres et d’avoir pénétré dans le royaume, ils furent martyrisés par pendaison à Tyburn le 20 avril 1586 : William avait vingt-six ans, d’après la date présumée de sa naissance, et à peine deux années de sacerdoce.
Il a été un de ceux béatifiés, avec Richard, en 1987, quatre siècles après leur martyre.
Antony Page
1563 ? -1593
Ordonné prêtre à vingt ans, en 1591, Antony (Anthony) ne peut être né en 1571. Au moins quelques années plus tôt, certains donnent 1563.
De bonne famille, il était né à Harrow-on-the-Hill (Middlesex, Londres).
Il étudia à Oxford, comme «scholaris Mri-Wodson» (élève du maître Wodson), puis passa à Douai, au Collège Anglais, en 1584.
Après avoir reçu les ordres mineurs (1585), il reçut le diaconat à Douai en 1590, et le sacerdoce à Reims en 1591.
Un témoin contemporain le décrit comme un homme d’une admirable humilité, d’une modestie et d’une pureté virginales, d’une érudition et d’une piété hors du commun, et ayant fait l’unanimité autour de sa singulière candeur d’esprit et de la douceur de son comportement.
Il revint très vite en Angleterre pour assister les Catholiques durant la persécution d’Elizabeth I.
Arrêté, jugé coupable du crime d’être prêtre, il fut exécuté à York en avril 1593, le 20 ou le 30 avril. Le Martyrologe le mentionne le 20 avril.
Il a été béatifié en 1987.
Francis Page
1577 ? -1602
Né à Anvers (Belgique), il était d’une famille protestante anglaise de Harrow-on-the-Hill (Middlesex, Londres), et donc probablement parent d’Antony Page, prêtre martyrisé en 1593, également un 20 avril.
Il vint à Londres pour se former dans le Droit, et tomba amoureux de la fille d’un avocat catholique, chez lequel il travaillait. Mais cette jeune fille n’acceptait de se marier que s’il devenait catholique à son tour.
Il rencontra le confesseur de son camarade de chambrée, un père jésuite du nom de John Gerald, et étudia la religion catholique. Mais plus il l’étudiait, plus il se sentait appelé au sacerdoce. Au désespoir de sa fiançée, mais suivant l’appel de Dieu, il renonça au mariage.
Quand le père Gerald fut arrêté, Francis passait chaque jour à la prison pour entrevoir le prêtre et en recevoir la bénédiction. Il finit par être remarqué et arrêté quelque temps.
Relâché, réconcilié dans l’Eglise catholique, il passa en France où il fut formé au Collège Anglais de Reims. Puis il fut ordonné prêtre à Douai en 1600.
Passé en Angleterre, il échappa de justesse à une première arrestation lorsque, sur le point de célébrer la messe, des «chasseurs de prêtres» firent irruption dans la maison. Il eut juste le temps de retirer les habits liturgiques, de cacher les objets du culte et de se mêler aux personnes présentes, venues pour prier. La maîtresse de maison l’aida à s’enfuir, mais fut elle-même arrêtée et plus tard exécutée pour avoir abrité un prêtre (il s’agit de Anne Line, v. 27 février).
Francis fut finalement arrêté à son tour l’année suivante. En prison, il fut admis dans l’Ordre des Jésuites.
Condamné à mort pour le délit d’être prêtre, il subit le martyre avec ses confrères Robert Watkinson et Thomas Tichborne, par pendaison à Tyburn le 20 avril 1602.
Lui et Robert furent béatifiés en 1929, Thomas à son tour en 1987.
Robert Watkinson
1579-1602
Né en 1579 à Hemingborough (Yorkshire), Robert reçut sa formation sacerdotale à Douai et Rome, avant d’être ordonné prêtre à Arras.
Aussitôt ordonné prêtre, en 1602, il traversa la Manche pour l’Angleterre. Peu de jours après son arrivée, il tomba malade et se soumit aux soins d’un pharmacien de Londres.
Tandis qu’il marchait dans la rue, il rencontra un inconnu, sous les traits d’un homme vénérable et âgé, qui le salua en ces termes : Que Jésus vous bénisse, Monsieur, vous me semblez malade et atteint de bien des infirmités ; mais ayez courage, car dans quatre jours, vous en serez guéri.
C’est ce qui arriva. En effet, un prêtre apostat le dénonça traîtreusement, et le samedi suivant, 17 avril, Robert fut arrêté, jugé, et condamné à mort pour le délit d’être prêtre.
Au matin du jour de l’exécution, il eut ce qu’il fallait pour célébrer la sainte Messe. Ceux qui purent assister, parmi lesquels Henry Owen, remarquèrent une lumineuse auréole sur sa tête, depuis la consécration jusqu’à la communion.
Robert n’avait que vingt-trois ans, et à peine un mois de sacerdoce.
Il fut exécuté à Tyburn le mardi 20 avril, avec Francis Page et Thomas Tichborne.
Robert et Francis furent béatifiés en 1929, Thomas en 1987.
Thomas Tichborne
1567-1602
Thomas était né à Hartley (Hampshire, Angleterre) en 1567, de Nicholas et Mary Myll. Il avait un frère, nommé aussi Nicholas.
Il fut formé à Reims et à Rome, et ordonné prêtre le jour de l’Ascension, 17 mai 1592.
Retourné dans son Hampshire natal, il put exercer son ministère jusqu’au début de 1597.
Arrêté et envoyé à la prison de Gatehouse (Londres), il s’échappa à l’automne 1598, avec l’aide de son frère Nicholas et d’un autre ami, Thomas Hackshot, qui furent pour cela exécutés peu après (mais ne font pas partie des Martyrs Bienheureux).
Trahi par un prêtre apostat, Thomas fut de nouveau arrêté ; condamné à mort le 17 avril 1602, avec James Duckett, Francis Page et Robert Watkinson. James fut exécuté le 19 avril, tandis que Thomas, Robert et Francis le furent le 20 avril 1602.
Il semble que Thomas Tichborne ait été oublié de toutes les listes. Il n’est pas même mentionné dans le Martyrologe, quoiqu’il soit recensé dans les béatifiés de 1987.
Dina Bosatta
1858-1887
Née le 27 mai 1858 à Pianello del Lario (Côme, Italie N) de Alessandro Bosatta (un producteur de soie) et de Rosa Mazzucchi, Dina était la sœur de Marcellina Bosatta. Elle avait aussi un frère.
Elle fut très vite orpheline de son père, qui mourut d’un infarctus à quarante-sept ans, en 1861. La Maman confia la soierie à son fils aîné, et la petite Dina à sa grande sœur, qui avait quinze ans.
Dina reçut la Confirmation en 1868, et la Première communion l’année suivante.
Dina dut d’abord se contenter de l’enseignement que donnait le brave curé de Pianello chaque dimanche après-midi ; en contre-partie, elle lui rendait des services à la cuisine et à la sacristie.
Puis elle fut confiée aux Filles de la Charité (Canossiennes) de Gravedona Lario. Elle pensait entrer en religion chez elles, et commença le noviciat à Côme. Mais Dina, qui avait une faible constitution, se montrait trop introvertie, trop refermée sur elle-même et semblait plutôt destinée à une vie plus contemplative. Elle revint dans son pays, assez découragée.
Elle se lia, avec sa sœur Marcellina, à l’œuvre fondée par leur curé pour assister les vieillards et l’enfance abandonnée, l’hospice du Sacré-Cœur. Marcellina l’aida à dépasser son «blocage» et Dina put s’occuper avec fruits de l’instruction des petites filles. Elle y montra un zèle admirable pendant sept années.
A la mort de ce bon prêtre, arriva en 1881 don Luigi Guanella (v. 24 octobre), qui donna un nouvel élan à l’œuvre : les pieuses femmes qui y travaillaient purent se consacrer, et Dina prit le nom de Chiara (Claire). Elle qui était si timide, fut chargée de la formation spirituelle des autres Sœurs et, comme telle, considérée comme co-fondatrice des Filles de Marie de la Providence, dont la devise était In omnibus caritas, en toutes choses l’amour du prochain.
Chiara n’était pas seulement maîtresse des novices : elle fut active à la paroisse auprès des enfants et des jeunes, et auprès des malades. Entre 1881 et 1882, elle rejoignit les Sœurs canossiennes de Gravedona, où elle pensait suivre une formation pour le diplôme d’enseignante de premier degré, qui était alors obligatoire. Mais le ministre de la culture retira cette obligation et Chiara resta dans cet hospice jusqu’en juillet, avant de revenir à Pianello, où on l’attendait : elle fut tour à tour infirmière, enseignante, formatrice de couture et broderie, et représentante de l’hôpital.
En 1884, les Canossiennes (qui, on s’en souvient, l’avaient écartée quand elle avait dix-huit ans), la rappelèrent pour diriger des travaux d’embellissement dans leur église. Elle pensait venu le moment de re-solliciter son admission chez elles, mais don Guanella eut la claire inspiration de lui dire que sa place était à Pianello, à l’hospice du Sacré-Cœur.
Il y avait là tout un monde de Religieuses, postulantes, orphelines, vieillards, malades, mourants aussi… sans oublier la catéchèse des filles et les soins aux malades.
Cela ne suffisait pas. Chiara fut envoyée dans une école de Dongo, sur le lac de Côme, pour remplacer une institutrice. Elle y alla chaque jour à pied, exposée parfois aux moqueries des passants. Ce qui la soutint, fut son amour de l’obéissance, par laquelle Dieu lui donna beaucoup de grâces.
Don Guanella avait un frère, Lorenzo, qui voulait ouvrir une Citadelle de la Charité à Ardenno, et où le rejoignit Chiara. Elle devait se partager entre Ardenno et Pianello. Puis don Guanella put louer une maison à Côme, qu’il appela la Petite Maison de la Divine Providence. Ce fut encore Chiara qui fut appelée à diriger cette fondation, la future maison-mère de l’œuvre de don Guanella.
Celui-ci finit par transformer sa petite communauté en congrégation des Filles de Marie de la Providence.
Chiara fut frappée par beaucoup d’épreuves et de tentations intérieures ; elle se sentit coupable, une voix intérieure l’accusait. Cela dura plusieurs années, sans que personne ne s’aperçût de rien, sinon qu’on pouvait supposer qu’elle souffrait de sa faible constitution.
A l’automne 1886, la mauvaise saison fut la cause de plusieurs maladies parmi les patients. On manquait de couvertures et Chiara donna la sienne à une vieille dame. Elle en contracta une broncho-pneumonie, et une forte irritation des voies respiratoires, qui aboutirent à une phtisie généralisée.
Revenue à Pianello, elle dut garder le lit pendant cinq mois, et offrit sa vie pour la conversion des pécheurs et l’avenir de l’Œuvre. Le médecin lui conseilla de ne plus quitter son Pianello natal ; elle s’établit dans la cure de Pianello. La maladie empira et elle mourut saintement le 20 avril 1887, à vingt-neuf ans.
Elle a été béatifiée en 1991, gratifiée du titre de martyre de la charité, que lui donna le pape dans son homélie.
Dionís Domínguez Martínez
1911-1937
Dionís (Denys) était né le 24 janvier 1911 à Villoria de Órbigo (León, Espagne catalane), un des sept enfants de Miguel et Teodora, dont deux filles furent aussi religieuses.
Dionís fut baptisé dès le 25 janvier, reçut la Première communion en 1921 et fut confirmé en 1927. Sa mère désirait beaucoup qu’il devînt prêtre, mais elle fut tout aussi heureuse lorsque son fils lui exprima le désir d’être Frère Mariste.
Il entra en 1925 dans cette congrégation à Venta de Baños (Palencia) et commença le noviciat à Tuy en 1926 ; en 1927 il reçut l’habit et le nom de Doménec Ciríac ; un an après il faisait les premiers vœux et la profession perpétuelle en 1934.
Après Tuy, il fut envoyé à Madrid.
La congrégation était réellement sa famille, pour laquelle il se donna corps et âme. Il était entièrement ouvert aux directives du directeur du collège et n’avait d’autre souci que d’être un professeur zélé auprès de ses élèves. Il y réussit pleinement, mais pour peu de temps…
Le 18 juin 1936, il dut, comme les autres, quitter la maison de Madrid et trouver refuge chez des parents, pour lesquels il travailla comme vendeur de légumes au marché.
Or, en avril 1937, il fut convoqué pour le service militaire, à Valencia. Au moment où il retirait son sauf-conduit pour le voyage, il fut reconnu et dénoncé par un ancien élève du collège mariste.
Les deux autres Frères qui étaient avec lui purent prévenir une cousine, qui ne put jamais savoir ce qu’on avait fait du Frère Doménec.
On retrouva son corps dans une rue de Madrid et l’autopsie révéla qu’il avait été assassiné le 20 avril 1937. Le Frère Doménec avait vingt-six ans ; il fut béatifié en 2013.
Michel Coquelet
1931-1961
Ce martyr fait partie des 17 Martyrs du Laos, pour lesquels des notices sont en préparation.
Michel Coquelet naquit le 18 août 1931 à Wignehies (Nord), dans une famille nombreuse, très chrétienne, et reçut le baptême le 23 août suivant.
En 1935, la famille se transporte à Puiseaux (45), où la maman complète le maigre salaire du papa avec des ménages.
En 1942, Michel entre au collège de Pithiviers et, en 1945, au petit séminaire de Solesmes (59).
En 1948, après le baccalauréat, Michel entre au noviciat des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, à La Brosse-Montceaux (78), où on le note moyen, mais aussi plein d’humour.
Durant le service militaire au Maroc, il développera une grande compétence dans le soin des malades.
En 1956, il fut ordonné prêtre.
En 1957, il partit pour le Laos, comme il le désirait depuis longtemps.
Lui, l’élève moyen, fut d’abord professeur de français au petit séminaire de Paksane : un évêque exprimera plus tard sa joie d’avoir eu un si bon professeur de français.
En 1959, il fut envoyé dans le village de Sam Tom (Xieng Khouang), puis en 1961 à Phôn Pheng.
Le 20 avril 1961, dénoncé à la guérilla, il fut arrêté par des soldats qui prétendaient que son supérieur l’appelait à Xieng Khouang. Michel comprit leur mensonge. Laissant là sa bicyclette, il suivit les soldats et fut abattu non loin de la route en direction de Ban Sop Xieng. Il n’avait pas trente ans.
Ensuite les soldats allèrent détruire la chapelle de Sam Tom, où ils torturèrent et tuèrent aussi le chef du village et son secrétaire. De la chapelle on ne retrouva plus tard qu’un petit ciboire.
Michel Coquelet a été béatifié le 10 décembre 2016.
Son dies natalis sera le 20 avril dans le Martyrologe Romain.