Manuel Gómez González
1877-1924
Fils aîné de José Gómez Rodríguez et de Josefa González Durán, il naquit le 29 mai 1877 à As Neves (Tuy, province de Pontevedra en Espagne), et fut baptisé le lendemain. Selon l’habitude de l’époque, il reçut la confirmation l’année suivante.
Il fréquenta le Petit séminaire de San Pelayo, passa au Grand séminaire et fut ordonné prêtre en 1902.
D’abord vicaire dans sa propre paroisse natale, il obtint la permission d’être incardiné dans le voisin diocèse portugais de Braga, où il exerça le ministère sacerdotal à Notre-Dame di Extremo, puis à Monsão.
La persécution anticléricale qui sévissait alors au Portugal le poussa à demander de partir pour le Brésil (1913).
Après une brève période à Rio de Janeiro, il remplaça dans le Rio Grande do Sul un curé qui, originaire lui-aussi du diocèse de Braga, devait revenir au Portugal à cause de la santé de son père, puis il assista ce dernier à son retour, comme vicaire pendant plusieurs mois, après lesquels il fut nommé curé de Nonoai (1915).
C’était une paroisse immense, où Manuel organisa la catéchèse, et promut intensément la participation des fidèles à la sainte messe et aux sacrements, luttant contre l’indifférence et cherchant par tous les moyens à améliorer leurs conditions de vie.
Il subdivisa le territoire de sa paroisse en petites communautés, ouvrant une petite école dans son propre presbytère, où il instruisait gratuitement les enfants et les adolescents. Il construisit un four pour la fabrication des briques, construisit la maison paroissiale pour accueillir gratuitement les plus pauvres, promut la culture du riz et des pommes de terre, et restaura son église.
En huit années, il transforma l’aspect de sa paroisse. Ceux qui l’ont connus ont témoigné : il souffrait avec ceux qui souffraient, il faisait toujours le bien, il ensevelissait les morts et assistait les veuves. Il se soucia de protéger les Indiens.
On a un témoignage très intéressant des deux sœurs d’Adílio, ce jeune garçon qui allait être martyrisé avec lui. L’une d’elles, Carmelinda, écrivit : “(Don Manuel) était très aimable et respecté de tous. On le considérait comme le personnage le plus important sur place. Il donnait des conseils, plein de charité, il enseignait à prier, à lire, à écrire. Ses Messes étaient très ferventes. J’y participais toujours avec ma famille.”
L’autre sœur, Zolmira, écrivait à son tour : “Don Manuel était très ami de ma famille. Lui et mon père étaient souvent en conversation. C’est lui qui me donna la première Communion. Tous les paroissiens l’admiraient, parce qu’il était l’une des rares personnes qui se souciaient des gens et instruisaient les fidèles. Don Manuel était sympathique, aimable, humble ; il avait de bons rapports avec tout le monde. C’était un travailleur, il allait partout juché sur son âne”.
Plusieurs fois don Manuel reçut la charge d’administrateur de la paroisse voisine de Palmeiras das Missões, près du fleuve Uruguay, tout près de la frontière argentine. Ce fut là l’occasion de son prochain martyre.
C’était en mai 1924 : l’évêque lui demanda d’aller visiter un groupe de colons brésiliens d’origine allemande. Après avoir célébré Pâques dans la paroisse de Nonoai, il entreprit le voyage en compagnie du jeune Adílio, sans trop se soucier des groupes révolutionnaires qui s’agitaient dans les environs.
Il s’arrêta d’abord à Palmeiras das Missões, pour y administrer les sacrements et rejoignit Colonia Militar, où il célébra la Messe le 20 mai 1924 : ce devait être sa dernière Messe.
On lui déconseillait de s’aventurer dans la forêt, mais son cœur brûlait d’aller porter la grâce divine à ces gens.
En cherchant son chemin, il rencontra quelques soldats qui, gentiment, lui proposèrent de l’accompagner ; c’était un piège. Manuel et son fidèle Adílio de seize ans furent conduits à un endroit isolé de la forêt, où les chefs militaires les attendaient.
Un témoin raconta : “Après moins d’une demi-heure, on entendit plusieurs coups de feu. Il était neuf heures du matin de ce mercredi 21 mai 1924. Nous nous demandions sur qui les soldats avaient pu tirer. Peu après, quand réapparurent les soldats, personne n’osait rien dire, par crainte des révolutionnaires, et encore moins aller voir dans la forêt ce qui s’était passé.
C’est le lendemain soir que des jeunes virent arriver deux ânes seuls ; le paysan de l’endroit, qui ne les connaissait pas, commença par les chasser, et c’est alors qu’un autre paysan, monsieur Diesel, reconnut l’âne du père Manuel et du jeune Adílio. Sans perdre un instant, il enfourcha son cheval et courut demander à la paroisse de Trés Passos : Le père Manuel est-il arrivé pour dire la Messe ? On lui dit que non. On en déduisit alors qu’on l’avait abattu dans la forêt de Feijão Miúdo.”
Effectivement, don Manuel et Adílio avaient été maltraités, puis attachés chacun à un arbre et fusillés en haine de la foi et de l’Eglise catholique.
Manuel et Adílio ont été béatifiés ensemble en 2007, et sont également nommés ensemble au Martyrologe du 21 mai.