Marija Petković
1892-1966
Marija Petkovic naquit le 10 décembre 1892 dans la petite ville de Blato, qui se trouve sur une île de Croatie, l'île de Korčula, à cette époque appartenant à l'empire austro-hongrois. Elle était le sixième des onze enfants de Antun Petković-Kovac et de Marija Marinović.
En 1904, après l'école élémentaire, elle fréquenta l'école municipale, puis l'école ménagère de Blato, fondées par des religieuses récemment arrivées d'Italie, les Servantes de la Charité.
En 1906, elle fit partie de l'Association des Enfants de Marie, et rencontra l'évêque de Dubrovnik, Mgr Josip Marčelić, auquel elle fit part de son désir d'être religieuse et qui sera son directeur pendant des années. Elle fit le voeu de chasteté.
A partir de 1909 Marija fut la présidente des Filles de Marie. Malgré sa faible constitution et ses fréquentes maladies, elle se donna à maintes occupations : elle aida ses parents à la maison, elle fit la catéchèse et aussi l'école aux enfants de son entourage.
En 1911, la mort de son père la poussa à se donner encore davantage auprès de sa mère dans l'éducation de ses frères et soeurs. En plus, les événements de la Première Guerre mondiale l'aidèrent à discerner sa vraie vocation.
En 1915, toujours sous le regard bienveillant de l'évêque, elle créa une première association : la Société des Mères Catholiques. En 1917 elle prit la tête du Tiers-Ordre franciscain ; elle participa à la soupe populaire organisée par les Servantes de la Charité. En 1918 elle s'engagea formellement à demeurer à Blato, pour aider les pauvres et vivre avec eux.
En 1919, Marija entra chez les Servantes de la Charité. Mais voici que deux mois après, mourut la Mère Supérieure, et qu'alors les autres religieuses préférèrent rentrer en Italie. Il restait quatre religieuses, dont notre Marija, qui demandèrent à l'évêque de les aider et de leur donner la règle du Tiers-Ordre franciscain. En hiver de la même année, elles ouvrirent à Blato un centre d'hébergement, une crèche et un orphelinat.
L'été suivant, toujours sur l'île de Korčula, mais à Pricba, Marija rédigea les premières Constitutions de l'Ordre des Filles de la Miséricorde, comme Tiers-ordre franciscain indépendant, avec pour mission de faire connaître l'Amour divin et la Miséricorde, par des actes de charité. L'évêque donnera le départ de cette nouvelle institution en la fête de saint François d'Assise, le 4 octobre 1920. Ce jour-là, Marija prendra le nom de Marija de Jésus Crucifié (Marija od Propetoga Isusa) et sera choisie comme mère supérieure. Elle le restera jusqu'en 1952.
Quand les religieuses eurent épuisé leurs propres ressources en aidant les enfants pauvres et affamés, elles allèrent solliciter de l'aide dans les plaines fertiles de Slavonie, à Backa, toujours pour les orphelins et les veuves. Là elles reçurent une aide toute particulière du pape Pie XI. L'Administrateur apostolique de Backa demanda à Marija de fonder des monastères à Subotica et dans les environs, pour que la population environnante pût profiter largement de la présence des religieuses.
Backa connaissait là aussi le problème de nombreux enfants pauvres et abandonnés, de sorte qu'en 1923 fut fondée à Subotica d'abord, puis en plusieurs villes, des centres pour les enfants, non seulement en Croatie, mais aussi en Serbie et en Macédoine. L'orphelinat de Subotica existe toujours, même si les Religieuses n'y sont plus actuellement.
Pendant les trente-deux années de son supériorat, Marija voyagea beaucoup, en Croatie, en Italie, en Amérique Latine et ouvrira quarante-six maisons. Les religieuses furent très nombreuses, travaillant dans leurs orphelinats, dans les hôpitaux, les écoles pour nurses, les paroisses. Marija resta ainsi en Argentine de 1940 à 1952, promouvant de nombreuses activités dans toute l'Amérique latine au profit de l'enfance, donnant partout des leçons de catéchisme, d'hygiène, de couture, etc.
En 1952, Marija vint à Rome pour établir la maison-mère de la Congrégation. C'est là qu'en 1954 elle fut frappée d'une attaque qui la laissa complètement paralysée.
En 1961, elle estima que sa mission n'était plus de diriger, mais de prier et d'offrir ses propres souffrances. Elle s'intéressa de près aux événements du Concile Vatican II et des orientations qui en dérivèrent.
Elle s'éteignit à Rome à soixante-quatorze ans, le 9 juillet 1966. D'abord ensevelie au cimetière romain du Campo Verano, elle fut ensuite transportée à la maison-mère, puis dans sa ville natale de Blato.
Dans la chambre où elle s’éteignit, on conserve du sang de ses plaies, qui ne s’est pas coagulé.
Elle a été béatifiée en 2003, et inscrite au Martyrologe du 9 juillet.
Les Filles de la Miséricorde sont actuellement répandues entre autres en Italie, en Roumanie (au service de l'Eglise grecque catholique), au Paraguay, au Chili, au Pérou et en Argentine.
Voici le résumé du miracle retenu pour la béatification :
Le 26 août 1988 le sous-marin péruvien BAP Pacocha était éperonné et coulé par un chalutier de pêche japonais, le Kiowa Maru, qui était équipé à l’avant par un brise-glace. Le sous-marin était à une profondeur de quinze mètres avec une pression d’eau de 3,8 tonnes. Le lieutenant de bord Roger Cotrina Alvarado invoqua l’aide de Marija, déployant une force surhumaine à ouvrir la porte du sous-marin, évitant la mort immédiate de vingt-deux hommes d’équipage, et parvenant finalement à leur sauvetage.
La Congrégation reconnut l’intercession de Marija dans ce sauvetage d’ordre vraiment miraculeux.