Joan Buxó Font
1879-1936
Né à Montcada, Barcelone, le 24 octobre 1879 (fête du Fondateur des Clarétains, Antonio María Claret), Joan fut baptisé le 28 suivant ; des neuf enfants du chirurgien José et de Catalina, cinq moururent en bas âge, les quatre autres entrèrent en religion : de ces quatre, Joan était l’aîné, les trois autres furent Religieuses.
Joan faillit lui aussi mourir en bas âge, à deux ans, mais il eut la «chance» d’être évacué chez un oncle de Centellas, de sorte qu’il échappa à la contagion.
Au catéchisme, à l’école, Joan était toujours le premier arrivé. C’est qu’il était aussi, à sa façon, quelque peu têtu et désobéissant, en tout cas volontaire, travailleur et fidèle à ses engagements.
Il reçut la Première communion à dix ans et entra au collège des Pères Piaristes de Sabadell. Quand il eut obtenu son baccalauréat (1895), il exprima le désir de devenir chirurgien comme son père ; en 1897, il fut interne à l’hôpital ; il obtint sa licence en médecine en 1902 et vint s’installer à Montcada.
Joan se montra toujours un homme sérieux, studieux ; il ne savait pas perdre de temps ; sa sobriété le fit surnommer par les camarades doctor castus ; il ne manquait jamais la prière quotidienne du chapelet ni la Messe ; il se fit tertiaire dominicain et refusa toutes les propositions de mariage dont on lui parla. En outre, il fut en enthousiaste défenseur de l’Espéranto, communiquant dans cette langue divers articles et participant à des congrès internationaux.
Peu à peu, mûrit sa vocation religieuse. En 1914, à trente-quatre ans, il entra au noviciat de Cervera et fit la profession en 1915. On admira l’humilité avec laquelle il sut se mettre au niveau des jeunes novices et accepter tant de changements dans son quotidien. Il fallut passer aux études de philosophie ; il s’y mit avec ardeur, avec un professeur uniquement pour lui. Puis il fit la théologie à Alagón et Cervera, pour enfin être ordonné prêtre en 1920.
Préférant l’intimité, il célébra sa première Messe dans la chapelle de l’infirmerie, près des malades. On lui confia l’enseignement de diverses matières, mais il continua à exercer l’art de la médecine, au profit des autres Religieux de la Congrégation ; d’autres médecins de Cervera préféraient être soignés par le p.Buxó. En outre, il fut un excellent confesseur, par sa clairvoyance psychologique des personnes.
Il se mortifia, refusant toujours de se plaindre du froid ou de la chaleur, de la fatigue physique ou de la perte de mémoire. Il portait un cilice.
Lors de la dispersion obligée de toute la communauté de Cervera le 21 juillet 1936, il gagna Barcelone, chez les Religieuses du Cœur Immaculé de Marie, puis revint à l’hôpital de Cervera lorsque ces dernières furent expulsées. On le nomma médecin de garde.
Comme on l’a vu à propos du p.Lluís Jové Pach (v. plus haut), les miliciens vinrent appeler les Pères au soir du 17 octobre. Parmi ces miliciens, il s’en trouvait un, ultra révolutionnaire, qui avait été soigné par le p.Buxó.
Celui-ci ne fut pas emmené tout de suite ; une Religieuse vint l’avertir qu’elle avait entendu les coups de feu, et le p.Buxó lui dit : Que faire ? Ils sont martyrs. Dieu soit loué !
Une heure plus tard, on vint le chercher. Son ex-patient lui demanda : Où veux-tu que je te fasse la piqûre . - Où tu veux, répondit le Père ; ils parlaient bien sûr des coups de feu.
Martyrisé le 18 octobre 1936 à Cervera, béatifié en 2017, Joan Buxó Font sera mentionné dans le Martyrologe Romain au 18 octobre.