Auxentios, solitaire
420-470
Le père d’Auxentios, Abdas, avait fui la Perse à cause de la persécution de Sapor, et s’était installé en Syrie, où il se maria et eut un enfant : Auxentios.
La date de la naissance d’Auxentios semble controversée ; il a pu naître avant 400.
Après ses premières études, il vint à Constantinople et s’enrôla parmi les gardes de l’empereur Théodose. Ce dernier estima beaucoup le jeune homme pour sa piété, ses mœurs pures, son érudition. De plus, Auxentios eut aussi le don des miracles.
Auxentios avait des amis parmi les solitaires ; on cite ainsi un certain Ioannis, qui vivait non loin de l’Hebdomon (quartier proche de Constantinople) ; il allait le voir avec deux laïques, Marcianos (futur économe de l’Eglise) et Anthimos (futur prêtre). Avec ce dernier, il s’adonna au jeûne et à la prière, aux veilles nocturnes, dormant peu, et souvent sur la terre nue. Marcianos édifia une petite église sur le bord de la mer : ils s’y retrouvaient tous les trois.
Mais en 442, pour trouver plus de solitude, Auxentios se retira sur le mont Oxia (île de Naxos), complètement ignoré, nouveau Jean-Baptiste vêtu d’une rude peau de bête (cf. Mt 3:2), et abrité… de la voûte céleste.
Il se prit cependant à son propre piège, si l’on peut dire, car voyant de pauvres enfants qui cherchaient leurs troupeaux égarés, il ne résista pas à les leur faire découvrir miraculeusement. Les enfants parlèrent de lui aux parents, qui vinrent le remercier. Aussi Auxentios alla se construire une cabane au sommet de la montagne, et en mura la porte de l’intérieur ; une petite fenêtre était la seule ouverture, par laquelle il s’adressait laconiquement à ses visiteurs et touchait les malades qu’on lui présentait.
Il les invitait d’abord à rendre gloire à Dieu, à prier avec lui, ou à écouter sa lecture. Parfois, «le» visiteur était le Malin, qui s’efforçait d’empêcher Auxentios de prier. Auxentios le chassait, comme il le chassa aussi de possédés, et fit encore bien d’autres miracles. Il rendit la vue à une aveugle en passant sa main sur ses yeux et lui disant : Que Jésus-Christ, la véritable lumière, te guérisse ! Une autre fois, un curieux vint le voir, le croyant simplement fou : mais à son retour à Constantinople, il trouva sa fille possédée ; repenti, il vint supplier Auxentios de la guérir ; Auxentios accomplit le miracle, imposant cependant à toute la famille une «pénitence» : passer une semaine dans la prière et le jeûne, tant il est vrai, dit le Christ aux Apôtres, que ce genre de démons ne se chasse que par la prière et le jeûne (Mt 17:20).
On voulut mettre à l’épreuve la foi du Solitaire. On l’obligea à sortir de sa cellule pour le conduire à Constantinople : il fallut le faire monter sur un chariot, tant il était amaigri et même meurtri par ses austérités ; en chemin, Auxentios n’arrêtait pas d’accomplir des miracles. Il fut d’abord enfermé, comme un bandit, au monastère de Philée, puis transféré près de Chalcédoine, à l’Hebdomon, où l’empereur l’accueillit avec toutes les marques possibles de respect. En réalité, Auxentios ignorait les canons votés lors du concile de Chalcédoine ; on les lui lut et il y adhéra explicitement. Après quoi, il fut ordonné prêtre.
Auxentios demanda ensuite à être conduit au mont Skopa, un endroit encore plus escarpé et plus froid que le mont Oxia, ce qui n’empêcha pas la population de venir encore l’écouter et lui demander sa prière d’intercession. Auxentios prêcha, enseigna la doctrine orthodoxe, faisait prier et chanter, parfois toute la nuit du samedi au dimanche. Il recommandait aussi de ne pas travailler le vendredi, en l’honneur de la Passion du Christ, et de consacrer ce jour au jeûne et à la prière.
Les miracles continuèrent. Mais aussi les vocations se présentèrent ; des hommes reçurent de lui l’habit monastique et vécurent dans la solitude, d’autres se fixèrent autour de sa cellule. Un de ces derniers, qui s’appelait Basilios, fut un jour tellement malmené par le Diable, qu’on le crut mort : Auxentios le ramena à la vie et lui donna pouvoir d’éloigner totalement le Démon. Auxentios bâtit aussi un monastère pour les femmes, le Trychinaire.
Frappé par la maladie, Auxentios mourut le 14 février 470, son dies natalis au Martyrologe Romain.