Pavel Peter Goydich
1888-1960
Mgr Goydich naquit près de Presov à Ruske Peklany (Slovaquie) dans une famille gréco-catholique de rite byzantin. Son père, Stefan, était prêtre ; sa mère s’appelait Anna Gerberyova. Au baptême, il reçut le nom de Peter.
Il fréquenta l’école à Cigelka, Bardejov et Presov, et fut bachelier en 1907.
Obéissant à l’appel de Dieu, il commença ses études de théologie à Presov et, au vu de ses excellents résultats, à Budapest. Il vivait une très intense vie intérieure spirituelle.
Ordonné prêtre en 1911, il fut d’abord l’assistant de son père en paroisse, puis nommé préfet du séminaire, en même temps que professeur de religion dans un lycée.
Successivement, il fut chargé du protocole et des archives de la curie épiscopale, ainsi que de la paroisse de Sabinov.
A la surprise générale, alors qu’on voyait en lui un ecclésiastique à la carrière prometteuse, il entra dans l’Ordre de Saint-Basile (1922) à Chernechia Hora près de Mukacevo, revêtit l’habit en 1923 et prit le nom de Pavel. Il voulait vivre dans le retrait, dans l’humilité, dans la vie ascétique.
Mais Dieu l’appela à des charges encore plus hautes : Administrateur apostolique de l’éparchie de Presov (1926). On voulait un saint homme, il se montra tel dès le début : Avec l’aide de Dieu, je serai le père des orphelins, le soutien des pauvres et le consolateur des affligés. Il célébra le onze-centième anniversaire de la naissance de l’Apôtre des Slaves, saint Cyrille, montrant par là, comme saint Cyrille, sa fidélité entière à Rome et au rite byzantin.
En 1927, il est nommé évêque de Harpas (ce titre est lié à l’Eglise de Harpas en Asie Mineure), et consacré en la basilique romaine de Saint-Clément. C’était le 25 mars. Un mois après, Pie XI le recevait et lui remettait une croix en lui disant : Cette croix n’est que le signe de la croix céleste que Dieu vous enverra dans votre travail d’évêque.
Sa devise épiscopale fut : Dieu est amour, aimons-Le.
Il veilla à la liturgie, à la digne célébration des Saints Mystères. Il érigea de nouvelles paroisses, fit construire un orphelinat à Presov, où il fonda aussi une école gréco-catholique, soutint activement l’enseignement dans les académies, séminaires, collèges. Il écrivait beaucoup ; sa gentillesse l’a fait surnommer un homme au cœur d’or.
Il avait une spéciale dévotion à la Mère de Dieu ; il vénérait une icône de la Vierge de Klokocov, devant laquelle il se recueillait chaque jour, lui confiant ses intentions et toute l’éparchie.
En 1939, il fut nommé Administrateur Apostolique de Slovaquie pour la région de Mukacevo (S.E. du pays), mais en face des difficultés rencontrées avec les membres du gouvernement, il renonça à cette charge. Confiant en lui, le pape le confirma dans cette charge et le nomma même évêque résidentiel à Presov (1940). En 1946, il se vit confirmer la juridiction sur toute l’Eglise gréco-catholique de Tchéco-Slovaquie.
Quand le communisme prit le pouvoir en 1948, le saint évêque résista de toutes ses forces à la réunion de l’Eglise gréco-catholique à l’orthodoxie russe. Il savait bien quels risques il encourait, et supportait courageusement les pressions de toutes parts. Invité à renoncer à la foi catholique et à son union avec le Pape, il déclara fortement : J’ai déjà soixante-deux ans, j’ai sacrifié tous mes biens et ma maison, je ne veux pas en plus renier ma foi, parce que je veux sauver mon âme. Ne revenez pas me voir.
En 1950, l’Eglise gréco-catholique fut mise hors-la-loi. L’évêque fut arrêté et interné. C’était le début de son chemin de croix, passant de prison en prison dans ce qu’on appelait la Tchéco-Slovaquie.
En 1951, dans une sorte de procès pour “haute trahison”, les trois évêques Vojtassak, Buzalka et Gojdic furent condamnés à la prison à vie, au versement d’une amende de cent mille couronnes, et à la privation de tous leurs droits civiques.
Traîné de prison en prison, l’évêque fut soumis aux souffrances physiques et psychologiques, aux humiliations, aux travaux les plus pénibles et les plus avilissants. Jamais il ne se plaignit. Tout le temps qui lui restait, il le passait en prière, célébrant la sainte liturgie en secret.
En 1953, une “amnistie” changea sa condamnation à vingt-cinq années. Âgé de soixante-six ans, il était complètement ébranlé dans sa santé, mais toute requête de libération fut refusée.
Sa sortie de prison était liée à sa fidélité à l’Eglise et au Pape. Lui-même racontera plus tard qu’il fut un jour admis en présence d’un haut officier en uniforme, qui lui proposait de partir directement à Presov, à la condition d’accepter d’être Patriarche des Orthodoxes pour la Tchéco-Slovaquie. L’évêque refusa dignement, expliquant que cela serait un grave péché devant Dieu, une trahison devant le Pape, devant sa conscience et devant ses fidèles, dont beaucoup étaient alors victimes de la même persécution.
Il écrivit un jour : Je ne sais pas si ça vaut la peine d’échanger la couronne du martyre contre deux ou trois années de liberté. Je laisse décider notre bon Seigneur.
Pour ses soixante-dix ans (1958), il reçut du pape Pie XII un télégramme dans lequel il l’assurait qu’il n’oublierait pas son héroïque fils.
1960 : Mgr Gojdic allait “fêter” soixante-douze ans. Il avait un profond désir de mourir le jour de son anniversaire, réconforté par les Sacrements. C’est ce qui arriva. Un prêtre, Alojz Vrana, fut providentiellement transféré dans la cellule de l’évêque et put entendre sa confession. Un autre témoin oculaire fut Frantisek Ondruska, une infirmière, qui témoigna de ses derniers instants.
Atteint d’un cancer, Mgr Pavel Peter Gojdic mourut effectivement le jour-même de son anniversaire, 17 juillet 1960, dans la prison de Leopoldov, et enterré anonymement dans le cimetière de la prison, sous le numéro 681.
Lors du Printemps de Prague, les autorités finirent par permettre l’exhumation de l’évêque (1968), qui fut transféré à Presov, dans la crypte de la cathédrale gréco-catholique.
L’évêque fut officiellement réhabilité en 1990, et décoré à titre posthume de l’Ordre de Tomas Garrigue Masaryk et de la Croix de Pribina.
Pavel Peter fut béatifié en 2001, et inscrit au Martyrologe du 17 juillet.
Le Bienheureux Évêque fut aussi honoré d’une mention au Yad Vashem Holocaust Memorial de Jérusalem, sur le témoignage du Rabbin de Kosice (Slovaquie) : Mgr Goydic avait personnellement sauvé deux Juifs durant la persécution nazie. Cette reconnaissance est importante, car les Catholiques de Slovaquie avaient parfois été accusés d’avoir favorisé ou soutenu l’Holocauste du peuple juif.