Enric Morante Chic
1896-1936
Enric ou Enrique (Henri) était né le 25 septembre 1896, à Lleida, de Magín, un avocat, et Dolores, une femme très pieuse qui offrit immédiatement son fils à Notre-Dame de la Merci, qu’on fêtait alors le 24 septembre. Sa petite sœur s’appela Carmen.
Le petit garçon reçut au Baptême, trois jours après, les prénoms de Enrique et Ramón, sans doute parce que saint Raymond (Ramón de Peñafort) était le co-fondateur de l’Ordre de la Merci (v. 7 janvier). Le prêtre qui le baptisa était son oncle maternel, Fulgencio Chic.
Ce futur élève du collège des Pères Mercédaires (de Notre-Dame de la Merci, pour le rachat des Captifs), à Lleida, savait à peine parler que déjà il disait vouloir être un mercédaire.
Le matin, il arrivait avant le sacristain à l’église, pour servir la messe.
A quinze ans, il fut envoyé à El Olivar, pour la suite de ses études.
Il reçut l’habit en septembre 1914, fit l’année suivante la première profession, puis la philosophie.
En 1916, bref passage à Lleida, avant de revenir à El Olivar pour la théologie, en 1918, et à San Ramón en 1919.
En 1922 il partit au service militaire, qui semble avoir été assez mouvementé, d’après les différents endroits où on l’envoya : Saragosse, Lleida, Larache, Lleida, San Ramón, La Segarra.
Au retour du service militaire, la famille le taquinait en lui disant de renoncer à la vie religieuse, mais il répondait qu’il préférait mourir.
Il se prépara au sacerdoce : en 1923, il reçut la tonsure et les ordres mineurs ; en 1924, après avoir fait la profession solennelle, il reçut les ordres majeurs et fut ordonné prêtre.
Lors de sa première messe solennelle à Lleida, celui qui prêcha fut ce même Fulgencio Chic qui l’avait baptisé.
En 1924, Enrique fut envoyé à Barcelone. On ne peut oublier la bonté qu’il y manifesta envers les familles pauvres ; sa générosité ne connaissait pas de limites.
En 1927, il fut envoyé à Porto Rico, où il eut en charge les paroisses de Maricao et de Las Marías. Pendant deux années, il se dépensa sans compter pour visiter toutes les familles dispersées dans les montagnes, célébrer des centaines de baptêmes et de mariages, enseigner le catéchisme, apprendre aux enfants à chanter. Tout le monde l’aimait. Quand il implorait du secours chez les gens plus aisés, on ne savait lui résister. Sa générosité le poussa à donner son repas aux pauvres, jusqu’à en tomber gravement malade avec des crises d’épilepsie. Il dut revenir en Espagne.
En 1930, à Barcelone, il eut un malaise en donnant la communion, restant évanoui pendant une demi-heure. Il revint à Lleida en 1931, se reprit, joua de l’orgue. Il ne pouvait célébrer chaque jour, mais fin 1933, on sait qu’il célébrait quotidiennement.
Il fut ensuite à El Puig, où tous les gamins couraient derrière lui, recevant bénédictions et bonbons.
En 1934, on le trouve à Benicalap, comme maître de chœur, puis maître des novices, ensuite à Valencia pour le chapitre, avant de rejoindre la communauté de Lleida en mai 1936.
Lorsque sa communauté dut se disperser au moment de l’insurrection de 1936, il rejoignit sa mère, à Lleida, mais préféra s’en aller pour ne pas compromettre la famille et se dirigea vers Grenyana, où il pensait trouver quelque maison accueillante «de droite», mais personne ne voulut le recevoir.
Le 22, il arriva à l’ermitage de Notre-Dame de Grenyana, où il vivait dans les bois pendant la journée, couchant à l’ermitage la nuit, y trouvant une bonne soupe chaude. On lui suggérait de gagner la France. On lui donna un bon casse-croûte et il se mit en marche. En réalité, tout le monde le connaissait, y compris les révolutionnaires, qui le guettaient. Un quart d’heure après, il fut arrêté par deux marxistes, qui l’attachèrent au harnais de leur cheval.
Enrique leur dit seulement qu’ils ne pouvaient rien lui faire, puisqu’il n’avait rien fait de mal. Ils le firent aller jusqu’à la station ferroviaire de Lleida, et le lynchèrent, en l’accablant d’insultes.
C’était le 25 juillet 1936 vers treize heures.
Enrique fut béatifié en 2013.