Catherine Symon de Longprey
1632-1668
Née le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche), Catherine était la fille de Jacques Simon et de Françoise Jourdan de Launay. Elle avait plusieurs frères et sœurs.
Une sainte âme de la famille aurait prédit dès sa conception qu’elle serait une grande servante de Dieu. Elevée par ses grands-parents maternels, elle en reçut de sages leçons de piété et d’amour du prochain. Elle montra effectivement très tôt des signes manifestes d’une grande âme de prédilection, cherchant toute petite déjà à faire la volonté de Dieu.
Il semble qu’elle ait eut une certaine «familiarité» avec Notre-Dame et l’Enfant-Jésus, à qui elle parlait à tous moments.
A cinq ans, elle commença de souffrir de maux de tête, avec une forte infection des oreilles, et les médecins n’y purent rien faire, jusqu’à ce qu’un mystérieux personnage vînt se présenter, qui lui administra un remède très efficace avant de disparaître. Elle ne sut jamais qui était ce Saint mystérieux, qui se présentait comme venant de Paris et d’Italie.
Elle fit la première Communion en 1640, le 1er novembre. Elle-même écrit qu’elle perdit sa première ferveur, et qu’un songe lui fit comprendre le danger où elle était, et la vocation religieuse qui l’attendait.
En attendant elle se prépara avec grand soin, se confessant deux fois la semaine, cherchant à être fidèle dans les petites choses quotidiennes. Elle rencontrait souvent des pères Jésuites, dont les missions dans le Cotentin produisirent d’excellents résultats parmi toute la population.
Elle reçut l’influence bienfaisante d’un grand Saint : Jean Eudes (v. 19 août). A dix ans, elle se consacra à la Sainte Vierge, selon un acte qu’elle signa de son sang. On a à juste titre supposé qu’elle avait eu une céleste inspiration pour rédiger cet acte. L’acte est du 8 septembre 1642, jour où elle s’inscrivit dans la Confrérie du Rosaire et dans celle de la Rédemption des Captifs.
L’année suivante, le 19 mars, elle entra dans l’Association de la Sainte Famille, pour obtenir la grâce de bien mourir. Le 25 mars, elle prit le petit habit de Notre-Dame, et se trouva guérie d’une mystérieuse fièvre qui la tenait depuis trois années.
Vers ses douze ans, elle eut l’inspiration du Saint Esprit de faire trois vœux : prendre Marie pour sa mère ; éviter le péché mortel ; vivre dans la chasteté.
A douze ans, après quelques hésitations et quelques combats pour renoncer vraiment au monde, elle fut accueillie (avec sa sœur aînée) parmi les Sœurs Hospitalières de Bayeux, tout récemment établies.
Tout de suite, on apprécia sa disponibilité et sa gentillesse à toute épreuve. Elle apprit vite le chant ; elle participa efficacement à la sacristie, à la cuisine, au réfectoire, à l’hôpital. Elle communiait chaque jour.
Elle reçut l’habit religieux à quatorze ans (1646) ; ce 24 octobre, sa sœur aînée fit profession, et sa grand-mère entra au monastère. Alors commença le noviciat de Catherine, qui prit le nom de Marie-Catherine de Saint-Augustin.
En mars de 1648, elle refit une consécration totale de tout son être et de toute sa vie à Notre-Dame ; un véritable acte juridique, daté, signé, circonstancié, où Marie-Catherine dit bien qu’elle a «15 an passé».
Bien vite, elle s’offre pour la mission du Canada, voulant vivre et mourir en ce pays si Dieu lui en ouvre la porte. On ne pensait pas d’abord à elle, qui était si jeune et encore novice, mais comme sa sœur aînée, qui devait partir, changea d’avis, Marie-Catherine se trouva en bonne position pour être acceptée. Là, c’est son père qui essaya tous les moyens pour l’en empêcher, mais c’est la jeune novice qui gagna.
Il se passa ceci : Monsieur de Longprey était fort affligé du départ de sa chère fille et demanda à lire la relation du martyre d’Isaac Jogues, qui avait été mis à mort par des Iroquois l’année précédente. Puis il sombra dans un profond sommeil, dont il se réveilla tout changé, très disposé à faire le sacrifice de sa fille ; et son épouse eut le même «songe» de son côté.
Puis le chapitre exposa à nouveau des raisons opposées à ce voyage, pour finalement consentir à laisser partir cette jeune novice.
Elle put faire les vœux simples, quoique n’ayant pas encore les seize ans requis pour la première profession. Un des vicaires généraux du diocèse put se rendre compte personnellement de l’étonnante fermeté de la décision de cette jeune fille adolescente. L’ancien évêque de Bayeux était fort ému d’avoir une telle Sainte dans son diocèse et baisait les lettres qu’il en recevait.
Le départ fut émouvant, d’autant plus que Catherine était unanimement estimée, dans sa famille naturelle et dans sa famille religieuse. La douleur était grande de se quitter, mais l’amour que Catherine portait pour les «Sauvages» l’emportait de beaucoup.
Ainsi, en 1648, cette novice de seize ans est parmi les premières apôtres du Canada.
Durant la traversée, il y eut une épidémie de peste avec des morts ; Catherine fut à toute extrémité, mais la Vierge Marie vint l’assister et la guérir.
Arrivée à Québec, elle se mit vaillamment à l’œuvre, apprit les langues indiennes, fit l’infirmière, l’économe, l’hospitalière, la maîtresse des novices : elle avait de remarquables qualités d’organisation et de responsabilité.
Marie-Catherine avait coutume de prier pour les âmes des Défunts. Or non loin du monastère mourut une pauvre femme prostituée, abandonnée de tous. Elle apparut à Marie-Catherine quatre années après sa mort, lui demandant des prières. Peu après, cette âme était sauvée.
Pendant tout le temps de sa présence au Canada, Marie-Catherine ne cessa d’être affligée de douleurs diverses et continues, mystérieuses et insensibles à tous les remèdes, de sorte qu’on put dire d’elle qu’elle était réellement clouée sur la croix. On lui proposa de revenir en France, ce qu’elle refusa catégoriquement.
Pendant toute cette période, ce ne fut que crainte et terreur à cause de la fureur des Iroquois, qui s’en prirent continuellement aux Hurons, mais aussi aux populations établies dans cette région du Canada. Leurs nombreuses victimes furent torturées et horriblement mises à mort.
Souvent, les Religieuses devaient quitter le couvent le soir, pour aller se réfugier ailleurs, ne laissant dans le couvent que deux ou trois d’entre elles pour rester près du Saint-Sacrement, et presque toujours ce fut Marie-Catherine qui était «de garde», ce qu’elle appréciait beaucoup, pouvant ainsi rester longtemps auprès de l’Eucharistie.
Par cette offrande qu’elle avait faite de soi-même, Marie-Catherine est considérée comme la co-fondatrice de l’Eglise en Canada.
Elle s’éteignit le 8 mai 1668, à Québec : elle avait trente-six ans.
Marie Thérèse de Saint-Augustin a été béatifiée en 1989.