Lucrezia Elena Cevoli
1685-1767
Elle naquit à Pise (Italie) le 11 novembre 1685, onzième des quatorze enfants du comte Curzio Cevoli et de la marquise Laura della Seta. Deux autres sœurs, Maddalena et Teresa, seront aussi religieuses.
La famille est chrétienne : chaque soir on récite la prière ensemble.
A partir de 1697, elle rejoint ses deux sœurs au collège Saint-Martin et s’applique déjà à vivre dans l’austérité, refusant tout privilège, s’imposant des pénitences (jeûnes, privations, veilles ; se mettant sur elle les petites bestioles qu’elle trouvait, pour souffrir davantage…).
A la sortie du collège, elle est très habile en peinture, en broderie, elle connaît parfaitement le français ; de retour dans sa famille, elle ne fait que supporter la vie bourgeoise et luxueuse qui l’entoure, continuant sa vie intérieure de prière et de pénitence.
Elle refuse les propositions de mariage que la famille lui présente.
En 1703, elle décide d’entrer chez les Clarisses Capucines de Città di Castello, rompant décidément avec la vie bourgeoise de sa famille. Le changement de vie fut dur, les épreuves nombreuses. La maîtresse des novices elle-même, Veronica Giuliani (v. 9 juillet), pensait ne pas la recevoir à cause de son origine trop bourgeoise, mais aurait eu une inspiration céleste de l’accepter. La persévérance de la jeune fille porta ses fruits.
Au terme du noviciat, en 1705, elle prit le nom de Florida.
Il y eut entre Florida et Veronica une symbiose mystique. De nuit, elles se rendaient au fond du jardin et se flagellaient l’une l’autre, pour s’unir à la flagellation de Notre-Seigneur.
Florida fut bientôt affligée d’une toux mystérieuse qui ne la quitta pas. Pendant une trentaine d’années elle éprouva des scrupules et des tentations contre la chasteté, un combat dont elle sortit victorieuse.
En 1705, moururent ses chers parents. Elle sut en vision qu’ils étaient en purgatoire et s’offrit alors pour le leur épargner : ce furent des souffrances pendant huit années, des douleurs et des fièvres intenses, auxquelles s’ajoutèrent d’autres mortifications de la part de son «confesseur», un prêtre dont les bonnes intentions manquaient véritablement de discernement et de délicatesse.
Mère Veronica Giuliani fut élue abbesse en 1716, et la Congrégation vaticane du Saint-Office chargea Florida d’en être la vicaire, pour mieux en observer les comportements et les grâces surnaturelles dont elle était favorisée. Mère Giuliani mourra en odeur de sainteté en 1727, et c’est justement Florida qui sera élue pour lui succéder.
Florida s’occupera activement pour la cause de béatification de Mère Veronica et fera ériger un monastère de carmélites dans la propre habitation familiale des Giuliani, à Mercatello sul Metauro.
Pendant une vingtaine d’années, l’abbesse souffrit d’un douloureux herpès, qu’elle supporta sans jamais le faire remarquer aux autres.
Elle s’appliqua à faire observer la règle la plus stricte dans le monastère. Ainsi, ce furent les religieuses elles-mêmes qui ensevelirent les consœurs défuntes ; on pratiqua les Chemins de Croix vivants, en se flagellant rigoureusement et en portant sur les épaules de lourdes bûches de bois ; aucun objet n’était de propriété personnelle…
Etait-ce suffisant ? Personnellement, elle s’imposa de porter une ceinture avec des pointes de fer ; elle se mettait des cailloux ou des pois chiches dans les sandales ; elle mangeait du sel pur sans boire, pour éprouver la soif ; elle dormait sur la terre nue ; elle se marqua au couteau les noms de Marie et de Jésus sur la poitrine ; elle se mettait des charbons ardents dans la bouche «pour se rafraîchir de l’intense amour qui brûlait en son cœur». L’Eucharistie la mettait dans des états extatiques étonnants : intense tachycardie, évanouissements, pleurs, visage rayonnant et brûlant.
Mère Florida introduisit dans le couvent la pratique fréquente de l’Eucharistie.
A ses pénitences volontaires, s’ajoutèrent pour Florida la grâce des stigmates de la Passion du Christ, comme pour Veronica. Mais désirant humblement cacher cette faveur divine, elle reçut en échange des plaies profondes à travers tout le corps.
Elle qui voulait rester cachée dans son couvent, fut de plus en plus connue à l’extérieur ; on vint la trouver, la consulter. Sa prière obtint des miracles, des guérisons, des multiplications de nourriture ; elle prophétisa.
Les dernières années, elle fut complètement aveugle.
Mère Florida mourut le 12 juin 1767. Un chirurgien put prélever son cœur et y observa les signes de la Passion dont elle avait parlé de son vivant.
Mère Florida fut béatifiée en 1993.