Bronisław Komorowski
1889-1940
Né près de Skorcz (près Dantzig en allemand, Gdansk en polonais), Bronisław fut tôt orphelin de père. Sa mère épousa en secondes noces Jan Fankidejski, qui lui enseigna l’histoire de la Pologne.
Le garçon étudia au Collegium Marianum à Pelpin.
Il fit partie de la société secrète des Philarètes, cercles où l’on étudiait différentes matières avec ce sentiment unanime patriote pour la Pologne.
Après avoir étudié la physique et les mathématiques, la médecine, les lettres et le droit, il poursuivit sa formation à Chelmno (Culm en allemand), moitié catholique et moitié protestante.
Il ressent alors la vocation au sacerdoce, en réponse au Kulturkampf laïc de la politique prussienne de Bismarck.
Ordonné prêtre en 1914, il est vicaire à Praust (actuelle Pruszcz, faubourg de Dantzig), une agglomération où se développait une intense industrialisation.
Nommé à Saint-Nicolas de Dantzig, rattachée de force à la Prusse mais polonaise, Bronisław enseigne l’histoire de la Pologne.
Au lendemain de la guerre, le traité de Versailles proclame Dantzig ville libre, mais cette ville est encore majoritairement allemande. C’était localement l’expression même du germe de la prochaine guerre.
En 1924, Bronisław change de faubourg et se retrouve à Langfuhr (aujourd’hui Wrzeszcz), où il fait construire une église nouvelle. Il y a là une école technique fréquentée majoritairement par des polonais (qui durent évacuer en 1939).
En 1933-1934, il est élu au parlement de Dantzig. La ville se reprend de l’après-guerre, et les habitants allemands voudraient se réunir à l’Allemagne, tandis que les Polonais s’y attachent où commencent d’émigrer vers le sud, d’autant plus que sévissent des lois anti-catholiques.
L’évêque confie la pastorale des Polonais à l’abbé Bronisław, avant de se retirer à Rome sur la pression nazie. Bronisław réunit les Polonais dans des cercles et des clubs culturels, religieux et sportifs.
Lors de l’invasion nazie le 1er septembre 1939, toute cette élite polonaise fut ratissée, quinze cents personnes arrêtées, et tandis que commençait la Deuxième Guerre mondiale, la ville de Dantzig «votait» son rattachement à l’Allemagne.
L’abbé Bronisław fut arrêté, mis en prison à la Viktoriaschule, déporté à Stutthof, en même temps que l’abbé Marian Górecki.
Ils y travaillèrent eux-mêmes, nuit et jour, à l’abattage des arbres, la construction des bâtiments du camp et la pose des vitres. S’ils chantaient en travaillant, ils étaient «punis».
Le 22 mars 1940, ils furent tous deux fusillés le jour-même du Vendredi Saint, pour avoir célébré la messe la veille, le Jeudi Saint avec d’autres prisonniers.
Rappelons que la ville de Dantzig fut rasée à 90%, faisant cent-mille morts ; les survivants, allemands, furent à leur tour expulsés par l’Armée rouge, et la ville fut de nouveau polonaise en 1945.
Ces deux prêtres ont été reconnus Martyrs de l’époque nazie, et béatifiés parmi les cent-huit Polonais en 1999.
A un ami qui lui demandait quels étaient ses sentiments dans les moments de grande humiliation (on songe aux mauvais traitements qu’il dut subir entre septembre et mars…), il répondit : Je me sens comme en chaire et je pense à faire une bonne prédication.