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Epiphanie - A

 

La fête de l’Epiphanie commémore le jour où des rois païens ont reçu la “manifestation” de Dieu - c’est le sens du mot grec epiphania

Plutôt que de rois mages il vaudrait mieux parler de «savants». L’événement fondamental de ces savants, venus aux pieds du Christ, est une pierre milliaire dans l’Eglise en Orient, ce qui explique pourquoi nos frères orientaux, catholiques et orthodoxes, célèbrent Noël en ce jour, plutôt que le 25 décembre. Des familles chrétiennes de nos régions font d’ailleurs cette distinction, de célébrer Noël (religieusement) le 25 décembre, et d’offrir leurs cadeaux aux enfants le 6 janvier : idée judicieuse, qui donne tout leur sens aux cadeaux.

 

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La prophétie d’Isaïe est en lien direct avec l’événement que nous relisons aujourd’hui dans l’Evangile : des rois arrivent de loin pour honorer le Roi des Juifs à Jérusalem. L’évangile ne nous dira pas qu’ils soient venus avec des foules de chameaux, mais il est évident que trois personnages de leur rang ne sont pas venus sans équipage, ne serait-ce que pour leur propre subsistance, donc avec armes et bagages, ce qui représente une certaine quantité de domestiques et donc de bêtes pour transporter tout ce monde. Un déplacement qui ne peut passer inaperçu.

Les rois, donc, marchent vers la clarté de l’aurore. Ils reviennent de loin, avec des trésors, avec l’or et l’encens.

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Le psaume 71 allude à son tour à cet événement : Les rois de Tarsis et des Iles, les rois de Saba et de Seba… 

Tarsis est une région non identifiée, «lointaine», peut-être imaginaire, comme les Iles lointaines, au-delà des mers. Le royaume de Saba pourrait se situer au sud de l’actuelle Arabie, sur le territoire du Yemen ainsi que sur les territoires d’Erythrée. On se souvient que la reine de Saba rendit visite à Salomon (1R 10:1-13). Seba serait en revanche une région de l’actuelle Ethiopie.

Ce psaume fut composé, d’abord, en l’honneur de Salomon, fils de David, ancêtres du Roi céleste incarné, Jésus-Christ. Et c’est principalement au Christ que s’applique maintenant ce texte du psaume.

 

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La lettre de l’apôtre Paul aux Ephésiens nous explique mieux l’importance de la fête de l’Epiphanie. Paul fait remarquer que Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. Les trois rois-savants incarnent les païens appelés au salut. 

Dans Ac 11, après la conversion du centurion Corneille, les premiers chrétiens finissent par comprendre quand même que Aux païens aussi Dieu a donné la repentance qui conduit à la vie (Ac 11:18). 

L’adoration des mages, venus de si loin, contraste nettement avec l’endurcissement d’Hérode et des Juifs qui n’ont pas voulu accueillir Jésus sur place en Palestine. 

 

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L’évangéliste Matthieu, le seul qui relate l’événement, avait le souci de montrer l’accomplissement des prophéties. 

Il est donc venu, le moment où se vérifie la prophétie d’Isaïe, ainsi que celle du psaume 71. 

En outre, Hérode apprend, de la bouche même des prêtres et des scribes, qu’à Bethléem devait naître le pasteur d’Israël (Mi 5:1). 

Matthieu fait aussi remarquer que certaines situations historiques passées étaient en elles-mêmes prophétiques : Rachel (la femme de Jacob) pleurant ses enfants (c’est-à-dire ses descendants) à Rama (que l’on situait près de Bethléem) - rappelle les massacres et les déportations des populations d’Ephraïm, Benjamin et Manassé par la main des Assyriens - mais aussi annonce le massacre des petits Innocents ; c’est le prophète Jérémie qui le disait (Jr 31:15).

Sur le massacre des Saints Innocents proprement dit, on pourra se reporter à la méditation sur cette fête.

 

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Les mages représentent une énigme importante dans la vie de Jésus. Comment ont-ils pu comprendre le “sens” de cette mystérieuse étoile ? Ont-ils eu une sorte de révélation, un écho des prophéties d’Israel ? Et comment ont-ils été poussés à venir “adorer” le roi nouveau-né ? Et si l’on conçoit assez facilement qu’ils veulent offrir des présents dignes de la royauté (l’or), comment ont-ils eu l’intuition d’offrir aussi l’encens, signe de la divinité, et la myrrhe, ce parfum très fort qui annonce la sépulture de Jésus ?

Seule une prédisposition, une attente de la Vérité, jointes à une grâce spéciale, une inspiration divine, peuvent expliquer tant de coïncidences. Les rois mages ont eut l’humilité de se soumettre à une Vérité qu’ils ne connaissaient pas encore, à reconnaître quelqu’un de plus grand qu’eux. C’est l’attitude même des savants honnêtes, prêts à apprendre quelque chose que d’autres leur révèlent.

Mais pourquoi l’étoile ne les a-t-elle pas guidés directement au lieu où se trouvait l’enfant ?

On pourrait sans doute répondre qu’en s’adressant à Hérode, les mages lui donnaient une occasion, s’il en avait accepté la grâce, de se convertir lui-même et d’avoir lui aussi la joie d’adorer l’Enfant-Dieu. De la part des mages, aller le saluer était une marque de respect ; si à son tour Hérode s’était joint à eux pour reconnaître le Christ, il n’aurait pas fait massacrer les petits Innocents, puis n’aurait bien probablement pas scandalisé les contemporains en répudiant sa femme pour épouser Hérodiade (cf. Mt 14:3), et n’aurait pas fait décapiter Jean-Baptiste ; sa vie politique, ses ambitions, tout aurait changé. 

Faisons ici une autre remarque concernant la grotte de Bethléem. Matthieu ne parle pas de grotte ; il dit même deux versets plus loin : Entrant dans la maison… Il s’est donc passé un certain temps déjà depuis la naissance de Jésus dans la crèche dont parle Luc 2:7 ; d’une part les voyageurs venus pour le recensement ont désormais quitté les auberges, d’autre part la Sainte Famille aura trouvé un petit logement sur place, en attendant de pouvoir voyager plus facilement avec le petit Bébé. On a parfois avancé que l’Enfant-Jésus pouvait déjà avoir dix-huit mois environ, ce qui explique pourquoi Hérode fait rechercher les enfants de moins de deux ans (Mt 2:16).

 

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L’Epiphanie est la fête de l’entrée des nations non-croyantes (païennes) dans la communauté des croyants, par l’annonce de l’Evangile. Tous les peuples sont invités à entrer dans la grande famille de l’Eglise. Les rois mages sont les premiers “étrangers” à croire en Jésus-Christ, et une très ancienne tradition rapporte qu’ils furent baptisés très vite après l’Ascension, par les Apôtres eux-mêmes. 

Saint Grégoire de Nazianze fait aussi sur eux cette remarque fort intéressante, reprise par la récente encyclique de Benoît XVI, que le moment où les mages, guidés par l’étoile, adorèrent le nouveau roi, le Christ, marque la fin de l’astrologie, parce que désormais les étoiles tournaient selon l’orbite déterminée par le Christ (Spe Salvi, §5).

Si nous voyons tant d’injustices, tant de haine et de guerres, c’est que sans doute Jésus-Christ n’est pas adoré, pas aimé, pas reconnu. Et si tous les chefs se tournaient vers Jésus, ils trouveraient bien d’autres issues aux conflits, que celle de guerroyer sans fin. De même qu’ il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie (Mt 2:7), de même aujourd’hui on refuse une place à Jésus dans nos cités, dans nos gouvernements, dans nos écoles, dans nos constitutions, et jusque dans nos familles ; il est urgent d’appeler tous les hommes à retrouver la référence à l’enseignement de Jésus. 

Quand les traditions deviennent purement folkloriques, elles n’ont plus de sens. On “fait les fêtes” au moment de Noël, sans plus aucune référence au contenu historique de Noël. Il faut rappeler que Noël, comme son nom l’indique, c’est la Naissance, et saint Léon nous dit que la naissance de la Tête, c’est la naissance du Corps (de l’Eglise). Ne pas parler du Sauveur, et allumer partout des lampions à grands frais ne sont que l’expression d’une société dangereusement laïque. On en est même à se demander pourquoi souhaiter de “Joyeuses Fêtes”.

Il ne manquera pas une association, pas un club, pas une famille, où l’on ne “tirera les rois”, dans la mesure où la fève cachée dans la galette représentera encore un roi… ou une reine ; mais quand la fève est une figurine quelconque… 

Les mages, eux, regagnèrent leur pays par un autre chemin. Cette phrase apparemment technique peut avoir une signification profonde, car quand on a rencontré Jésus, toute notre vie doit prendre une autre direction.

Unissons notre prière à celle de nos frères en Orient, pour que d’une seule voix et d’un seul mouvement nous venions ensemble nous prosterner devant le Roi des Juifs qui vient de naître.

Et repartons, nous aussi, par un autre chemin.

 

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Published by samuelephrem - dans Homélies - année A

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