Léon IX
1049-1054
Léon IX fut le cent cinquante-deuxième pape, successeur de Damase II. Le très agité 11e siècle vit se succéder sur le siège de Pierre vingt-deux papes et quatre anti-papes.
Baptisé Bruno au baptême - certains disent Brunon, les deux sont possibles - il était né le 21 juin 1002 au château d’Egisheim en Alsace, de Hugo et Hedwige, qui étaient de l’aristocratie. Sa sœur, Gepa, devint abbesse de Neuß.
Bruno fut confié à cinq ans à l’école épiscopale de Toul, où il se montra extrêmement doué pour les études, qu’il accomplit avec rapidité.
Durant son adolescence, Bruno fut un jour durant son sommeil agressé au côté droit du visage par quelque bête venimeuse : réveillé par la douleur, Bruno put se débarrasser de la bête, mais resta longtemps blessé. Une nuit, il vit un saint moine lui faire le signe de la croix sur les lèvres et les parties tuméfiées, après quoi la guérison complète se fit en quelques jours : Bruno fut toujours convaincu qu’il s’était agi de saint Benoît, en récompense pour l’action bienfaitrice de ses parents en faveur des monastères.
Bruno entra dans la cléricature, il était diacre à vingt-trois ans (et probablement prêtre à vingt-quatre), quand on le proposa pour succéder à l’évêque défunt de Toul. L’empereur Conrad voulut le faire sacrer à Rome par le pape, mais Bruno refusa humblement, par égard pour son métropolite, l’archevêque de Trêves qui le sacra à Trèves. C’était en 1027, Bruno avait vingt-cinq ans.
Une des priorités du nouvel évêque, fut l’attention aux monastères, surtout bénédictins. Il agrégea à Cluny les deux abbayes de Saint-Mansuy et Moyenmoutier, où il nomma des abbés choisis parmi les moines en remplacement des abbés laïcs indignes ; il acheva l’abbaye de moniales de Poussay.
Lors d’une malheureuse guerre entre Eudes de Champagne et Conrad de Bourgogne, il vendit les vases sacrés pour venir en aide aux populations malheureuses.
Chaque jour, Brunon priait beaucoup, veillait la nuit, il priait particulièrement saint Pierre, et fit chaque année le pèlerinage à Rome. Une année que sa suite avait été frappée par une contagion, il trempa une relique de saint Epvre dans du vin, qu’il distribua aux malades : la contagion disparut. Une année où il fut particulièrement éprouvé intérieurement, il se fit une nuit porter devant l’autel de saint Blaise, où il fut ravi en extase : saint Blaise vint le soigner ; sortant de l’extase, il sentit ses forces revenir et put chanter tout l’office de nuit avant de revenir chez lui à pied.
Il fut touché par plusieurs deuils dans sa famille : deux frères, ses parents, l’empereur Conrad moururent, et son beau-frère subit une condamnation et une excommunication.
Le pape Damase II mourut en 1048. A cette époque, le choix du pape devait avoir l’agrément de l’empereur, et ce fut Bruno qui fut désigné à l’unanimité. Il prit le temps de célébrer Noël dans son diocèse, et arriva à Rome le 2 février 1049, où il fut acclamé.
Avec le nom de Léon IX, Bruno commença alors une campagne en règle contre deux abus qui sévissaient dans le clergé : la simonie et l’incontinence des clercs. Un premier synode romain ne réunit que peu d’évêques ; il le compléta par d’autres synodes tenus en diverses localités, dans l’ordre : Pavie, Reims, Mayence, Salerne, Siponto, Rome, Mantoue (où ses ennemis pénétrèrent dans l’église-même pour en empêcher les débats.
En dehors de ces synodes, le pape s’arrêta aussi en diverses localités : entre autres à Toul, dont il conserva l’administration, mais il parcourut les diocèses d’Italie, la Bourgogne et l’Alsace, les villes d’Allemagne. L’archevêque Berthald de Besançon fut déposé ; le duc de Basse-Lorraine fut excommunié jusqu’à ce qu’il fît pénitence ; l’abbé de Pothières fut déposé ; l’évêque de Langres excommunié ; l’hérésiarque Bérenger fut excommunié. Le schisme de Michel Cérulaire s’étant accentué, les légats du pape durent l’excommunier au nom de Léon IX.
Une expédition malheureuse contre les Normands de basse Italie tourna finalement en faveur du pape : les Normands se soumirent à lui et se constituèrent ses vassaux.
En février 1054, il sentit que son heure approchait. Il revint à Rome et se fit porter devant l’autel de saint Pierre. Le 17 avril, il annonça sa mort pour le 19. Le 18 il se fit porter encore une fois devant l’autel de la Confession, où il s’endormit pour son dernier sommeil.
Selon une autre version, Léon IX avait fait venir tout le clergé romain en la basilique Saint-Pierre le 19 avril ; il leur adressa la parole une dernière fois et, s’étant retourné vers l’autel, il se signa et s’écroula, mort.
Il s’éteignit au matin du 19 avril 1054, après un pontificat de cinq années, deux mois et sept jours.
On grava sur sa tombe le distique suivant :
Victrix Roma dolet, nono viduata Leone Rome victorieuse souffre, devenue veuve de Léon IX,
Ex multis talem non habitura Patrem. Parmi tant d’autres, elle n’aura plus un tel Père.
Dans les quarante jours qui suivirent les funérailles de Léon IX, on put attribuer au défunt soixante-dix guérisons extraordinaires. En 1087, la canonisation populaire fut officiellement ratifiée, selon l’usage de l’époque. Lors d’une exhumation des restes en 1606, le corps fut trouvé en parfaite conservation.
Le successeur de Léon IX fut Victor II.