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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 23:36

Isaac Jogues

1607-1646

 

Isaac naquit le 10 janvier 1607 à Orléans (Loiret), cinquième des neuf enfants de Laurent et Françoise de Saint-Mesmin, d’importants marchands. Son père était veuf après un bref premier mariage, dont étaient nées deux filles, et s’était remarié : naquirent ainsi les six garçons et une dernière fille.

Isaac reçut son éducation à la maison, ainsi que sa piété. Son caractère vif lui méritait quelque fois des sanctions «vigoureuses», mais le garçon pleinement repenti et humblement docile savait baiser la main et la verge qui le punissaient. C’était un excellent sportif.

En 1617, il entra au nouveau collège des Jésuites d’Orléans, où il apprit à tourner des vers aussi bien en français qu’en latin. Son père mourut avant la fin de ses études.

On venait de canoniser le Jésuite François-Xavier (v. 3 décembre), et Isaac annonça tout de go à sa mère qu’il voulait entrer chez les Jésuites.

Il entra au noviciat de Rouen en 1624, fit les vœux en 1626 et la philosophie à La Flèche.

En 1630, il fut chargé d’une classe de cinquième à Rouen, et partit à Paris pour la théologie, au Collège de Clermont.

Le Canada ayant été repris au Anglais ces années-là, son évangélisation en fut confiée aux Jésuites. Isaac fut donc ordonné prêtre début 1636, pour pouvoir embarquer durant le printemps. Il célébra sa première Messe à Orléans. Le départ eut lieu le 6 avril, on arriva au Canada le 2 juin.

Dès le 21 juillet 1636, il fut envoyé à Trois-Rivières, chez les Algonquins. Arrivèrent des Hurons pour vendre leurs fourrures, et qui demandèrent une robe-noire (la couleur de la soutane des prêtres) ; Isaac les suivit, avec un jeune Français de onze ans, pour y apprendre la langue.

Le père Isaac reçut le nom huron de Ondessonk (oiseau de proie, peut-être à cause de son profil, de son nez particulièrement). A l’arrivée, il fut accueilli par le père Jean de Brébeuf (v. 16 mars) qui, lui, s’appelait Echon (mon cousin).

L’accoutumance aux usages hurons fut évidemment pénible, dans une tribu où tout était si sale, mais le plus dur fut l’apprentissage de la langue. On s’en rendra compte si l’on comprend que le seul Signe de la Croix dut être ainsi traduit : Au nom de notre Père, de son Fils et de leur Esprit-Saint. Isaac réussit à parler assez bien au bout d’une année.

Le plus dangereux était qu’à la moindre alerte, ou épidémie, ou sécheresse, les sorciers accusaient les Robes-Noires, sur la tête desquelles pendait constamment une épée de Damoclès.

Quelques baptêmes furent administrés à la Noël 1638 ; en 1641, il n’y en avait qu’une soixantaine. Des conversions et des baptêmes s’ajoutèrent. Le père Jogues en était heureux, mais presque inquiet, lui qui avait désiré le martyre. Or, il entendit un jour une voix lui dire : Ta prière est exaucée. Qu’il soit fait selon ta demande : prends courage, sois vaillant ! L’épreuve allait commencer pour de bon.

Ce qui est remarquable dans toute la période qui va suivre, ce sont les multiples occasions où le père Jogues se trouva comme devant la mort, devant le martyre, qui cependant s’écartèrent de lui mystérieusement à chaque fois. 

L’été 1643, le père Jogues fut envoyé à Québec, à un moment où les Hurons et les Iroquois étaient en guerre. Il en revint avec un nouveau venu laïc, René Goupil. Sur le chemin du retour, ils furent attaqués par des Iroquois, de la tribu des Mohawks, les plus féroces, et armés par les Hollandais protestants. Le père Jogues put se cacher dans les roseaux, mais alla se livrer aux Iroquois pour rester avec ses amis, Hurons ou Français, faits prisonniers. Il baptisa quelques catéchumènes. En cette occasion, il fut copieusement rossé, on lui arracha des ongles avec les dents, puis des phalanges. Evanoui, Isaac fut réveillé par des brûlures aux bras et aux cuisses ; on lui grilla un doigt ; un de ses amis, huron, eut les pouces coupés et un poinçon de bois enfoncé jusqu’au coude.

A la halte suivante, autres barbaries ; on arracha au père Jogues les deux derniers ongles qui lui restaient. On obligea une chrétienne algonquine à tailler le pouce gauche du père ; les Iroquois cautérisèrent ses plaies avec des tisons, ainsi qu’à Goupil. Puis on les lia dans des huttes, où les enfants s’amusaient à leur jeter des charbons rouges, et tout cela pendant trois jours, du 14 au 17 août, quand l’Eglise fête l’Assomption de Marie.

Le 21, les Iroquois annoncèrent d’abord aux prisonniers qu’ils mourraient sur le bûcher ; mais seuls trois furent immolés, les Hurons ; les autres furent retenus prisonniers, par crainte des représailles de la part des Français.

L’esclavage fut cependant une honte pour les Iroquois eux-mêmes, car les malheureux prisonniers ne pouvaient pas même se servir de leurs mains pour manger.

Finalement, les Iroquois se divisèrent sur le sort à leur donner. Goupil, qui avait osé montrer à un enfant comment faire le Signe de Croix, fut traitreusement abattu, le 29 septembre 1643.

Le père Jogues se trouvait bien seul. Il eut une vision qui lui faisait comprendre que son martyre devait encore être préparé. Il eut des moments de grand désarroi, mais une voix intérieure le réconforta.

L’hiver suivant, on rappela le père Jogues (Ondessonk) à l’autre campement iroquois, Ossernenon, pour y être utile, entre autres à soigner un vieillard couvert d’ulcères, celui-là même qui avait battu le père et lui avait arraché deux ongles. Jogues le soigna comme son père ; sa bonté finit par avoir raison de la méchanceté des Iroquois : on l’admit à des réunions, on le fit parler, il expliqua ce qu’il savait du soleil, de la lune, des étoiles, et peu à peu aussi du Créateur. Il put donner le baptême à des mourants, à des malades, à quelques adultes.

Au printemps 1643, Ondessonk échappa encore une fois à une mort violente, programmée pour le Vendredi Saint. Puis une autre tractation faillit bien tourner au drame, car le père Jogues fut quasi assommé à terre, et ne se remit que par l’intervention de la fille de son «propriétaire».

Cette dernière l’emmena avec elle quand elle alla troquer ses fourrures aux Hollandais. Ces derniers tentèrent une fois de plus de racheter le prêtre. Jogues profita de cette halte pour écrire des lettres, comme il put, avec ses restes de doigts, pour avertir les autres Pères Jésuites. On le croyait déjà mort depuis longtemps !

En juillet 1643, il eut la possibilité de rejoindre un bateau hollandais, de gagner l’île de Manhattan (l’actuelle New-York) et de passer en Europe : en Angleterre (où les Jésuites étaient persécutés) puis en France, où il accosta, le 24 décembre, à Saint-Pol-de-Léon. Le 4 janvier 1644, il se présenta au collège des Jésuites et se fit reconnaître, non sans émotion !

Les Supérieurs le contraignirent à aller d’abord à Orléans, revoir sa chère maman. Il fut ensuite reçu par la reine Anne d’Autriche et Mazarin et obtint l’envoi d’une nouvelle garnison de soldats pour protéger les Français au Canada.

Puis il obtint une dispense, car à l’époque, ses mains mutilées ne lui permettaient pas de célébrer. La dispense arriva sans difficulté et le père put célébrer. Il repartit à Orléans et put donner la communion à sa chère mère - pour la dernière fois…

En avril 1644, le père Jogues gagna La Rochelle et rejoignit le Canada. Là, il fit office d’ambassadeur pour aller au-devant des Iroquois, toujours en guerre, pour les convaincre de faire la paix. Un accord officiel se fit en septembre 1645, complété solennellement en juin 1646. 

Mais les Iroquois n’étaient pas unanimes : certaines tribus restaient belliqueuses. Jogues chercha à désolidariser les tribus, de sorte que les pacifiques n’auraient pas appuyé les belliqueuses. Il repartit en ambassadeur, accompagné cette fois-ci d’un jeune homme, Jean de la Lande, mais les Iroquois ne tinrent pas parole.

Partis en septembre 1646, Isaac et Jean furent pris dans une ambuscade, tendue par des Iroquois révoltés contre les Robes-Noires, rendues responsables d’une nouvelle épidémie.

Le 17 octobre, on leur annonça qu’ils mourraient le lendemain. Certains cependant les assuraient qu’ils les protégeraient. Le 18 au matin, il semblait que la situation s’était calmée ; les prisonniers demeuraient seulement des otages. Le soir, le père Jogues fut traitreusement invité au souper dans une des cases du village : à peine entré, il reçut deux coups de tomahawk et tomba mort. On le scalpa, on lui trancha la tête, qui fut exposée sur une pique de la palissade.

Le jeune Jean de la Lande voulut, la nuit suivante, retrouver et enterrer décemment le corps du prêtre : il fut immédiatement abattu et traité comme le prêtre.

La nouvelle de la mort des deux Martyrs ne parvint aux Jésuites qu’au printemps suivant, par un Huron échappé des Iroquois, puis par l’assassin lui-même, qui reconnut son crime, se convertit et reçut le baptême avant de mourir. 

Quelques temps après, les Iroquois furent définitivement vaincus, et se convertirent plus facilement. Une de leurs fleurs fut Kateri Tekakwitha, maintenant canonisée (v. 17 avril).

Les deux Martyrs, Isaac Jogues et Jean de la Lande, furent béatifiés en 1925, avec leurs amis Antoine Daniel, Jean de Brébeuf, Gabriel Lallemant, Charles Garnier, Noël Chabanel, René Goupil, par l’intercession desquels furent guéris ensemble huit malades d’un hôpital américain, ce qui aboutit à leur canonisation en 1930.

Ces huit Martyrs sont commémorés et fêtés au 19 octobre, le 18 (jour de la mort de Isaac Jogues) étant la fête de l’évangéliste saint Luc.

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