Vittoria Fornari Strata
1562-1617
Vittoria naquit en 1562 à Gênes (Ligurie, Italie NO), septième des neuf enfants de Girolamo et Barbara Veneroso, des gens aisés et très chrétiens.
La foi vivante qu’elle reçut dans ce foyer, se manifesta précocement, lorsqu’elle obtint par sa prière la guérison d’un de ses frères.
Elle eut peut-être le désir d’entrer en religion, mais à dix-sept ans elle épousa avec joie le parti que ses parents lui présentèrent, Angelo Strata. Après la naissance d’Angela, Barbara, Giuseppe, Leonardo et Alessandro, Vittoria attendait son sixième enfant, lorsque mourut brusquement son cher mari en novembre 1588. L’enfant fut baptisé Angelo.
Vittoria sombra dans une courte dépression, mais elle pria la Sainte Vierge et fit trois vœux : chasteté perpétuelle, abandon des tenues élégantes, et renonciation aux salons mondains, pour s’occuper uniquement de ses enfants et du prochain.
Soutenue et dirigée par un bon prêtre, elle participait à la Messe quotidienne, priait l’Office marial et le chapelet ; les enfants et les domestiques s’unirent à elle dans la prière, quoique parfois un peu à contre-cœur.
En peu de temps, la Providence libéra Vittoria de tous liens humains. En 1597, mourut l’avant-dernier, Alessandro, que Vittoria «remplaça» par une nièce orpheline, ainsi qu’une autre petite orpheline. Puis Angela et Barbara entrèrent chez les Chanoinesses de Latran ; les trois garçons entrèrent chez les Minimes (Angelo n’avait que quinze ans). Vittoria pouvait désormais suivre son idéal et commença une vie marquée par la générosité envers le prochain. Elle se priva de nourriture pour nourrir des pauvres, elle quêta même à la porte des églises, elle, la noble bourgeoise, que des parents ne se gênèrent pas de critiquer ouvertement.
Vittoria alla au chevet des malades, leur achetant des remèdes, prévenant un prêtre pour les assister ; elle fit le catéchisme dans les paroisses, tant aux enfants qu’à des adultes, se préoccupant de leur fournir un peu d’instruction élémentaire. Elle «récupéra» des filles de la rue.
En 1600, Vittoria voulut fonder une famille religieuse vouée à l’adoration du Verbe Incarné. Le projet se concrétisa en 1602 avec l’adjonction de quelques autres dames et un homme. Vittoria acheta les immeubles nécessaires aux hommes et aux femmes, les constitutions en furent approuvées par le pape en 1604, et l’archevêque de Gênes fit les premières prises d’habit en août 1604.
Dans ce nouvel Ordre de la Très Sainte Annonciation, Vittoria s’appellerait désormais Maria Vittoria et fut nommée prieure ; les Religieuses porteraient un habit blanc avec un manteau et des sandales bleu turquoise, d’où le surnom de Turquine (Turquoises) qu’on leur donna ; la règle serait celle de Saint-Augustin ; on renouvellerait chaque année les vœux le 25 mars, fête de l’Annonciation.
En 1605 cependant, une crise ébranla l’institut. Vittoria tomba malade, une des Consœurs mourut, et le premier homme consacré, Stefano Centurione, prétendit orienter la maison dans l’esprit carmélitain. Mais la Vérité triompha, les fautifs se repentirent, et la vie reprit son essor. Il y eut bientôt les premières professions solennelles et même Stefano fut ordonné prêtre, et nommé aumônier de l’Institut.
On fit bientôt appel à la nouvelle fondation depuis la France et la Belgique. Il ne faut pas pour autant confondre la fondation gênoise avec l’Ordre des Annonciades, fondé en France un siècle plus tôt par sainte Jeanne de Valois (v. 4 février).
Réélue en 1608, Maria Vittoria ne fut pas réélue en 1611, à cause de sa santé. Elle continua de marquer la fondation de son esprit charismatique, lisant dans les cœurs, prophétisant aussi, par exemple, qu’elle mourrait quand serait arrivée la quarantième Sœur. Or, en 1613 - l’année de l’approbation romaine définitive et aussi de la mort du fils aîné de Maria-Vittoria (Giuseppe, en religion Giovanni Angelo) - se présenta la quarantième vocation : Maria Vittoria, frappée d’une grave pneumonie, annonça alors qu’elle mourrait le 15 décembre suivant, ce qui arriva effectivement.
Maria Vittoria Fornari Strata, morte le 15 décembre 1617, fut béatifiée en 1828.
Son corps, resté incorrompu, est conservé dans la monastère gênois de Serra Ricò.