Lupus de Sens
573-623
Comment des parents chrétiens ont-ils pu donner à leur fils le nom de Lupus ? Nous viendrait-il à l’idée d’avoir un Loup parmi nos enfants ? On ne pourrait pas même supposer que le petit garçon eût peut-être reçu un surnom, tant il grandit dans la vertu, la piété, l’étude assidue.
Ses parents, Beto et Austregilde, appartenaient à la noblesse et vivaient sur les bords de la Loire, pas très loin d’Orléans.
Lupus, donc, qu’on appelle communément Loup ou Leu, naquit vers 573.
Il montra très tôt de notables aptitudes, de sorte que ses deux oncles maternels Austrinus et Aunacharius, qui étaient évêques respectivement à Orléans et à Auxerre, le firent entrer dans la cléricature.
A la mort de l’évêque de Sens (609), Lupus fut appelé à lui succéder. On reconnaissait unanimement sa piété, sa générosité envers les pauvres.
Evêque, Lupus continua de s’élever dans la sainteté. On lui attribuait des miracles. Il fit construire le monastère de Sainte-Colombe à Sens.
La nuit, il sortait pour aller prier dans les églises ; à l’heure de l’office, il sonnait la cloche du lever des clercs.
Des calomnies lui tombèrent dessus. Comme on le voyait entourer de sollicitude la fille de son prédécesseur, Eulosia (ou Verosia), on lança contre l’évêque des accusations d’immoralité; sa réponse fut simplement : Les paroles d’autrui ne peuvent nuire en rien à l’homme qu’une conscience propre ne salit pas.
Une plus grande épreuve attendait Lupus. A la mort du roi burgonde (613), le roi des Francs envahit le royaume, au préjudice de l’héritier, Sigebert. L’armée franque fut d’abord mise en déroute par le son de la cloche que fit sonner Lupus. Sigebert, cependant, fut assassiné et son royaume confié au duc franc Farulfus. Lupus, toujours digne et fidèle à Sigebert, ne jugea pas opportun d’aller saluer Farulfus, qui le fit exiler au pays de Vimeu, chez le duc Boson. On pensait ainsi le réduire au silence : peine perdue ! Lupus se mit à évangéliser les populations de la vallée de la Bresle. D’autres miracles eurent lieu, qui amenèrent Boson à se convertir.
L’exil ne dura pas longtemps ; les Sénonais obtinrent très vite de Clotaire le retour de leur évêque, qui fut triomphal. Clotaire fit même des donations pour l’Eglise de Sens. Lupus obtint à Paris la délivrance de prisonniers, à Melun il arrêta subitement un incendie.
Cet exil dura en réalité moins d’un an, puisqu’on vit Lupus au concile de Paris en 614.
Il faut signaler ce fait extraordinaire qu’un jour où Lupus célébrait la sainte Messe à Ordon, on vit une pierre précieuse tomber dans son calice ; le roi Clotaire l’obtint pour compléter les précieuses reliques de sa chapelle. Le même Clotaire aurait bien voulu obtenir la fameuse cloche de Sens, mais elle perdit sa claire sonorité en quittant la ville, de sorte qu’on la reporta à Sens, où elle retrouva sa sonorité.
Lupus mourut le 1er septembre 623 et fut enterré dans son monastère de Sainte-Colombe.
D’autres miracles se produisirent à ce tombeau ; on invoqua Lupus contre l’épilepsie.
Saint Lupus de Sens est commémoré le 1er septembre dans le Martyrologe Romain.
Il y eut plusieurs autres saints Lupus, et tous évêques ; le Martyrologe mentionne ceux de Limoges, Lyon et Troyes (v. 22 mai, 24 septembre, 29 juillet) ; on fête localement aussi ceux d’Angers, Bayeux, Chalon-sur-Saône, Soissons (v. 17 octobre, 25 octobre, 27 janvier, 19 octobre ?).