Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 00:00

Alfred Bessette

1845-1937

 

Alfred était le neuvième des treize enfants de Isaac et Clothilde, humbles travailleurs non loin de Montréal (Québec, Canada). Le papa était menuisier, charpentier, tonnelier et charron.

Né le 9 août 1845, Alfred fut baptisé dès le lendemain «sous condition», car il était très frêle. Alfred perdra quatre de ses frères et sœurs et sera tôt orphelin de père et mère : à Farnham le papa mourut d’un accident dans la forêt en 1855, tué par l’arbre qu’il abattait, et la maman mourut de tuberculose en 1857. C’est la tante Rosalie qui l’hébergea pendant trois ans.

Déjà bien préparé par sa mère, qui lui avait enseigné la dévotion à la Sainte-Famille, Alfred put recevoir la Première communion en 1857 et la Confirmation en 1858, mais il resta pratiquement sans instruction, et savait à peine signer son nom.

Il essaya un peu tous les métiers, mais sa très mauvaise santé et sa petite taille (1m55) ne lui permettaient pas d’avenir. Quand ses oncle et tante décidèrent de partir chercher de l’or en Californie, Alfred fut recueilli par le maire du village. Il essaia encore d’autres métiers dans divers villages, pour se retrouver apprenti boulanger et cordonnier en 1862.

Cette vie errante et misérable s’accompagna toutefois de manifestations qu’on qualifia d’étranges : Alfred s’imposait de dures mortifications, se privant de son dessert, portant une ceinture de cuir avec des pointes de fer, restant longtemps à genoux pour prier, les bras en croix, dans sa chambre ou à l’église…

Accompagnant d’autres Canadiens émigrant aux Etats-Unis, il alla vivre de 1863 à 1867 au Connecticut, au Massachusetts, au Rhode Island : il apprit ainsi l’anglais, tout en travaillant dans des filatures de coton ou dans des fermes.

En 1867 fut proclamée la Confédération canadienne et Alfred revint dans son pays d’origine. Il vécut chez sa sœur Léocadie et son frère Claude, à Sutton, puis chez le curé de Farnham, où étaient enterrés ses parents. Curieusement, le curé lui confia des travaux difficiles : le soin du cheval, le jardin, les gros travaux dans la cure, qu’Alfred exécutait gentiment, sans rien dire. 

Quand le curé fut muté, Alfred revint chez le maire et s’en vint trouver l’abbé Joseph André Provençal. Alfred avait alors vingt-trois ans : l’abbé Provençal remarqua son dévouement, sa piété et l’orienta vers la Congrégation de Sainte-Croix de Montréal.

Alfred se présenta à cette communauté en 1870, muni d’une lettre de recommandation de l’abbé Provençal, annonçant au maître des novices qu’il lui envoyait un saint.

En décembre, Alfred prit l’habit et choisit comme nom de religion André (en reconnaissance pour l’abbé Alfred Provençal). On le connaîtra désormais sous le nom de Frère André. 

Le noviciat se prolongea (trois ans), on hésita à garder ce jeune homme toujours malade ; finalement on l’accepta et le nouveau maître des novices déclara : Si ce jeune homme devient incapable de travailler, il saura au moins bien prier.

Frère André fit ses premiers vœux en 1872 et la profession perpétuelle en 1874.

Qu’allait faire ce cher Frère illettré ? Il fut d’abord portier, et le sera jusqu’en 1909 : lui-même ironisera plus tard en disant qu’à son entrée dans la communauté, on lui avait montré la porte. Il balayait, faisait les courses, donnait l’aumône aux pauvres, faisaitt le barbier et l’infirmier, portait le courrier, les colis, accompagnait les élèves pendant les promenades. En un mot : le factotum !

Sa joie était de pouvoir aider, et de prier autant que possible, seul ou avec ceux qu’il rencontrait. Cette prière allait bientôt produire des fruits étonnants.

En 1877, un Frère de la communauté fut guéri d’une blessure à la jambe ; un autre put aller jouer dehors alors que la fièvre le clouait au lit… C’était Frère André qui faisait des miracles ! Tous les éclopés et les malades du coin assaillirent le petit Frère qui guérit tous les maux. Quelle était donc sa recette ?

Quand il entra dans la communauté (1870), le pape venait de proclamer saint Joseph patron de l’Eglise universelle. Frère André eut une dévotion particulière envers saint Joseph. Il en distribuait une médaille à ceux qui sollicitaient des prières, recueillait un peu d’huile de la lampe qui brûlait devant sa statue et conseillait aux malades de s’en frictionner avec confiance. Les guérisons furent nombreuses.

Mais survinrent aussi les suspicions : on accusa Frère André de charlatanisme, la communauté lui demanda de ne plus recevoir à l’intérieur du collège. Qu’à cela ne tienne, il se mit à l’arrêt du tramway sur le bord de la rue, où se retrouvaient de très nombreux voyageurs, tant et si bien que même la Compagnie, qui ne voyait pas d’un bon œil ces rassemblements, fermera les yeux devant l’énorme affluence de clients : c’était plutôt une bonne affaire !

Frère André installa une belle statue de saint Joseph non loin du collège sur la colline du Mont Royal, et demandera la permission d’y construire un petit oratoire. L’évêque accepta à condition que les frais fussent pris en charge par les demandeurs. Le petit oratoire fut inauguré en 1904.

Les guérisons se multiplièrent encore. Le pauvre Frère André avait beau répéter que c’était l’œuvre du Bon Dieu, par l’intercession de saint Joseph, tous parlaient à l’envi du thaumaturge de Mont Royal.

De 1908 à 1912, le petit oratoire dut être agrandi à quatre reprises. Les autorités du collège, qui avaient prié André de recevoir dehors, assumèrent désormais l’administration de l’oratoire ; on déchargea le Frère André de sa fonction de portier du collège pour le faire gardien de l’oratoire ; on lui accorda même un secrétaire pour répondre au courrier qu’il recevait. Sans le vouloir, et plutôt à contre-cœur, Frère André était devenu quelqu’un d’important !

A partir de 1915, ses supérieurs l’autorisèrent à prendre un peu de repos deux fois par an ; il en profita pour aller revoir les siens au Canada, ou des amis. Mais il ne put jamais rester incognito : même les chefs de gare annonçaient son arrivée, les gens se pressaient à sa descente du train, aux hôtels ou presbytères où il descendait. Les journaux locaux relataient les miracles continuels. De retour à la maison, il était chargé d’offrandes reçues en reconnaissance des faveurs obtenues.

Peu à peu, les supérieurs furent gagnés à la cause de Frère André. Ils comprirent enfin que tout ce mouvement ne s’appuyait que sur l’humble et sincère dévotion du Frère à saint Joseph, à la Sainte-Famille, au Sacré-Cœur. Frère André racontait la passion du Christ avec des larmes, qui gagnaient ceux qui l’écoutaient. Il priait, il faisait prier.

Le petit oratoire devint une immense basilique. Une crypte pouvant contenir mille personnes fut construite en 1917, sur laquelle allait s’élever cette basilique. 

Dès 1920 le Frère André institua chaque vendredi soir une Heure sainte, suivie du Chemin de la Croix. Les autorités religieuses invitèrent les fidèles à élever des prières de réparation ainsi que pour contrer la menace du socialisme et du communisme. 

Fin 1936, il restait à construire la coupole de la basilique, qui ne sera achevée vraiment qu’en 1967. La basilique est l’une des plus grandes du monde.

En cette fin d’année 1936, le Frère André se trouva à New York, pour solliciter du riche banquier Rockefeller une aide financière à cet achèvement. Fin décembre, un malaise le frappa. On le conduisit à l’hôpital de Saint-Laurent. 

Au matin du 6 janvier 1937, jour de l’Epiphanie, Frère André mourut. Ce pauvre homme malingre et chétif avait atteint l’âge de quatre-vingt onze ans !

Des millions de fidèles défileront devant sa dépouille ; sa mort fut relatée dans le monde entier. Bientôt commença le procès de béatification.

En 1963, le corps du Frère André fut retrouvé intact.

Le miracle retenu pour la béatification fut la guérison, en quelques jours, d’un malade américain atteint de cancer du foie puis généralisé. Un dossier de près de mille pages donna aux experts la conviction que cette guérison ne pouvait pas être le fruit de la médecine.

Un autre miracle a ensuite été retenu pour la canonisation. Il s’agissait d’un enfant de dix ans, renversé à bicyclette par une voiture : double fracture du crâne, hémorragie cérébrale majeure ; l’enfant, dans le coma depuis plusieurs semaines, était en phase terminale. Or, au moment où un parent priait à l’oratoire, l’enfant sortit du coma et se rétablit complètement. Ici encore, près d’un milliers de pages de constatations et d’analyses conduisirent à l’authenticité du miracle.

Béatifié en 1982, Frère André (Alfred Bessette) fut canonisé en 2010.

 

 

Nota. On remarquera, non sans quelque étonnement, que moururent presque aux mêmes jours deux Bienheureux et un Saint qui ont favorisé la dévotion à la Sainte Famille : l’italien Pietro Bonilli (5 janvier), l’espagnole Rafaela Porras y Ayllón et le canadien Alfred Bessette (6 janvier), peu de jours après la fête de la Sainte Famille. 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de samuelephrem
  • : Près de 9600 notices de Bienheureux et Saints. Ont été successivement illustrés : - Les personnages bibliques de l'ancien et du nouveau Testaments. - Tous les Saints et Bienheureux reconnus, depuis les débuts de l'Eglise jusqu'aux derniers récemment proclamés. En outre, des commentaires pour tous les dimanches et grandes fêtes (certains devant être très améliorés). Sur demande, nous pourrons vous faire parvenir en plusieurs fichiers pdf l'intégralité du Bréviaire romain latin, "LITURGIA HORARUM", qui vous permettront d'éviter beaucoup de renvois fastidieux, notamment pour les périodes de Noël et Pâques. Les textes sont maintenant mis à jour selon le nouveau texte de la Nova Vulgata (ed. 2005). Nous avons aussi le Lectionnaire latin pour toutes les fêtes du Sanctoral, sans renvois, également mis à jour selon le texte de la Nova Vulgata. Bienvenue à nos Lecteurs, à nos abonnés, avec lesquels nous entamerons volontiers des échanges. Bonne visite !
  • Contact

Recherche

Liens