Kazimir Klymentii Sheptytskyi
1869-1951
Né le 17 novembre 1869 à Prylbychi (Lviv, Galicie, auj. Ukraine), Kazimir Maria était le jeune frère d’un autre futur Serviteur de Dieu, l’évêque Andrij Sheptytskyi.
La famille était une vieille famille noble ruthène, qui vivait dans la partie orientale de la «Pologne», près de Zamosc ; cette région faisait partie de l’empire austro-hongrois.
Après ses premières années d’étude à la maison, il vint à Cracovie en 1882, puis étudia aussi à Münich et à Paris. En 1892, il fut reçu docteur en droit à l’université Jagellon (Cracovie).
Après ses études, il revint auprès de ses parents qui vieillissaient.
En 1900, il fut élu dans le parlement autrichien, qui fut dissout en 1907, et renonça ensuite aux activités politiques.
En 1911, il entra dans l’abbaye bénédictine de Beuron (Baden-Würtemberg, Allemagne), mais au bout d’un an suivit l’exemple de son grand frère Andrij, qui avait réintégré l’Eglise gréco-catholique de leurs ancêtres, et entra au monastère de Saint-Théodore de Bosnie, où il prit le nom religieux de Klymentiy, en référence au pape saint Clément 1er, martyr en Chersonèse et considéré comme fondateur de l’Eglise des Balkans (v. 23 novembre).
Il fut ordonné prêtre en 1913, et alla faire d’autres études à Innsbruck (Autriche) avant de revenir en Ukraine (1919), au monastère de la Dormition à Lavra.
En 1926, il devint higoumène (prieur) de Univ Lavra.
En 1937, il rejoignit son frère Andrij malade, à Lviv.
En 1939, c’est la «libération» par les troupes soviétiques, et donc l’occupation par le communisme. Toute l’élite intellectuelle et spirituelle d’Ukraine est éliminée.
Le métropolitain (évêque) n’est pas lui-même arrêté, par crainte de l’opinion internationale. Mais les communistes persécutent la famille de Klymentii : son frère Léon est assassiné.
Le métropolitain divise alors l’Union Soviétique en quatre exarchats, celui de Russie étant confié à Klymentii.
La guerre permit une interruption de la persécution, mais sans apporter d’amélioration à la situation ukrainienne. Pendant la période de la guerre, le père Klymentii secourut les Juifs en les cachant dans les monastères et en les aidant à gagner la Hongrie.
Entre 1941 et 1944, de nombreux jeunes furent hébergés et cachés dans le monastère de Univ., parmi lesquels certains devinrent célèbres et écrivirent leurs reconnaissants souvenirs. C’est pour cette activité souterraine que Klymentii Sheptytskyi fut reconnu au nombre des Justes parmi les Nations, par les autorités d’Israël, en 1995.
En 1944, la persécution reprend en Ukraine, où les autorités cherchent à soumettre l’Eglise à l’unique Eglise de Moscou. Le nouveau Métropolite, Joseph Slipyj, nomme le père Klymentii Archimandrite (supérieur) de tout l’Ordre Studite. Klymentii devenait ainsi l’autorité la plus représentative de l’Eglise, presque son leader, au nom du Métropolite.
Il fut arrêté à son tour en juin 1947 ; emprisonné à Lviv, puis à Kiev, il fut condamné «seulement» (en raison de son grand âge, soixante-dix-sept ans) à huit ans de prison pour avoir refusé d’adhérer à «l’Eglise de Moscou».
Les prisonniers ne s’attendaient pas à avoir pour compagnon un tel personnage : grand, mince, avec une longue barbe blanche, un peu voûté, avec la canne, il ressemblait à saint Nicolas. Un jour que des religieuses lui passèrent trois pommes, bien mûres et bien rouges, il en donna une à son voisin, qui avait des problèmes d’estomac, et partagea les deux autres avec les autres co-détenus.
Klymentii mourut le 1er mai 1951, dans la prison centrale Vladimir.
Il été béatifié comme martyr en 2001.