Jorge Ramón Vargas González
1899-1927
Ramón Vicente Vargas González
1905-1927
La famille Vargas González s’était installée à Guadalajara. Le docteur Antonio Vargas et son épouse Elvira González eurent onze enfants, six garçons et cinq filles. C’est à la dernière, Marìa Luisa, que nous devons tant de détails précis sur les événements qu’on va raconter.
En août 1926, le docteur se proposa de soigner gratuitement les blessés qui avaient défendu le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe. A la maison, Madame Vargas tenait une petite pharmacie. Ils habitaient rue Mezquitán, n° 405, et donnèrent l’hospitalité aux prêtres et aux séminaristes qui fuyaient de-ci de-là, poursuivis par la police.
Jorge Ramón était né le 28 septembre 1899 à Ahualulco de Mercado (Jalisco). Après l’université, il travaillait dans la Compagnie Hydroélectrique.
Ramón Vicente était né le 22 janvier 1905, également à Ahualulco de Mercado. Il était arrivé à la quatrième année de médecine. Roux de cheveux, on l’appelait le Colorado.
Les deux garçons, ainsi que leur jeune frère Florentino, appartenaient à l’Association Catholique de la Jeunesse Mexicaine (ACJM), et étaient très amis de Anacleto González.
Un jour, le père Lino Aguirre, futur évêque de Culiacán (Sinaloa), se présenta. Jorge partagea avec lui sa chambre et l’assista dans son apostolat. Un beau jour, il lui dit : Ce n’est pas bon d’aller comme ça tout seul, il pourrait vous arriver quelque chose. Désormais, je serai votre garde du corps. Et depuis, il rentrait vite de son travail, se changeait et suivait à bicyclette le père Lino.
Un soir, c’est le propre chef des ACJM qui vint frapper à la porte, Anacleto González Flores. La famille ne pouvait pas ne pas le recevoir, mais c’était une responsabilité énorme, car Anacleto était recherché partout.
Un jour, Anacleto proposa à Ramón d’aller soigner les blessés. Ramón refusa : il était homme de paix, ces histoires ne l’intéressaient pas, il pensait à son métier ; bander la tête, les jambes, les bras, oui, mais se trouver au milieu de la bagarre, non, jamais !
Au soir du 31 mars 1927, Ramón eut un étrange pressentiment et eut envie de ne pas rentrer à la maison, mais en pensant à l’inquiétude de sa mère et de ses sœurs, il rentra vers onze heures du soir.
On frappa à cinq heures du matin : On voudrait un médicament ! Madame Elvira réveilla Ramón; qui n’avait vraiment pas envie de se lever. Mais la police escalada les murs, envahit la terrasse. Ouvrez, au nom de la loi ! Madame Elvira dit aux siens : On est découvert, on va tous y passer.
Florentino entr’ouvre la porte et demande à voir l’ordre d’arrêt. Pour toute réponse, un pistolet. La police envahit la maison. Anacleto, mal réveillé, se met un pullover le devant derrière, il tente de fuir par la terrasse, mais elle est bloquée par les policiers ; il se cache sous une table. On l’interpelle : C’est vous, Anacleto González Flores ? Anacleto a retrouvé son calme, il répond Oui, et lance un regard d’excuses à Madame Elvira, car à cause de lui, toute la maison est menacée. Madame Elvira le rassure d’un geste : C’était prévu !
Les policiers firent monter dans deux camions Anacleto et les trois frères Vargas d’une part, tandis qu’ils emmenaient leur mère et leurs sœurs dans l’autre. Anacleto tenta de faire libérer les garçons, qui n’avaient rien à se reprocher, mais ce fut en vain.
Ramón aurait pu s’échapper car il avait réussi à se glisser le long de la maison sans être vu, mais, comme il le dit à son jeune frère Florentino, il ne voulait pas s’enfuir alors que sa mère et ses sœurs étaient prisonnières.
Madame Elvira prit congé de ses fils : Mes enfants, au revoir, au Ciel !
Anacleto, Jorge et Ramón retrouvèrent au poste Luis Padilla, de même que Madame Vargas se retrouva avec Madame Padilla.
Interrogés, les hommes ne révélèrent aucun nom de personnes ni de lieux. Par bonheur, Anacleto avait eu le temps de déchirer en mille morceaux quelques papiers.
Après les douloureuses mais inutiles tortures, le général organisa un semblant de jugement : les hommes furent condamnés à mort pour entente avec les rebelles. Croyant Florentino encore mineur, ils le relâchèrent ; puis les quatre condamnés furent conduits au mur d’exécution, où ils furent fusillés vers trois heures de l’après-midi de ce vendredi 1er avril 1927.
Les femmes furent libérées vers cinq heures du soir ; elles ne savaient encore rien des Martyrs. Elles crurent pouvoir les apercevoir encore dans le train de Mexico, en vain. Puis un cousin vint leur annoncer ce qui s’était passé.
Quand Madame Elvira apprit la mort de ses fils, sa réaction fut toute chrétienne : Je m’y attendais. Je les ai offerts à Notre Seigneur. Maintenant ils sont au ciel. Préparons-nous à les recevoir comme martyrs. Et, reprenant une parente qui pleurait : Rappelle-toi que notre mission est de conduire les enfants au ciel, et moi, j’en ai déjà trois !
Les corps furent remis à la famille à huit heures du soir. Mais il manquait Florentino… On le crut enterré sur place. Mais il revint vers dix heures du soir. La maman lui dit : Ah, mon fils, tu n’as pas reçu la couronne du martyre ! Il faut que tu sois bien meilleur pour la mériter !
Comme on l’a dit à propos de Anacleto González Flores, tous ces Martyrs ont leur dies natalis au 1er avril et furent béatifiés en 2005.