Nicolò Rusca
1563-1618
Nicolò naquit le 20 avril 1563 à Bedano (Ticino, Suisse italienne), aîné des cinq enfants de Giovanni Antonio Rusca, un notaire, et Daria.
Des cinq enfants de cette famille chrétienne, Nicolò, Bartolomeo et Luigi furent prêtres, et Margherita bénédictine.
L’unique qui se maria, Cristoforo, devait à son tour être le père de deux autres prêtres.
Nicolò commença l’étude du latin auprès de son curé, qui l’envoya ensuite à Rome, où un parent était au service du cardinal Farnese. Il étudia six mois chez les Jésuites, puis passa à Milan, où il fit d’excellentes études au Collège Helvétique, fondé par le cardinal Carlo Borromeo (voir au 4 novembre).
En 1587, il reçut l’ordination sacerdotale.
Il fut d’abord à Sessa Montegggio, puis, en 1590, archiprêtre à Sondrio.
En 1591, il obtint le doctorat en théologie, à Pavie.
Sondrio était dans une région où la réforme protestante avait provoqué des tensions. On en était arrivé à «permettre» les deux confessions, partageant les entrées entre ministres catholiques et protestants. Dans cette situation délicate, le prédécesseur de Nicolò eut une action très contestée, la population ne réussissant pas à savoir s’il était prêtre ou frère, ecclésiastique ou laïc.
L’abbé Rusca arriva donc en «sauveur», accueilli chaleureusement par la population. En trente ans, il s’occupa activement de la pastorale des enfants et des adultes, donnant le catéchisme à ceux-là, et créant pour ceux-ci la Compagnie du Très-Saint-Sacrement. De plus, sa formation lui permettait de tenir des débats importants.
Il procéda aussi à l’embellissement de la collégiale, avec un orgue, des confessionaux et des cloches. Il entretint de bons rapports avec les confrères de l’endroit, et put susciter beaucoup de vocations sacerdotales.
Rusca savait répondre aux Protestants, mais sans jamais exprimer un seul mot blessant envers leurs personnes, ce qui lui valut même des amitiés avec certains ministres protestants.
Mais la situation générale se répercutait localement à Sondrio, où la tension demeurait. En 1608, Rusca fut arrêté pour avoir «violé les dispositions sur la tolérance religieuse», simplement parce qu’il avait blâmé un jeune catholique d’avoir participé à un culte protestant. Mais il fut quitte pour cette fois.
On en vint à l’accuser de complot contre un ministre réformé, d’avoir voulu le traduire à l’Inquisition Romaine, d’avoir soudoyé des soldats… il fut encore une fois absout.
On en vint à l’accuser d’appuyer une alliance avec les Espagnols. La nuit du 24 au 25 juillet 1618, on l’arrêta chez lui, on l’emmena à Coira où on le mit en prison, puis on le transféra à Thusis pour y être jugé par un tribunal de Réformés.
Plusieurs interventions de la part de la population autant que des autorités cantonales catholiques, n’aboutirent pas. On leur refusa la possibilité de défendre l’abbé Rusca.
Le procès commença en septembre. On y reprit les précédentes accusations, on en ajouta d’autres, jusqu’à celle de rébellion contre les lois. On le tortura, du 2 au 4 septembre. On reprit l’interrogatoire.
Exténué, Nicoló demanda à pouvoir se confesser à un prêtre catholique, ce qu’on lui refusa. Il mourut au soir du 4 septembre 1618.
A ce moment-là, Nicoló était encore suspendu par les bras à une corde, qui lâcha. Le corps tomba lourdement à terre, mais on s’acharna et on le suspendit à nouveau, comme s’il n’était pas encore mort. Puis on ordonna de l’enterrer au pied du gibet, et de confisquer ses biens.
En juillet 1619, de pieuses mains purent l’extraire en cachette et le reposer dignement dans la proche abbaye de Pfäfers. Les restes du Martyr se trouvent maintenant à Sondrio.
Nicoló Rusca fut béatifié en 2013.