Giuseppina Bakhita
1867-1947
Giuseppina Bakhita naquit au Soudan en 1867 ou 1869.
Bakhita n'est pas le prénom qu'elle reçut de ses parents à sa naissance. L'effroi éprouvé le jour où elle fut enlevée, provoqua quelques trous de mémoire. La terrible expérience lui avait fait également oublier son prénom.
Bakhita, qui signifie «fortunée», est le prénom que lui ont donné ses ravisseurs.
Vendue et revendue plusieurs fois sur les marchés de El Obeid et de Khartoum, elle connut les humiliations, les souffrances physiques et morales de l'esclavage.
Dans la capitale du Soudan, Bakhita fut rachetée par un Consul italien, Callisto Legnani. Pour la première fois, depuis le jour de son enlèvement, elle se rendit compte, avec une agréable surprise, que personne en lui donnant des ordres, n'utilisait plus le fouet, et qu'on la traitait même de façon affable et cordiale. Dans la maison du Consul, Bakhita connut la sérénité, l'affection et des moments de joie, peut-être même encore voilés par la nostalgie de sa famille, perdue pour toujours.
Quand le Consul dut repartir pour l'Italie. Bakhita demanda de partir avec lui et avec un de ses amis, Augusto Michieli.
Arrivé à Gênes, Monsieur Legnani, sur la demande de l'épouse d'Augusto Michieli, accepta que Bakhita restât avec eux. Elle suivit donc sa nouvelle «famille» dans leur domicile de Zianigo (dans la banlieue de Mirano Veneto) et, quand naquit leur fille Mimmina, Bakhita en devint l'éducatrice et l'amie.
L'acquisition puis la gestion d'un grand hôtel à Suakin, sur la Mer Rouge, contraignirent Madame Michieli à déménager dans cette localité pour aider son mari. Entre-temps, d'après un conseil de leur administrateur, Illuminato Checchini, Mimmina et Bakhita furent confiées aux Sœurs Canossiennes de l'Institut des catéchumènes de Venise. Et c'est là que Bakhita demanda et obtint de connaître ce Dieu que depuis son enfance elle sentait dans son cœur sans savoir qui Il était.
Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même : Qui est donc le Maître de ces belles choses? Et j'éprouvais une grande envie de le voir, de le connaître et de lui rendre mes hommages.
Après quelques mois de catéchuménat, Bakhita reçut le Sacrement de l'Initiation chrétienne et donc le nouveau nom de Giuseppina. C'était le 9 janvier 1890. Ce jour-là, elle ne savait pas comment exprimer sa joie. Ses grands yeux expressifs étincelaient, révélant une émotion intense. Ensuite on la vit souvent baiser les fonts baptismaux et dire: C’est ici que je suis devenue fille de Dieu !
Chaque nouvelle journée la rendait toujours plus consciente de la façon dont ce Dieu, qui maintenant la connaissait et l'aimait, l'avait conduite à lui par des chemins mystérieux, la tenant par la main.
Quand Madame Michieli revint d'Afrique pour reprendre sa fille et Bakhita, celle-ci, avec un esprit de décision et un courage insolites, manifesta sa volonté de rester avec les Mères Canossiennes et de servir ce Dieu qui lui avait donné tant de preuves de son amour.
La jeune africaine, désormais majeure, jouissait de la liberté d'action que la loi italienne lui assurait.
Bakhita demeura dans le catéchuménat, où se fit plus clair pour elle l'appel à se faire religieuse, à se donner entièrement au Seigneur dans l'Institut de Sainte Maddalena de Canossa (v. 10 avril).
Le 8 décembre 1896, Giuseppina Bakhita se consacra pour toujours à son Dieu qu'elle appelait, usant une douce expression : Mon Maître !
Durant plus de cinquante ans, cette humble Fille de la Charité, vrai témoin de l'amour de Dieu, vécut en s'adonnant à diverses occupations dans la maison de Schio (Vicenza, Vénétie) : elle fut, en effet, cuisinière, lingère, brodeuse, concierge.
Lorsqu'elle se dédia à cette dernière tâche, ses mains se posaient avec douceur sur la tête des enfants qui fréquentaient chaque jour l'école de l'Institut. Sa voix aimable, qui rappelait les berceuses et les chants de sa terre natale, se faisait agréable pour les petits, réconfortante pour les pauvres et les souffrants, encourageante pour tous ceux qui frappaient à la porte de l'Institut.
Son humilité, sa simplicité et son sourire constant conquirent le cœur de tous les habitants de Schio. Les Sœurs l'estimaient pour sa douceur inaltérable, sa bonté exquise et son profond désir de faire connaître le Seigneur. Soyez bons, disait-elle, aimez le Seigneur, priez pour ceux qui ne le connaissent pas. Considérez cette grande grâce de connaître Dieu !
Arriva la vieillesse, puis la maladie longue et douloureuse, mais Mère Bakhita continua à donner un témoignage de foi, de bonté et d'espérance chrétiennes. À qui lui rendait visite et lui demandait comment elle se portait, elle répondait souriante : Comme veut le Maître !
Dans l'agonie, elle revécut les jours terribles de son esclavage, et, à maintes reprises, elle supplia l'infirmière qui l'assistait : Lâchez un peu les chaînes... elles me font mal !
Ce fut la très Sainte Vierge Marie qui la libéra de toute souffrance. Ses dernières paroles furent: Notre Dame ! Notre Dame !, tandis que son ultime sourire témoignait de sa rencontre avec la Mère du Seigneur.
Mère Bakhita s'est éteinte le 8 février 1947 dans la maison de Schio, entourée de la communauté en pleurs et en prières. Une foule accourut rapidement à la maison de l'Institut pour voir une dernière fois leur petite Mère noire et lui demander la protection du ciel. Sa réputation de sainteté s'est désormais répandue sur tous les continents.
Nombreuses sont les grâces obtenues par son intercession.
Giuseppina Bakhita fut canonisée en 2000.