Les Quarante Soldats martyrs à Sébaste
320
On dispose de plusieurs documents historiques attestant le martyre de ces glorieux soldats qui, passant des rangs de l’armée des hommes, entrèrent glorieusement dans les rangs de la milice céleste. Ce sont les Actes mêmes de leur martyre, et leur Testament avec leurs ultimes volontés.
La lecture de ces documents pourra susciter dans les esprits quelques questions, quelques doutes mêmes, car si l’atmosphère était à la persécution des Chrétiens, on pourra logiquement se demander qui aura eu le temps, la possibilité de rédiger ces longues pages dans une belle langue, presque poétique, dans un style très théologique, avec des noms de personnes qui auraient pu ainsi être à leur tour recherchées et condamnées, comme cela s’est vu dans d’autres persécutions.
Cela dit, accédons à ces documents en les résumant quelque peu. Nous sommes en 320, à Sébaste (act. Sivas, Turquie CN), sous l’empereur Licinius. Nos quarante soldats faisaient partie d’une même légion romaine, la Legio XII Fulminata, et refusèrent d’offrir des sacrifices aux idoles païennes.
Après des propositions doucereuses, le gouverneur condamna ces quarante héros à passer la nuit dehors, sur un étang gelé, nus, où ils moururent de froid – sauf un qui, redoutant cette atrocité, alla se réfugier dans un bain chaud, et en mourut sur place ; par contre, leur gardien fut alors touché par la grâce et se joignit spontanément aux héros, de sorte que le nombre des quarante demeura inchangé.
Au petit matin, le gouverneur ordonna qu’on leur brisât les jambes et qu’on les fît brûler pour les faire disparaître complètement. Un seul, le plus jeune, nommé Méliton, respirait encore et les bourreaux n’osaient pas l’emporter sur le chariot avec les autres, mais sa propre mère, qui était présente, se saisit de son cher fils et le déposa sur le chariot, en l’encourageant à accomplir son martyre. Elle ne cachait pas sa joie d’avoir un fils si courageux.
Si le récit précédent a des chances d’être tout-à-fait véridique et rédigé par un ou plusieurs témoins, il nous semble moins probable que le Testament et les dernières volontés des Martyrs soit sevré de toute amplification littéraire, vu les circonstances de ces épisodes. Ou bien, on pourrait aussi supposer que les Martyrs restèrent assez longtemps en prison pour avoir le temps de dicter à des visiteurs amis, leurs sentiments et leurs saintes volontés. C’est dans ce Testament que nous trouvons les noms des quarante Soldats ; les voici en ordre alphabétique (qu’il faudrait revoir avec leurs noms authentiques d’origine) :
Acace
Aetius
Alexandre
Athanase
Augias
Caius
Candide
Claude
Cudion
Cyrille
Domnus
Domitien
Editius
Elie
Elien
Eunoïque
Eutychès
Eutychius
Flavius
Gorgon
Héraclius
Hesyche
Jean
Léonce
Lysimaque
Méliton
Nicolas
Philoctimon
Prisque
Quiron
Sacerdon
Sévérien
Sisinnius
Smaragde
Théodule
Théophile
Valens
Valère
Vibien (Vivien?)
Xanthéas
Dans le Testament, au début, est mentionné parmi les signataires, le nom de « Meletius », celui-là même qui mourut après avoir renoncé au supplice du froid. C’est même précisément lui qui rédigea toute la suite du Testament, document fort précieux, qui fut donc vraisemblablement dicté et rédigé quelque temps avant l’heure suprême.
Le Martyrologe mentionne ces Quarante Héros au 9 mars, mais sans donner tous leurs noms.